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Le silence

Le silence a plusieurs définitions :

C'est tout d'abord l'état d'une personne qui s'abstient de parler, d'exprimer son opinion ou de manifester ses sentiments ; il s'agit là d'une façon de garder le silence : se taire. Il signifie également l'absence de bruit et d'agitation : faire silence. Ou encore, en musique, le silence est l'interruption plus ou moins longue entre deux notes ce qui donne toute sa force a la composition. Mais le silence est aussi l'absence de mention d'un événement : garder un secret.

Les silences sont multiples et de nature différente : Il y a le silence entre deux bruits, le silence entre deux notes et le silence qui s'établit dans l'intervalle entre deux pensées. Il y a le silence de la nuit, celui d'une maison désertée, d'une église vide et de la montagne; il y a aussi le silence respectueux d'une foule en prière, le silence entre deux êtres humains qui ont partagé la même chose, celui d'avant que ne réponde notre interlocuteur... Pour beaucoup le silence est synonyme de mort c'est pourquoi ils en ont peur et fuient le silence.

Le silence est le langage de la perfection, opposé au bruit qui est l'expression d'une défectuosité ; comme dans l'organisme ou dans un véhicule, le silence est le signe d'un bon fonctionnement.

La musique est remplie de silences, c'est pourquoi elle nous apaise et peut nous rapprocher du Silence véritable. Le silence nous apporte la sérénité, la force et la lucidité. Le silence est un facteur d'inspiration. L'homme de désir le recherche pour donner à son cœur, à son âme et à son esprit la possibilité de se manifester par la méditation, la prière et le recueillement. La recherche du silence est un processus intérieur qui conduit les êtres vers la lumière et la véritable compréhension des choses.

Le silence intérieur

Sur le plan physique, il facile d'obtenir le silence. Mais le vrai silence est le silence intérieur, celui du mental maître des pensées et des sentiments pour lequel, bien sûr, le silence physique est nécessaire et même indispensable, car dans le brouhaha la confusion règne, et il est alors autrement plus difficile à réaliser.

Nous le savons tous, pour l'avoir expérimenté, que le remue-ménage de notre mental, producteur des pensées discursives, est persistant et perturbateur. C'est une grâce qui nous est parfois donnée, que de pouvoir rester dans le vrai silence, celui de la vie supérieure. Il est donc nécessaire de mettre de l'ordre on soi même avant de réaliser le vrai silence, qui est la vraie vie.

Le silence est le résultat d'une harmonie. En nous-mêmes, le silence est le résultat d'une harmonie dans trois plans : physique, astral et mental. Le silence n'est pas uniquement la négation du bruit, il peut être aussi une sensation, un sentiment de communion avec la nature, le cosmos, l'univers, moments où la distance et le temps disparaissent, où même le bruit inhérent n'a plus d'importance. Le silence et l'étendue vont de pair. L'immensité du silence est l'immensité d'une conscience en laquelle n'existe pas de centre. La perception de cet espace et de ce silence n'est pas du domaine de la pensée qui a toujours un horizon, une limite, mais celui de l'esprit méditatif. En fait la méditation est le silence de la pensée !

Le silence est souvent apparenté à la solitude et c'est pour cela qu'il fait peur à beaucoup, mais en réalité le silence est un lieu habité d'innombrables entités au service des hommes et du Créateur... D'ailleurs, les sages et les prophètes se sont souvent retirés longuement dans des lieux de silence, les déserts, les grottes, sur les montagnes, pour échapper au bruit et à l'agitation des humains et y rencontrer la parole Divine.

Dans la plupart des mythologies, la montagne est le séjour des dieux. Les hauts sommets sont comme des antennes grâce auxquelles la Terre touche le Ciel. Ils sont le siège des entités pures et puissantes. Plus l'homme s'élève sur la montagne, plus il rencontre le silence et dans le silence il peut découvrir l'origine des choses. Il s'unit alors à la Cause première et entre dans l'océan de la lumière divine. C'est dans le silence que le savoir immémorial, enfoui au plus profond de nous-mêmes, parvient peu à peu à notre conscience.

Pour se lier au Ciel il faut monter jusqu'au plan causal, plan du mental supérieur siège de la pensée créatrice, où règnent le silence absolu et le verbe divin. Le plan astral et celui du mental inférieur nous maintiennent agités et tendus et, pour trouver le silence nécessaire au travail spirituel, la méditation n'est pas suffisante et il faut faire un grand effort pour introduire le silence en nous. Ces efforts sont le détachement, le désintéressement, puis le renoncement. Il est nécessaire de faire le vide en nous, de nous débarrasser des éléments étrangers qui nous empêchent d'entrer en contact avec le monde divin et de recevoir ses bénédictions. Dans le silence, la personnalité perd ses moyens, elle est paralysée et c'est à ce moment que le silence du Soi supérieur peut se manifester.

Ce moment d'accès à la conscience demeure inconscient, mais notre esprit, lui, le connaît !

Attitude et signification du silence. Celui qui garde le silence révèle qu'il est prêt à écouter, et peut-être même à obéir. Par opposition à celui qui prend toujours la parole montrant par là qu'il veut avoir l'initiative, diriger et parfois même dominer. Le silence est donc le propre du principe intérieur féminin qui se soumet et se modèle sur le principe masculin. Le silence est source de clarté, de limpidité, de certitude, et nous avons besoin de lui pour prendre de bonnes décisions. Le silence, la paix et l'harmonie sont l'expression d'une même réalité. Il n'est ni vide, ni muet : il est vivant, vibrant et il parle. Mais nous ne l'entendrons que lorsque les forces chaotiques de notre mental se seront apaisées. Dès que nous parvenons à faire le silence, nous nous mettons entre les mains de l'Esprit qui nous guide vers le monde divin. Grâce à la contemplation, la prière et la méditation, nous parviendrons un jour à entendre la voix du silence, ce silence primordial dont l'Univers est sorti et dans lequel il retournera un jour.

Le silence donne aux choses grandeur et majesté. Il est un prélude d'ouverture à la révélation, il ouvre un passage, il est nécessaire pour se connecter à la réalité spirituelle et aborder le sacré.

Avez vous fait l'expérience de contempler le ciel étoilé dans le silence de la nuit ? C'est une expérience indicible où notre âme communie avec les étoiles sans que nous comprenions ce qui se passe. Nous sommes attirés, comme aimantés par cet univers si proche, puisque nous le percevons alors qu'il reste pourtant si lointain.

La Voix du Silence ou le Silence Théosophique. La Voix du Silence dite aussi la Voix Insonore est pour les hindouistes et les théosophes la Voix dans le Son Spirituel. C'est-à-dire la pratique de la concentration intense et parfaite du mental sur un seul objet intérieur, accompagnée d'une abstraction complète de toute chose appartenant à l'univers extérieur ou au monde des sens. Le disciple doit devenir silencieux, indifférent aux objets de perception extérieure, puis connaître et maîtriser le mental producteur de la pensée qui fait naître l'illusion. Le mental qui est le grand meurtrier du réel.

Permettez-moi à ce sujet, de citer le Livre des Préceptes d'Or retranscrit par H. P. Blavatsky dans la Voix du Silence, et qui s'exprime ainsi dès l'introduction : « Avant que l'Âme puisse voir, l'harmonie intérieure doit être atteinte et les yeux de chair rendus aveugles à toute illusion. Avant que l'Âme puisse entendre, l'homme doit devenir sourd aux rugissements comme aux murmures. Avant que l'Âme puisse comprendre et soit à même de se souvenir, elle doit être unie au Parleur Silencieux. Alors l'Âme entendra et se souviendra. Et alors, à l'oreille intérieure, parlera ».

La symbolique du silence

Le dernier aspect du silence que je voudrais traiter concerne plus particulièrement le Martinisme et le candidat à l'initiation. Il s'agit de la symbolique proprement dite du silence. La formule antique de l'initiation, que nous connaissons tous, comprenait quatre mots : Savoir, Vouloir, Oser, Se Taire. Savoir, pour acquérir la connaissance. Oser se servir de sa science acquise et oser user de sa volonté pour franchir les derniers obstacles avant de découvrir les révélations cachées.

Le stade ultime de l'expérience initiatique était, Se Taire, qui enjoint au Silence non pas celui du mépris pour ceux qui n'ont pas encore atteint son savoir, mais le silence de ne confier qu'à bon escient les révélations qui lui ont été faites. C'est dans ce sens que les pythagoriciens étaient soumis à l'épreuve du silence absolu pendant trois années minimum.

Le silence de l'initié

En ces temps modernes, ce qui est demandé à chaque initié sous l'expression « garder le silence » est apparemment plus simple : Le premier stade de ce silence nécessaire c'est le calme que l'on s'impose. Faire taire en soi-même ses impulsivités pour savoir ensuite faire taire ses impressions. C'est réfléchir avant de parler ou de se confier, rester calme et paisible à l'extérieur comme à l'intérieur de soi.

Ne pas chercher à dominer l'autre ; les pièges de l'orgueil sont souvent le principal écueil des initiés. Nous sommes initiés pour faire le bien, non pour faire triompher notre personnalité. Le seul fait de faire le bien sera notre récompense et il ne faut rien attendre de ceux que l'on aide. Ne pas se confier vainement, plutôt apprendre à mieux connaître les hommes en les écoutant et en les observant. Il n'est besoin de ne rien dire, sauf ce qui est nécessaire à l'évolution de l'autre ; dans ce cas, il faut aussi apprendre à discerner.

Se recueillir souvent et s'isoler des bruits du monde extérieur afin de goûter l'harmonie des plans supérieurs et le calme infini qui vient du détachement. Ce silence nécessaire prépare le nouvel initié à entrer dans le Temple ouvert devant lui. Cette nouvelle initiation fait de lui un être neuf et le Temple de la Sagesse qu'il vient d'atteindre n'est autre que lui-même, sa propre conscience. Tel Isis qui médite un doigt sur les lèvres, l'initié Martiniste fait le signe du silence en portant deux doigts à ses lèvres. Et, en silence, nous partageons le secret du Martinisme.


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