Obédience : NC Loge : NC 30/11/2010


Le carré et le cercle

Tout démarre par un voyage mes SS. Ne Sommes-nous pas sur notre chemin initiatique ? Pas très loin de chez nous la cathédrale de Chartres dont le maître d'œuvre inconnu, qui prit en charge la reconstruction de l'édifice après sa destruction par un important incendie en juin 1194 construit le bâtiment dans un double carré dont le centre correspond au centre de la croisée du transept. Sa construction rapide, une trentaine d’années, en fait un édifice cohérent, achevé, dont le plan général et l’élévation n’ont pas souffert de modification de ses 8 siècles d'existence. Fort heureusement, elle n'a pas subi de transformations que les modes de vie imposent parfois. Mais il y a aussi d'autres carrés, tel le carré de la chapelle Sainte Croix dans les Bouches du Rhône, le carré de la Basilique St Marc à Venise etc, etc.

Figures privilégiées de démarche initiatiques, le carré et le cercle vont créer des formes et définir des règles qui assemblent les différents éléments. La géométrie est l'art sacré et secret par excellence. La progression lente du travail vers la perfection du trait, c'est-à-dire vers le tracé du trait le plus juste, est un cheminement vers l'espace sacré que représente le support symbolique de notre démarche spirituelle. L'apparence est ce que chacun perçoit du monde extérieur par rapport à lui-même.

Dans le rituel de la maîtrise, le premier travail qui est demandé à la nouvelle maîtresse est de tracer un cercle. « Ainsi est tracé le cercle éternel dont le centre est partout et la circonférence nulle part, c'est là un travail digne d'une maitresse maçonne ». Ce midi, mes SS, nous vous proposons quelques unes de nos réflexions.

Le cercle est un symbole géométrique, très répandu et important. D'abord, tout est rond autour de nous, la terre est ronde, le soleil et la lune sont ronds, les fruits sont très souvent de formes arrondies.

Le caractère sacré du cercle remonte à la plus haute Antiquité :

  • Dès le paléolithique, le cercle est sanctifié en tant que représentation de la matrice maternelle renfermant le germe de la vie.
  • Dans la bible « Dieu traçait un cercle à la surface de l'abîme ».
  • Pour Platon, il représente la perfection.
  • Dans le vedanta indien le point et le centre d'où émane et aboutisse toute chose ; il est assimilé au principe : Énergie - Conscience - Potentialité.
  • La forme circulaire, symbole de vérité, est considérée comme la plus parfaite dans le monde Islamique.

Ces exemples nous dévoilent que le cercle est l'interrogation cruciale de tous les hommes, de tous les temps ; face à l'universel, il symbolise la parfaite harmonie.

Le carré long ou double carré symbolise le temple de la rencontre de l'homme avec le G\A\D\L\U\. Le rectangle doré, lui-même, quelquefois appelé le carré long, est l'une des deux figures omniprésentes dans les tracés d'architectures sacrées. C'est pourquoi le temple de Salomon dont on a vu qu'il est l'archétype de l'immense majorité des édifices maçonniques est constitué d'un cube appelé Saint de Saint (Débir) et de deux cubes accolés qui forment la Nef (Hékal), lieu dans lequel officient les initiés. Ainsi le carré, dont le cube en est le volume, et le carré long donnent les dimensions symboliques de l'espace sacré, celui dans lequel travaille une Loge. D'autres civilisations, spiritualités et croyances, ont utilisé ces schémas symboliques comme les Égyptiens, les Précolombiens, les Grecs, les extrêmes Orientaux et plus proches de nous, de nombreux édifices modernes. D'une façon générale, nous constatons que pratiquement toutes les cathédrales sont de plan carré ou en sont très proches. Font exception bien entendu, « les églises de plan centre » encore que l'on puisse dire que tout cercle s'inscrit dans un carré ou en contient un, et que de ce fait, cette dernière « figure » est bien présente, même virtuellement.

Le compas fermé représente un point, ouvert, il trace le cercle.

Les cercles concentriques tracés peuvent représenter les différents états de compréhension de l'existence, sans pour autant, que le point centre, soit affecté dans son principe unique.

Le centre du cercle est un lieu sacré, il est partout, c'est le nombril, l'axe du monde, axis mundi, c'est l'arbre de la connaissance du bien et du mal ; c'est de ce point central que part ce courant qui apporte la vie à toute la terre.

Le cercle est avant tout un point étendu ; c'est un symbole animé, la roue tourne à l'image de notre passage terrestre. En tant que forme enveloppante, il devient symbole de protection assuré par les limites de la circonférence. (Cercle d'amies, cercle politique, cercle de réflexion).

Le carré de la terre reçoit une coupole marquant ainsi l'axe vertical de l'édifice et cet axe invite l'homme cherchant à plus de spiritualité. Il est la consécration de l'édifice, lieu de changement de plan permettant l'accès par cette verticalité au dialogue possible entre les deux pôles : conscience et intelligence, raison et imagination, matériel et spirituel, questionnement et raisonnement.

La circonférence, dilatation du point central, représente l'accomplissement de l'œuvre dans sa limite.

C'est l'écorce et entre le centre et la circonférence s'étend un espace limité dans le temps où circule la vie source de toute création ; l'existence de cette limite est très importante car nécessaire pour que les matériaux et les énergies ne s'échappent pas et puissent entrer dans la construction et l'organisation d'un être, d'une vie. Au 21ème siècle on s'affranchit des limites qui hier nous étaient imposées, (limite de temps, d'espace). Il est intéressant de noter que l'homme cherche une autre limite pour exister (sport de l'extrême)...

Le cercle, dessiné par la maîtresse, signifie qu'elle doit tracer une limite pour rassembler ce qui lui a été enseigné sur la colonne du septentrion et du midi afin de faire vivre en elle ces différents enseignements et de les enrichir par ceux de la Maîtrise ; la Maîtresse va rassembler dans son cercle ce qui est épars.

Apprenties et Compagnonnes, nous partons de la terre toujours la terre le cabinet de réflexion, ventre de la terre. D'ailleurs, en remettant le travail sur le métier, l'Apprentie découvre l'acrostiche, V\I\T\R\I\O\L\. La compagnonne, avec l'aide de nouveaux outils comprend que cette lumière, cet or qui vit en elle, est l'étoile flamboyante qu'elle est devenue. Passant du 1er au 2ème degré, nous découvrons qu'il ne faut pas exclure l'ombre mais l'intégrer que nous n'avons pas à cultiver les oppositions du pavé mosaïque mais à les dépasser. Traçons un carré A.B.C.D. ; point A : C’est l’Apprentie qui frappe à la porte du Temple, initiée sur la colonne du nord, elle descend munie de son fil à plomb vers son moi profond, elle apprend dans le silence à se connaître grâce à ses 5 sens : Ouïe, vue, goût, toucher, odorat. Arrivée en B, elle tire à l’aide du niveau l’horizontale et cherche en pleine lumière du midi, grâce aux nouveaux outils, à élargir ses connaissances et à voyager sur la terre ; et, quand du point C, elle s’élève vers la spiritualité, elle devient nouvelle Maîtresse et c’est peut-être à ce moment là qu’elle doit retourner au point A son point centre, sa substantielle moelle. Elle vient de parcourir son premier carré d’existence initiatique. La quête maçonnique comme la vie continue infiniment. C'est alors qu'un symbolisme plus qu'humain fait éruption au travers de la légende d’Hiram et marque un changement profond dans la maîtrise ; la mort symbolique sous les traits de notre respectable maître Hiram nous ramène sous et sur terre, et nous rappelle que nous sommes prisonniers de nous-mêmes, c’est-à-dire de nos actes. L'élévation à la maitrise nous amène à remplacer nos aspérités de pierre brute et nos aspirations de pierre polie par une connaissance éclairée d'horizons nouveaux et plus étendus.

Avec le compas, et en toute liberté, la maîtresse détermine l'écartement et impose les limites pour tracer le cercle, à l'intérieur duquel, elle pourra travailler sa pierre et, ensuite, élargir son champ d'action et sa circonférence.

Le champ des connaissances étant illimité, pourquoi ne pas ouvrir le compas au maximum ? ...mais parce que il ne permet pas de tracer un cercle, la pointe dérape, le centre se dérobe, la M\ M\ se perd si par la mesure de l'essartement du compas, elle ne trace pas le cercle qui correspond à la sphère de ses capacités à un moment donné. Mais quand le cercle est tracé la M\ M\ devra trouver son centre lors de l'élévation à la maîtrise ; on a été prévenu... : le centre est partout et il est siège de la force inconnue qui maintient la cohésion de la construction universelle.

Il ne faut pas oublier mes SS\ que nous sommes à la fois, matière, âme et esprit, et que notre quête doit s'éprouver dans les dimensions dont nous sommes faîtes.

En s'approchant de plus en plus de son centre profond, balayé de ses préjugés, la Maçonne trouve que c'est en elle que se situe depuis toujours ce qu'elle souhaite chercher : son centre, sa vitalité, qui lui permet de rayonner dans le cercle de l'amour fraternel partagé.

Au terme de cette planche rendons par « Bernard » Chanoine de Chartres, hommage aux hommes qui édifièrent ces livres de pierre et qui nous dit : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géant. Nous voyons ainsi et davantage autrement qu’eux non parce que notre vue est plus aigüe ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque ».

Nous avons dit.

M\H\ M\


3185-4 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \