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Les Saints-Jean, La Méditerranée, l'Europe et leurs peuples, quels dialogues ?

Cette question n'est pas nouvelle, elle se pose toujours comme un énorme point d'interrogation qui s'éloigne ou se rapproche selon les évènements créés par les peuples riverains ou par ceux qui vivent dans les bassins des grands fleuves qui ont leur estuaire en Méditerranée.

Les religions et les différents mythes du bassin méditerranéen firent, au cours des siècles écoulés, de nombreuses tentatives pour mettre en place autour des rives habitées, la carapace d'une élémentaire « sagesse », souvent par la force, en créant ou en détruisant empires et royaumes.

Durant toute cette longue période, il n'a jamais été question de dialogues, seule la force qui oppose les hommes était l'instrument qui imposait, par le moyen de diviser pour régner, religion, conquêtes, commerces et même canons artistiques dans ce climat d'intolérance manifeste.

Pourtant, entre ces îlots à première vue figés, s'est faufilée, à partir de l'an 600 avant J.C, une nouvelle manière de penser, d'évaluer, de synthétiser les éléments connus ou à connaître grâce aux travaux et découvertes qui furent développés par la civilisation grecque, héritière des précédentes, Sumer et l'Égypte.

La « science » et la « philosophie » venaient de faire leur apparition sur la scène de l'Histoire, la civilisation du Verbe et du Livre se mettait en place et elle apportait avec elle cet élément, cette interface jusque-là inconnu.

« Le doute... »

Ce fut la première fenêtre ouverte sur l'inconnu, l'édifice mythique et dogmatique n'était plus hermétique; une modification, modeste au début, venait de se faire dans la carapace antique apparemment infaillible ; le point d'interrogation venait d'apparaître au-dessus de la Méditerranée et de ses habitants ; une question, un point d'interrogation, un doute, n'étais-ce pas déjà une amorce de dialogue ? 

Si les Grecs furent à l'origine de la diversification de la promotion de la science et de la philosophie, les Romains, les Arabes et les Juifs prirent aussi, par la suite, une grande part à leur diffusion sur les deux rives de la Méditerranée pour s'étendre jusqu'aux régions les plus septentrionales de l'Europe.

Cependant à l'époque romaine, discrètement, en Judée un homme un Juif que nous appelons aujourd'hui Jean le baptiste et que nous associons au solstice d'été, s'adressait à la foule et annonçait la venue de la Vraie Lumière ; celle qui allait éclairer le chemin des hommes pour leur dévoiler l'existence de la fraternité, de la tolérance, du don de soi et de la solidarité ; une si petite chose apparemment parmi tant de grandes choses et pourtant, ce qu'il disait s'est accompli jusqu'à nos jours.

La deuxième fenêtre, toujours sous l'impulsion des Grecs, s'ouvrit et laissa entrer encore plus de Lumière dans la carapace appareillée par les dogmes et les pouvoirs, elle prit le nom de Démocratie, ce fut une véritable révolution pour ceux qui en bénéficièrent.

L'esclave lui, au service des démocrates, conserva le statut d'une « CHOSE avec une voix ».
Néanmoins les deux fenêtres étaient ouvertes et nous bénéficions encore aujourd'hui de cet éclairage qui bouleversa le monde méditerranéen d'abord et européen ensuite.

Le dialogue entre l'individu et la cité venait de naître, pour la première fois apparaissait le citoyen.

Mais aussi, par l'ouverture de cette deuxième fenêtre, apparaissait la venue de la Vraie Lumière celle que Jean le Juif avait annoncée.

Un autre Juif, que nous appelons Jésus, naissait dans l'inconfort d'une étable et, après avoir donné un message d'amour aux hommes, mourrait crucifié parce qu'il avait osé dire :
« Vous parcourez votre chemin dans les ténèbres, je vous apporte la Lumière pour vous aimer les uns les autres. » 

Le deuxième Jean, cet autre Juif disciple de Jésus, qui le fit connaître depuis sa retraite de Pathmos, celui que nous appelons l'évangéliste, que nous fêtons aujourd'hui au solstice d'hiver pour observer le retour de la Lumière, a écrit l'un des évangiles, qu'utilise cette Loge de Francs-Maçons.

N’a-t-il pas été l'interface entre le monde antique et le monde nouvellement éclairé qui s'ouvrait devant l'Humanité ? Vraisemblablement ce fut le cas jusqu'à aujourd'hui.

Pendant presque mille ans, le bassin de la Méditerranée fut un énorme livre où furent consignées toutes les découvertes scientifiques et éthiques, que les moyens de communication de l'époque permettaient d'échanger. 

N'était-ce pas là déjà, la preuve d'un formidable dialogue engagé entre les élites intellectuelles et artistiques auxquelles nous ajouterons les associations d'artisans et confréries Compagnonniques de l'Antiquité, du Moyen Age et de la Renaissance ?

C'est certain, mais, il n'en fut pas tout à fait ainsi ; l'Europe née des invasions successives et des oppositions qui en résultèrent; le chaos qui suivit l'effondrement de l'Empire romain en 465 permit à la religion chrétienne de s'implanter solidement au moyen des ordres monastiques.

Le dialogue n'était pas au rendez-vous, le monologue chrétien allait imposer sa loi à une grande partie de l'Europe et de la Méditerranée pendant des siècles, la Vraie Lumière d'amour était occultée et remplacée par une lumière de pouvoir ; la Force avait remplacé la Sagesse.

Toutefois, à la suite des Croisades, la libre-pensée se faufilait déjà à la Renaissance, via les métiers de la construction, des Arts et même de la musique, vers le siècle fertile à son épanouissement, le XXVIIIe.

L'Islam ne fut pas en reste puisque dès le VIIIe siècle la rive sud de la Méditerranée et une grande partie de l'Espagne furent sous la domination arabe jusqu'en 1492. Remercions-les de nous avoir fait connaître, avant l'an mille, les philosophes grecs de l'Antiquité, les 9 chiffres indiens et cette merveille mathématique qu'est le zéro.

Tout bascula au XVe siècle, en 1492, lorsqu'un enfant de l'Italie de la Renaissance fit un rêve fou et s'en alla vers l'ouest pour atteindre l’Inde et découvrit le nouveau monde.
En même temps, disparaissaient l'influence de la Méditerranée, la pensée et la science des Arabes en Espagne, laissant l'Europe pitoyablement livrée aux guerres de religion et aux excès de l'Inquisition.

Dès ce moment, le chaos réapparut et la Méditerranée se replia sur elle-même, elle ramena sur elle sa couverture de brume et eut le chagrin de voir que les hommes qui l'avaient tant aimée au point de s'entre-tuer pour la posséder l'oublièrent pour s'en aller vers ces nouveaux espaces où l'on disait que le soleil ne se couchait jamais. Néanmoins, sur la rive nord, des hommes comme Montaigne, Descartes, Spinoza, Rubens, Michel-Ange et Léonard de Vinci, Averroès, Avicenne, Érasme et tant d'autres perpétuèrent science, arts et philosophie en dépit du chaos et de la prédominance de l'Église et de l'absolutisme royal.

L'éthique, chose nouvelle, continuait à circuler dans les esprits des XVI et XVIIe siècles, la Lumière qui allait éclairer le siècle suivant prenait forme.

Mais à notre époque, nous peuples de l'Europe moderne, avec nos jugements de valeurs rationalistes, si nous voulions imaginer la panoplie de ceux que nous voudrions voir dialoguer entre eux, serait-ce :

Entre la Chrétienté et l'Islam ?

Entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée ?

Entre les Francs-Maçons qui existent partout en Europe ?

Entre ceux qui ont du pétrole et ceux qui n'en ont pas ?

Entre les hordes de touristes qui envahissent les rives de la Méditerranée chaque année et le flot d'émigrés qui, n'ayant plus rien à perdre, montent vers le Nord de l'Europe ?

Entre les États tolérants vis-à-vis des Droits de l'Homme et ceux qui les rejettent ?

Il y a encore le cas où un territoire est revendiqué au nom d'une Tradition religieuse ancestrale et où le dialogue toujours rompu se transforme en affrontement meurtrier.

Faut-il alors renoncer à entreprendre quelque chose ? N'y a-t-il rien à proposer, à envisager pour sortir d'une impasse historique à bords tranchants et apparemment sans issue ?

Pour répondre à cette question, ne nous égarons pas trop vite dans les méandres des Déclarations, Chartes, Conventions et Résolutions instituées par les Organismes internationaux mandatés, elles sont plus ou moins acceptées, parcimonieusement appliquées et même parfois totalement rejetées. Elles sont souvent émises par des Organismes qui connaissent mal ceux à qui elles s'adressent, l'Histoire fourmille d'exemples où le remède a été pire que le mal.

Après la science, la philosophie, la démocratie, le message d'amour et de solidarité, nous avons ouvert, nous les Francs-Maçons, la troisième fenêtre du Temple, celle par laquelle pénètre la lumière de l'éducation et de la connaissance, la lumière indispensable au dialogue où l'individu est face à lui-même et aux autres, conscient de ce qu'il est au sein de l'humanité qu'il contemple par les deux autres fenêtres déjà ouvertes.

Parce qu'il pouvait associer la liberté de pensée, le regard, le livre et la parole,  l'Homme allait devoir apprendre, redevenir apprenti, à être un membre actif de cette humanité ; à être un homme libre, à être un homme qui a remplacé la croyance par la Foi, le dogme par le doute et la raison, la dictature par la démocratie, l'esclavage par la Liberté, le châtiment par la tolérance.

Pour nous adresser, à notre époque, à ceux avec qui nous voudrions dialoguer qu'ils soient ou non de notre culture, où sont les limites de ce que nous appelons la Méditerranée ?

Du coté de la rive nord, est-ce une zone fictive située au sud d'une ligne, que l'on pourrait tracer de Bordeaux à Istanbul et passant par Lyon et Venise, la Méditerranée verte pourrait-on dire, située en Europe ?

Sur la rive sud de couleur ocre, les limites, situées en Afrique, sont-elles mieux définies, ou sont-elles floues comme le désert qui s'enfonce vers le centre de l'Afrique, floues comme l'adresse des camps des nomades, floues comme la position des sources d'eau vitales pour les habitants culturellement riches par les effets d'une Tradition toujours en vigueur ?

Est-ce cette différence de potentiel qui fit de tout temps circuler un courant civilisateur dans les régions entourant l'énorme étendue d'eau saumâtre dans laquelle l'Italie baigne son énorme jambe ? Est-ce cela qui fit s'épanouir, au XVIIIe siècle, la raison qui allait donner aux hommes le libre arbitre et le terrain fertile où grandirent les semences appelées « sciences, Liberté, philosophie, démocratie, citoyenneté » ?

Oui, et le courant de pensée issu du siècle des Lumières a été à la pointe du progrès dès sa naissance parce que ses membres étaient des hommes libres, parce que « éduqués » aux sciences et aux lettres de leur époque, celle des « Lumières ».

Qu'en est-il à présent, existe-t-il un ou des dialogues entre l'Europe, la Méditerranée ?

Comme il l'a affirmé depuis le XVIIIe siècle, l'homme libre pense que c'est ce dialogue entre les hommes et les femmes de chaque époque qu'il faut intensifier, pour se  découvrir des affinités mutuelles si longtemps occultées, pour mettre en commun systèmes et méthodes permettant de promouvoir l'éducation à la citoyenneté à tous les niveaux des écoles ou dans les lieux d'éducation, de rencontre et de réflexion.

Se parler, s'écouter, se regarder, partager et surtout échanger avis et suggestions pour que chacun puisse exposer librement ses idées sans contrainte telle que cela se fait en Loge.

La question posée en titre, tout en étant ancienne, est d'une brûlante actualité ; pour y répondre, la rhétorique a montré ses limites, alors agissons en être humain et seulement en être humain au moyen de ce privilège dont nous bénéficions, LE DROIT A L'ÉDUCATION.

La Franc-maçonnerie a montré que sa méthode pédagogique, basée sur le travail individuel, est bienfaisante pour l'ensemble de la collectivité. A nous de répandre dans ce monde cet idéal et cette méthode pour que l'Humanité puisse admirer par les trois fenêtres, enfin ouvertes, ce que signifie réellement être libre.

Si nous laissons passer cette chance, nous en serons alors réduits à considérer que dorénavant, le hall d'un supermarché ou la terrasse du « Café du Commerce » deviendront la Tribune du peuple et seuls endroits où existera la liberté d'expression et l'échange d'idées, avec toutefois ses limites, ses extrémismes et même parfois ses violences ?

C'est peut-être une fois de plus là, comme ce fut le cas à Athènes, il y a bien longtemps, que se noueront les vrais dialogues entre les humains puisque les États responsables ne conçoivent presque toujours le dialogue que d'une manière qui ressemble fort à un monologue, le leur.

De l'autre coté la puissance de l'argent réduira-t-elle l'Humanité à l'état d'esclave moderne, rivé derrière un PC, transformant des produits industriels alimentaires et autres en déchets de toutes sortes pour le profit de quelques uns ?

Ne nous laissons pas envahir par l'espoir stérile, les phrases toutes faites n'ont plus leur place dans le monde injuste et cruel actuel, ce qu'il faut c'est mettre des actes en pratique et être convaincu que dorénavant ce ne sera plus « si Dieu le veut »  ce sera « si l’homme le veut » et l’homme c’est le citoyen.

Celui-ci a son destin entre les mains, il peut faire disparaître, en moins d'une journée, trois mille ans de civilisation par l'usage inconsidéré et irresponsable des moyens de destruction qu'il a mis au point. Est-ce une éventualité ? Mieux c'est une possibilité !

Les atteintes déjà irréversibles à l'environnement vont mettre la vie sur la Terre en grand danger; pour le profit immédiat tout sera mis avant la protection de la qualité de la survie de l'Humanité. Allons-nous assister à ce spectacle qui va nous détruire sans réagir ?

Peut-être est-il déjà trop tard ? Je ne le crois pas, comme par le passé, les peuples citoyens de la Méditerranée et de l'Europe, qui disposent des trois flambeaux civilisateurs qui sont : les temples, les églises, les mosquées, les synagogues pour la Sagesse ; la place publique pour la Force de la démocratie et le marché pour admirer la Beauté et consommer les fruits des travaux des hommes et de la nature. Ils seront, encore une fois, les détenteurs, les gardiens et les continuateurs de ce qui semble manquer à bien des endroits de la planète, une civilisation basée sur l'homme, sa liberté de conviction, sa culture, son savoir, son savoir-faire et non sur le dogme, la contrainte, l'esclavage économique et la machine avec ses dérivés.

Il y a, j'en suis certain, encore des hommes et des femmes, parmi le monde profane et les Loges maçonniques, qui sauront mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour que l'Humanité ne sombre pas dans un irréversible chaos.

C'est en étant capable d'avoir su appréhender la réalité que nos prédécesseurs et en particulier les francs-maçons depuis le XVIIIe siècle, ont donné à l'Humanité la démocratie, les moyens de s'instruire et de décider de l'avenir tous ensemble et non selon le désir de profit et l'ambition d'un ou plusieurs potentats.

Serons-nous assez téméraires, nous Méditerranéens et Européens du troisième millénaire, pour affirmer que l'espoir de Paix, le respect de la dignité humaine et la justice reposent peut-être sur le fait que nous devons faire notre devoir de citoyen, et rien que notre devoir comme le firent les deux Saint Jean patron de la Franc-maçonnerie ?

Oui, nous pouvons répondre à la question du titre par : 
Communiquons, communiquons, il en restera toujours quelque chose, parce que « L'on ne va pas chercher la paix chez les autres, on l'apporte avec soi ! »

Et soyons convaincus que, comme par le passé, La Méditerranée sera toujours le futur d'une histoire.

S\ J\ d\H\


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