Obédience : NC Loge : NC 26/04/2011

 

Impressions d’initiation

Il y a plusieurs mois, j’ai formalisé mon souhait d’entrer en F\ M\ et d’effectuer sur moi ce long travail d’éveil de la conscience.

Les trois enquêtes qui ont jalonné le dernier trimestre 2010 m’ont permis simplement et naturellement de me présenter à vous mes FF\. L’exercice, bien que simple dans sa forme, n’en était pas moins déjà utile à mon introspection.

Durant les jours qui ont précédés mon passage sous le bandeau, les évènements de la vie m’ont mis à rudes épreuves et c’est tel un point de fuite d’une gravure de Maurits Cornelis Escher que je me suis présenté à vous, égaré entre la 2ème et 3ème dimension.

C’est épuisé et euphorique que le lendemain, par l’annonce de votre choix, je pris réellement conscience de mes états affectifs. Cette découverte à l’intérieur de moi-même avait débuté. Le frisson qui me parcouru était-il une sensation de joie ou de peur ? Certainement les deux, la joie d’avoir réussi une épreuve, mais la peur d’admettre que d’autres plus fortes restaient à venir.

En entrant dans le cabinet de réflexion, je me suis senti comme entrant dans l’hiver, la mort du profane que j’étais, étant toute proche. La flamme de la bougie fait vaciller les formes macabres et les objets symboliques disposés dans cet étroit tunnel sans sol ni plafond.

Le silence ouaté m’entourant, m’absorbe, me pénètre et me paralyse. Mon regard se promène et suit les reflets dorés de cette lueur chatoyante, il glisse sur la surface noire de cette cellule et se heurte à mes pensées. Les maximes énigmatiques et le bruit sourd et croissant qui pénètrent par je ne sais où, sont autant d’obstacles à l’assemblage de ma pensée, vers ce long voyage qui m’attend.

Mon testament philosophique mis à plat, et quelque peu rassuré d’être accompagné de mon jumeau pour ce voyage initiatique, j’en oublie presque que ma poitrine mise à nue, je viens de me faire enchainé, encordé, et dépouillé de mes métaux.

Bien que l’échelle du temps se soit comprimée et dilatée depuis mon entrée dans le cabinet de réflexion, il m’est encore donné la possibilité d’appréhender l’espace par mon regard. Celui-ci étant désormais impossible, mes sens s’en trouvent totalement modifiés. Relié au monde profane par ma corde autour du cou, je traverse bien malgré moi la porte du temple, telle une dernière contraction avant l’expulsion d’un accouchement, je rampe au sol pour trouver le chemin.

Comme pour reprendre connaissance, et avec insouciance, je me rassasie de la douceur de la coupe du savoir, qui laisse place rapidement à l’ingratitude et à l’amertume. Les tourments mis de côté, c’est le goût suave et liquoreux que je savoure enfin. Ce réconfort ne fut que de courte durée. Déstabilisé par le fracas ambiant, trébuchant sur des obstacles, me revoilà perdu derrière ce bandeau, et seul face à moi-même pour ce premier voyage. Cette métamorphose que j’envie et appréhende prend forme.

Les éléments symboliques du cabinet de réflexion, d’un coup se matérialisent devant moi. Tout s’entrechoque, se mélange, rythmé par le cheminement au plus profond de moimême. Mes sens sont aux aguets, et cherchent des points de repères dans ce tumulte de la vie.

Je vacille, je glisse, le sol tremble et se dérobe sous mes pieds, le ciel gronde et fait vibrer les parois de ce sanctuaire. Le souffle me fait fléchir, et l’ascension reste totale. Retenu et guidé par ce bras protecteur, je discerne mes erreurs et glisse vers cette « voie intérieure » source de
sagesse et d’humilité.

Les vibrations se sont assagis, les cris ont laissé place à des paroles moins effrayantes, certaines mêmes familières. Comme une décrue annoncée, le cours d’eau retrouve sont lit et me lave de mon avilissement. Il me faudra faire les bons choix pour éviter les écueils qui arpentent ce deuxième voyage.

Il est temps pour moi d’affronter ma vérité, celle qui perdure et se cache dans le plus éloigné des recoins de mon existence. C’est avec calme et force que le feu m’a transmis sa chaleur durant le troisième voyage, ce rayonnement que vous tous mes FF\ m’avez donné à l’instant même où le bandeau s’est abaissé pour laisser place à la lumière.

La clarté prend le dessus sur l’éblouissement, et sorti de nulle part, je vous distingue enfin, vous tous mes FF\, nous encadrant de vos glaives de la sagesse, mon jumeau à ma droite. Nos serments nous ont servi de repères dimensionnels, dérisoires certes, mais néanmoins rassurants dans cet espace irréel.

Encore fraichement éclos, mes yeux avides de réponses cherchent des visages familiers, les tensions se relâchent et l’aveuglement a laissé place à la découverte. Celle-ci me glace, quand ce miroir posté derrière moi me livre par mon reflet l’image de mon pire ennemi.

Je repense alors à une citation de René Schwaller de Lubicz : « ce qui est visible est le reflet de ce qui est invisible ».

C’est heureusement, avec plein d’allégresse, que ce voile obscure a laissé rapidement place aux traits si familiers de ce F\. Lui qui m’a pris sous son aile comme un père, avec mes défauts et mes faiblesses, et a su prendre le temps de me montrer le chemin, portes après portes.

Initier l’éveil et ouvrir l’esprit d’un profane, le faire renaître maillon de cette chaîne d’union, quelle joie, mes FF\, je vous l’avoue de m’avoir fait éclore à l’aube du printemps 2011.

J’ai dit.

P\ B\ O\


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