GLDF Loge : Les Amis de jean Moulin - Orient de Béziers Date : NC

Amour et Partage

Je souhaiterais toucher dans ces quelque lignes à des choses grandes et délicates ; je refais le rêve des âges de foi et me donne l’illusion des vives croyances, ainsi que de la nôtre.

Dans chacune de nos tenues, s’instaure au fil du temps un effet de miroir ; car dès lorsque nous avons franchi la porte, je puis dire, que je suis vous et que vous êtes moi, pour ne former qu’un, la loge mère.

Nous pouvons ajouter, qu’elle a donc déjà réalisé plusieurs enfantements et m’a donné, j’espère, par les mots, les idées et l’influence spirituelle, que j’y suis venu mendier, la possibilité de vous parler d’amour.
Dans ce mot Amour, j’y vois partage. L’agapè est le mot qu’il convient pour signifier les deux. Cet amour de l’autre, cet apprentissage de l’amour, c’est le chemin. L’amour s’enseigne, L’amour s’apprend. Le progrès spirituel, c’est un progrès dans l’amour.

Dans la parabole de Jésus : « la multiplication des pains, » c’est la réalisation de l’union entre les être. Nous ne sommes pas dans ce monde pour nous opposer les uns les autres, mais afin que les différences se découvrent complémentaires et puissent, respectant leurs altérités, communier ensemble.

Le tablier blanc de l’apprenti et du compagnon, nous ramène à la pureté de nos actions. La rigueur acquise dans l’application des vertus, qui mène l’initié à sa réalisation spirituelle, est dans cette quête où se trouvent les notions d’amour, de sacrifices, dans lesquelles crépuscule et aube, mort et renaissance se fondent et s’équilibrent.

Ne nous enfermons pas dans des étiquettes, sortons de la dualité. La recherche de la vérité, le retour à l’unité est à ce prix, puisque l’ascèse maçonnique que nous commençons nous le suggère en permanence.

Le signe de la transformation du cœur, c’est le sens du partage avec gratuité.
Aimer, sans rien attendre en retour. « La rose donne bien son parfum, sans en préciser le prix. » De cette part gracieuse, celle que l’on ne paye point, émane une vertu Divine, de l’incréé en nous, c’est aussi la perception de cette vibration qui n’est pas de ce monde, puisque celui-ci ne fonctionne que par intérêt et calcul.

Aimer, donner, prêter de façon désintéressée est sans doute le témoignage évangélique le plus pur que l’on puisse transmettre.

L’affliction et l’opprobre sont ici bas le partage des gens de bien.  « Musset »

Lorsque cette gratuité pénètre dans nos existences, on éprouve une certaine légèreté, une certaine qualité d’être, qui nous fera comprendre peut-être un jour, que tout n’est pas absurde, que tout est grâce que tout est beauté et que vivre n’a pas de prix, car la porte du possible est toujours ouverte.

Dans le prologue de Jean n’est-il pas dit : « que tout homme possède cette flamme venant en ce monde ? » c’est pour cela mes frères que l’exercice pour retrouver cette lumière doit nous interpeller au moins une fois par jour, afin de se dire pendant quelques secondes je ne suis plus de ce monde, soyons les bienheureux, ce qui veut dire en langage sémitique, « en marche »

En marche les humbles, les doux, votre douceur est force, la terre résiste aux violents et se donne à ceux qui la respecte. « Marche doucement sur la terre. » disait déjà le vieil indien,  « elle est sacrée. »Faire les choses doucement, ce n’est pas les faire plus lentement ou plus mollement, c’est les faire avec plus de conscience et d’amour .On comprend alors pourquoi la terre est donnée en héritage aux doux et refusée aux violents.

Cette marche doit nous faire entrevoir que pendant un moment le passé est le passé, c’est en effet la condition même pour aller plus loin.

Emotions, pulsions, et passions, doivent être surpassées, il ne s’agit pas de ne pas pleurer, d’être sans émotions, mais de ne pas se complaire dans ses larmes, de ne pas s’arrêter dans ses émotions, mais d’y être en devenir, en marche vers une plus haute sérénité et une plus tendre maturité.

Celui qui a en lui un appétit de justice, qui a faim et soif ne demeure pas immobile, il est en  « queste » et la quête de la justice, c-a-d de la sainteté, ne peut jamais se prétendre terminée.

Il ne s’agit pas d’être satisfait, mais de savoir que l’homme et le monde sont infiniment perfectibles, il y a la une tâche sans fin.

Dans cette marche qui est notre voie à tous, il est nécessaire que l’œil soit vidé de ses « à priori » et de ses « jugements ». Heureux ceux qui ont un cœur et qui savent demeurer sensibles aux souffrances et aux misères d’autrui.

Le chemin est aux purs et doux, et non aux purs et durs, comme ceux qui prétendent être parfait de tous les intégrismes, purs comme des anges, orgueilleux comme des démons ; dangereux plutôt, comme tous les grands et petit inquisiteurs qui, au nom de la pureté, de la foi ou de la race, versent du sang. Les plus grands des crimes contre l’humanité se font toujours au nom du bien, au nom de l’intégrité et de la pureté qu’il s’agit de sauvegarder.

La miséricorde nous oblige à avoir plus de compassion pour comprendre la souffrance et la misère de l’autre ; nous n’aurons jamais le cœur assez pur et assez tendre pour tout exiger de lui et tout lui pardonner. Celui qui comprend tout  pardonne tout, disait déjà PLATON.

Le bien : est la manifestation de « la grande triade » vénérée par les sages et les Saints.

La vérité : la bonté, la beauté. Le bien est leur unité. Il est le dire de l’un, dans la multiplicité des qualités qui s’expriment par lui.

Qu’est ce qu’une bonté, qui ne serait pas aussi lumière, conscience, vérité ?
Une noblesse, un laissez passer pour toutes complaisances.

Qu’est-ce qu’une vérité ; qui ne serait pas aussi bonté, amour, compassion ?
Une dureté, un laissez passer pour tous les fanatisme et toutes les inquisitions.
Qu’est-ce qu’une beauté ; qui ne serait pas aussi l’expression d’une vérité et d’une bonté ?
Un esthétisme, un laissez passer pour tout se qui brille d’un éclat trompeur, un jeu d’artifices.

Le bien est intégration du beau, du bon, et du vrai. Il est l’UN rayonnement de l’être ; cet être qui ne peut se manifester que dans la vacance d’un cœur, d’un corps et d’une intelligence vidée de toute illusion et aussi de toute inflation de l’ego.

Pour nous Franc-maçon, l’amour fait partie de la règle, dans l’exemplarité que nous impose le rituel et peut servir de morale. Seul son intensité peut quelque par nous partager, au gré des affinités. Là, plus de valeur bien ou mal, préexisteraient à nos actions ; c’est l’intention qui transmet la valeur. Alors la conscience devient morale et doit chercher la sincérité.

Il nous faut donc faire appel à la conscience qui, seule, nous montrera le moyen terme entre l’altruisme et l’égoïsme ; elle sera toujours menacée par la complaisance et la paradoxale sincérité, qui oscillera entre l’amour de soi et la dispersion absolue dans l’autre.

La souffrance, l’inhumanité, l’inaccessibilité, tendent à ce que nous pensions que « vivre sans aimer, ce n’est pas tout à fait être » et « qu’aimer sans être, ce n’est vraiment pas aimer » .Un tel amour approcherait l’amour des anges ; une certaine naïveté et l’homme ne peut y accéder.

Donc aimer l’autre devient vertu, c’est un impératif.
De cette sublime vertu, découle toute les autres:
« Courage,» pour rester fidèle à tous et à soi même.
« Sincérité » qui valorise nos actes.
« Humilité et modestie » pour prendre l’exacte connaissance de nos propres limites.

Sacrifice ou don de soi, aimer alors n’est plus un précepte ou un commandement, aimer est dans l’homme.

La chaîne d’union, ce moment de silence, paraphera ce don commun, sous cette voûte étoilée ; d’où, harmonie du temps, du lieu, de l’action, dans les esprits et le cœur.

Cette accalmie sensible, sous la pression des mains unies, qu’il est difficile de séparer, tant le bonheur est perceptible et intense de vérité, dans cet instant d’amour.

Que donne un être à un autre ?
Il donne de lui-même, de ce qu’il a de plus précieux, il donne de sa vie. Ceci ne veut pas dire sacrifier sa vie pour autrui, mais qu’il donne de se qui est vivant en lui, il donne de sa joie, de son intérêt, de sa compréhension, de son savoir, de son humeur, de sa tristesse.

En donnant ainsi de sa vie, il enrichit l’autre.
En conclusion je dirai : « n’oublie jamais que le sourire des yeux est préférable au meilleur des vins et le sourire de ta bouche au plus réconfortant verre de lait. 

V\ M\ j’ai dit

C\ M\  

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