Obédience : NC Loge : NC 06/11/2009


La Concision !
 

En accord avec notre Vénérable Maître, j'ai souhaité vous présenter cette planche et plus particulièrement ce thème de la " Concision " qui a été écrite par un vieux Frère en juin 1980.

Ce travail, n'est donc pas le mien, mais celui d'un réel vécu !                                                                                                         
Pour le jeune Apprenti que j'étais, la finesse de ce discours m'avait impressionné, et je me voyais déjà le mettre en pratique !


Alors, jugez par vous-même, de la clairvoyance du sujet et de la Méthode. Elle reste encore aujourd'hui d'actualité, et pour ceux d'entre vous qui souhaiterai si référer, user alors de ces sages conseils sans modérations ! 

A ce propos donc, et dans le contexte de ce thème  ... Il écrivait notamment ceci !

Depuis que nous sommes entrés dans la Franc Maçonnerie, les Frères les plus anciens nous répètent d'une façon permanente, inlassable, le conseil suivant " Soyez concis "

Etre concis disait t'il,  C'est exprimer beaucoup de choses en peu de mots, c'est-à-dire à la fois bref, dense et précis.

Il vient du latin " Consisus " qui veut dire trancher, c'est-à-dire enlever ce qui est inutile. Il y a deux types de raisons pour lesquelles on nous demande d'être concis, d'abord pour son aspect exotérique et ensuite celle de l'aspect ésotérique !

Voyons tout d'abord l'aspect exotérique, c'est-à-dire dans notre cas, ce qui se comprend facilement par le raisonnement.
Nous nous bornerons ici à une seule raison, l'efficacité : la concision est une condition indispensable à l'efficacité, et les FM sont des gens qui doivent toujours chercher à être efficaces

Pour les interventions orales, il faut éviter les pertes de temps : il est bien évident que si chaque Frère s'efforce d'exprimer l'idée à l'Atelier, il doit le faire d'une façon aussi simple, claire et brève que possible. Il laissera ainsi du temps libre pour que chacun puisse s'exprimer. Le Vénérable pourra alors faire rapidement le tour de la Loge et conclure en conséquence, car vous savez bien que rien n'est plus agaçant et irritant, que des Frères se sont étendus abusivement dans leurs interventions.

Autre avantage pour un Frère d'être simple, clair et bref : il sera compris par le plus grand nombre; En effet, l'attention d'un Frère, si bien disposé soit-il, n'est pas illimitée; nous n'avons pas la possibilité matérielle de comprendre plusieurs idées lorsqu'elles sont présentées d'une façon mélangée.

On peut donc proposer quelques règles à respecter en ce qui concerne les interventions orales :

-                     Il ne faut pas se précipiter pour parler, mais au contraire réfléchir à ce que l'on va dire, ce qui n'est pas chose aisée.
-                     On peut recommander de n'intervenir que pour une seule idée. Si vraiment l'on souhaite intervenir pour deux,
on peut bien sûr le faire, mais en annonçant bien que l'on vient d'en finir avec une et que l'on va commencer une deuxième.
-                     Se concentrer sur un seul aspect du problème posé n'a pas d'inconvénients, car l'on peut faire confiance aux frères sur les colonnes, pour aborder d'autres spécificités.
-                     Enfin, dernière règle évidente : il faut éviter de prendre la parole pour répéter ce qui vient d'être dit !

On peut donc remarquer, que les habitudes de concision que nous acquérons dans nos interventions orales en loge, sont utiles pour notre efficacité à l'extérieur, dans le monde profane.

Passons maintenant aux travaux écrits, que nous appelons planches. Vous savez que, là aussi, on nous demande d'en limiter la durée : vous entendez par exemple qu'une planche d'apprenti ne doit pas excéder 5mn, celle d'un Maître 10 et qu'une question à l'étude des loges doit se restreindre au maximum à 15mn. Cette concision est indispensable pour l'efficacité car, si la planche est trop longue, les auditeurs ne peuvent ni l'écouter intégralement, ni la comprendre entièrement pour éventuellement intervenir et apporter sa pierre.

On ne peut écouter avec attention un trop long discours : vous savez tous, qu'avec le temps notre attention faiblit, puis disparaît complètement et des périodes entières apparaissent, pendant lesquelles notre cerveau est ailleurs, comme si nous avions des " blancs " dans notre comportement !

Pour la compréhension, c'est encore pire : pour comprendre réellement une idée qui est nouvelle pour lui, l'auditeur doit faire un effort spécial, se sensibiliser à cette idée, se concentrer sur elle, dans  une espèce de mise en condition plus ou moins consciente, qu'il va peut être réussir une fois    ou deux au cours de la lecture, mais certainement pas plus ;  une avalanche d'idées dans une planche risque alors, d'empêcher l'auditeur d'en comprendre une seule.

Pensons enfin à la fatigue, une planche trop longue entraîne une grande fatigue chez les frères qui, ensuite ont peu de volonté et d'enthousiasme pour poursuivre l'ordre du jour, je pense que chacun d'entre nous a vécu cela, souvent ?

On peut donc aussi, proposer pour l'écrit quelques règles à respecter :

-                     Tout D'abord, il faut bien se dire que l'on ne fait pas une composition française destinée à être lue par un examinateur, mais une planche destinée à être écoutée par des Frères, et faite pour les intéresser.     

-                     Les règles de grammaire et de composition sont nécessaires, mais ce sont seulement des outils au service du Maçon ; l'essentiel est ce que les Frères en retireront, il faut donc des phrases brèves, des phrases simples.

-                     Les idées de base d'une planche doivent être très peu nombreuses, cela facilitera la compréhension, n'oublions pas qu'une planche est faite pour être discutée, les Frères intervenant sauront bien à un moment ou à un autre, mettre l'accent sur des points qui n'auraient pas été développées dans le travail.

-                     Enfin, on ne saurait trop dénoncer une tendance fréquente à faire étalage d'érudition, sans doute pour montrer que l'on a bien travaillé, mais la bibliographie ne sert qu'à soi même, elle n'est pas la planche elle-même ! Une citation ne doit être mentionnée que si elle éclaire remarquablement le sujet, pour le reste, sachons qu'il n'est pas nécessaire de montrer son érudition pour qu'elle transparaisse dans le travail, la vraie culture, comme la vraie élégance ne doit pas se remarquer

Pour nous résumer, disons qu'une planche n'est ni un devoir de Français, ni une thèse d'université, ni un discours électoral, encore moins une plaidoirie d'avocat ( Pardon à notre Frère Alain Rap\avocat de métier )

Une planche est un travail particulier, spécifique à la Maçonnerie et nous entrons là dans l'aspect maçonnique, dite ésotérique !

Nous allons donc changer de langage, nous allons " raboter la planche " !

En quoi consiste " raboter une planche " Eh bien, nous le savons tous : il s'agit de rédiger une première ébauche, puis de la développer, ensuite la reprendre pour la refaire, la rendre plus logique plus claire, plus compréhensible et surtout raboter, pour trancher, enlever ce qui est en trop, ce qui est inutile, ce qui est donc évidement nuisible.

Raboter sa planche met en jeu des qualités que nous aimons bien dans les loges maçonniques :
-                     IL faut de l'humilité pour, qu'en relisant son propre travail, accepter l'évidence, qu'il est imparfait et qu'il faut l'améliorer sans cesse.
-                     IL faut aussi de la confiance en soi, pour penser que l'on va être capable d'améliorer ce que l'on a fait, c'est la foi dans le progrès possible.
-                     IL faut de la persévérance et même du courage, pour se mettre à écrire, car parfois, on est obligé de le faire et ceci, à tous les niveaux.

Raboter sa planche est un véritable travail initiatique. Vous savez bien, que pendant le temps qui s'écoule entre la première ébauche et le dernier rabotage, la planche prend une espèce de vie propre cette planche nous dérange, nous hante, nous donne une certaine anxiété, qui est quelque fois une angoisse pour certains : C'est parce que cette planche est devenue une partie de nous-mêmes.

Il y a une confrontation d'une partie de l'homme avec une autre partie de lui-même, et c'est pourquoi cette période est souvent pénible, et c'est pourquoi c'est initiatique. Vous sentez donc bien qu'un tel processus, sans être identique est de même nature que ce qui se passe dans les initiations successives que nous connaissons.

Revenons maintenant à des problèmes plus pratiques. Bien sûr, nous n'allons pas éternellement raboter une planche. Tout D'abord, il ne s'agit pas d'exagérer la concision, de tout raboter pour présenter une planche squelettique sans aucune explication, car alors, personne ne comprendrait ce qu'a voulu dire l'auteur. Ensuite, il faut bien un jour présenter à la Loge son travail, même si l'on a conscience de son imperfection. Enfin, on n'a pas toujours le temps devant soi, le temps suffisant pour revoir plusieurs fois son travail.

Alors nous tenons à donner deux suggestions pratiques qui nous semblent efficaces :

-                     C'est Immédiatement après avoir reçu un travail que l'on doit le faire, y compris la rédaction, même si l'on a six mois devant soi, avant d'avoir à la présenter à la loge. Une telle règle donne le loisir d'appliquer ce qui a été dit plus haut; celui qui s'y prend au dernier moment se trompe de méthode.

-                     Par ailleurs, il est très intéressant de reprendre une planche que l'on a présenté plusieurs années auparavant, et de la raboter de nouveau, j'ai vu quelques maçons le faire cela a été très utile à eux mêmes et à ceux qui les écoutaient, car les planches ainsi rabotées étaient toujours plus courtes, plus claires, plus convaincantes.

Et puisque qu'en Maçonnerie, tout est symbole, il concluait simplement par la phrase suivante, que nous pouvons encore aujourd'hui, méditer avec profit : c'est la qualité et non la quantité, qui est Un objectif Maçonnique !

Voilà mes Très Chers Frères, ce qu'écrivait à l'époque, ce vieux maçon membre fondateur en 1974 de ma loge mère,
la RL ... , et de surcroît, l'un de mes excellents enquêteurs !

Vénérable Maître,
J'ai dit, et j'ose espérer cette lecture au profit du plus grand nombre ?

H\ H\

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