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Le Don ... de soi

A l’origine le don était une véritable philosophie sociale et politique.

Les sociétés primitives l’employaient comme concept impliquant l’ensemble des dimensions de la réalité sociale, économique bien sûr mais aussi politique, religieuse, morale, culturelle.

Les travaux de Marcel MAUSS 1872 - 1950 utilisant le matériel ethnographique recueilli par Malinovski montrent la coexistence de deux circuits distincts, le circuit du don cérémoniel (Kula) glorieux et festif et le circuit de l’échange utile (Gimwali) qui donne lieu à échanges âpres, prémisses de notre économie de marché.

Je reviendrais plus tard sur l’échange, mais il est contradictoire de penser le DON en ignorant qu’il implique un devoir de solidarité.

Un don qui ne contribue en rien à créer de la solidarité est une contradiction dans les termes.

Selon Nietzche « dans un monde où tout s’échange, se vend et s’achète, existe-t-il un acte purement gratuit, sans aucun intérêt, sans aucune attente de retour, d’équivalence ? »

Le vrai DON, libéré des règles d’équivalences régissant les rapports de justice existe-t-il ? Peut-on parler de véritable charité, de générosité sans calcul ou disposer du nécessiteux comme d’une propriété ?

Je trouve là, et c’est un point de vue très personnel, une façon désabusée de traiter un sentiment que nous connaissons et que nous pratiquons en Franc-maçonnerie : L’Altruisme.

C’est aussi une forme de défiance en la capacité de l’homme à s’améliorer. D\ O\ N\ trois lettres, le chiffre et l’âge de l’apprenti, l’initiation par le don de la lumière nous incite à faire notre travail sur soi pour mieux accepter les autres.

Je pense à une antienne de cours d’école « donner c’est donner, reprendre c’est voler ».

V\ O\ L\ trois lettres pour appropriation illicite du bien d’autrui.

Qu’on le sacralise ce vol, que le monde nous dérobe cette alchimie des Francs-Maçons, transformer la société, faire don dans les faits et la compréhension de notre article premier à l’humanité.

C’est l’essence même du DON, ce qui ne nécessite pas de retour, ni même d’affluence pour subir l’initiation dans nos temples !

Quoique, avec le livre blanc de la capitation, mieux vaudrait le faire breveter et le vendre clés en main aux peuples qui ont soif de liberté et de démocratie.

Je blague bien sûr, mais cela pour souligner la différence entre le DON et l’échange, ce dernier aboutissant aux rapports sociaux dominés par l’argent.

Cet aspect n’est pas innocent, le don implique selon Marcel MAUSS « l’échange- volontaire – obligatoire » donner ne peut être sans qu’il y ait réception, au sens d’acceptation et recevoir oblige de même à rendre.

La question qui se pose à nous est donc de savoir si, par delà le système économique actuel: le capitalisme, le DON a sa place dans l’échange ou s’il n’en fait pas partie, doit-il être considéré à part.

Le don est-il une forme de l’échange ?

Aujourd’hui, dans notre société l’homme pense le DON dans sa formule « donner pour recevoir » c’est un fait social, le don appelant une contre partie. L’idée même de réciprocité est un à priori fondamental de toute relation humaine autant dans l’échange marchand que dans le DON.

Dans les sociétés archaïques le don-cadeau est une part de soi, du meilleur de soi, cela impose une restitution pour que le donateur retrouve son intégrité.

On retrouve cela dans l’antiquité scandinave, les sociétés polynésiennes, chez les Maoris de Nouvelle Zélande.

Archaïsmes qui se perpétuent dans notre société actuelle avec le fétichisme de la marchandise, analyse déjà faite par MARX, sur nos rapports à l’or, l’argent, aux biens de consommation exacerbés aujourd’hui par la publicité, quelque part nous sommes tous des Maoris.

Le capitalisme produit nécessairement l’exclusion et non de manière accidentelle, il transforme la relation humaine en échange marchand or quand vous n’avez plus rien pour payer un service, vous ne pouvez même plus rentrer dans l’échange humain ; il faut un salaire pour exister !

Sans cela, l’on est exclu de la satisfaction des besoins et des commodités de la vie parce qu’on ne participe plus du système de l’échange fondé sur l’argent et le profit.

Qu’on le veuille ou non, dans le capitalisme, la conception économique et la conception de l’échange s’opposent.

On y revient toujours, pour le tenant du profit, la question est: pourquoi donne-t-on si on n’y a pas directement intérêt ?

Mais le don n’est pas le résultat d’un calcul, le don n’a de sens que s’il est désintéressé, que s’il est générosité et solidarité.

Le don se situe dans le temps et l’espace notre frère Wolfgang Amadeus pour qui le temps n’est pas aboli, nous a légué le meilleur de lui-même, son talent, sa passion, sa musique, don à la postérité que l’on retrouve chez notre frère Saint Georges qui à la tête de la colonne d’harmonie de la loge « Saint Jean d’Ecosse du contrat social », donnait des concerts pour alimenter les œuvres caritatives.

Don de transmission bien sûr au travers tous les progrès réalisés dans tous les domaines pour améliorer notre vie quotidienne, sociale, culturelle.

S’il est une idée qui relève du don c’est bien notre « sécurité sociale ».

En affirmant que la société n’est pas quitte envers les travailleurs, qui lui ont donné leur vie ; en affirmant qu’elle leur doit encore les moyens de vivre décemment en période de vieillesse et chômage ; elle rompt avec les principes charitables reposant sur les politiques sociales instituant l’aumône.

Il s’agit là d’ouvrir la voie à l’invention de prestations sociales, qui cessant d’être des aumônes, sont conçues comme des droits ouverts sur la société dans son ensemble.

Elle se réalise sous la forme d’un modèle social cohérent mettant le travail salarié au centre de la solidarité sociale, comme un don qui appelle une contrepartie qui ne saurait se réduire au seul versement d’un salaire.

Dans ce cas ci le don transforme l’aumône en droit, il peut rester un échange ; dans le cadre d’une vie de labeur le travailleur où le salarié est couvert par ses droits ainsi que sa famille.

C’est à partir de la connaissance ethnographique des sociétés primitives ou archaïques et de nos propres concepts occidentaux que se définissent les outils pour penser la réalité contemporaine.

Cet, héritage du 18ème siècle dans notre pays explique que la France est dans l’Europe une entité sociale différente.

Tout d’abord depuis 1905 et avant on se dégage de l’emprise religieuse (état-nation de la révolution française) puis cette théorie du don ambigu : rapport de donateur à donataire ; se transforme en solidarité humaine définie comme un ensemble de lois, pour la société en préservant l’épanouissement d’une prise de conscience individuelle.

On découvre alors le chemin parcouru en ces trois lettres D\ O\ N\ de l’anthropologie à la philosophie, puis à l’économie et enfin la politique.

Alors le DON est-il gratuit ou est-il une forme de l’échange ?

Je ne peux m’empêcher de vous faire savourer les petites perles du net en philo, pour répondre à la question posée.

Sur le site « Aide en philo »

Le don peut-il être gratuit ?
3 pages 1€80

Un acte gratuit est-il possible ?
3 pages 1€80

Revenons à notre sujet !

Entre une démarche philosophique, humaine, de solidarité et un libéralisme dont la toute puissance n’est pas remise en cause, on se demande si on n’a pas perdu le DON !

Le DON n’a jamais été un concept économique, il se situe en deçà des calculs d’une nécessité intellectuelle, le don est du domaine du cœur.

Le DON est une démarche, proposée à notre moi et qui permet d’ôter les clôtures de l’égoïsme.

D’ailleurs certains ne se privent pas de faire appel au cœur, masquant ainsi les droits et les devoirs de gouvernants trop heureux de voir se substituer à leurs responsabilités le « don du cœur » ; qu’il s’agisse de la recherche ou de pallier à la paupérisation d’une partie de la population.

Autre chose est cette relation de don à l’état pur, qu’est la collecte et le don du sang, mais qui déconnecte l’humain du don lui-même et de se poser la question : « peut-on fonder une relation sur l’anonymat ? »

Cela éclaire cette quête d’enfants en recherche de parents; les nés sous X, sont dans cette symbolique de découverte du « DON DE LA VIE »

Il n’y a pas à opposer le don et l’échange. Il est absurde de mettre d’un côté l’échange pour le ranger dans la catégorie « économique » et de l’autre, le don pour le ranger dans la catégorie « morale ».

Nous les Francs-Maçons utopistes et optimistes par nature, ou par obligation nous passons un contrat moral, avec le monde sous forme de don ou d’échange, peut importe en cette petite annonce.

« Institution philosophique, philanthropique et progressive, cherche planète à l’air pur, aux sources claires, à l’herbe verte pour en faire DON à nos enfants »

J’ai dit, V\ M\


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