GLDF Loge : NC 5/05/2000


La Résurrection

« O ! O ! Lève-toi, ô Roi ! Prends ta tête, rassemble tes os, réunis tes membres, secoue la poussière de ta chair ! Khentamenti vient vers toi et te prend la main, il te prend dans ses bras, il t'embrasse, il te caresse. Lève-toi, ô Roi ! Tu ne mourras pas ! » Cette Formule (373) des Textes des pyramides n'est pas sans rappeler les mots prononcés par les Second, Premier & Vénérable lors de notre exaltation. Vous l'avez peut être deviné : je vais vous entretenir d'un sujet qui, en cette chambre du milieu, nous tient tous à cœur : LA RESURRECTION. Mais 3 mots me viennent à l'esprit : Régénération, Réincarnation ou Résurrection ?

3 RE. Déjà tout un symbole ! Le dieu RE, ou RA dans les anciens ouvrages et sous sa forme la plus commune, était très souvent représentée sous forme humaine, mais aussi avec une tête de faucon surmonté du disque solaire. Pour la plupart d'entre nous il n'est autre que le Dieu Soleil, mais c'est aussi, dans le domaine funèbre, le patron de l'au-delà royal.

La Régénération : Le temple égyptien est une évocation microcosmique de la création originelle. C'est en son enceinte, qu'un culte quotidien entretient en permanence l'énergie divine. Au bout d'un certain nombre d'années de règne, le pharaon vieillissant pouvait sembler perdre de sa vitalité, de sa force et de ce fait de son pouvoir : il devait donc rentrer en contact avec l'être divin afin de se régénérer dans un temple de la fête Sed. Cette fête avait lieu pour la première fois au bout de 30 ans de règne, quelquefois avant, puis était renouvelée tous les trois ans. Au cours de cérémonies secrètes, le roi recevait du dieu toutes les forces dont il avait besoin pour continuer son oeuvre et était renforcé dans ses pouvoirs sur les terres d'Egypte.

Elle est encore maintenue de nos jours, sous les formes des plus variées : Que ce soit par des bains de boue dans des centres de thalassothérapie en Bretagne ou sur les bords de la mer rouge en Israël. A l'aide d'aiguilles d'acupuncture ou de médecine énergétique. Ou tout simplement dans certains lieux comme les ermitages ou abbayes. On peut aussi se ressourcer dans son jardin secret, à l'aide de sécateur, gants et râteau, ou, comme nous le faisons ce midi, dans un temple M\.

Pour ce qui est de la réincarnation et de la résurrection, ces 2 croyances ont un point commun : LA VIE NE S'ARRETE PAS APRES LA MORT, mais la, prend fin la similitude. La réincarnation c'est croire à un retour à une autre vie. Selon de nombreuses traditions, un principe demeure : l'âme est la racine de l'être ; en conséquence l'effet de la mort est incomplet. Comme le dit KHRISHNA : « Ces corps ont une fin, l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible, incommensurable. A la façon d'un homme qui a rejeté ses vêtements usagés et en prend d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs » (BAGHAVAD GITA).

Il ne faut toutefois pas considérer la réincarnation comme une récompense, comme une « extra-live », mais plutôt comme une pénitence : ainsi tant que l’on n’a pas atteint un certain degré de perfection, on recommence. En général on prévoit une meilleure renaissance pour celui qui aurait été bon, et désagréable (une vie de chien, au propre ou au figure) pour celui qui aurait fait le mal dans sa vie précédente.


En un mot, selon cette croyance, on est condamne à faire tôt ou tard le bien si l'on ne veut pas passer son éternité dans des réincarnations successives voire sans fin. On peut donc l'interpréter comme une sorte de justice, appelée Divine, Supérieure ou G\ A\ D\ L\ U\. Un miroir qui refléterait notre comportement passe pour définir notre place dans la nouvelle vie. Ne serait-ce point la, la première pierre Mac\ vers le perfectionnement ?

La résurrection, du latin « se relever », est le retour à la vie après la mort. C'est, dans la foi chrétienne, croire en une vie éternelle auprès de Dieu, dans la béatitude pour ceux qui le rejoignent, dans les ténèbres pour ceux qui sont rejetés. Nous sommes face à la miséricorde de Dieu : il y aura un jugement certes, mais par un juge, Jésus, qui a connu notre condition humaine et qui est prêt à pardonner. C'est donc aussi la peur du Divin et de son jugement. « Parlez et agissez comme devant être juges par une loi de liberté, car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement ». disait Frère Jacques voici bien longtemps (2, 12-13).

Mais afin de mieux comprendre la résurrection, regardons d'un peu plus près ce qu'est la mort à travers différentes civilisations. Chez les Egyptiens, elle était considérée comme une interruption temporaire, plutôt que comme la cessation de la vie. Apres momification, l'âme réintégrait son corps. L'au-delà des Tibétains est un monde peuple de nombreux Dieux, Génies, Démons qui entravent ou facilitent le destin de l'âme, pour éventuellement arriver au bonheur véritable. Pour les Bara de Madagascar, c'est un univers d'ancêtres impérissables qui se manifestent en provoquant la naissance d'un enfant. Les Grecs, vers le 7eme - 6eme siècle Av J-c, pensaient que  l'âme était immortelle. Ou, plutôt, l'âme impure était soumise à des réincarnations successives (déjà !!!). J-c a, dans les évangiles, plusieurs fois fait référence à des vies antérieures. Rappelons-nous que jusqu'en 553, au concile de Constantinople, elle faisait partie de la religion chrétienne, et fut écartée pour l'impératrice Theodora. Pour les chrétiens, elle est suivie d'une ou deux des trois étapes suivantes : l'enfer, eventuellement le purgatoire menant au paradis et le paradis. Dans la flore, je l'imagine comme l'hiver. La graine, ou le grain de blé, se dessèche, germe, puis se met à pousser, pour enfin se réveiller à la lumière du printemps et se multiplier.

Dans l'Egypte ancienne, chacun pouvait vivre dans l'au-delà pourvu que son corps ait été momifie et que l'on ait placé dans la tombe tout ce qu'il fallait, pour garantir le retour de l'âme dans le corps afin que le défunt vive heureux à jamais.

D'une manière « physique », le corps était momifie (à partir de 2400 Av J-c). Les viscères étaient retirés, mais le cœur remis en place, des agents desséchants utilisés, et le corps placé dans une tombe où le nécessaire à la vie dans l'au-delà l'attendait.

Cote « spirituel », différents textes entouraient, accompagnaient et guidaient le défunt, comme ceux gravés sur les parois internes des pyramides et chambres mortuaires. Naturellement, ces premiers « écrits » étaient réservés aux pharaons, et à une Reine, si l'on en croit la découverte du mois passé (plus anciens écrits religieux). Ceux des sarcophages, un peu plus démocratiques, donnaient des indications sur la vie sous la terre. Apparaît à cette époque, le moyen empire, le Jugement des Morts. Anubis, dieu à corps humain et tête de chacal introduisait les morts devant OSIRIS. Leur cœur était alors place dans le plateau d'une balance, une plume servant de contre-poids. Alors la justice de MAAT tranchait ! Ceux qui avaient été bons accédaient à une nouvelle vie comme esprits transfigurés, les autres rejoignaient Amemet, la Déesse à tête de crocodile, la partie antérieure d'un lion et l'arrière d'un hippopotame.



1) La première résurrection dont je parlerais est celle d'Osiris pharaon assassiné par son frère Seth, vers 2400 av J-c. Osiris, le dieux-roi et homme était d'une sagesse et d'une bonté sans limite. Il réunit les tribus nomades et leur enseigna : L'irrigation pour repousser les limites du désert ; La culture du blé pour en faire de la farine et du pain ; Celle de la vigne pour en faire du vin, de l'orge pour en faire de la bière ; L'extraction des métaux et leur travail ; Et, avec l'aide de Thot, il leur professa l'art de l'écriture et du dessin.

 Il partageait son pouvoir sur les hommes avec sa sœur et épouse Isis (F\ M\). Mais cette ère de douceur prit fin lorsque Seth, briguant le pouvoir et la puissance du roi, assassina Osiris, et éparpilla les membres du cadavre dans toute l'Egypte. Isis rechercha le corps de son époux jusqu'en Phénicie. De retour en Egypte, elle cacha la dépouille royale mais ne put tromper Seth, qui la découvrit, la dépeça et dispersa les morceaux dans le Nil. Elle parcourut alors les marais du delta pour rassembler les lambeaux du défunt, qu'elle momifia. Son oeuvre achevée, elle se transforma en vautour et, en secouant ses ailes, redonna vie à Osiris. Ayant triomphé de la mort par amour en ressuscitant son époux, elle se plaça ensuite au-dessus de lui afin d'être fécondée. Horus naquit de cette accouplement et reçut en héritage le royaume de son père, désormais souverain du monde souterrain des morts.

2) Il était une fois un admirable oiseau Ethiopien, dont la beauté du plumage n'avait d'égale que son ramage. Au moment de sa mort, il construisait un nid de brindilles parfumées et grâce à la chaleur de son corps, il se consumait. Mais ce n'était que pour mieux renaître de ses cendres que le Phénix procédait ainsi, et comme vous connaissez tous cette légende j'enchaînerais sur celle du :

3) Bennou dont on retrouve trace dans les Textes des Pyramides.

Un beau jour, ou peut être une nuit, le dieu créateur émergea des ténèbres chaotiques du Noun sous la forme de l'oiseau mythique Bennou. Il vola jusqu'à Heliopolis, une ancienne ville près du Caire et à l'aube se posa, sur le Benben, un obélisque représentant un rayon de soleil. Apres avoir façonné un nid d'épices et de rameaux aromatiques, il fut consumé par le feu puis revint miraculeusement à la vie.

Depuis, la pierre de faîte qui se trouve au sommet d'un obélisque ou d'une pyramide, plus communément appelée pyramidion, est associée au Bennou. Il est, naturellement, symbole de la renaissance et de l'immortalité.

4) Tout le monde de souvient de l'histoire de Lazare. Quand Jésus apprit que son ami était malade, il patienta encore deux jours, et dit à ses disciples : « La maladie de Lazare ne le fera pas mourir... ». Et il parti pour la Judée. A son retour il découvrit que quatre jours plus tôt, celui-ci était passe à l'orient éternel. Apres s'être fait conduire à son tombeau, une caverne obstruée par une pierre. Il demanda qu'on la retire. On la fit donc rouler, Jésus leva les yeux vers le ciel et cria d'une voix forte : « Lazare, sort de là ! » à moins que ce ne fut : « Lazare, lève toi et marche ! » Il se lève et le rejoint !

5) Le vendredi 24 avril 33 a 15H06, la veille de la Pâque juive, un homme habitant la Judée subissait un véritable calvaire. Abandonne par ses compagnons, renie trois fois par son ami Pierre, vendu par son frère Judas, il gisait sur un Tau, encadré par deux forbans. Sa peine et sa douleur furent si grandes qu'il se demanda même si son père ne l'avait pas abandonné. Mais, au matin du troisième jour, lorsque Marie de Magdala et ses amies vinrent faire sa dernière toilette avec huiles et parfums (encore !), le tombeau était vide, hormis linges et bandelettes gisant à terre. Le miracle s'était accompli. Conformément à ses prédictions, en moins de 3 jours il a reconstruit le temple détruit.

6) Nous avons tous entendu parler de personnes, déclarées cliniquement décédées, qui, après avoir vu une superbe lumière blanche reviennent parmi nous. De même, celles qui, après un certain nombre de mois ou d'années passées dans le coma, se sont réveillées un beau jour à la vie, et cela comme si elles s'étaient endormies la veille.

7) Cas tout aussi troublant pour ne pas dire extraordinaire, ceux vécus par certains hommes publics ou politiques. Je ne prendrais, pour étayer ma démonstration, que deux exemples connus. Celui de Charles de Gaulle, qui fut rappelé, pour ne pas dire plébiscité et nommé président du conseil le 1er juin 1958, après avoir tenu l'avant scène de mai 1940 à janvier 1946. De nos jours, et sans commune mesure avec le premier cas, Jack LANG qui, après le ministère de la culture et une sympathique traversée du désert, revient en force à l'éducation.

8) Quoique différente, mais tout aussi emblématique pour l'impétrant, nous trouvons la résurrection par le biais de l'initiation lors du passage de l'adolescence à l'age adulte dans certaines civilisations dites « primitives », comme aux îles Pentecôte par le saut du Gaul, ou les Massaïs devant vivre hors et sans contact avec leur tribus.

9) Je terminerai en nous rappelant la résurrection par laquelle nous sommes tous passés lors de notre initiation. Cette mort symbolique est le passage obligé qui doit nous permettre de nous débarrasser de différentes scories, de nous dégager de ce qui est inférieur pour nous élever en nous sublimant. En effet, si nous ne mourrons pas à notre état d'imperfection, nous nous interdisons tout progrès initiatique. Savoir mourir est le grand secret de l'Initié, car, en mourant, le Sage ne recherche, ni ne redoute la mort ; il la considère simplement comme une étape naturelle et nécessaire. En cela, il cultive le détachement car découvrant et assumant l'intemporel, il accède à l'éternité.

 En fait, quelque soit l'origine des résurrections, elles aboutissent toutes à la même conséquence : nous abandonnons notre ancien moi pour un moi nouveau. Pour ma part, le cas le plus prodigieux est ce midi que nous avons tous vécus en ce lieu et hors du temps. Ce jour où nous avons place nos pieds dans les pas de Maître Hiram. Ce fut un moment inoubliable, car en plus de la superbe cérémonie, à peine deux semaines plus tôt, je relisais le livre de Christian JACQ « Hiram et le Roi Salomon ». Ce compte, encore fraîchement buriné dans ma mémoire, me transporta, m'éleva dans de telles sphères qu'il a presque modifié mon point de vue quant à la lecture de certains ouvrages avant « l'âge ».

Hasard, intuition, prédisposition, c'est peut être pour toutes ces raisons que j'ai donc décidé de vous parler ce midi de la résurrection.

J'ai dit V\ M\

J\ V\


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