GODF Loge : NC Date : NC

Impressions d’Initiation

Intéressé par la franc-maçonnerie, c’est après un certain temps de réflexion que j’ai demandé mon admission dans cet ordre. Lorsque l’on prend un engagement, il faut être fidèle à l’idéal que l’on s’est fixé. Cet idéal doit correspondre à l’orienta­tion que l’on veut donner à son existence. Ainsi, l’idéal de la Franc-­Maçonnerie : recherche de la Lumière dans la Liberté, l’Egalité et la Fraternité traduit la finalité de l’existence humaine telle que je la conçois.

Mais un être isolé ne peut atteindre ce but ; il est faible, il doit se heurter à tant de difficultés venant de lui-même et de ses semblables, pour les vaincre il doit être entouré de sympathie, aidé par d’autres, animés du même idéal que lui.

Ceci nous amène aux diverses démarches et épreuves qui ont précédé mon initiation

·        Les contacts individuels que j’ai beaucoup appréciés, dans lesquels j’ai senti la sympathie, la volonté de recherche de la valeur morale de l’individu, la sincérité de ses réponses.

·        L’interrogatoire sous le bandeau, qui suscite de l’anxiété car il laisse peu de place à la réflexion. De plus, les questions sont si diverses et touchent profondément l’individu car elles le concernent directement.

C’est donc avec une grande émotion et une grande joie que j’ai appris le résultat de ces démarches et la date de mon initia­tion. C’est aussi avec une certaine fierté oui n’a rien à voir avec l’orgueil que l’on apprend qu’un groupe veut bien vous admettre dans son sein.

Cette attente du jour de l’initiation nous permet donc de mûrir les raisons qui nous ont poussé à entrer dans la Franc-Maçonnerie et à oeuvrer pour un idéal commun, dans une ambiance ayant un support affectif :  la fraternité, élément que je juge très impor­tant.

Un autre sentiment se précise : l’anxiété résultant de l’attente des épreuves que l’on ignore. Ajoutons à cela l’impatience du dévoi­lement.

Le jour enfin venu, nous sommes introduits dans une petite pièce sans ornements, propre à la réflexion, encore que celle-ci ne puisse se poursuivre que dans le calme de l’esprit.

L’émotion et l’anxiété augmentent. Le moindre bruit de pas est perçu.

Enfin, après un temps qui nous paraît excessivement long, on vient nous chercher.

Après nous avoir bandé les yeux, on nous conduit dans un lieu qui appelle à la méditation. Entre la tête de mort qui rappelle la fragilité de l’existence humaine et les maximes, l’individu se retrouve en face de lui-même. C’est dans cette atmosphère qu’il est invité à repenser à son idéal, à remettre en question l’orienta­tion de sa vie, enfin à rédiger un testament. Nous sommes donc amenés à reconsidérer notre propre vie, à mourir à la vie de pro­fane. Bien sûr, l’homme entre dans la Franc-Maçonnerie avec ses forces et ses faiblesses, face à son semblable en possession de ses propres attributs puisque telle est sa nature. Il y a donc une réaction de part et d’autre. Une prise de conscience est nécessaire afin de faire intervenir les forces de contrôle (raisonnement). Pour cela, il faut faire abstraction de soi-même, éviter de juger à travers ses propres valeurs puisque l’individu est lié à son histoire, à son éduca­tion. Mais la croyance en la perfectibilité de l’homme doit être à la base de nos actions. C’est par l’altruisme qu’il peut être régénéré.

Cette épreuve est suivie de près par celle de la terre. Celle-ci nous donne une leçon d’humilité., Nous y retrouvons le principe d’égalité. En effet, la mort ne connaît pas de barrières sociales. Cependant, quitter ceux que l’on aime, penser que l’on ne les reverra jamais, c’est une réalité qui n’est pas si facile à accepter, même si c’est un fait inéluctable. Conserver sa dignité au moment de la fin demande un certain courage.

Vient ensuite l’épreuve de l’eau, symbole de purification. Régé­néré, l’individu peut prendre place parmi les élus.

L’épreuve de l’air représente à mon avis le s\ouffle de la vérité et de la vie. Tout être vivant respire, s’anime, agit.

La présence d’un obstacle surgissant sur notre parcours est des­tiné à nous rappeler l’image de l’existence parsemée d’embûches.

Pour vaincre les difficultés que l’on rencontre, un effort soutenu est indispensable. La joie de surmonter les épreuves est d’ailleurs d’autant plus grande que l’effort a été important. Toutefois, la présence d’un guide est d’un grand secours en la circonstance. Pour ma part, je lui ai accordé toute ma confiance. Nous avons besoin de nous appuyer sur quelqu’un et cela justifie la solidarité humaine, voire la fraternité. Le profane est comme l’enfant qui cherche un modèle.

Enfin, dernière épreuve, celle du feu. S’il symbolise aussi la purification, le feu est source d’énergie, moteur de toute action. Posséder un idéal, c’est bien, mais faut-il encore acquérir la volonté indispensable pour atteindre un but.

Le parcours se termine, mais nous ne pouvons passer sous silence l’impression qui nous saisit lorsque l’on nous débande les yeux. Le profane ne peut jusque-là manifester d’assurance, il est maladroit; cependant, c’est par le tâtonnement que l’on parvient à la Lumière.

C’est pourquoi, les épreuves terminées, le bandeau de l’ignorance est retiré pour donner accès à la Lumière. Ce n’est pas sans une réelle satisfaction que l’on retrouve des visages connus, voire des visages qui nous sont chers.

Enfin, après l’effort, la récompense, et nous avons la joie d’être jugé digne de porter les insignes de notre Ordre, concrétisation de notre promotion.

Certes, au cours de ces épreuves, une explication nous a été donnée, mais nous étions saisis d’une telle émotion qu’il est bien difficile d’en retrouver le contenu. Aussi, pour ma part, j’ai cherché à en approfondir le sens par la suite.

Dans cette ascension vers la lumière, à travers les représenta­tions symboliques des épreuves, il est une chose dont je conserverai toujours le souvenir : ce sont les manifestations de sympathie qui m’ont été témoignées. Bien que plongée dans l’obscurité, je n’ai pu voir, dès le début de la cérémonie, les visages ; pourtant, une sorte de chaleur humaine m’a été communiquée. J’en ai retiré une impression de réconfort, plus même, de la douceur.

Je remercie donc toute l’assemblée et lui témoigne toute ma gratitude pour la belle cérémonie qui a présidé à mon initiation.

C\ T\ (Par)

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