DH Loge : NC Date : NC


La Fidélité

La fidélité se définit comme la qualité de celui qui est fidèle à ses engagements et la qualité d’une chose conforme à la vérité. La dualité des notions et des valeurs ne permet pas de séparer réellement fidélité et infidélité.

Ceci dit,
Nous avons choisi de parler de fidélité. Pourquoi ?

1 / D’abord, par fidélité à notre histoire originelle : en 1893, Maria Deraismes et Georges Martin fondent la première loge mixte (Grande Symbolique Ecossaise de France, le Droit Humain) ; puis en 1901 est créé notre Ordre (Ordre Maçonnique Mixte International le Droit Humain).

Il est tentant de souligner que c’est une infidélité d’un frère du Grand Orient de France qui a permis d’initier une femme dans une nouvelle obédience maçonnique précédant de peu la naissance de la première loge mixte.

2 / Ensuite, la fidélité est l’expression d’une foi en une institution, une idée, une promesse, un idéal et pour nous maçons un serment.

Sous l’égide de Ptolémée II ( monarque dont le nom signifiait « celui qui aime ses frères »), 72 sages juifs d’Alexandrie reçurent un beau matin l’ordre de traduire la Bible hébraïque en langue grecque. Au bout de 72 journées de labeur, les 72 versions respectives coïncidaient  point par point. Ainsi, naquit la version des Septante, mythe fonateur de la fidélité absolue en matière de traduction= le phare d’Alexandrie succédait à la tour de Babel.

Le franc-maçon est un homme libre ; pour autant, le serment ne doit pas faire de lui un inféodé. Quelque soient l’institution et l’association, quand les règles de fonctionnement sont modifiées, sans trahir les siens, on peut s’interroger sur la manière de rester fidèle ou non au serment. On a prêté serment mais personne n’est à l’abri d’une ou de plusieurs remises en question, pouvant alors entrainer une période de doute. Le doute peut amener à une infidélité, qui, une fois la période délicate terminée peut déboucher sur une évolution favorable.
La fidélité n’excuse pas tout : « être fidèle au pire serait pire que le renier et la fidélité dans la sottise est une sottise de plus » selon Jankélévitch. Jurer fidélité est un pacte symbolique, un acte déterminé par le symbole ( tel que l’anneau dans le mariage) et qui a le pouvoir, hors des rituels institués, de créer du symbolique.

En maçonnerie, notre engagement est concrétisé par un serment ; ce serment est fondateur et il est renouvelé à chaque grade.

Il existe une fidélité de la pensée : on ne pense pas n’importe quoi, puisque cela n’est plus penser. La dialectique elle-même n’est une pensée que par la fidélité à ses lois, à ses exigences, à la contradiction même qu’elle dépasse.

Sartre a dit : « il ne faut pas confondre la dialectique et le papillotement des idées ». La fidélité est à peu près ce qui les distingue. Toute pensée risque de se perdre si nous ne faisons l’effort de la garder. Il n’y a pas de pensée sans mémoire, donc pas de pensée sans fidélité. Pour penser, il faut se souvenir et vouloir se souvenir. On ne peut être fidèle ou infidèle qu’à ce dont on se souvient et c’est pourquoi fidélité et infidélité sont deux formes opposées, l’une vertueuse et l’autre pas, du souvenir.

La fidélité étant vertu de mémoire, l’infidélité est sa faute. Vertu de mémoire, c’est plus que mémoire ; fidélité, c’est plus qu’exactitude.

CCL : La fidélité est un parcours, avant tout, un parcours à obstacles, et parfois monstrueux. Il faut avancer, combattre, vaincre. Ce parcours suppose une direction, un but à atteindre= il ne peut y avoir fidélité (dans un couple, une croyance, une vocation) sans visée même si elle change en cours de route, et que la fin devient moyen.

Ce parcours suppose une mémoire : c’est l’ultime symbole du fil d’Ariane, mémoire visible qui permet la continuité du chemin, et qui nous donne le courage de tailler la pierre brute, hommes et femmes perfectibles que nous sommes.

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