GLAMF Loge : NC 06/2015

D’où venez-vous mon Frère ?

En cette proximité de la St. Jean d'été, qui fut la date de la fête originelle de la F\ M\ dés 1427, le thème choisi par notre V\ M\ évoque la première phrase de l'instruction d'un nouveau F\.

Demande : D'où venez-vous mon Frère ?
Réponse : D'une loge de St. Jean

Sans doute mais pourquoi ? Alors que le rituel ne cite St. Jean que pour préciser que le livre de la Loi sacrée doit être ouvert au Prologue puis plus rien. (Au passage soulignons que l'appellation de loge bleue pour nos loges symboliques une erreur héritée d'autres rites que le REAA.)

Mais de quel St. Jean parle t on ?

Le Prologue est attribué à l'Evangéliste et nous sommes dans la proximité de la St Jean d'été consacrée au Baptiste ! Attardons nous sur ce dernier.

Symboliquement il se substitue avec l'Evangéliste au Janus romain dans son rapport avec la Lumière et tous les aspects alchimistes qui en découlent.

Il né au solstice d'été. Apogée du soleil qui va décliner jusqu'au solstice d'hiver comme l'ancienne loi va décliner pour laisser place au message christique porté par l'Evangéliste dans le sillage du Christ.

Sur le plan confessionnel le Baptiste est présenté comme le cousin de Jésus. Comme lui, sa future naissance est annoncée par l'ange Gabriel. Naissance miraculeuse comme celle de jésus puisqu'issue d'une femme stérile et d'un vieillard. Jésus lui étant né lui d'une vierge.

Le Baptiste, sans doute essénien ou nazaréen, tire son surnom du baptême qu'il pratique sur les bords du Jourdain. Par cette pratique, hérétique dans l'Israël de l'époque, le Baptiste est perçu comme initiateur de la vie publique de Jésus. Entendons ses paroles : « Il faut que je diminue pour qu'il grandisse ». Il est aussi désigné sous le nom de « précurseur ». Symboliquement nous pourrions l'associer au coq de cabinet de réflexion, vigilent et annonciateur.

Le Baptiste rappelle dans ses discours que le baptême qu'il confère reste relatif au regard de la recherche de la Vérité qui implique que l'Homme se doit de dépasser sa modalité existentielle afin de vivre la réalisation de son Etre en totalité.

Son intérêt pour nous F\ M\ c'est son rapport symbolique à la Lumière mais aussi dans les préceptes proclamant un mouvement ascétique dur : pénitence, jeune, privations, confessions des fautes. La voie de purification proposée par le R\E\A\A\. Au 1er degré invite, hors confession, a une alchimie qui initie une voie semblable une vie nouvelle et vers la lumière. L'instruction du rituel qui nous propose clairement cette voie.

D..: Que fait-on dans une loge de St Jean ?
R…: On y tresse des couronnes pour la vertu; l'on y forge des chaines pour les vices.
D..: Que venez-vous faire ici ?
R..: Vaincre mes passions, soumettre ma volonté à mes devoirs et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie.

Vices, vertus à maîtriser et devoirs à honorer. Ainsi le profane découvre par l’apport, de tous les F\ F\. Par l’apprentissage au sein de la loge ce qui va permettre cet approfondissement et grâce aux apports différents qui vont l'enrichir. Il ne s'agit certainement pas « d'apprendre » mais d'atteindre une transformation, une évolution de son être.

Les mots, et gestes de reconnaissance reçus permettent, SEULEMENT, au cherchant de s'intégrer à toutes loges de St. JEAN là où il se trouve. Fixant ainsi les moyens de communication et de partage avec l'ensemble des F\ F\ qui nous reconnaissent comme maçon. A ce stade la F\ M\ nous offre un guide et non un maître. Le guide lui, est celui qui conduit une personne ou l’accompagne, lui montre le chemin, le dirige dans ses actions, dans sa recherche. L'aide pour acquérir les outils et pratiques nécessaires. Notre rituel ne se trompe d'ailleurs pas, il nous dit :

« Profane ! Levez-vous. Remettez-vous à la main qui vous guide. Puisse-elle vous préserver de tout danger ».

L'illusion et l'égarement nous guettent à tous instants. Les anciens, après avoir cherché et reçu ont à restituer l'enseignement acquis. Mais vigilance ! Pas de gourou ! Souvenons-nous de cette citation de Paolo COELHO :

« Le maître, ce n'est pas celui qui enseigne quelque chose, mais celui qui pousse son élève à donner le meilleur de lui-même afin de découvrir ce qu'il sait déjà ».

Mais pour moi la question appelle une autre formulation. Elle appelle à une autre vision que celle qui nous est suggérée par le rituel qui invite à travailler sur notre part horizontale Corps et Âme. Mais il nous faut clairement évoluer vers l'autre composante de notre individualité en envisageant un questionnement profondément personnel sur notre part Âme e-Esprit. Par le passage au cabinet de réflexion, dans la caverne de notre conscience, la vraie question, comme lors du passage sous le bandeau, devrait être :

« Mais qui êtes-vous VRAIMENT ».

Et là s'impose le retournement qui ouvre le chemin à l'introspection et à la véritable initiation. Comme nous venons de le voir, la voie de l'initiation physique primaire en s'appuyant sur les symboles met en cause en permanence le personnage que notre éducation, notre culture et notre milieu social a fait de nous dans ce monde matériel.

Cela implique la prise de conscience que notre environnement habituel génère l'ambition, l'égoïsme et avec eux la peur qui séparent les individus les uns des autres pour nous inviter à acquérir les valeurs de la F\ M\ promises par Sagesse, force et beauté. Et ainsi nous employer à la mutation du personnage sociétal pour donner naissance à la Personne harmonieuse, libre et spirituelle à laquelle nous aspirons.

Etre initié n'est pas un état acquis par une participation, d'ailleurs assez passive, à une cérémonie ésotérique.

L'initiation se doit d'être un mouvement vers notre conscience, vers un éveil spirituel. L’initiation est le point de départ d’un long voyage alchimique débuté dans la caverne, annoncé par V\I\T\R\I\O\L\. Il sera bénéfique si nous parvenons à être en capacité d'éveil. une expérience sans fin. Par le dépouillement objectif du MOI et l’approche du spirituel pour parvenir à une libération du SOI.

Cette démarche intérieure conduit à une perpétuelle réflexion ne peut s'accomplir qu'avec une extrême rigueur. Dans l'écoute, dans le silence du dedans, le mystère caché se dévoile. Il devient possible de découvrir ce qui était auparavant difficile de soupçonner.

La voie initiatique consiste donc dans un inlassable exercice de purification, de déblaiement, de creusement.

Etre initié c'est accepter une reconstruction positive pour échapper au monde de la matière, aux philosophes modernes comme SARTE, Althusser ou à des penseurs comme Freud ou Marx pour une renaissance à la « une vie nouvelle » promise par notre rituel.

Un inlassable exercice de distanciation de tout l'encombrement social et culturel matérialiste dont l'homme est envahi. Il lui appartient de s'abstenir de tout ce qui pourrait être pour lui occasion de dispersion, de bavardage et de mondanité. Pour ce voyage nous devons développer notre entendement par une prise de conscience, par un éveil et non par des dogmes. Cette intériorisation aboutira peut être à la connaissance de soi, de réalité spirituelle, au trésor caché. Et là s'impose l'affirmation proposée par notre V\ M\ :

« Vous êtes votre propre maître intérieur ».

L'initié accompli se doit de devenir un homme en équilibre, harmonieux, sans désir autre que sa réalisation, en éveil et de cela seul le maître intérieur, notre centre profond, le Soi, a la connaissance réelle.

Il nous faut savoir entendre le tumulte de notre personnage, de son histoire. prendre conscience de ce que nous sommes aujourd'hui, chargés de certitudes, d'aprioris, de souvenirs accablants. Il nous faut sortir du subjectif pour atteindre l'objectivité. C'est accepter de devenir autre.

C'est accepter d'échapper à la sensiblerie et l'émotivité. De changer de regard sur choses et les évènements. C'est accepter ce que nous sommes venus chercher en initiation. Il nous faut l'honnêteté dans l’écoute. Il nous faut la justesse dans les conclusions inspirées par cette intériorité. Il nous faut appliquer le résultat en corrigeant le négatif et développant le positif.

L'homme comme le cosmos sont création du Principe. L'homme endormi n'éprouve aucun désir de spiritualité, d'infinité. Il est totalement absorbé, englué dans le monde fini. La démarche initiatique invite, comme toutes les traditions, au bonheur ici et maintenant auquel aspire l'homme. Le visible et le sensible ne sont pas exclus mais seul le voile des apparences doit être écarté.

Assumer la Vie et ses impératifs implique la découverte du sens de notre existence.

Le POURQUOI de cette vie n'exclus ni la joie et ni la sérénité. Je dirais même qu'elles sont nécessaires mais peut-on les atteindre dans l'ignorance de la Vérité et de la Lumière de l'Esprit. Seule l'écoute de notre maître intérieur nous y conduira.

J'ai dit.

R\ G\


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