Obédience : NC

R\ L\ L’Horizon flamboyant Carry le rouet

28/11/2003

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers
Au Nom et sous les Auspices de la GRANDE LOGE DE FRANCE
RITE ECOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTE
LIBERTE – EGALITE - FRATERNITE

La planche ou le travail en loge

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Ce travail s’articulera autour de 3 chapitres, hommage, ma vision de la maçonnerie, d’où ma conception de la rédaction d’une planche symbolique, puis quelques suggestions de réflexion.

Je voudrais en priorité rendre hommage à tous ces Frères discrets et travailleurs, qui oeuvrent pour la possibilité du déroulement d’une tenue et de la troisième mi temps, tant indispensable que réglementaire.

Que de travail dans l’humilité et le silence, pour que le local existe, qu’il soit propre et accueillant, éclairé, chaud et en règle vis-à-vis des assurances et toutes autres petites choses de la vie sociétale.

Merci à ceux ou plutôt celui qui assure nos agapes, merci à ceux qui ouvrent leur propre maison ou leur outil de travail pour nous recevoir avec nos compagnes pour la St Jean d’été. Merci à ceux qui prennent sur leur vie familiale et professionnelle, sur leur temps pour assurer administration et formation des jeunes maçons.

Vous pourrez me rétorquer que chacun œuvre dans son domaine, que seul médecin encore en activité de cette assemblée, je veux toujours être à votre écoute ou à votre disposition, dans le cadre de ma spécialité pour amener éclaircissement ou facilitation dans vos démarches.

Vous ne pourrez me dispenser d’avoir honte en arrivant au dernier moment pour m’asseoir, et avoir si souvent envie de rentrer vite pour reprendre force et vigueur après une matinée opératoire et un après midi de consultation seul au cabinet avec les urgences, pour être de nouveau pleinement disponible à 07 heures 30 le lendemain matin.

Je veux enfin vous remercier de votre tolérance devant mes prises de paroles souvent iconoclastes, pas toujours dans la ligne du classiquement accepté, mais je me suis recruté seul en maçonnerie, initié dans une loge que j’ai crue comprendre en sortie de crise, je n’ai jamais eu de formation ou réunion avec un premier ou deuxième surveillant.

Je suis souvent moi-même surpris par les idées que vos travaux me suggèrent et je vous avoue ne pas toujours en comprendre totalement la portée, ou ne les comprendre qu’après mes interventions.

Puissions nous toutefois continuer à sourire, car les mots amour, plaisir et merci n’existent pas dans nos rituels des premiers degrés.

Travail profane, travail maçonnique

Tout travail a un plan clair et intelligible, il reprend l’énoncé, contient introduction, définition des termes du sujet, souvent le classique thèse, antithèse, synthèse, et toujours une conclusion qui résumera les points importants que l’orateur a voulu dégager, et pourra déboucher sur incertitudes et interrogations, bon moyen d’amorcer la discussion.

L’ordinateur permet les relectures, réécritures, ajouts et retraits, remise en page, suppression de doublons, ou hors sujets, de lourdeurs dans le texte, de phrases trop longues.

Nous reviendrons sur les emprunts ou vols de textes.

Plus maçonniquement parlant et pour l’avenir, il est d’usage d’éviter les abréviations, usez et abusez donc sur Word des corrections automatiques, pour Vénérable Maître, mes très chers Frères, Grande loge de France etc, bien d’autre formules viendront encore.

Je voudrais à présent venir sur ma conception de la maçonnerie et de l’ésotérisme.

Des milliards d’étoiles et dans chacune des milliards de galaxies, combien de planètes terramorphes, combien d’apparitions de la vie.

Un homme, c’est essentiellement de l’eau et du carbone, 100 000 milliards de cellules de 350 types différents et 25 000 gênes, peut être à l’origine un regroupement de parasites ayant fait le choix de survivre en commensaux.

Rappel du principe d’Occam qui énonce que lorsque plusieurs solutions à un problème sont présentes, la vraie est la plus simple, autrement dit, si l’homme avait été créé, il l’aurait été simple et de plus parfait.

Toutes les formes de vie ont une intelligence si celle ci se définit comme la faculté d’adaptation à une situation nouvelle.

La pensée n’est pas le propre de l’homme, et nous en avons fait notre principal orgueil.

Et pourtant, en imagerie médicale, l’activation d’une zone du cerveau précède la pensée, la pensée est parallèle à l‘état, l’âge du cerveau et la maladie, et regardez ce qu’un vilain petit caillot fait de vos capacités admirées.

Cette pensée sur laquelle nous basons notre orgueil quand nous sommes probablement la principale imperfection de l’univers, n’est jamais qu’un échange de médiateurs chimique entre deux zones de notre cerveau.

Un élément est perçu par les sens, intégré dans le fonctionnement du moment, confronté aux innés et acquis avec à la sortie, un résultat, par exemple moteur vocal.

Qu’est cet homme qui, dans son infini orgueil, se prenait pour l’intelligence unique de l’univers et s’était créé une âme ?

Corps, cerveau, qu’est l’homme, en grande partie du vide. Si le proton d’un noyau d’hydrogène est un petit pois en place de l’obélisque, l’électron fait le tour de la place de la Concorde.

La pensée est une forme d’activité de la matière quand cette matière n’existe pas, gravité quantique à boucle, super symétrie ou théorie des cordes, il n’y a que de l’énergie qui se conserve et change de forme. Rien ne peut être créé, tout se transforme.

Que devient la divinité anthropomorphe créatrice puis ordonnatrice, ou unifiante des trois grandes lois d’une hypothétique matière. L’architecte peut être une construction intellectuelle vouée comme tout symbole à sa disparition au cours de l’évolution de l’intellect et de la sagesse.

Toutefois, l’important est que nous avons la sensation de la pensée, quelle qu’en soit la nature, quels qu’en soient nos à priori et convictions profondes.

Trois conclusions.

Nous devons travailler, comprendre et transmettre.

Nous sommes des sous ensembles de la totalité et avons en nous mêmes toutes les potentialités et connaissances du tout. Si donc tout est caché en nous, c’est le travail qui nous permettra d’accéder à la connaissance. Toute expression peut donc être un sephirot, une manifestation du tout ou pour certains de la divinité.

L’ésotérisme peut être défini comme un système de cryptage décryptage destiné à amener l’homme toujours au delà de ce qu’il est. Il existe des ésotérismes philosophiques et religieux, le nôtre est technique, issu des compagnons, assis sur le symbole, gigognes multiples d’un mot, mot qui devra être détruit comme le père pour passer au delà.

La petitesse de l’homme limite l’accès à la connaissance. La sagesse a été de comprendre que la possession d’une poussière ne donnait pas tout, quand ne rien détenir était tout avoir et être si différences et limites avaient disparu. Le dernier stade sera celui de la désanthropomorphisation pour ne plus être en quête mais en réception de la connaissance. L’éveil, c’est recevoir tant la nature de l’unité que son mode de décodage. Ils vont permettre à l’homme originel, par l’arrivée en phase avec la vibration de l’infini, de fusionner avec l’unité. Il y a analogie entre la mort et l’éveil, l’une est le retour, l’autre l’accès à la totalité. Peut on ainsi parler d’intelligence de l’univers quand on voit la formidable logique qui le constitue ? L’intelligence n’a plus besoin d’un esprit non matériel pour exister.

Je vous pose donc la question, existe t’il une intelligence de l’infini ?

Nous utilisons 30 % de nos neurones et en perdons notre âge en milliers chaque jour. La technique maçonnique, c’est par la puissance de la pensée, de la recherche et de la réflexion recruter des zones non utilisées, c’est par la technique du symbole, association de mots, modifier la plasticité du cerveau.

Notre technique, c’est exposer devant des Frères qui ne doivent être qu’amour, notre nudité dans la réflexion, ce qui a jailli du plus profond de nous mêmes, et que plongés dans les ténèbres nous avons découvert avec émerveillement, aucun autre système que la maçonnerie dans notre civilisation occidentale ne peut produire ce prodige.

Nous, auditoire, ne sommes pas là pour juger, mais nous réjouir de la progression d’un frère plus jeune.

Pensez vous avoir progressé en volant sur internet ou livres la pensée d’un autre, ne pensez vous pas que ce que vous avez de la peine à lire, car ne venant pas de vous même, ou non logiquement enchainé, nous ne l’avons pas lu avant vous.

Qu’avez vous acquis en recopiant des phrases y compris du rituel ?

Un bon travail n’est pas pour moi un beau travail.

J’ai le souvenir et le bonheur de l’aveu de deux frères de n’avoir rien compris à des propos qu’entre plus anciens nous échangions alors que nous parlions un français tout à fait correct.

Parfois, dans le foisonnement des phrases qui seront apparues sur vos moyens de mémorisation, vous ne comprendrez pas ce que vous avez écrit. Formulez et questionnez, peut être aurez vous une réponse, sinon patientez, l’inconnu s’éclaircira.

J’ai ainsi le souvenir d’une phrase écrite restée longtemps mystérieuse : « Je suis quant tout était et sera et que rien encore n’est ».

 J’ai compris que je sais, que je saurai, que je ne saurai jamais, quand toute solution est la question du monde suivant.

Comment construire alors un travail.

Nous avons tous un jour été parfaitement secs devant un sujet.

Laissez faire le temps, votre cerveau a commencé à travailler, lorsque le sujet vous a été donné, sans que vous en rendiez compte, notez, notez notez en toute condition toute idée parfois saugrenue qui ne va pas manquer de jaillir, laissez une fenêtre ouvrable sur votre PC, écrivez sur ce que vous avez sous la main, utilisez la dictée de votre portable.

Et un jour, le plan va logiquement apparaître, avec ses chapitres et sa conclusion, faites des enveloppes ou des dossiers, classez dans chaque toutes les phrases que vous avez au fur et à mesure écrites, regroupez, reclassez et écrivez, votre première planche est faite.

Mais préparez vous à relire, refaire, corriger, ordonner.

Réjouissez-vous de votre création, mais apprenez l’humilité…et le doute, car un jour, vous entendrez sur les colonnes, le terrifiant « oui, mais ».

Vous aurez eu la confirmation que la quête est longue difficile et ingrate.

Tout a déjà été écrit. Nous n’inventons rien. Le travail est indispensable si nous ne voulons pas devenir des frères convers. L’intérêt du système n’est pas de répéter ce qu’un autre a écrit, mais de construire le travail autour d’un simple mot, le symbole, au centre d’une page blanche. Ce mot est un système projectif qui va nous attirer, matérialiser une partie de nous mêmes pour nous amener dans des temps et espaces infinis.

Le travail manie symbole, analogie, paradoxe et antinomie. Le langage n’est plus celui du monde profane. L’homme va parcourir des mondes de réflexion successifs ou gigognes. Pour ce faire, il devra en trouver les portes. Ces portes ont des clefs, les symboles.

On peut se demander comment se parcourent ces mondes.

Est-ce de manière linéaire puisque nous allons toujours plus loin ?
Est-ce par sphères concentriques, mais alors dans quel sens, l’extérieur ou le centre ?
Est-ce par spirale, mais là aussi dans quel sens et dextro ou sinistro versum ?

Mais cela a t’il une importance, car de même que tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, tout point du cosmos et au delà sera toujours au centre et le centre à un temps zéro. Je ne suis pas le centre, mais toujours au centre de l’infini et de l’espace.

Les mots amour, plaisir et merci n’existent dans aucun rituel mais ils sont bien la raison ici de notre présence.

La maçonnerie est une longue marche asymptotique, un jour vous passerez la limite de chaque grade car le mot, le symbole de l’asymptote suivante vous aura dans une cérémonie particulière été révélé.

Vous êtres dans la quête du sacré, ce monde qui commence là où l’imaginable et l’intelligible s’arrêtent.

Travaille sur et en toi même, fais nous le cadeau de ton témoignage. Nous ne sommes pas des juges seulement les miroirs de ta progression. Le travail n’a pas de valeur devant l’autre. Il n’en a que devant toi, car il marque une étape de ton évolution. Tout travail est l’arrêt du temps, c’est mettre sur une page, ce que tu es à un moment donné. Le sujet n’est souvent que prétexte, et la conclusion risque d’être toujours la même à un moment donné. La pensée fluctue et est bornée par le travail, car tu auras demain oublié ce que hier tu étais.

Le discours ne peut être compris de tous et parfois même de toi même, car tu n’auras pas immédiatement compris tout ce que ta plume avait écrit. Le discours n’est jamais un dogme mais une étincelle fugace.

Souvenez-vous ?
La tangente au dogme est le début du renouveau et de l’évolution.
La sagesse est l’acceptation de tous les possibles.
Quelle est dans la solitude, la frontière entre la sagesse et la folie ?
Le libre arbitre est une réponse intellectuelle à une vérité biologique intolérable.
L’émotionnel est un instant fugitif et merveilleux, le rationnel est un élément qui peu à peu et lentement se construit et s’élabore.

Sommes-nous dans un déterminisme dirigé ou dans un non déterminisme aléatoire ?

On est plein de sagesse quant on oublie ce que l’on est ou a été. Utilise ce que tu es, oublies qui tu es, apprends et retrouves d’où tu viens, redeviens et sois ce qui es, l’un le tout.

L’homme n’est plus car il était encore sans le savoir, et il sera de toute éternité, car il sait et est l’éternité.

Je terminerai quelques unes parmi beaucoup, par mon testament philosophique il y a un quart de siècle : Le malheur de l’homme vient de son accoutumance à l’extraordinaire, de sa séparation de son environnement primitif, de plus savoir un instant s’arrêter dans sa course folle pour regarder et lui et ce qui l’entoure.

J’avais écrit cette phrase lors de ma préparation du bac, vous serez juges de son actualité.

Mais ce discours, vous l’aviez bien compris, n’engageait que moi. Je vous embrasse.

Vénérable Maitre et vous tous mes très chers Frères, j’ai dit.

D\ G\


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