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A propos d’Adhuc Stat…ou la voie du RER

Je désirais choisir pour cette pour cette Tenue de votre R\ L\ un thème typiquement Rectifié. Plutôt que de partir sur l’une des nombreuses spécificités d’ordre général de ce Rite que nous pratiquons et aimons, et ainsi de risquer d’enfoncer des portes ouvertes, j’ai préféré prendre un élément particulier que nous avons tous sous les yeux lors de chacune de nos tenues, un élément devenu de ce fait si banal que nous ne lui prêtons plus guère attention. Et pourtant il peut, si nous le méditons, nous conduire, comme tous les autres éléments de notre rituel, fort loin sur notre voie. Je choisirai donc comme point d’ancrage de cet échange le tableau du 1er grade : la colonne brisée, tronquée, et la maxime qui lui est associée Adhuc Stat en m’efforçant de montrer qu’elle se relie à l’ensemble de nos symboles.

C’est devenu une banalité de dire que dès le 1er grade tout ou presque des 4 grades symboliques est donné au cherchant sincère qui fait l’effort de décrypter, d’assimiler et de vivre nos symboles. Il suffit pour cela qu’il en ait le désir, un terme qu’emploi souvent notre Régime en nous parlant de l’homme de désir. N’oubliez pas que cette expression est à prendre dans son sens ancien dérivé de desiderium : besoin, recherche de quelque chose que l’on a eu, connu et qui fait défaut. En quelque sorte, la quête de cette étoile dont il sera question à un autre grade. Déjà, par le simple usage de ce terme, nos rituels introduisent de façon incidente par cette idée de perte, les thèses de Martines de Pasqually sur la réintégration. A propos de cette étoile, je ne résiste pas à l’envie de vous citer ces quelques phrases de St Bernard, auteur de la Règle du Temple :

Dans l’homélie Super missus est II, il écrivait :

« O homme, qui que tu sois, qui, dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, bien plutôt que tu ne foule la terre ferme, ne quitte pas des yeux les feux de cet astre si tu ne veux sombrer sous la bourrasque. Quand se déchaînent les rafales et les tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l’adversité, regarde l’Etoile ! Si l’orgueil, si l’ambition, si le dénigrement, si la jalousie te bousculent de leur houle, regarde l’étoile! Si la colère ou l’avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers L’Etoile ! »

Il faudra donc seulement au cherchant, ainsi que cela lui sera précisé dans cet autre grade auquel je viens de faire allusion, joindre à ce désir le courage et l’intelligence. Non pas l’intelligence de la raison, mais l’intelligence du cœur, celle qui conduit à la compréhension intime. Je prends ce terme au sens que René Guénon lui donne dans Symbole de la science sacrée :

« L’intelligence pure, au sens universel et non de la raison qui n’en est qu’un simple reflet dans l’ordre individuel, et qui est rapporté au cerveau, celui-ci étant alors par rapport au cœur, dans l’être humain, l’analogue de ce que la lune est par rapport au soleil dans le monde ».

Ces deux emblèmes, le Soleil et la Lune, ne figurent-ils pas sur le tapis de Loge ? Cette connaissance intellectuelle, si elle est utile et n’est pas à rejeter, n’est pas celle que nous venons chercher en Maçonnerie. Elle n’est qu’un outil, un préalable à une connaissance véritable.

Cette indispensable intelligence du cœur qui nous est demandée est la compréhension intime, la compréhension vécue résultant d’une compréhension intuitive immédiate qui ne peut se faire que par l’ouverture de l’esprit à l’Esprit.

J’essaierai donc ce soir de mettre en évidence, au travers de ce tableau du 1er grade, cette propédeutique du RER, cette pédagogie qui lui est propre consistant à tout nous offrir dès l’abord, mais d’une façon voilée, de manière à ce que nous soyons contraints d’effectuer un réel travail qui seul peut être un facteur de progrès sur la voie. Notre Régime, de façon constante, joue de la dialectique du « caché – révélé » propre à tous les véritables enseignements ésotériques depuis les temps les plus reculés.

Souvenez-vous (Luc 11,9) :

« Demandez et on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ».

Une formulation impérative, mais combien riche de promesses pour le jeune A\ qui la reçoit au jour de son initiation.

Instruction par Demandes et Réponses du 1er Grade, 3ème partie :

Q : Quel est le symbole du grade d’Apprenti ?
R : Une colonne brisée et tronquée par le haut, mais ferme sur sa base, avec cette devise Adhuc Stat.
Q : Que signifie cet emblème avec sa devise ?
R : Que l’homme est dégradé, mais qu’il lui reste des moyens suffisants pour obtenir d’être rétabli dans son état originel, et que le maçon doit apprendre à les employer.

Note Liminaire :

Comme je viens de le dire, le rituel du 1er grade communique l’essentiel de ce que le nouveau reçu devra découvrir au fur et à mesure de son cheminement dans notre Régime. C’est le propre de la pédagogie du RER. L’Instruction définit le but de la F\ M\ en quelques mots dans la seconde réponse : « le maçon doit apprendre à les employer » Qu’est-ce à dire ? Ces quatre mots doivent faire souvenir à l’Apprenti la phrase mise sous ses yeux dans la chambre de préparation : « Sachez apprécier le travail que vous avez à faire ». Autrement dit, il est une fois de plus rappelé que tout est là, offert, mais que ce tout n’est accessible que par l’effort du Cherchant qui devient Persévérant, ce qui le conduira nécessairement à devenir Souffrant, car comme le dit l’Ecclésiaste en I,18 :

« Qui augmente sa connaissance augmente sa douleur ».

Le Rituel précise ainsi de façon claire que le but des grades symboliques est l’obtention de la capacité de parvenir à l’achèvement des Petits Mystères, pour reprendre la terminologie de René Guénon. Cet achèvement est la première étape sur la voie de la réintégration, clef de voûte de notre Régime.

Pour vous en convaincre, il suffit de se reporter à nos textes fondateurs. La définition que nous donne J.-B. Willermoz de l’initiation est parfaitement claire sur ce point. Chacun d’entre nous devrait l’avoir en permanence présente à l’esprit. Aussi je vous en redonne les termes essentiels :

« La maçonnerie fondamentale a un but universel que la morale seule ne pourrait remplir. La pratique de la saine morale et des devoirs de société sont à la vérité le but apparent des grades, mais ces vertus ne peuvent en être le but réel. Qu'auraient-elles alors besoin d'emblèmes, de mystères et d'initiation ?

Son but est d'éclairer l'homme sur sa nature, sur son origine et sur sa destination...

Ne perdez pas de vue que l'erreur de l'homme primitif le précipita du Sanctuaire au Porche (du Temple) et que le seul but de l'initiation est de le faire remonter du Porche au Sanctuaire ».

Revenons à notre Tableau :

Il est certain que le Régime Rectifié a repris maints éléments de la Stricte Observance Templière mais en changeant son esprit. L'acte de renonciation à la succession de l’Ordre du Temple, adopté à Wilhelmsbad le 21 août 1782, marque la rupture idéologique dans la continuité formelle. Il a en fait en substitué la doctrine de la réintégration de Martines de Pasqually à l'idéologie templière. Et le tableau du 1er grade avec la devise adhuc stat était interprété par la SOT comme signifiant : « L'Ordre du Temple est décapité, mais le tronc demeure. Tous les espoirs sont permis ». Pour le Régime Rectifié, sa signification première est devenue : « Tous les espoirs sont permis I'homme est déchu, mais il possède encore le droit de vivre dans son principe et les moyens d'y retourner ».

Ceci étant posé, nous pouvons aller beaucoup plus loin dans l’analyse de ce symbole.

Le rituel utilise les deux termes distincts brisée et tronquée. Il nous signifie explicitement par le premier terme (brisée) qu’il y a une détérioration. Cela doit nous faire souvenir de la maxime donnée lors du 1er voyage du candidat à l’Initiation (« l’homme est à l’image immortelle de Dieu ; mais qui pourra la reconnaître s’il la défigure lui-même ? ») ; puis par le second terme (tronquée) il nous précise qu’il y a un manque, une absence. Ceci se met aisément en rapport avec ce qui a été communiqué dans la chambre de préparation et doit rester en permanence présent à l’esprit : la quête de la véritable lumière.

Ce terme « tronqué » qui évoque une coupure, une séparation d’avec la totalité, se met d’évidence en relation avec le signe d’ordre du premier grade, signe qui n’est pas chez nous un signe pénal comme dans d’autres rites.

Ce signe d’ordre marque la séparation de la tête d’avec le corps. Il correspond au RER, comme il est expliqué dans l’Instruction secrète aux Grands Profès, à la séparation de l’esprit d’avec le corps pour lui éviter de succomber aux passions. Il rappelle que la voie maçonnique est celle de l’esprit. Il sépare le siège de la pensée consciente de celui de la vie animale. Il remémore la supériorité originelle de l’homme, spiritualité qu’il se doit d’actualiser en quêtant la voie de la réintégration. Et cela renvoie une fois de plus à la maxime du premier voyage, véritable leitmotiv du Régime Rectifié : « L’homme est à l’image immortelle de Dieu, mais qui la reconnaîtra s’il la défigure lui-même ».

La colonne brisée est un symbole universel qui n’appartient pas à la seule maçonnerie. On la rencontre tout autant en Orient qu’en Occident, et elle est partout porteuse des mêmes significations essentielles. Nous avons simplement, au RER, étendu et précisé sa portée dans le cadre particulier de notre Régime par la maxime qui lui est jointe sur le tableau du grade.

Cette colonne figure en tant qu'emblème sur de nombreuses sépultures, indépendamment de la confession religieuse de son occupant. Elle y figure la vie brutalement interrompue, mais par sa permanence et sa verticalité elle représente l’espoir. Elle est par là une parfaite image du « Gémissons, gémissons, mais espérons » de nos tenues funèbres.

Il est aussi une autre lecture. La colonne est, dans plusieurs formes traditionnelles, un emblème de la Connaissance. (C’est dans une colonne que les outils du maçon sont rangés, c’est là qu’il reçoit son salaire, c’est par deux colonnes qu’Enoch préserve les connaissances essentielles nous expliquent les anciens manuscrits des Opératifs). Cette signification là donne alors un sens particulièrement net au terme « tronquée » qu’utilise notre rituel dans sa formulation. Nous pouvons comprendre, sans grand effort, que notre connaissance est tronquée, car imparfaite ou plus véritablement incomplète. Il est évident que la connaissance évoquée là n’est pas la connaissance intellectuelle, discursive…souvenez-vous de ce que nous disait René Guénon dans la citation faite il y a quelques instants.

Pour en revenir à la lecture la plus classique, mais probablement pour nous au RER la plus fondamentale, elle exprime qu’il y a quelque chose de brisé en l’homme. Quelque chose de brisé par sa façon de vivre et d’être au monde. Quelque chose qui fait que celui que l’Orient appelle l’homme vulgaire, et nous ici le profane, se limite à la banalisation, à l’horizontalité. Souvenez-vous encore une fois de la première maxime donnée par le V\ M\ au futur Apprenti lors de son premier voyage.

Pourtant cet homme du siècle, que nous redevenons aussi chaque fois que nous fléchissons, est porteur de toutes les potentialités nécessaires pour devenir un homme debout, cet homme véritable que l’Orient nomme un Tchen Jen. Et ces potentialités sont remarquablement figurées par ce fût de colonne qui demeure érigé. (Adhuc Stat) résistant à toutes les tempêtes. Et ceux d’entre vous qui sont M\ M\ comprendrons aisément pourquoi je choisis ce terme. A partir du moment où cette verticale potentielle, cette verticale que souligne le bijou du second Surveillant, devient consciente, ce qui est l’un des tout premiers objectifs du grade d’Apprenti, toute restauration devient possible et la colonne pourra un jour être restaurée dans sa vérité première.

La colonne est composée de 3 éléments : socle, fût, chapiteau. Elle est un symbole immédiat de l’homme complet : swma ou corpus, yuchou anima, pnema ou spiritus, en entendant le pneuma comme ce qui rend l’homme participant de l’Essence divine.

En analogie avec les trois puissances de l’âme que l’on trouve dans l’Ecriture (Neshamah, Ruach, Nepesh) figurent les trois états de l’homme : l’Adam Kadmon, l’Homme Universel qui est celui de la création au 6ème jour, ensuite de l’Homme Primordial qui est celui de l’Adam paradisiaque (édénique) correspondant à un état que certains nomment angélique et en 3ème lieu de l’homme d’après la Chute qui appartient au monde du changement et de l’action. (Gen I « Il créa l’homme » Gen II « Il le plaça » Gen II « Il le renvoya du jardin ») Mais ceci nous entraînerait beaucoup trop loin. Pour éviter toute mécompréhension, il faut souligner qu’il s’agit là en réalité d’un seul homme en trois états différents mais non pas séparés les uns des autres, pas plus que nous pouvons séparer les puissances de l’âme les unes des autres. Il faut envisager ces différents états, ces différentes puissances, dans une unité organique que les niveaux initiatiques ont pour but de révéler au sens propre du terme.

On voit tout de suite que la colonne brisée, privée de son chapiteau, c’est l’homme séparé de son Principe, l’homme déchu de son état édénique, l’homme réduit à l’état profane. Mais le symbole du grade d’A\ comporte la devise Adhuc Stat qu’on peut traduire littéralement : « Elle tient encore ferme ». Il convient de signaler qu’en hébreu colonne se dit âMûD, nom qui vient du verbe `âMaD signifiant exactement « tenir ferme » ; de même chapiteau se dit KoTêReT qui provient de Keter, la Couronne.

De ce symbole de l’Apprenti, le rituel donne l’explication suivante : Il reste à l’homme des moyens suffisants pour obtenir d’être rétabli dans son état originel. C’est aussi l’interprétation que les Pères de l’Eglise donnaient de la situation de l’homme primordial. Adam, créé « à l’Image et selon la Ressemblance de Dieu » avait perdu cette Ressemblance par son expulsion du Jardin d’Eden, mais il lui restait l’image qui lui donnait l’espérance de retrouver la Ressemblance, c’est-à-dire la restitution de l’état primordial.

C’est exactement ce que reçoit l’Apprenti par l’Initiation : une influence spirituelle qui lui permettra, par la prise de conscience des virtualités qu’il possède, de rétablir l’intégralité de son état individuel humain, et par celle des potentialités de parvenir, éventuellement, à des états supra individuels. Ce qui n’est autre que la définition des Petits et des Grands Mystères dont nous parle René Guénon, ne faisant d’ailleurs en cela que reprendre les thèmes et données antiques.

C’est ce que doit signifier le rétablissement dans son état initial de la colonne tronquée, ce à quoi l’Apprenti s’efforce pendant sa période d’apprentissage. Dans ce travail, il aura pour modèle les deux `aMÛDiM, les deux colonnes, aperçues en montant les trois premiers degrés de l’escalier du Temple de Salomon. Il effectuera son travail symbolique avec ce « meuble emblématique » un peu mystérieux qu’il ne retrouvera que beaucoup plus tard dans la voie du Rectifiée : la truelle, avec laquelle il cimentera le chapiteau sur le fût de la colonne, la restituant ainsi dans son intégrité. Il convient de comprendre que ce ciment n’est autre que ce que lui transmet le rituel sous le voile des symboles, lorsqu’il est réellement vécu et non pas seulement compris intellectuellement.

Or en hébreu ciment se dit DêVêQ, qui provient du verbe DâVaQ signifiant joindre, unir, adhérer. Et par lui se réalise ce que l’ésotérisme juif appelle la DèVéQÛT : l’union à Dieu. C’est la restauration de l’état primordial, le rétablissement de l’unité avec le principe qui avait été rompue par ce qu’image ici la décapitation de la colonne ; cette colonne à la quelle maintenant est rendue sa couronne.

Il est intéressant de constater que ce symbolisme est exprimé dans l’Apocalypse de Jean dans des termes tout à fait analogues. Il s’agit des lettres adressées par le Fils de l’Homme aux 7 Eglises d’Asie. Voici ce qui est écrit au chapitre 3, dans celle envoyée à l’Eglise de Philadelphie :

« Ainsi parlait le Saint, le véridique, Celui qui a la clef de David : …Je viens bientôt. …Tiens ferme pour que nul ne ravisse ta couronne de vainqueur. Le vainqueur, j’en ferai une colonne dans le Temple de mon Dieu et le nom de la Cité de mon Dieu, la Jérusalem nouvelle qui descend des Cieux d’auprès de Dieu, et aussi mon Nom, le Nouveau ». Et cela, mes F\ F\, vous le retrouverez très explicitement beaucoup plus tard dans la voie de notre Régime.

Ce qui est remarquable pour nous, dès l’abord, c’est qu’il y a dans ces versets plus que l’assurance de l’intégrité de la colonne recouvrant sa couronne, c’est-à-dire la restauration de l’état primordial humain dans la Jérusalem céleste, restauration que l’Apocalypse projette au temps de la Parousie. Il y a aussi, et de façon beaucoup plus immédiate, la promesse de la possibilité d’accession aux états supra-individuels par la participation à l’essence divine. Car le terme « le Nom », en hébreu Hashem de valeur 345, est dans l’Ecriture un Nom divin. Et certains d’entre vous le savent, ce 345, outre sa valeur emblématique en Maçonnerie, est la valeur numérique de El Shaddaï (Dieu Tout Puissant), le Nom divin invoqué dans les anciens rituels opératifs.

Or le but de la F\ M\ n’est-il pas de retrouver, non pas quelque part mais en soi-même, « la parole perdue » dont parle tant la littérature maçonnique ; cette parole qui ne saurait être autre que l’un des Noms sous lequel se donne à connaître le Grand Architecte de l’Univers, si ce n’est peut être un jour le Nom véritable, le Nom ineffable ?

Et cette colonne brisée et tronquée, cette colonne qui pourtant reste ferme sur ses bases, n’est-elle pas là, sous nos yeux, dès le début de notre voie de Maçon Rectifié, pour nous montrer le chemin et nous fournir la méthode ? Rétablir cette colonne, la re-construire, est bien un travail de maçon. Et reconstruire n’est-ce pas cette voie de la Réintégration qui est celle du Régime Rectifié ?

N’est-ce pas là aussi ce que nous a légué Willermoz dans l’un de ses écrits en définissant clairement la voie et la finalité du Régime par ces quelques mots déjà cité, mais que chacun devrait connaître et mémoriser :

« La maçonnerie fondamentale a un but universel que la morale seule ne pourrait remplir. La pratique de la saine morale et des devoirs de société sont à la vérité le but apparent des grades, mais ces vertus ne peuvent en être le but réel. Qu'auraient-elles alors besoin d'emblèmes, de mystères et d'initiation ? Vous êtes voués irrévocablement au service de l’humanité, et ne perdez pas de vue comme maçon que l’Erreur de l’homme primitif le précipita du Sanctuaire au Porche, et que le seul but de l’Initiation est de le faire remonter du Porche au Sanctuaire ».

Enfin, une dernière remarque, Philadelphia, l’Eglise à laquelle l’Apôtre Jean s’adresse en grec, signifie « l’amour des frères », ce que l’on peut considérer comme la colonne vertébrale de tout l’Ordre maçonnique, et cela quel que soit le Rite pratiqué. Et cet amour ainsi souligné est fort éloigné de la simple tolérance, comme se plaisait à le préciser Wladimir Jankelevitch en écrivant :

« La tolérance est un mouvement provisoire. Elle permet à ceux qui ne s’aiment pas de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s’aimer ».

R\ B\

Notre Dame Aux Trois Lys
Orient de Paris


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