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Les bougies et  l’homme sur le même chemin


Le feu que j’ai allumé grâce à mon allumette détruira celle, qui paradoxalement a permis de lui donner la vie. Or, mon allumette, comme pour se venger, se consumera doucement, ne laissant qu’un temps éphémère a celui qui est en train de la détruire.
Il ne faudrait qu’une étincelle pour raviver ce feu qui deviendrait peut être, un brasier incandescent, destructeur et assassin, il ne faudrait aussi qu’un petit bout de mèche pour en maîtriser la fougue et le maintenir presque immobile. Or, ce petit bout de mèche, étiré et étriqué dans un cône de cire, c’est la bougie, celle qui permettra au feu de s’ériger vers les cieux.

La bougie est un moyen d’éclairage les plus anciens. Son usage était largement répandu dans le monde antique, comme en témoignent certains bas reliefs égyptiens (qui font état de bougies en forme conique) et les bougies de forme circulaire aplatie retrouvée dans les tombes de l’Ile de Crête, vieilles de 5 mille ans.

Autrefois, la mèche généralement constituée de coton torsadé et tressé était noyée dans la graisse animale ou végétale. Le trempage est une pratique du moyen age ; on utilisait à cette époque des joncs séchés que l’on évidait et trempait dans de la graisse animale. La bougie obtenue était très médiocre puisqu’elle ne fonctionnait pas plus d’une heure avec une flamme peu éclairante et fuligineuse.

Plus tard, la cire d’abeille a été utilisée, elle était beaucoup plus propre que la graisse animale mais aussi beaucoup plus chère, c’est la raison pour laquelle elle était réservée à l’usage des maisons seigneuriales et des églises.

C’est au VIIIème  siècle que les vénitiens  introduisirent en Europe, l’usage d’employer la cire comme moyen d’éclairage, il paraît qu’ils empruntèrent cet usage aux arabes, car, dit-on, c’est dans la ville de BOUGIE en Algérie, que furent inventées les Bougies.
Les chandelles de cire furent nommées bougies, parce qu’on tirait de la bougie la plus grande partie de la cire avec laquelle on les fabriquait. Les fabrications sont faites à la cuillère ou au moule.

Dans le premier procédé, les mèches étaient suspendues verticalement  au dessus d’un bain de cire fondue, on prend alors cette cire dans une cuillère pour la verser le long des mèches, et l’on répète cette opération jusqu'à l’obtention de la grosseur voulue, on les roule ensuite sur une table de noyer poli en les pressant avec une planche triangulaire afin de lui donner une forme régulière.

Le deuxième procédé était de faire couler de la cire mais dans un tube métallique après que les mèches aient été tendues dans l’axe de ce cylindre. Afin que les bougies puissent acquérir toute la blancheur, on les exposaient à l’air, à la lumière et à l’humidité.
Le terme pour éteindre la bogie s’appelle « moucher » c'est-à-dire que l’on avait à l’époque un petit cône au bout  d’une grande perche que l’on mettait sur la mèche.
La bougie est le sujet de certaines expressions bien connues, par exemple : «  le jeu n’en vaut pas la chandelle » cette expression nous vient du théâtre, en effet le spectacle se terminait lorsque les bougies s’éteignaient.

L’on retrouve aussi l’expression  en amour : » tenir la chandelle » c'est-à-dire regarder.
En chirurgie, nous retrouvons aussi le mot bougie : appareil de forme cylindrique que l’on introduit comme une sonde dans le canal de l’urètre.
L’inventeur est le chirurgien DAVAU, qui lui donna  plusieurs noms : bougie creuse : bougie élastique, bougie fondante. D’ailleurs, j’ai une petite anecdote concernant ce chirurgien qui rendit cet outil très à la mode :

Une femme demanda  un jour à un jeune homme quel genre d’homme était ce DAVAU. « Oh madame répondit ce plaisant «  c’est un homme qui prend nos vessies pour des lanternes.
Les bougies furent aussi utilisées comme instrument de temps à la manière des sabliers, on limitait alors la durée des ventes aux  enchères en plantant une aiguille dans la cire : la vente était arrêtée dès que l’aiguille tombait.
Au siècle dernier les bougies servaient également  à déterminer le temps de rotation des mineurs de fond dans les mines.
De nos jours, la bougie n’est plus employée que pour des cérémonies et quelque éclairage de secours.

Pourtant, la bougie est aussi un symbole important, celui d’une paix intérieure propre au recueillement, on la retrouve dans les églises et sa présence réchauffe les âmes en quête de quiétude.
Elle représente la vie sur le plateau du  ou de la V.°. M.°.  Sa flamme frémissante est un rappel de la présence d’une force extérieure, et contraste avec un lieu parfois austère et froid.
Elle est souvent l’alliée de la prière ; dans les moments de grande détresse, elle est alors allumée comme pour rappeler à soi une présence qui n’est plus et à laquelle l’on veut rendre hommage. C’est aussi un symbole de la lumière, celle qui réchauffe et réconforte, celle indispensable à la vie.

En revanche, la bougie, c’est aussi l’expression du bonheur, c’est la représentation d’un événement heureux qui marque notre vie, comme le baptême, le mariage, est pour nous l’initiation. Elle sera alors l’expression de longévité et de chaleur. Elle sera aussi présente pour les anniversaires, les solstices d’hiver et d’été, symbole d’une année maçonnique terminée qui part allègrement en fumée. Enfin elle est le témoin de soirées romantiques, de dîner en tête à tête où sa présence accentue une atmosphère propice à l’amour et aux sentiments.

Mais la bougie n’est ce pas tout simplement la représentation symbolique ou l’imaginaire de l’homme ? N’ont-ils pas suffisamment de points en commun pour pouvoir les comparer ?
La bougie, est véritablement « bougie » qu’avec la présence du feu, et le feu a besoin de la bougie pour être maîtrisé, canalisé.
Il en est de même pour l’homme qui ne doit sa vie qu’a ses parents ou ancêtres et ceux-ci tenteront de la même façon de le maintenir vers la juste direction. Puis viennent les aléas de la vie, ce chemin qui devait être si droit pour l’homme, peut devenir sinueux, agité, erroné, dangereux. N’est ce pas la même chose pour cette bougie, qui, tentant de maintenir sa petite flamme érigée vers le ciel, lutte désespérément contre ce souffle d’air qui l’agite et la tourmente au risque de l’éteindre ?

Le temps passe, la bougie se consume, diminue, s’apetisse… l’homme lui ressemble car il vieillit de la même façon.

Et enfin, la flamme s’éteindra tout doucement d’elle-même ou alors, par un improviste souffle extérieur. Il en est de même pour l’homme qui partira de sa douce mort  ou alors terrassé par sa propre maladie. Chacun d’eux aura laissé sa trace, à sa façon, mais aussi en emportant la lumière  et la chaleur qui auront laissé tout au long de leur vie.

J’ai essayé de vous faire un peu rêver en écrivant cette planche que je vais proposer à mon A.°. Et je conclurai  par cette phrase «  l’avenir appartient à ceux qui croient en  la beauté de leurs rêves ».

J’ai dit

J\ M\


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