Initiation

Une journée un peu spéciale, au bureau, je ne cesse de regarder ma montre, un peu « speed », énervé… J’envoie quelques SMS, dont à A\ :

• Tu seras là ce soir - Bien sûr ;
• On se voit avant - (…)

C’est l’heure, un peu stressé j’arrive sur le seuil du 16 rue cadet, je présente ma convocation et l’on me conduit en salle d’attente, la même salle que pour le passage sous le bandeau. Je suis accompagné de J\ F\ que je n’ai jamais vu, nous ne parlons pas. Quelques minutes après arrive V\ qui était également présent lors de la première étape, nous discutons tous les trois et patientons. J’espère dans mon fort intérieur que cette attente ne sera pas trop longue comme elle l’avait été lors du passage sous le bandeau.

Ca y est, on vient nous chercher, encore une fois on nous bande les yeux et l’on nous conduit dans les méandres du bâtiment, nous sommes séparés, chacun dans une pièce, on me débande les yeux. Je suis dans une pièce aux murs noirs avec quelques écrits à la craie presque effacés, comme des derniers avertissements sur le choix que je suis sur le point de faire. On me remet deux enveloppes, une pour y mettre mes objets précieux et une pour y ranger mon « testament philosophique » que je dois compléter.

A la lecture des questions, je me rends compte que je ne suis pas là pour rigoler : Quels sont les devoirs de l’homme envers lui-même, sa famille, la cité, l’humanité…quels souvenirs souhaiterais-je laisser à la postérité ? Combien ai-je de temps pour répondre, on peut y passer des jours ! Les réponses seront-elles lues, devrons-nous les lire, je ne suis pas allaise à ce type d’exercice… Je me lance…

Terminé, je prends plus le temps de regarder les objets qui m’entourent : une bougie qui m’éclaire à peine, un miroir triangulaire qui reflète mon image, du pain sans doute sec et que je n’ose toucher, de l’eau croupie, deux soucoupes avec, ce que je crois deviner du sel pour l’une, pour l’autre ? De la farine ? Une image que j’ai un peu de mal à comprendre dans son intégralité, un crâne, ok, un coq ? ...un mot ou plutôt sept lettres, V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\, ça fait peur mais je ne comprends pas…

Ensuite je patiente, je réfléchis, pourquoi je suis là, quelle est la suite… C’est un peu long…

Enfin, de nouveau bandés, nous sommes conduits, je crois au seuil temple. Là je crois que mes souvenirs s’embrouillent notamment dans l’ordre des événements…

Nous y pénétrons par la « petite porte », courbés, il nous est redit les grands principes de la franc-maçonnerie, liberté, égalité, fraternité, laïcité… Une nouvelle fois et à chacun, il nous est demandé de confirmer notre volonté et notre liberté à vouloir devenir franc-maçon. Tous nous répondrons oui ! On nous demandera de confirmer à de nombreuses reprises, et de s’engager sur la confidentialité de ce que nous pourrons entendre ou voir.

Il nous est posé quelques questions, à ce moment, j’ai un peu peur de revivre le jeu des questions/réponses du passage sous le bandeau, mais non à chacun une : S\ « la solidarité », J\ F\ « la morale » (plus compliquée celle-là !) et V\ « la tolérance »…

Nous retournons nous assoir à l’extérieur et là, on nous débraille : ôter une chaussure, la droite…, sortir le bras gauche de la chemise laissant apparaitre la poitrine, et…on nous passe littéralement la corde au cou et enchaine les mains… Là dans ma tête, ça se complique, je continue j’arrête, mon coeur bat très vite…je pense à la symbolique, mon âme est perdu dans le noir, tout se mélange la purification, la mort, la démarche gauche…

Nous retournons ainsi à l’intérieur du temple, ai-je l’air ridicule, ai-je des connaissances dans la pièce, de toutes manières « ils sont passés par là aussi »…Aie, une pointe sur le coeur et on me dit que c’est une épée… J’ai même peur que ça saigne… On sait maintenant que si nous trahissons…

S’en suivent trois voyages nous sommes conduits à travers un chemin semé d’embuches, une planche à bascule, des « pierres »…nous sommes bousculés mais toujours accompagnés de deux et ensuite une personne, un énorme vacarme est fait autour de nous.

Il nous est expliqué qu’il s’agit de notre évolution, enfant puis adolescent et enfin adulte.

A chaque étape on nous « libère », les mains, on nous ôte la corde…à quand le bandeau ?!

On nous purifie l’eau, l’air, le feu (très impressionnant).

Il semble que nous ayons fini les épreuves, et tout se bouscule, je ne suis plus certain du tout de l’ordre des évènements :

• je prête serment sur une épée ;
• je bois un breuvage extrêmement amer ;
• enfin, on me lève un bout de bandeau, pour voir un cadavre maculé de sang…nous serons poursuivis jusqu’à la mort en cas de trahison ;
• nous passons de mains en mains très chaleureuses…

Il nous est demander de nous revêtir correctement, je suis beaucoup moins tendu, le discours envers nous semble avoir changé, il est temps de nous ôter le bandeau…le temps de me recouvrir la vue, je suis nez à nez avec une épée pointée sur moi, j’aperçois M\ venue spécialement de Pau, je cherche A\…

On me dit que mon pire ennemi est derrière moi, un miroir ! Enfin je retrouve A\…

Ensuite c’est encore plus confus. La réception par le Vénérable Maître, trois coups de burin sur une pierre, on brule nos testaments, une signature, on nous remet les éléments indispensables que sont le tablier et les gants blancs…et enfin un moment presque qu’incroyable, mon « adoubement », « je vous crée, constitue et reçois apprenti franc-maçon ». Il s’en suit les mots de passe, les phrases, les attouchements…

La tenue continue, nous nous asseyons dans les rangs de la colonne du Nord, des frères de différentes loges, de différentes obédiences qui félicitent le Vénérable Maître pour la qualité de l’initiation et lui adressent les amitiés d’autres loges… Je suis un peu perdu comme abasourdi…le « déstresse » ?

Enfin c’est la fin des travaux, nos frères se lèvent nous félicitent, nous embrassent… Je retrouve M\, très émue, et A\…

Un grand moment !

Merci.