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Les 3 fenêtres
 
Nous pourrions presque résumer leur fonction par la phonétique ; en effet si nous prononçons le mot fenêtre, on entend « feu » et « naître », et ce n’est pas leur symbolisme qui dira le contraire.
Le Dictionnaire définit la fenêtre par : « une ouverture pratiquée dans un mur », tout en précisant que son étymologie latine « fenestra »  signifie la voie, l’issue. Elle est également en relation avec le mot grec « phanein » qui signifie « venir à la lumière »…  jolie image pour nos fenêtres en Franc-Maçonnerie.

Le besoin de protection des bâtiments secrets se traduit déjà dans la Bible (1er Livre des Rois, VI,4. )  où l’on peut lire que : « Le Roi Salomon a bâtit une Maison avec des fenêtres à grilles fixes, en hommage à l’Eternel».       

Ces grilles auraient eu 4 barreaux verticaux et 4 horizontaux

C’est seulement en 1730 qu’un ancien texte maçonnique fait référence aux fenêtres  figurant sur le Tapis de Loge.  Il les nomme : « lumières immobiles » ; mais il n’était pas encore question de grilles, elles ne sont apparues que plus tard.  Celles-ci pourraient être un vestige symbolique de la maçonnerie opérative de l’époque où seules les fenêtres éclairaient l’intérieur de l’Atelier qui abritait les ouvriers bâtisseurs travaillant sur le chantier de la construction. C’est du moins l’explication donnée dans quelques anciens ouvrages.
Plus près de nous Jules Bouchet indique que les fenêtres ont  été protégées par des grilles pour soustraire le travail des ouvriers à la vue du monde profane. Il souligne fort justement  que le regard de l’intérieur vers l’extérieur n’est pas arrêté par le même obstacle que l’inverse car les perspectives sont différentes. Toute ouverture servant de fenêtre est donc une liaison entre l’intérieur et l’extérieur et elle permet de passer d’un espace clos à un espace infini.   

Quant à celles qui figurent symboliquement sur notre Tapis de Loge, elles inspirent protection et secret.  Dans ce but, leurs grilles ont un rôle filtrant et assurent la protection des ouvrières dans le secret de leurs travaux. Elles ne sont ni ouvertes ni fermées, et nous verrons plus loin que leur fonction de filtre permet à la lumière de pénétrer en nuances correspondant aux différentes étapes de la connaissance.
Les barreaux et intervalles entraînent des jeux d’ombre et de lumière créant ainsi une véritable dualité créatrice. Cela peut paraître contraire mais en réalité c’est complémentaire. Sans ombre, sans contraste, la lumière serait invisible.  

Les fenêtres sont au nombre de trois, chiffre parfait et ternaire rappelant la dimension spirituelle. Ce sont des ouvertures sur le Principe créateur, un lieu de passage et de communion vers le sacré car ces 3 fenêtres génèrent un double flux : un flux descendant du Principe vers l’Initiée, et un flux montant de l’Initiée vers le Principe.  
   
Nous constatons également qu’elles laissent pénétrer la lumière sous différentes facettes selon le mouvement du soleil,  du lever au coucher. En premier à l’Orient,  puis au Midi,  et enfin à l’Occident. Elles symbolisent ainsi les 3 principales heures du temps maçonnique : ® celle où les ouvrières se mettent à l’ouvrage, ® celle où elles l’accomplissent, et ® celle où elles le quittent.
Cette triple position indique l’orientation du parcours maçonnique. Pour débuter les travaux il faut attendre que la lumière  frappe  l’Orient. Ce n’est pas une question géographique ou matérielle : passer de l’Orient à l’Occident, en passant par le Midi ® est une orientation spirituelle et ésotérique.  La réception différente de la Lumière à ces trois points suggère trois niveaux différents de compréhension.  La correspondance des fenêtres avec les emplacements des plateaux de la VM\,  et des deux Sœurs Surveillantes n’est également pas fortuite, elle souligne la nécessité des ouvertures pour le travail nécessaire à la construction de notre édifice.
 
Vous l’avez remarqué, il n’y a pas de fenêtre au Septentrion car c’est la Colonne des Apprenties, le côté nocturne et lunaire réservé à la méditation, la maturation, la préparation, et l’apprentissage. C’est la zone la moins éclairée du Temple, non parce-que l’Apprentie n’a pas droit à la Lumière, mais parce qu’elle ne doit pas être un nouvel Icare se consumant à une trop vive lumière. Celle-ci doit être progressive. Il serait toutefois faux de dire qu’il n’y a pas de lumière au nord car elle y est douce et régulière. Pour preuve, rappelons nous que les peintres et tailleurs de pierres installaient leurs ateliers au nord afin d’avoir un éclairage constant, stable, mais non violent.
 
La définition de nos fenêtres pourrait simplement être expliquée par la nécessité d’ouvertures,      mais nous pouvons également remarquer 3 parties très symboliques sur celles de notre Tapis de Loge :
  Leur partie inférieure, horizontale, est nommée « mur d’appui » et elle peut symboliser le niveau qui est lui- même un appui pour tous les Maçons. 
  Leurs deux parties latérales, verticales, sont appelées « pieds droits » et rappellent la verticalité au fil à plomb.   
• Quant à la partie supérieure nous voyons sur notre Tapis de Loge qu’un arc de cercle surmonte la    base carrée. Il est supporté en son centre par une pierre nommée Clé de Voûte qui permet de    renvoyer les forces de manière égale vers les pierres de base, nommées les voussoirs. Ainsi est lié
   le plan terrestre à la voûte de nature céleste. Cette partie supérieure, destinée à supporter solidement la maçonnerie bâtie au dessus,  rappelle que la F\M\ doit s’élever sur des bases solides pour atteindre un autre niveau.
Nous savons que les fenêtres sont des lieux de passage permettant un échange de lumière, mais notons également d’air et de son.
La lumière est indispensable à la vue et symboliquement nécessaire pour nous éclairer.
Tout Temple maçonnique est un lieu de réunion de la terre et du ciel. Les fenêtres en sont les médiatrices indispensables car elles laissent entrer la Lumière que génère le Ciel et créent un chemin de communication à double sens.   
La Lumière céleste qui guide nos travaux est lumière de l’esprit. C’est une lumière active : pas celle qui est vue, mais celle qui fait voir. Elle rend visible, elle éclaire, elle est symbole guidant vers la Vérité, mais elle nous laisse le choix : être éclairée par Elle, ou bien rester dans les ténèbres en gardant nos métaux.
 
Les fenêtres sont un lien entre le monde créé et le monde incréé, entre la lumière invisible et la lumière révélée qui naît dans le Temple.  Elle est vibration uniquement perceptible par celle qui sait se conditionner pour la recevoir. Confucius disait  «  La conscience est la lumière de l’intelligence pour distinguer le bien du mal » ; c’est notre intellect éclairé qui nous permettra de faire la différence, car la lumière est au centre de notre démarche initiatique et véhicule une dimension spirituelle.
 
Quant à l’air que les fenêtres laissent pénétrer, il symbolise la réceptivité, c’est un élément actif. Il s’infiltre partout, remplissant le vide. Il est invisible, insaisissable, transparent, et exprime la vie impalpable. Il pénètre tout, du monde le plus infinitésimal au plus gigantesque. Il est  lui aussi une voie de communication entre la terre et le ciel.
Il a purifié notre esprit lors de notre initiation et il continue de nous instruire.
Les trois fenêtres orientent cet Air Lumineux dans la Loge et permettent ainsi de faire circuler le Verbe dans le Temple. Le souffle d’air est  souffle de vie, d’inspiration, de création, c’est le souffle de l’Esprit. Il permet la transmission de la Tradition,  car c’est grâce à lui que l’on peut propager les paroles. En effet le souffle et la parole ne font qu’un.
L’air nous accompagne toute notre vie : du premier cri en naissant jusqu’au dernier soupir.
 
Quant au son que les fenêtres laissent passer, il engendre l’écoute. Ecouter… n’est-ce pas une des qualités premières des Maçonnes ?  Le son est indispensable ; même notre Rituel est  rythmé par des sons : paroles,  coups de maillet, batteries, etc….                                                                                                                                    
Le son permet de comprendre le Verbe par le vocal qui transmet la Parole.
 
Grâce à la position des 3 fenêtres un simple regard sur la nature symbolique de la lumière qui pénètre dans le Temple nous renseigne sur le temps qui s’écoule et qui gradue notre chemin.
• La fenêtre de l’Orient reçoit le soleil en premier. Lumière douce de l’aurore, renouveau d’activité, c’est la vie qui renaît chaque matin après l’apaisement de la nuit, temps de la réflexion.
L’ Orient s’illumine des rayons du soleil levant qui dissipe les ténèbres , c’est une lumière qui image l’enthousiasme. La V\M\va donner naissance à une nouvelle journée de travail des ouvrières en Loge. Elle siège à l’Orient et  elle ouvre les travaux pour passer du temps profane au temps sacré pour que nos regards se tournent vers la Lumière.   
 
• La fenêtre du Midi est la plus éclairée, elle apporte force et chaleur. Cette lumière nourricière va également éclairer  les Apprenties placées en face afin de les aider dans leur parcours.
La Lumière arrivant jusqu’à leur Colonne du Nord s’apparente à celle de la lumière initiatique :  elle doit révéler mais ne pas aveugler.
Au Midi le soleil rayonne de toute sa force et tout est sensé nous être visible… mais seulement si nous savons regarder ! Cette lumière force à l’éveil et à la création ; c’est l’heure propice à la découverte de son être,  c’est l’heure où il faut agir. La lumière est à son zénith pour nous donner toute sa force et tout nous révéler, car au zénith,  il n’y a point d’ombre.
 
• La fenêtre de l’Occident , donne une lumière qui faiblit peu à peu.
Elle invite au repos et  annonce la fin de la journée de travail des Ouvrières à la V\M\afin qu’elle clôture les travaux.
C’est le retour au monde profane, mais enrichies de ce que nous avons appris dans le Temple, et en gardant à l’esprit que la lumière qui a éclairé nos travaux doit continuer de briller en nous pour achever au dehors l’œuvre commencée dans le Temple.
Eternelle mort et régénération en Franc-Maçonnerie...
Après le repos nous attendrons la naissance d’un nouveau jour avec à nouveau  l’apparition du soleil à l’Orient. C’est un cycle immuable de début et de fin ; il en va de la vie humaine comme de la lumière solaire.  

Ces trois éclairages venant de sources différentes donnent forcément une vision différente d’une même réalité et nous rappellent que notre Temple est orienté dans le sens de la marche du soleil, dans le sens de rotation de la terre.  Par ce biais c’est l’Univers qui est présent,  et nos déambulations rappellent également ce mouvement.

 
Toutefois, la Lumière qui éclaire le Temple n’est pas uniquement la lumière extérieure : c’est celle qui émane de notre réflexion collective.
 Pour conclure nous pouvons retenir que nos fenêtres sont  des éléments de passage de l’esprit, et de passage entre deux mondes : le profane et le sacré.
Les fenêtres sont très symboliques car le Temple Maçonnique est un lieu totalement clos qui s’illumine par lui-même, par les Sœurs, et par le rayonnement des Initiées passées à l’Orient Eternel.
 
Comme dit précédemment, les trois fenêtres représentent une ouverture vers l’extérieur mais aussi une ouverture vers l’intérieur :
 Celle tournée vers l'extérieur signifie l'accès vers le monde profane, l'écoute d’autrui,  et le devoir d'aide envers notre prochain.
 et celle tournée vers l'intérieur  symbolise le passage du monde spirituel qui nous permet 
d’élever notre esprit

Notons encore que le symbole des fenêtres est ici le seul à être strictement virtuel sur le Tableau de Loge du premier degré. Cette virtualité suggère que ces fenêtres doivent juste s’ouvrir dans nos esprits et nos coeurs afin d’y laisser pénétrer la Lumière,  car ce qui est très important c’est sa perception, et la façon dont elle est vécue et utilisée par chacune d’entre-nous ; car c’est elle qui fait de la profane une initiée et qui lui permet d’affronter ses propres ténèbres.

M\ S\

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