Obédience : NC Loge : NC 08/04/2011


Que la joie soit dans les cœurs


  «  Joie, divine étincelle, fille aimable de l’Elysée,
      Nous entrons, enivrés de tes feux, dans ton sanctuaire.
      Tes charmes réunissent ce qu’a séparé le rigoureux usage,
     Tous les Hommes deviennent Frères, là où s’arrête ton doux vol. »

Ces vers, de notre frère Schiller, seraient restés méconnus, si le génie musical de Beethoven n’en avait fait, aujourd’hui, l’hymne de toute une communauté, puisqu’il s’agit de l’un des couplets de « l’hymne à la Joie ».

 Cette Joie qui ferait évoluer l’être humain vers la fraternité, serait-elle celle qu’invoque le Frère second surveillant, lors de la clôture de nos travaux en disant  «  Que la Joie soit dans les cœurs » ?

Comment définir cette joie, qui semblerait être le remède à tous les maux de l’Humanité ?
Chacun d’entre nous, en possède sa propre définition. Pour ma part, je la ressens comme une émotion passagère, profonde, intense, pas celle d’une liesse collective, mais un sentiment d’émotivité hypersensible qui vous serre le cœur comme un étau, remonte vers la gorge en vous la nouant, pouvant même laisser perler une larme au coin de l’œil.

Cette joie, qui déborde celui qui la « subit », plonge profondément ses racines dans l’absolu,  au-delà du Bien et du Mal, du Moi et du non Moi, car elle a pour base inébranlable, l’Amour, la Fraternité et la Sagesse.

La Torah dit que l’Extérieur réveille l’Intérieur et qu’il est possible de développer un état émotionnel, en le stimulant.
 Pour les enfants, cette joie est innée, car ils jouissent de la vie dans sa forme la plus simple, c’est en grandissant que nous englobons l’état de tristesse.
Lorsque l’on questionnait Khalil Gibran sur la Joie, il disait :
«  La joie est de la tristesse sans masque : lorsque vous êtes joyeux, sondez votre cœur et vous découvrirez que ce qui vous donne la joie, n’est autre que ce qui causait votre tristesse. Tristesse et Joie sont inséparables et si l’une est assise avec vous, rappelez vous que l’autre est endormie dans votre lit. »
L’Etre Humain n’est pas fait pour la tristesse, bien qu’il ne puisse y échapper, à certains moments de sa vie. Elle est un signal d’ordre sensible, que quelque chose ne va pas selon le désir de notre volonté, en quête de bien. Elle est aussi en nous comme un appel à chercher du secours pour retrouver la joie. L’absence d’amour, le rejet, l’insécurité, le mépris, la haine, l’indifférence, sont des causes naturelles de tristesse, de même, les espoirs déçus, les échecs, la peur, l’anxiété devant le mal à venir ; le doute, l’incertitude qui contrarient la soif de vérité dans l’intelligence, sont causes naturelles de tristesse.

Il n’y a maladie spirituelle que lorsque la volonté se laisse abattre ou dominer, en raison d’une déficience des vertus morales de patience et de force. Les maux passés, présents ou à venir, mettent à rude épreuve les vertus par lesquelles nous pouvons les surmonter moralement et spirituellement.
C’est grâce à la tristesse que notre joie prend toute sa saveur. On ne voit pas que la nature humaine est une substance lumineuse traversée par des rayons dont aucun mot ne peut décrire la beauté ou la douleur.

Si nous nous obstinons à fermer les yeux, la poésie et la beauté quitteront la place. Saint Exupéry disait :
« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »

C’est dans notre Cœur qu’est le siége de la Joie et de la Tristesse, ce pavé mosaïque qui, selon les instants, fera que nous basculerons d’un côté ou de l’autre avec pour conséquence dans les deux cas, des larmes.

John CHENEY disait : » L’âme n’aurait pas d’arc-en-ciel si les yeux n’avaient pas de larmes »
Rappelons nous également ces paroles de David, dans le Livre des Rois 1 : «  ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent dans la Joie. »

Cette Joie est la lumière qui illumine le Temple et qui resplendit sur le visage de celui qui la connaît. Profonde et toujours présente, elle engendre l’optimisme même dans les moments difficiles.

Elle suppose l’éveil et la lucidité et n’existe pas pour qui reste attaché à ses illusions. La lucidité s’accompagne d’un sens aigu du mal et de l’affliction qui en découle, mais la joie est plus profonde que cette douleur.
NIETZSCHE disait : » la joie est l’éternité profonde, elle suppose que l’œil d’amour permette de voir au-delà de ce que l’on voit avec l’œil de l’intelligence. »

Elle est source d’harmonie et de paix pour l’individu et la société, et donc, en ce sens, amour de soi-même et de l’Univers. Elle cherche le contact et entend surmonter l’exclusion de l’autre.

Elle est une structure en miroir, qui rend chaque conscience capable de reconnaître l’autre comme un autre que soi, c’est-à-dire une conscience humaine faite de désir et de conscience d’autrui. C’est cette conscience d’autrui qui rendra compte de l’indispensable présence de l’autre dans l’élaboration de la joie du sujet, car seule une relation humaine peut justifier de l’existence d’un sujet et, par conséquent, seule une relation réciproque peut donner à la joie de l’accomplissement, sa justification et donc sa solidité. Toute relation humaine est sans joie, quand l’autre n’est pas recherché pour ce qu’il est.

Cette joie doit être vécue dans et après le changement radical d’attitude envers la vie et le monde.
Elle n’est pas un avantage mais une grâce, on ne l’atteint que par la sagesse et l’amour. Elle est une paix et tous les états antérieurs semblent alors instables et provisoires. Elle délivre de la nécessité de toute demande : elle est l’état le meilleur de l’âme.
« La joie est une passion par laquelle l’âme passe à une plus grande perfection . » (SPINOZA)

La Joie, l’Amour et la Sagesse sont inextricablement, indissolublement mêlés et ne sauraient exister les uns sans les autres.

Pour ARISTOTE  : « La joie, c’est d’être avec ses Frères, se réjouir de leur présence voire de leur existence. »

Le F \ M \ doit apporter une lumière singulière et un cœur ouvert sur la dignité, le respect et la reconnaissance individuelle : C’est celui qui regarde l’autre droit dans les yeux, droit au-delà des yeux, au plus profond du cœur.
Il n’est plus question d’accepter des pensées ou des actions déterminées par la superficialité de la vie profane.
Le profane croit que le combat mené contre les autres, le conduira vers la joie et l’amour qu’il ressent au fond de son cœur, mais aucun combat n’engendre la paix, la haine n’apporte pas d’amour et la solitude de l’être n’illumine pas de la joie du partage.
Le F\M\ cherche à améliorer son ego, mais il ne s’en délivre pas. La Maçonnerie va petit à petit bouleverser le vécu du F \ M \ Les ténèbres de ses tristesses et de ses angoisses vont devenir une vague de joie et de chaleur.

Malgré ses succès et ses joies, dans le monde profane, le F \ M \ doit voir combien il n’est pas ce qu’il croit être. Le chaos du monde est la projection de notre propre chaos parce que nous refusons le monde.

 Les forces et les énergies canalisées par le cœur, véhiculent la force d’aimer l’autre. Il nous appartient d’éveiller le cœur, car je le répète, il est le mode d’attention qui relie et ordonne le monde extérieur et intérieur.
La pureté du cœur n’est pas un but, mais une étape intermédiaire de la vie spirituelle pour que la conscience d’en haut descende éveiller l’être et s’installe dans notre vie.

Le F\ M \ doit tenter d’harmoniser l’affirmation de soi et l’affection de son prochain. C’est parce que chacun se trouve à un endroit  différent de la recherche, qu’il est éclairé de manière différente, qu’il communique son énergie à l’autre, que l’ensemble devient un chemin éclairé où la lumière éclaire l’autre et assure de la victoire contre l’ignorance, la solitude et la tristesse.

Ce que doit rechercher le F \ M \ c’est dépasser l’être humain pour approcher et aimer l’être essentiel en nous et chez les autres.

Au fond du cœur du F \ M \ une espérance est mise au service de son être pour que se développe, un jour, la lumière qui inonde de joie, d’amour et d’espérance tous les maçons et tous ceux qui portent en eux l’esprit universel.

La beauté de notre édifice nous apparaît quand nous sommes capables de comprendre la place de chacune de ces parties et ses rapports qui existent entre elles et la Totalité.

Pour le F\ M \ la base du Delta Lumineux doit représenter la Sagesse, base solide puisqu’elle engendre la Paix, et les deux autres côtés du triangle, l’Amour et la Joie qui le porteront vers le Divin.
Pour l’heure l’apprenti travaille sur sa base, en glissant ses pas sur le pavé mosaïque sans jamais en décoller les pieds. Pourtant cela ne l’empêche pas d’être porteur d’espérance et d’œuvrer avec zèle sur la première pierre du Temple.

Ma conclusion s’adressera à nos Frères Apprentis :

Lorsque à la clôture des travaux, mes Frères, vous entendrez :
«  Que la Paix règne sur la Terre
   Que l’Amour règne parmi les Hommes
   Que la Joie soit dans les Cœurs »

Demandez vous si vous êtes en paix avec vous-même, car être serein c’est pouvoir accéder à la Sagesse, si vous vous aimez car s’aimer c’est pouvoir aimer les autres en sachant que PAIX et AMOUR représentent le chemin d’Initiation de tout M \

Alors vous pourrez  accéder à la Beauté du cœur, la vraie Joie, celle là même qui approche de l’Initiation Vraie.

Car « La joie est le soleil de l’âme, elle illumine celui qui la possède et réchauffe tous ceux qui en reçoivent les rayons. » ( Carl REYSZ)

J’ai dit V\M\

J\M\ R\

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