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D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?

Pierre Dac disait « je viens de chez moi, je suis moi, et je retourne chez moi ». Je pourrais décliner par : « ce qui m’a permis d’être, ce que je suis, ce que je deviendrais ».

Il y a là une problématique liée à la chronologie, au temps que l’on pourrait aisément représenter par notre bon vieux sablier du cabinet de réflexion.

Ce soir nous retournerons trois fois le sablier, une première fois pour la transmission, une deuxième pour l’initiation et enfin une troisième pour la régénération.

Je poursuis donc avec cette planche, ma recherche sur cette imbrication entre exotérisme et ésotérisme, entre profane et sacré.

Le « d’où venons nous » est pour moi la transmission qui procède à la fois de la chronologie et de la logique symbolique, cela n’est pas seulement lié à l’histoire, mais à la connaissance, au juridique, au politique, à l’existentiel.

Donc, du temps et de l’humain, chronologie du développement des civilisations, des sociétés, de l’individualisme aussi !

Il y a à partir du 18ème siècle, et la création de la franc-maçonnerie, une conscience parallèle, fortement influencée par les idées révolutionnaires et, qui se transmet, et évolue depuis lors jusqu’à nos jours.

Il y a en franc-maçonnerie une obligation sociale, morale, politique pour faire partager nos valeurs.

La paix qui il est vrai n’est pas le sujet le plus abordé. Quelle planète allons-nous léguer à nos enfants ? Le souci humaniste et philosophique du franc-maçon de transformer la société.

Il y a pour nous francs-maçons l’idée de transmission individuelle et collective, individuelle dans le « connais-toi toi même » et collective envers l’humanité.

Nous sommes toujours dans le cabinet de réflexion avec ce symbole lettré : « VITRIOL »

« Va au plus profond de toi-même, et trouve la force sur laquelle tu pourras bâtir un homme nouveau ».

Pour le collectif, le profane n’y a pas encore accès, c’est notre temple maçonnique, lieu de transmission de la parole, du rituel, boîte de résonnance et d’acquisition écrite et orale.

C’est le creuset réel de la franc-maçonnerie, c’est la forge où nous fabriquons nos outils pour édifier notre construction universelle, c’est là ou nous logeons pour transmettre d’apprenti en apprenti notre regard sur le monde tel qu’il est.

Lieu d’échanges, où chacun est un et tout à la fois, quelque soit son âge.

Tous les symboles dans le temple nous renvoient à la transmission, de la porte basse au Delta lumineux, cette démarche initiatique vers l’Orient, vers la lumière donnée à l’impétrant s’inscrit dans le temps et l’espace, transmettre « envoyer au-delà » nous sommes nous les francs-maçons des « passeurs de mémoire ».

L’initiation, c’est « donner le passage », permettre l’accès à travers nos symboles, à notre mémoire collective.

C’est le sens des trois voyages, de l’enfant à l’adulte.

Franc-maçon reconnu comme tel ! Comme franc-maçon et comme homme !

Notre temple n’a pas de fenêtres, mais ce sont nos esprits qui sont des ouvertures sur le monde, laisser nos métaux à la porte du temple c’est se donner les moyens d’ouvrir ces fenêtres intérieures, pour soi et pour les autres.

C’est le sens de cet extrait d’un poème de Marjorie Debenham traduit de l’anglais par René Désaguliers.

« Il n’y a pas de chemin pour ceux qui ne cherchent pas »

« Toutes les portes sont closes à ceux qui ne frappent pas »

« Nous n’entendrons pas la réponse si nous n’écoutons pas en silence ».

Mon initiation ne relève pas d’un quelconque élitisme, et c’est là peut-être où je comprends mieux ce qui précède la réception de la lumière, même si quelque part cela flatte mon égo, mais cet adoubement, c’est être investi de la confiance que mes frères me portent ; d’une responsabilité d’accepter chaque frère, et chaque sœur avec ses différences, accroitre une meilleure perception des réalités d’aujourd’hui individuellement, mais aussi collectivement.

C’est surtout, apprendre la tolérance, et c’est difficile !

D’autant plus difficile que notre société moderne semble avoir perdu confiance en cette idée que chacun est appelé à devenir partie prenante d’une longue histoire commencée bien avant lui et destinée à se poursuivre après lui.

Peut-on être porteur d’avenir en se délestant du passé ? Les vérités d’hier sont-elles celles d’aujourd’hui, que seront celles de demain ?

La société évolue, ce n’est pas parce qu’elles sont provisoires (les vérités) qu’elles ne sont pas vraies au moment où elles sont dites et se demander pourquoi les transmettre ?

Bon, c’est dit et je n’ai pas toujours pensé comme ça, mais voilà, il y a l’initiation, sa transmission depuis 282 ans, puis l’avènement de la liberté de conscience, et même si l’évolutionnisme de Darwin est une idée provisoire, elle est quand même permanente dans la transmission initiatique toujours renouvelée.

Hormis, la formidable évolution des sciences et des techniques, l’abandon du GADLU un franc-maçon du début du 20ème siècle serait il si dépaysé dans notre atelier ?

Il faut donc affirmer la valeur de la transmission aujourd’hui, dans notre société contemporaine, c’est la démarche de notre initiation maçonnique.

Cette voie d’amélioration individuelle et de perfectibilité permet à tous ceux qui l’empruntent de trouver des réponses aux questions existentielles dans une quête de vérité et de lumière.

On peut penser qu’il est urgent qu’une prise de conscience de la valeur de la vie et de l’être se fasse chez la plupart de nos contemporains, afin qu’ils puissent donner une réponse cohérente à leur échelle individuelle et collective, et du sens à la réalité de leur existence sur terre.

C’est-ce sens là que je donnerais aux interventions du Grand Maître, dépasser l’actualité pour regarder au-delà. (je parle ici de Guy Arcizet)

Selon, Freud, il y a un combat éternel entre Eros ; la pulsion de vie et Thanatos, la pulsion de mort, c’est essayer que le « vouloir vivre dans l’être humain », l’emporte sur toutes les forces de destruction qui existent dans une société humaine.

La transmission est une valeur et a une valeur qu’il faut s’engager absolument à poursuivre ; « c’est perpétuer le vouloir vivre ».

Alors, ce lien entre transmettre et perpétuer, depuis plus de deux siècles et demi, qu’existe notre institution philosophique, philanthropique et progressive, cet acte qui fait que l’on passe du statut de profane à initié, c’est je pense l’accès qui nous est donné au symbolisme, non pas le symbolisme comme on l’entend communément en maçonnerie mais un « symbolisme du réel ».

Le symbolisme a fait que la franc-maçonnerie a toujours été en lien direct, perpétuel avec le monde profane.

Nous prolongeons le mythe de Prométhée, dans l’apport de la connaissance individuelle et collective aux hommes, aux francs-maçons que nous sommes.

Cette modernité de l’approche individuelle et collective de la société, son amélioration, nous projette sans cesse dans le futur, peut être dans l’utopie, mais indéniablement nous tire vers le haut.

C’est l’initiation, qui relie transmission et régénération, c’est notre fil rouge, notre témoin entre notre point de départ et le but fixé.

Chaque naissance ou plutôt renaissance d’un homme nouveau enrichi notre vénérable institution.

Il y a régénération parce qu’il y a par le travail et la connaissance, projection vers l’avenir dans le « connais-toi toi même » (les planches) et la recherche collective (questions à l’étude des loges).

Modernes, visionnaires, les francs-maçons par leur rigueur, une certaine discipline intellectuelle auront toujours œuvré pour une humanité, plus juste, plus sociale, plus fraternelle.

Dans « l’existentialisme est un humanisme » Jean Paul Sartre écrivait « l’homme sera d’abord ce qu’il aura projeté d’être ».

C’est notre quête initiatique qui est régénératrice, et pour finir comme j’avais commencé avec Pierre Dac : « Rien n’est jamais perdu, tant qu’il reste quelque chose à trouver ».

J’ai dit Vénérable Maître.

J\M\ T\


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