Obédience : NC Loge : NC Date : NC

 

Le sable

Enfermé dans le cabinet de réflexion, avant notre initiation, parmi tous les objets offerts à notre vue, nous voyons un sablier. Dans l'attente incertaine, j'ai attrapé celui-ci et je l'ai retourné. En regardant ce sable, qui s'écoule de façon fluide et continue dans le sablier, mon esprit quelque peu impressionné a vagabondé pendant quelques instants et s'est tourné vers le sable.

Le sable évoque pour moi la plage, le désert, le soleil, les vacances, l'infini, la paix. Mais aussi le silence, la stérilité, et la mort qui me semblaient être très présent dans ce lieu quelque peu obscur. Depuis des millénaires le sable cerne l'Egypte, l'envahit, recouvre des monuments et des villes entières. Le Sphinx a d'ailleurs été désensablé plusieurs fois. Le sable c'est la matière en perpétuel mouvement, c'est le temps qui efface, détruit. Il représente le renoncement à l'illusoire volonté de possession du monde, très ancrée chez les Egyptiens. Ceux-ci ont utilisé la pierre taillée pour élever des monuments gigantesques. La pierre taillée c'est l'oeuvre, le perpétuel, le désir de durée, la prétention de la maîtrise du temps.

Le sable à l'opposé représente l'éphémère, l'instant. Rappelez-vous quand vous étiez petits, vous avez surement construit des châteaux de sable, qui n'étaient plus là le lendemain...

Le sable est renoncement à la possession, retour au dépouillement originel. Il se caractérise par sa capacité à s'écouler, ce qui en a fait un matériau idéal pour mesurer le temps, avec l'intervention de la main de l'homme. Par son utilisation dans les sabliers, de plus ou moins grande taille, il est reliéau temps qui passe.

Dans notre pensée le sable est également lié au désert, eremos en grec, qui désigne le lieu choisi par ceux qui recherchent la solitude pour méditer, entres autres les ermites. L'intérieur de l'homme est un désert, un vide, un abîme pour Victor Hugo ou Gérard de Nerval entre autres. L'invitation, à se connaître, de toutes les initiations n'est rien d'autre qu'un appel à prendre conscience de son propre désert.

Ce que l'on peut retenir c'est que le désert permet un temps sacro-saint, où s'accomplit l'expérience religieuse ou mystique, où s'abolit la différence du saint et du sacré. C'est un mouvement par lequel l'homme en se recueillant au désert, s'élève à la transcendance, au divin. En ce sens c'est un lieu de passage : se quitter soi-même, abandonner son moi superficiel pour trouver son « Soi ». Cette relation alchimique au minéral, féconde toute la métamorphose de l'ermite en pèlerin. Il épouse les formes qui se moulent en lui, à cet égard il est symbole de matrice. Dans les rêves la vision du sable est souvent le signe de modifications psychologiques fondamentales, un renoncement à des positions exclusives.

Le sable parait être une masse unie mais en fait c'est une multitude de grains individuels. Quand on regarde s'écouler le sable du sablier les grains s'agencent « naturellement » pour finir par remplir la partie inférieure, chaque grain trouvant sa place et l'ensemble des grains est en union. J’y vois une analogie avec la loge, chacun prenant sa place...

Le sable peut masquer la vision notamment dans les tempêtes de sable où il s’immisce partout. Il est aussi un élément pouvant bloquer le fonctionnement d'une machine : le grain de sable qui enraye. On peut également l'associer au mystére car en Egypte il cache encore beaucoup de monuments et de choses. Et en Egypte ancienne on avait l'habitude d'enterrer les morts dans le sable du désert afin de ne pas rendre impur le limon laissé par la crue du Nil.

Sa capacité à s'écouler me fait penser au lâcher-prise, car quand on le tient dans sa main il coule et on ne peut le retenir.

Je vous ai parlé des gens qui choisissaient le désert pour méditer (moines, ermites...). D'autres moines, des japonnais, ont créés des lieux de méditation comprenant en majeure partie du sable : ce sont les jardins Zen. Formés essentiellement de sable et de quelques rochers, ils permettent de méditer, de retrouver le calme. Ces jardins n'existaient préalablement que dans les monastères. Aujourd'hui ils sont présents dans les villes.

Le prétre Zen pense que ce jardin mets la vie dans un environnement équilibré et harmonieux : n'est-ce pas ce que nous venons chercher en Loge ?

Pour finir je vous citerai quelques phrases du serment : « de ne jamais révéler...aucun des Mystères ou des Secrets de la F\ M\ sous peine d'avoir la gorge tranchée...alors que mon corps serait enseveli dans le sable de la mer... »

J'ai dit.

A\ L\


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