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L'évolution du RER au Grade de Maître Ecossais de St André

Dans la première partie de cette planche, j'ai tenté d'analyser et de vérifier la spécificité du R.E.R., rite chrétien, telle que l'on peut la découvrir, l'approfondir, au cours de l'étude des trois rituels des premiers grades reçus dans loges bleues.

Il s'agit maintenant de rechercher, à la lecture et à l'analyse du rituel du dernier grade de Maître écossais de Saint-André, ce qui pourrait confirmer ou infirmer, rapprocher ou différencier, celui-ci de ceux-là, dans le caractère chrétien du rite.

Encore que je ne veuille pas tomber dans le travers souvent constaté, dénoncé, d'une simple compilation, il me faut rappeler ici, aussi succinctement que possible, la genèse de ce rite.

Dans la correspondance qu'il entretient le 10 septembre 1810, avec son Altesse Charles de HESSE, Jean-Baptiste WILLERMOZ, l'informe du retard pris par la mission que celui-ci lui a confiée de rédiger ce rituel. Il avait été convenu de formuler préalablement les instructions des deux grades de l'Ordre Intérieur, avant d'établir celui de ce 4ème grade de transition, de charnière, de liaison entre les grades reçus dans les loges bleues - compte tenu de l'importance, que de ce fait il revêtait. La réflexion menée par la commission des Frères Lyonnais que Jean-Baptiste WILLERMOZ s'était adjoints, avait pratiquement été menée à son terme, quand ces derniers, éminents notables locaux, furent convoqués et appelés à participer aux États Généraux convoqués par le Roi à Versailles en 1789. C'est donc sur ces bases certes, dont il était le seul dépositaire, qu'alors J.B.W rédigea seul, entre 1804 et 1809, le rituel du grade de Maître Écossais de Saint-André.

L'on ne saurait mieux en faire la synthèse, avec celle du rituel qui s'y attache, qu'en citant J.B.W lui-même :

« Nous n'avons chez nous qu'un seul grade supérieur et intermédiaire entre les trois grades des loges bleues et l'Ordre Intérieur, dénommé comme je l'ai dit : de Maître Écossais de Saint-André. Notre Maître Écossais retrace et met en action dans sa réception, toutes les grandes époques historiques survenues au Temple de Salomon et à la nation élue : la destruction, la captivité, le retour et le combat de l'autre ; car nous ne perdons jamais de vue les révolutions de ce Temple Unique ni le grand Maître Hiram, tous ces objets sont mis en scène sous les yeux du candidat par divers tableaux, dont la dernière figure le passage de la loi ancienne à la nouvelle, par Saint-André qui quitta son premier Maître Jean le baptiste pour suivre invariablement Jésus-Christ ; ainsi finissent les symboles ». (Les parties soulignées le sont par moi).

Sur l'aspect christique du rite, il est par ailleurs écrit en préambule du Rituel du Grand Prieuré des Gaules : « […] privé de la récapitulation magistrale des grades symboliques qu'elle comporte ; privé d'autre part de ce rappel particulièrement précis et solennel du caractère chrétien du Régime Rectifié, en même temps que son œcuménisme, le quatrième grade ne jouerait pas pleinement son rôle de sommet de la Maçonnerie symbolique et de préparation à l'Ordre Intérieur si fortement souligné par WILLERMOZ dans ces lettres ». (Èques a Corona Caduca).

Sauf à prétendre pouvoir rédiger un ouvrage intelligent de 400 pages qui en fasse l'analyse exhaustive, ce dont je n'ai ni la compétence ni les moyens, je vais me contenter modestement - au fil de l'eau - lors de la lecture de ce rituel et de ce qui s'y rapporte, de vous faire part des réflexions qu'elles appellent de ma part, (qui sont miennes, n'engagent donc que moi) en espérant susciter chez le lecteur l'envie de les approfondir.

Elles ne peuvent, évidemment, qu'être en rapport direct avec l'objet principal et exclusif de la présente quête : l'Évolution (souhaitée, souhaitable ?) du Rite et du Régime Écossais Rectifié, dans sa spécificité chrétienne.

D'ores et déjà, l'on peut confirmer sans crainte : à l'évidence il ressort encore plus dans le rituel du 4ème grade que :

le R.E.R. est bien un rite chrétien, œcuménique. (Le Robert : « qui se rapporte à l'œcuménisme, mouvement visant à l'union de toutes les églises chrétiennes »). [Et seulement d'elles, si je puis me permettre de le rajouter].

Le grade de Maître Écossais de Saint-André est le lien, entre les grades symboliques de la maçonnerie bleue et l'Ordre Intérieur. Il symbolise en Saint-André, disciple de Jean (le Précurseur) puis celui de Jésus-Christ, le passage de l'ancienne loi - celle des dix commandements donnés à Moïses - à la nouvelle, celle révélée par Jésus : la « Bonne Nouvelle », la Toute Simple, la Belle, sa Loi d'Amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même » [(Luc 10.27].

Fermez les guillemets (anglais), point à la ligne. Tout y est dit et tout y est compris.

L'Alliance Nouvelle, non plus réservée au seul peuple « Élu », est étendue à tous les hommes du Peuple de Dieu. Par son immolation volontaire, unique et totale, Jésus l'Agneau pascal pur et sans tache, la substitue aux sacrifices expiatoires de l'ancienne loi du peuple d'Israël, pour l'éternité et le rachat de tous les péchés du monde et ceux du nouveau Peuple de Dieu.

La lecture du rituel du 4ème grade débute par la préparation du Temple où l'on notera, toujours et encore : Sur l'autel d'Orient, la Bible ouverte au premier chapitre de l'Évangile de Jean. Lors de la réception du candidat, on lui demande toujours de décliner son nom de baptême, son nom civil, ses lieux de naissance et de domicile.

Lors de l'introduction dans le Temple pour sa réception, le candidat enchaîné « avec les signes de la servitude, comme étant esclave des passions et des vices qui dégradent l'humanité », va entendre le premier discours du Respectable Député Maître :

Il lui indique « pourquoi et comment ce peuple [élu] si privilégié étant devenu rebelle, ayant méconnu la toute puissance qui le soutenait, ayant méprisé les lois qu'il en avait reçues [celles données à Moïse], mérite d'être puni par la perte de ses brillantes prérogatives qui le distinguaient de tous les autres peuples et d'être abandonné à lui-même ».

Nabuchodonosor va assiéger Jérusalem, détruire son Temple ; il devient inconsciemment, le bras armé de la justice de Dieu et son exécuteur.

Après avoir satisfait aux questions du Respectable Député Maître, le candidat est alors invité à prononcer son engagement d'Ordre :

« Je promets sur le Saint-Évangile, devant Dieu et en présence de mes Frères, d'être fidèle à la Sainte Religion que j'ai déclaré professer en entrant dans l'Ordre… » [La religion chrétienne].

Si dans la première partie de la planche, l'on a déjà constaté le caractère chrétien du R.E.R. aux trois premiers grades symboliques de la Maçonnerie bleue, force nous est faite de constater à nouveau, qu'au 4ème grade des loges vertes, intermédiaire entre ceux-ci et ceux qui suivront, ce caractère est affirmé, confirmé sans nuance.

Armé de la Force, de la Tempérance, de la Justice et de la Prudence, le nouveau Maître dans un Ordre chrétien, va participer à la reconstruction du nouveau Temple - celui de la nouvelle alliance, celui et celle de Jésus-Christ. Il va retrouver sur la lame d'or précieuse, le mot sacré qui était perdu, et qui lui sera révélé par l'Esprit.

Il est donné alors au candidat d'entendre le second discours du Respectable Député Maître, dont on retiendra pour l'essentiel :

« Le Suprême Architecte de l'Univers avait voulu punir, châtier mais non perdre entièrement la Nation Choisie - le peuple d'Israël - qui conserva toujours, même dans la plus grande humiliation, le caractère indélébile qui la distinguait de toutes les autres ».

Zorobabel va reconstruire le Temple ; Néhémie va envoyer quérir le mot sacré qui avait été perdu, le feu conservé par la Prêtres et leurs descendances, dans le puits qui les recelait. Ils n'y puisèrent qu'une eau souillée, boueuse, épaisse, mais qu'avec confiance il répandit sur l'autel. Aussitôt elle s'embrasa, et consuma [ruina] l'holocauste (le Robert : « sacrifice religieux sanglant »), celui/ceux de l'ancienne loi, à laquelle est substituée la nouvelle.

Dans ce passage du discours, l'on voit bien qu'il s'agit là et maintenant, à ce grade précisément, de la religion chrétienne, celle du Nouveau Testament, dont la filiation directe avec la religion juive reste sans ambiguïté.

Les juifs rappellent toujours que Jésus était bien des leurs. Certes, mais nos opinions sur ce point divergent nettement. Dans la pensée juive, Jésus est un hérétique, un révolutionnaire, même pas un prophète, [comme dans l'Islam] ; la religion qu'il prêche n'est qu'un judaïsme faux, édulcoré, décadent de révolté. Le judaïsme récuse inébranlablement : la divinité de Jésus et la messianité du Christ.

Alors que pour nous, et avec nous, pour de nombreux penseurs de confession israélite - Spinoza, Bergson - le christianisme est l'aboutissement du judaïsme, son achèvement, sa sublimation. C'est ce qu'ont écrit Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin, Sainte Thérèse et enfin Élisabeth Stein - juive convertie au christianisme - que le Très Saint-Père Jean Paul II vient de béatifier.

Après avoir fait connaître au nouveau Maître les signes et attouchements, les mots particuliers du grade, qui lui permettront de connaître et de se faire reconnaître des frères de sa classe, le Respectable Député Maître va lui faire entendre le troisième discours.

Propos d'actualité s'il en est, dont j'extraie l'essentiel :

« Le Temple de Jérusalem est le grand type de la Franc-maçonnerie qui s'est renouvelée sous divers noms, sous diverses formes et à différentes époques. Les Francs-maçons tirent leur origine de ce Temple même. Les révolutions qui lui sont survenues, nous retracent celles qu’ont éprouvées en différents temps l'Ordre des francs-maçons, le plus ancien et le plus respectable qui ne fût jamais. C'est sous ce rapport historique que nous allons poursuivre votre instruction. Pour peu que vous ayez réfléchi sur les causes morales qui ont occasionné les révolutions du type même, vous avez aussi connu [reconnu], celles qui ont dû en produire dans l'Ordre maçonnique et qui pourraient encore en causer la ruine.

Dés que le relâchement fût introduit dans l'Ordre maçonnique, dés que l'on se permit d'y admettre des sujets peu disposés à en suivre ses principes fondamentaux, ses règles, sa morale, ses pratiques, on négligea les vertus qu'il prescrit et on introduisit les vices qui avaient jusque-là été relégués dans la société profane.

En cet état, l'envie, la cupidité, la calomnie lui suscita de puissants ennemis. « L'unité des principes qui l'avaient fait respecter jusqu'alors avait disparu – Faut-il s'étonner qu'il cessât d'être respecté lui-même lorsqu'il fut déchiré par ses propres membres ? »

« Mais comme dans cette douloureuse révolution du Temple, ses fondements furent encore conservés, de même les vrais Maçons qui ont conservé comme Esdras, le Livre Saint de la Loi pour méditer avec fruit, qui ont su que le Feu Sacré n'était pas éteint et pouvait se ranimer encore, cédant pour un temps au torrent des circonstances, ont gardé soigneusement le dépôt précieux qui leur était transmis. Lorsqu'ils ont vu les Maçons égarés se repentir de leurs fautes, à l'exemple des Israélites, et gémir sous les abus qui s'étaient introduits presque partout, alors ils ont fait reparaître dans tous leur éclat ces règles primitives conservées dans leur pureté fondamentale.

Mais avant de les publier et pour ne point les exposer à de nouvelles profanations, nouveaux Esdras, ils ont fait ressentir au peuple Maçon la nécessité de se reformer, de purger les loges et leurs travaux, des innovations que le second état de l'Ordre avait introduit d'abus et de systèmes nuls, faux ou dangereux, qui ne tendaient qu'à défigurer de plus en plus le saint but fondamental de l'institution.

Alors le temple a été réédifié ; le mot sacré a été retrouvé, et la franc-maçonnerie a repris un lustre nouveau qu'elle conservera tant que les maçons ne perdront pas de vue les principes invariables sur lesquels elle est fondée ».

Que le grand Architecte vous entende, et comme le dit mon B.A. et R.F. Lucien G\ « […] qu'il vous inonde de la rosée bienfaisante de sa Grâce ». Sont alors décrits les différents tableaux du grade, dont le quatrième et dernier qui se termine par :

« Vous y voyez un carré parfait qui figure l'enceinte de la Nouvelle Jérusalem décrite par Saint Jean l'Évangéliste ; au milieu de cette enceinte une montagne qui figure la Nouvelle Sion céleste, et sur son sommet, l'Agneau Triomphant, avec son étendard blanc et rouge, environné de la gloire qui lui appartient, désigné par les lettres A. D, initiales des mots caractéristiques : Agnus Dei.

Au bas du même tableau, vous voyez une figure de Saint André sur la croix, qui caractérise ce patron spécial de la classe à laquelle vous appartenez aujourd'hui. Je vous laisse ici, mon Cher Frère, à vos propres réflexions… ».

Si j'ai crû devoir reproduire ici la plus grande partie de ce rituel - au risque de lasser le lecteur - c'est que je crains que le temps qui passe en ait usé le dessin jusqu'à la trame.

Sans attendre, sans qu'il soit nécessaire de souligner encore plus le caractère chrétien de ce rituel du 4ème grade (qu'en principe tout Maître Maçon de Saint-André ne saurait, ni oublier, ni ignorer - ni encore moins interpréter), je crois que l'on peut d'ores et déjà, sans grand risque et sans ambiguïté aucune, affirmer à nouveau que :

Chez nous en tous les cas, le R.E.R. est bien le Rite spécifique de la Franc-maçonnerie chrétienne, catholique et œcuménique, ouverte à tous les Frères de cette confession, qu'ils soient romains, orthodoxes, réformés, anglicans…et à quelque Église chrétienne qu'ils appartiennent.

S'il fallait encore convaincre quelques sceptiques argumentant des Landmarks, de l'universalité de la Franc-maçonnerie, de la tolérance qui la caractérise, reprenons encore et pour la dernière fois, les instructions du grade, dont vous apprécierez l'importance encore et toujours d'actualité :

« Malgré tous ces rapports de l'institution primitive avec la religion, les lois maçonniques interdisent expressément dans les loges toutes discussions sur les matières de la religion, de politique, et de toutes sciences profanes. Cette règle est infiniment sage et doit être conservée, car nos loges sont partout des écoles de morale religieuse, patriotique, où l'on apprend à exercer la bienfaisance dans toute son étendue, et non point des écoles de théologie, de politique, ni d'autres objets profanes.

D'un autre coté, vu la diversité des opinions humaines dans tous les genres, ces lois ont du interdire toutes discussions qui pourraient tendre à troubler la paix, l'union et la concorde fraternelle…

Cependant malgré ces sages réserves, l'Ordre n'a jamais voulu vous laisser penser qu'il fût indifférent en matière de religion. Il vous a souvent prouvé le contraire, car lorsqu'il vous a été présenté pour être admis, par la première des trois questions préparatoires qui vous furent posées il vous fît demander ce que vous pensiez de la religion chrétienne, dont vous aviez déclaré faire profession.

L'ordre mon Frère est essentiellement tolérant et ne veut que des déclarations libres. Il considère comme Frères tous les Maçon qui portent le nom de chrétien, et qui ne le déshonorent pas, à quelque communion chrétienne qu'ils appartiennent. « Les tableaux mis sous vos yeux, les explications que vous avez faites et les instructions que vous recevez depuis longtemps, vous font assez connaître pourquoi les juifs, les mahométans et tous ceux qui ne professent pas la religion chrétienne ne sont point admissibles dans nos loges » [sic]. Car il est évident que l'admission d'hommes tant recommandables soient-ils par ailleurs, mais qui ne peuvent donner pour la validité de leurs engagements dans l'Ordre, la seule garantie qu'il exige partout depuis un temps immémorial, serait une contradiction inconcevable dans ses principes et dans sa doctrine.

Si un usage contraire s'est introduit dans quelques loges, c'est un abus, c'est une sorte de scandale, qui ne peut être attribués qu'à l'ignorance absolue des principes fondamentaux de l'institution maçonnique [sic].

Certes vos Frères qui vous ont instruit précédemment, vous ont dit alors privément, nous le disons aujourd'hui tout haut et sans mystère, parce que le moment est venu de le dire :

- Oui ! L'Ordre est chrétien, il doit l'être, il ne peut admettre dans son sein que des chrétiens, ou des hommes bien disposés à le devenir de bonne foi ».

Craignons que le temps qui passe ait pu faire oublier chez les meilleurs d'entre nous, le sens, la substantifique moelle des ces instructions et des serments pris sur la Sainte Bible.

Je vous ai livré ici le résultat de la réflexion à laquelle m'a invité le Respectable Député Maître qui m'a reçu Maître Macon de Saint André il y a maintenant presque 20 ans, à la seule lumière de ce qui m'a été donné de connaître à travers les rituels des 4 premiers grades du R.E.R., et à la seule reçue aux états des premiers grades de l'Ordre Intérieur.

Conclusion et fin

Ceci posé, d'une manière je l'espère suffisamment claire, il n'en demeure pas moins qu'un problème qui n'est pas nouveau, subsiste.

Il ressort d'un constat, peut-être un peu primaire et a priori simpliste - mais bien réel encore de nos jours (Liban, Palestine-Israël, Kosovo, Afrique du Sud, Algérie, Soudan, Indonésie, Érythrée, Zaïre…ET Irlande) - que les Religions (avec un grand « R »), n'ont apporté à notre société humaine, que dissensions, oppositions, heurts, le plus souvent alimentés, sous-tendus par l'intérêt, et la conquête du pouvoir [pour ne pas dire toujours, ce qui à mon sens ne pourrait les disculper même partiellement].

Par Religions avec un grand « R », entendons les Religions Révélées, celle reçues par la Parole : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas ; car ce ne sont ni le sang, ni la chair qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux ». Elles sont chronologiquement, et se veulent être par ailleurs : - Dans le judaïsme : la Révélation est de tradition abrahamique ; par son père Abraham, elle est la mère de toutes les autres, et première d'entre elles, elle ne souffre pas que l'on conteste sa primauté.

Les dix commandements donnés verbalement à Moïse doivent prévaloir, et depuis 20 siècles ils fondent la loi juive écrite dans le Pentateuque, et la loi orale consignée dans le Talmud ; telles quelles et depuis, les exégètes de la Bible continuent toujours à en faire la critique et l'interprétation, dans l'espérance messianique, jusqu'à la fin du temps.

– Dans le christianisme : la Révélation est la Parole Vivante même de Dieu ; dans l'incarnation du Dieu-Homme, Jésus le Christ - engendré non pas crée, de même nature que le Père, par Lui elle nous est délivrée. Elle a précédé la Création de l'Univers par le Verbe, par Dieu ; […] « Dieu dit que la lumière soit et la lumière fût, et Dieu vit que la lumière était bonne ». Elle sera rapportée, dite, vécue, parlée, méditée par les siens, avant d'être consignée par écrit dans les Évangiles. Jésus prêche un œcuménisme affirmé, l'unité profonde de la famille chrétienne, dans laquelle il veut voir les prémices de la réconciliation universelle accomplie dans/par son sacrifice suprême ; dans sa loi d'Amour entre eux, les chrétiens devraient convaincre les non-chrétiens de se joindre à eux, de parvenir à la foi, de se rallier à son église.

– Dans l'islam : le Coran pour les musulmans, est la Parole incréée de Dieu. Il joue le rôle de l'incarnation dans le christianisme et de l'espérance messianique dans le judaïsme orthodoxe. Il/elle est la liaison entre l'incréée et la création. Comme tel, il est intraduisible - tous les musulmans du monde prient dans sa langue originelle - l'arabe classique - alors que la Bible est le Livre le plus traduit de l'histoire du monde.

Dieu est invariable, indescriptible, ineffable, inimaginable (non reproductible puisque ineffable), innommable autrement que par le biais des 99 adjectifs qualificatifs qui sont attribués à son Nom que l’on ne peut évoquer.

Comme Moise, Mohamed l'a reçue et délivrée. Venant en dernier des porte-parole de Dieu, ses adeptes nous assurent qu'il vient affirmer, rétablir le message divin dans ce qu'il a été ou mal reçu, ou déformé par les « infidèles ».

Ces Églises sont sûres de leur primauté, de leur meilleur et bon droit ; l'on n'a pas à imaginer les malheurs et les souffrances qu'elles gênèrent - l'histoire passée et celle de tous les jours nous en apportent notre lot quotidien. Intrinsèquement dogmatiques, péremptoires de nature, elles ne souffrent pas longtemps le dialogue, et ce d'autant moins comme je l'ai précédemment souligné, qu’elles sont toujours sous-tendues par des intérêts politiques, économiques et quelques fois racistes - ce qui n'arrange rien.

Certes, l'étroitesse de leurs convictions doctrinaires, sûrement source d'intolérance, empêche, éloigne - tout au moins rend plus difficile - le rapprochement de ce qu'il devrait y avoir de profondément commun entre toutes les religions : l'amour des hommes entre eux, de quelque confession qu'ils soient.

Mais de là à dire, qu'une nécessité de dialogue entre tous les hommes de religions ou de confessions différentes, implique de facto une réduction immédiate a minima de l’une et pas des autres, il y a un pas ; qu'il faille que pour ce faire, nous les chrétiens, dussions tirer un trait sur ce que nous avons de plus précieux : la foi par fondement, (le Robert : « le fait de croire à un principe par une adhésion totale, profonde de l'esprit et du cœur qui emporte la certitude »), immédiate et sans mélange, en la seule parole que Dieu fait homme soit venu nous apporter, il y a un abîme (pour moi, en tous cas).

Le dogme ecclésial, aussi pénible soit-il à admettre, aussi dangereux et néfaste fusse-t-il dans ses œuvres, est un pas nécessaire vers l'acceptation à terme, par et après la compréhension de cette parole. Ne serait-ce que parce qu'elle est un Nouveau message, une Nouvelle Alliance, une Révélation (le Robert : « phénomène par lequel des vérités cachées jusqu’alors, sont révélées aux hommes d’une manière surnaturelle »). donc avec tout ce que ce terme entend.

De là à imaginer, à penser (je suis ? <=> je pense !), à rêver dans une béatitude « rousseauiste-voltairienne », d'une société sans Religion (avec le grand « R » de Révélation), il n'y a un pas déjà franchi par d'autres, avec le succès et les résultats que l'on sait ; auxquels je me refuse et auxquels je ne vous invite pas.

Un exemple nous en est donné par le « Réseau Voltaire » des affidés d'une Obédience non reconnue, dont le propre dogmatisme, l'intolérance, l'aigreur et l'acharnement qu'ils mettent à combattre toute Religion dans ce qu'elle a de fondement, toute Maçonnerie Régulière, en ce qu'elle est adossée à une croyance en un Dieu Unique qu'ils ont renié depuis longtemps, est sans commune mesure avec ce que l'on pourrait craindre par ailleurs.

Dire, penser à une religion (de relegere : rassembler, ou de religare : relier) sans dogme : c'est déjà dogmatique.

Elle aura ses certitudes, ses assurances, ses exigences, les même que celles des Religions auxquelles l'on voudrait la substituer, les mêmes que celles qu'on leurs reproche.

L'on a déjà assisté à l'Office d'un Robespierre, célébré au Champ de Mars à la gloire de la déesse Raison ; prêchée avec l'efficace persuasion et la conviction d'un « Maître des Cérémonies » dénommé Guillotin.

Je préfère m'abstenir, tenter l'impasse !

Donc, sur le sujet qui nous intéresse depuis l'origine de cette réflexion : faut-il revisiter le Rite Écossais Rectifié, parce qu'il affirme son fondement sur la seule religion chrétienne œcuménique ?

« That is the question », [qu'apparemment Anderson ne s'est pas posée], Je dirais volontiers :

– « Si sont exclues – et je suis sûr qu'elles le sont – toutes motivations sous-jacentes éventuelles, je n'y vois aucun intérêt évident ».

– « Le Rite Écossais Rectifié, est le seul Rite pratiqué dans les Obédiences régulières, qui se réfère à une Religion Révélée précise : le christianisme. Tous les autres Rites et ils sont suffisamment nombreux, y sont largement ouverts à tout homme de Dieu (sans exclusive) - pour peu qu'il soit au moins libre et de bonnes mœurs - où il pourra à loisir s'adonner à toutes recherches de nature à l'élever spirituellement ».

– « S'il s'agit de ne rechercher son « salut en maçonnerie » que dans ce type de « religion » (avec un « r » minuscule), il faut s'affilier une Obédience « irrégulière » non reconnue - l'on n'y sera pas seul ; les « frères » d’une d’elles s'y compteraient 40.000 aux dernières nouvelles ; on y prêterait serment sur la Déclaration des Droits de l'Homme (il paraît…), et sur les « Constitutions » (statuts) de l'Association 1901 domiciliée Rue Cadet (ce sont les mauvaises langues qui le disent…) ; j'en connais beaucoup de respectables (égarés…?) Qui s’y plaisent. Certes ils n'y découvrent pas les mêmes options, n'effectuent pas le même parcours, n'ont pas les mêmes objectifs qui sont les miens - ceux que l’ai choisis - et je le pense les vôtres ; ceux qui me satisfont parfaitement et pleinement, au sein de la GLNF et du GPDG ».

PS : Si j’avais été sûr de détenir la Vérité, je n’aurais pas employé le conditionnel aussi souvent. Si j’ai pu paraître trop direct - peut-être provoquant aux yeux de certains - ce ne serait que pour susciter une réflexion, une réponse peut-être, un échange de points de vue pourquoi pas ?

Permettez-moi de citer J. C BOLOGNE (Les sept Vies de Maître ECKHART) : « Toutes les idées ont été conçues en Dieu de toute Éternité » [celles des autres et…les miennes !].

Bibliographie :

La Sainte Bible. Les rituels des trois premiers grades du R.E.R. commentés – Guigue. Le rituel du grade de Maître Écossais de Saint-André – GPDG. Encyclopédia Universalis. Pierre Chaunu : Ce que je crois - Ed. Grasset. Le Forestier : La Franc-maçonnerie Templière et Occultiste - Ed. Aubier Paris. J.C Bologne : Les sept vies de Maître Eckhart - Ed. du Rocher. Règlement intérieur de la GLNF.


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