GODF Loge : La Table d'émeraude - Orient d’Asnières Date : NC


Le dragon

Ma planche portera sur le dragon, sujet que j’ai trouvé extrêmement complexe, et pourtant on constate que pendant des siècles, le dragon a joué un rôle dans les arts, les légendes et la religion donc très important et mal connu enfin pour beaucoup.
Le mythe du dragon en soi est si complexe, et soumis à tant de suppositions que ce sujet m’a poussé à réfléchir pas mal de temps. J’ai essayé d’en parler autour de moi, de prendre la vision de tous afin d’en comprendre le sens profond, le sens que le dragon pourrait avoir selon des points de vu différents, ce qui en soit n’a rien donné.
Je me souviens lors de mon récent passage sous le bandeau, lorsque la question me fut posée : « quelle serait votre réaction si l’on vous mettez l’image d’un dragon devant vous ? »
Et bien pour ma planche j’ai trouvé intéressant de tenter de répondre à cette question à laquelle j’ai simplement sourit ce jour là.

Avant de répondre enfin d’essayer, je vais rapidement évoquer le dragon dans son histoire dans sa mythologie, dans sa représentation.
Corps de serpent, griffes d'aigle, ailes de chauve-souris, le dragon n'est ni mâle ni femelle. Il souffle le feu et son regard fascine comme celui du serpent. Animal fabuleux qui figure dans la mythologie et dans les légendes populaires de presque tous les pays. Le dragon est l'une des créatures mythiques les plus connues et les plus mystérieuses qu'il soit donné de voir dans une mythologie.
Il est représenté de différentes manières selon la région du monde, symbole de vie et de puissance en chine, protecteur en Indonésie, protecteur de trésor en Grèce antique ou encore maléfique et ravisseur en Europe médiévale. Mais dans ces différentes mythologies, les dragons ont souvent des caractéristiques bien similaires.
Il semble difficile de déterminer une origine géographique ou historique aux dragons.
Ils apparaissent sous une forme ou une autre, en même temps que les autres monstres de l’imaginaire, cela remonterait environ à 6000 ans dans une tombe néolithique en chine.
On trouve des monstres aux formes semblables, mais différentes, dans presque toutes les cultures antiques mais au final ça se termine par une figure quasi universelle.

Deux se distinguent cependant :
Dans notre tradition occidentale (mythologie grec, celtique et nordique) il s’agit d’une créature ailée et soufflant le feu.
Nombre de Héros ou dieux devront se mesurer à eux afin d’établir l’ordre sur le monde. Ce sont surtout des créatures liées à la terre et au feu, symbole de la puissance naturelles souvent associés à la surveillance d’un trésor, d’une chose.

Nous distinguons également le dragon asiatique qui contrairement à l’européen et bien qu’associé aux forces de la nature, est dangereux mais pas vraiment hostile, il diffère surtout par leur apparence. Ils sont plus fins et aériens et non pas forcement d’ailes. En chine, au japon, en Corée et au Vietnam, ils sont des esprits associés au climat, ils sont puissants et vénérés, on les associe souvent avec le pouvoir en place.

De nombreuses histoires décrivent allégoriquement le combat contre le dragon qui doit être mené, ou encore ce que l’on nomme « le passage de l’épreuve initiatique » pour pouvoir atteindre sa vraie nature, en d’autres termes, vivre sa vraie libération.
Chaque combat représente comme un passage vers une pureté, qui elle seule permet d’avoir droit au trésor, ou à la perle ; deux symboles ici de l’âme et de ses trésors de forces et de vie cachées.

Dans la tradition chinoise, le dragon est le gardien aussi d’un trésor fabuleux caché au fond des mers. Là, il veille sur la perle miraculeuse qui renferme la sagesse et la connaissance, pures comme l’or, symbole de perfection spirituelle. Il est réellement omniprésent dans la mythologie chinoise. Nugua, déesse à l’origine du monde selon la cosmogonie chinoise, est un être mi-humain, mi-dragon. Le dragon  est presque toujours bénéfique et aide dieux et hommes à vaincre les forces du mal ou les catastrophes naturelles.

Dans la mythologie grecque, le onzième travail d’Héraclès consiste à aller chercher les pommes d’or du jardin des Hespérides ; celles-ci sont gardées par un Dragon nommé Ladou qui selon la légende possédait cent têtes.
La Tradition chrétienne rapporte le combat auquel s’est livré l’archange Michel et ses anges, qui sont parvenus à terrasser le dragon, tandis que ce dernier s’attaquait à la Vierge Marie.
Dans le cycle de la Table Ronde, le roi Arthur est appelé le Pandragon, c’est-à-dire le tueur de dragons, pour montrer la pureté de son âme.

Après avoir évoqué l’apparition du dragon dans son histoire et sa légende, je vais tentais tout en évoquant son symbolisme de vous donner ma perception de celui-ci.

La caractéristique même du dragon vient de l’origine du mot (grec DRAKON provenant du verbe DRAKOMAI) qui signifie voir, regarder, c’est de cette définition que part mon interprétation du dragon et surtout ce que représente l’image d’un dragon pour moi. Le dragon voit tout, il sonde jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine.
A lui seul il représente les 4 éléments de la Tradition occidentale ; l'eau, l'air, la terre et le feu. L'Air par ses ailes d'oiseaux ressemblant souvent à des ailes de chauve souris, la Terre car il vit dans les entrailles de celle-ci, le Feu car il est doté de poumons en crachant et enfin l'Eau par les écailles qui le recouvre. Il est considéré comme un animal aquatique, terrestre -voire souterrain - et céleste à la fois. Il n'est ni bon ni mauvais en lui-même, il représente le Bien ou le Mal, le yin et le yang. Ainsi suivant les traditions, il peut avoir plusieurs rôles.
Le dragon est une figure rencontrée fréquemment en alchimie. Il symbolise le changement d’état, la transmutation. C’est la neutralisation des tendances adverses, du soufre et du mercure alchimiques.
Au sein de notre loge, il est présent de part notre sceau (basile Valentin). On y voit un personnage à deux têtes, dont la main droite tient un compas et la gauche une équerre. C’est androgyne alchimique, unissant l’énergie créatrice mâle à la réceptivité féminine, associant, en d’autres termes, le soufre au mercure, debout sur le dragon symbolisant la quaternaire des éléments, dont l’initié doit triompher au cours de ses épreuves. Je ne vais détailler plus notre sceau qui en lui seul demanderait une étude très approfondie.

Il paraît difficile de parler de monde intérieur et de son développement sans évoquer le symbolisme du Dragon, tant ce qu’il représente a souvent la mainmise sur nos forces cachées et donc intérieures. Nous pouvons nous remplir de conscience ou de lumière ou d’un nouvel esprit, seulement, le lieu en nous où cela peut arriver, par est gardé symboliquement un dragon. On peut examiner la problématique que soulève le Dragon autrement et se demander : comment parvenir à transformer des forces non encore maîtrisées consciemment sans même les avoir rencontrées, affrontées, ni combattues ?
Ce combat s’impose d’autant plus fortement que ces forces draconiques ne doivent pas rester non maîtrisées par la conscience. Si elles restent à l'état brut, c’est l’instinct de puissance et de domination inhérent à la nature humaine qui s’en sert à son avantage.
En astrologie on parlerait d’ « axe de destinée » qui est l’axe des dragons. La tête du dragon  nous indique le lieu ou l’on doit se construire opposé à sa queue qui brasse les influences de notre passé. Ces deux parties du dragon s’appelle des nœuds lunaires (points ou la trajectoire de la lune croise celle du soleil). Nous pourrions mettre cela en parallèle avec l’Ouroboros symbole qui renferme en même temps les idées de mouvement, de continuité, mais d'éternel retour en se mangeant la queue comme l’axe du dragon qui a besoin de passé pour avancer, pour être en mouvement.
Je ne parle pas astrologie pour faire un cours mais simplement pour montrer que sa représentation est partout et partout, elle indique notre intérieur, notre chemin…
Si je reviens quelques mois en arrière lorsque un frère m’a posé la question, je comprends mieux l’intérêt de celle-ci, enfin je l’interprète différemment.
La maçonnerie au fond m’aide tout d’abord à rencontrer mon dragon ou plutôt mes dragons intérieurs, elle m’aide en quelque sorte à commencer mon combat, à voir, à regarder à trouver ce trésor au fond de moi qui pourrait être le fait de combattre mes défauts.
Le dragon me fait penser à la pierre brute que l’on taille tout au long de sa vie et chaque éclat et un combat ou plutôt un trésor trouvé afin de voir, de regarder, de percevoir celui-ci pour en tirer le meilleur parti et ainsi s’améliorer. J’aurais du pousser cette pensée plus loin pour voir une chose évidente et pourtant que je n’aurais pas vu sans que Benoît ne m’éclaire. Et oui le dragon représente l’initiation à lui seul, il représente les épreuves de la terre, de l’air, du feu et de l’eau. Durant l’initiation nous sommes le dragon, nous cherchons à voir, à percevoir, à trouver le trésor à recevoir la lumière. Je ne vais pas évoquer toute l’initiation dans son détail mais évoquer les corrélations que j’y trouve.

Commençons par l’épreuve de la terre qui est le cabinet de réflexion, le terme VITRIOL affiché dans celui-ci nous mène sur la voie, par son sens « visite l’intérieur de la terre et en rectifiant, tu découvriras la pierre cachée des sages » (Visita Intériora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem).
Cette pierre philosophale n’est autre que la pierre cubique des maçons celle qui servira à notre construction intellectuelle et moral de tous les FM.
Précédemment j’expliquais que le dragon symbolisait le changement d’état, la transmutation. Et bien nous retrouvons cela dans le cabinet de réflexion de par le soufre qui représente l’énergie de chaque être que le mercure c’est-à-dire l’influence du monde extérieur vient freiner, notre méditation qui nous mène au fond de nous permet de modifier cela enfin pourra le permettre. Les symboles présents laissent penser que le dragon durant l’initiation c’est nous, mais pas seulement car il faut le combattre pour trouver le trésor.

L’épreuve de l’air, qui est un des 4 éléments que représente le dragon et le premier voyage qui nous évoque  que la vie et rude, qu’il faut lutter dans les ténèbres. Nous sommes un enfant impuissant qui aspire à plus. La planche à bascule qui peut nous faire penser à une chute mais une chute au fond de nous même.

Les écailles du dragon ou plutôt l’épreuve de l’eau permet de se laver des souillures certes mais aussi par le bruit des épées durant celle-ci qui sont l’emblème des efforts que l’on doit faire pour se délivrer de soi même.
Mais ce n’est pas encore suffisant d’où le dernier voyage du feu qui défend tel un dragon l’accès au temple, à la lumière. Donc nous sommes le dragon et le dragon est l’initiation, tout se mélange comme quand nous découvrons notre visage dans le miroir derrière nous. Durant celle-ci, tout est calme nous retournons en nous au fond de nous en espérant découvrir, voir.
la lumière symbolique que nous recevons rappelle l’étymologie du mot dragon car nous voyons, nous percevons tout en sachant que ce n’est que le début d’un long chemin, l’initiation nous ouvre la voie…
Conclusion
Le Dragon nous apparaît donc essentiellement comme un gardien sévère, comme un symbole du mal, en effet il est le gardien des trésors cachés et donc comme l’adversaire qui doit être vaincu pour y avoir accès.
Ainsi tous ces mythes nous prouvent que le dragon et ce qu’il garde sont dignes d’être recherchés pour nous même, pour notre propre évolution personnel.
Si MTCF me reposait la question de savoir ce que me ferait une image de dragon devant moi, je lui dirais que c’est ce que chacun à au fond de soi, car le dragon est d’abord en nous, le dragon est notre initiation, notre chemin à parcourir, le dragon c’est également nous, d’ailleurs quand nous cherchons un ennemi et qu’on voit son visage dans le miroir car le seul ennemi c’est nous, c’est notre dragon intérieur, le gardien des trésors cachés.
 Attention le dragon demeure latent en chaque de nous, comme endormi et toujours prêt à se réveiller si on manque de vigilance. Celui qui n’est pas capable d’atteindre la lumière avec sagesse sera repris par les eaux primordiales. Elles peuvent reprendre ce qu’elles ont donné, c’est là le rôle de gardien des secrets enfouis.
 L’initiation maçonnique nous met sur la voie de ce chemin à parcourir.

J’ai dit

A\ D\

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