GLSA Loge : La Bonne Harmonie - Orient de Neuchâtel - Suisse Date : NC



Mes Impressions Maçonniques...
 
 
Vénérable Maître,
Vous, Dignitaires qui décorez l’Orient,
Mes très Chers Frères, en tous vos Grades et Qualités,

Ces  impressions maçonniques vont être divisées en trois parties, savoir, une introduction, les impressions proprement dites et une conclusion.
 
En guise d’introduction, je suppose que vous devez vous dire, pour ceux de mes Frères qui on lu le Curriculum vitae remis en annexe de ma lettre de candidature, que je suis habitué à rédiger des textes comme celui-ci, non seulement en raison de ma profession (…) et de mes études littéraires qui on précédé mon passage à l’Université, mais aussi parce que j’ai œuvré quelques années dans le journalisme.
 
Eh bien pas du tout !
 
Cette planche m’a conduit à bien plus de difficultés que je ne le pensais, pour le motif que c’est l’une des premières fois où je devais écrire pour moi-même et non pas pour les autres.
 
J’en viens maintenant à mes impressions maçonniques proprement dites.
 
Qu’est-ce qui m’a passé dans la tête, lorsqu’au début de l’année 2005, j’ai fait le premier pas et ai envoyé un courriel à la Grande Loge Suisse Alpina qui l’a répercuté sur notre Loge de la Bonne Harmonie à l’Orient de Neuchâtel.
 
Qu’est ce qui a bien pu me prendre pour que je fasse ce premier pas qui m’a donné d’être reçu très rapidement par le Vénérable Maître de l’époque.
 
C’est dans le cadre de ma préparation à l’initiation, pendant cette dernière et surtout en rédigeant ma première planche que je me suis posé cette question.
 
Même si cette dernière débouche sur d’autres questions plutôt que sur des réponses j’en suis arrivé à la conclusion, qu’à l’époque, même si j’étais sincère, je ne savais pas vraiment ce que je voulais, parce qu’ignorant totalement ce qu’était la Franc-Maçonnerie.
 
Je savais toutefois que cette dernière était une association à caractère initiatique et qu’elle pouvait m’apporter un prolongement, certes différent parce que sur au autre registre, à ce que j’avais vécu successivement dans deux société d’étudiants, associations également à caractère initiatique.
 
Lors de ce premier contact, j’ai reçu le petit ouvrage de notre Frère Michel Cugnet intitulé « Qui se cache derrière la Franc-Maçonnerie » et là, cela a été le premier véritable déclic.
 
J’ai en effet trouvé à travers les lignes de notre Frère, une description de la Franc-Maçonnerie qui me convenait.
 
A ce moment, je me trouvais au carrefour de la quarantaine et avais besoin de réorienter ma vie, après m’être accompli professionnellement, familialement et politiquement, quand bien même on n’est jamais véritablement accompli, ce que je devais découvrir plus tard.
 
Si ce que je viens de vous dire peut s’apparenter à un discours profane, c’est bien parce qu’à l’époque, j’étais encore profane et que je tente de vous montrer ce que j’ai vécu comme je l’ai ressenti, en m’abstenant de le traduire maçonniquement de façon rétroactive.
 
Cela dit, le second véritable déclic est apparu suite à une réaction de mon épouse à laquelle je ne m’attendais absolument pas.
 
Elle a en effet non seulement voulu lire le petit ouvrage précité, mais m’a encore encouragé par la suite à entrer en maçonnerie.
 
Dans la mesure où il n’était pas question que je fasse le second pas, avant d’être certain de ce que je voulais et pouvais trouver en Loge, j’ai réfléchi pendant presque une année avant d’envoyer ma lettre de candidature et les annexes requises.
 
Dans la mesure où ce geste était pour moi d’une importance sans précédent, peut-être par défaut professionnel, mais surtout pour qu’elle ne tombe pas en de mauvaises mains, j’ai expédié ma lettre sous pli recommandé ce qui n’a pas manqué d’étonner le Vénérable maître de l’époque.
 
S’en est suivi la procédure habituelle avec la visite de trois Frères à mon domicile.
 
J’ai eu à cette occasion la possibilité de rencontrer trois personnalités toutes différentes entre elles et de moi-même, sans doute éclairées par un idéal identique qu’elles vivaient sans doute chacune à leur manière, mais que je n’arrivais pas à percer, comme si ce monde maçonnique existait derrière un miroir que je n’avais pas encore traversé.
 
La principale crainte que j’avais à l’esprit à ce moment tenait au fait que ma candidature pouvait être rejetée, pour non affinité avec la maçonnerie.
 
J’ai ensuite été convoqué devant la Commission d’admission et c’est là que j’ai compris que mes craintes étaient non avenues et que j’allais sans doute être initié, après un dernier et troisième scrutin.
 
J’en ai eu la quasi certitude quand le Vénérable Maître m’a téléphoné pour fixer la date fatidique.
 
J’en ai eu la conviction quand celui qui allait devenir mon Parrain m’a également téléphoné.
 
A partir de cet instant, je me suis mis à espérer que cette date soit le plus proche possible, non sans connaître quelques craintes dues sans doute à la peur et à l’attrait de l’inconnu.
 
Parce que, même si j’avais déjà vécu des rites d’initiation en société d’étudiants, je ne savais pas du tout où j’allais, cela d’autant plus que j’avais suivi le conseil des ma maçons préalablement rencontrés qui m’avaient déconseillé de déflorer l’initiation par des lectures ou autres, sous peine de perdre l’effet de surprise, si important lors d’un rite de passage.
 
Est venu enfin le jour je j’appréhendais tout autant que je l’attendais.
 
Je me suis rendu par cet après-midi étouffant et orageux du 17 juin 2006 à la Loge, entamant ainsi le troisième et dernier pas qui allait me conduire à un troisième déclic, celui de mon initiation.
 
A mon départ, je savais que j’avais mis la main bien volontairement dans un processus et que je n’allais pas reculer.
 
Comme il me l’avait dit, mon Parrain m’attendait devant la porte pour m’accueillir et me mettre ce bandeau en prévision du rituel qui allait suivre.
 
Arrivé au cabinet de réflexion, j’ai eu l’occasion de méditer sur les sentences accrochées au mur et surtout sur le fait que mon Parrain m’avait dit qu’il s’était porté garant de moi devant ses Frères et qu’il ne souhaitait pas être déçu.
 
Cette réflexion m’a conduit par tous les états d’âme, mais jamais je n’ai pensé ou envisagé de reculer persuadé dans mes fibres les plus intimes que j’étais sincère dans mes démarches.
 
Partant, je me suis tombé dans une forme de léthargie destinée m’extraire de ce temps qui s’écoulait diantrement lentement dans ce cabinet de réflexion.
 
Même si les visites du Frère préparateur qui m’a posé des questions rituelles et m’a demandé de me dessaisir de mes métaux ont jalonné ce passage obligé, il est arrivé un moment où je ne savais plus quoi penser et où je me suis retrouvé hors du temps, me surprenant à retourner un sablier, alors que j’ignorais quelle unité il représentait et depuis combien de temps j’étais là.
 
J’ai alors médité sur cette phrase de ce que j’ai su après être une partie du rituel selon laquelle mon pire ennemi était moi-même.
 
Est ensuite venu le moment tant attendu où l’on est venu me chercher et où j’ai vu pour la première fois le Frère Introducteur, lequel m’a remis le bandeau et m’a conduit à l’entrée du temple.
 
Je ne vous referai pas tout le rituel d’initiation auquel vous avez assisté, contrairement à ce qui précède.
 
Je vous dirai seulement qu’à l’intérieur de moi-même, j’ai ressenti ce rituel et l’ai vu.
 
Comme l’a dit St-Exupery dans le Petit prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur » et c’est de cette manière que j’ai vu mon initiation.
 
Comme je n’avais jamais vu le Temple auparavant, je me le suis imaginé plus haut, moins large en essayant de me le représenter d’après les sons qui le parcouraient.
 
Les voyages initiatiques m’ont entraîné dans une sorte d’état second, je dirais même plus d’euphorie, puisqu’une nouvelle dimension s’y était intégrée, la musique !
 
Après avoir prêté serment, j’ai alors vu la lumière en entrant dans la chaîne.
 
C’est alors que j’ai traversé le miroir et que j’ai compris que j’étais enfin devenu maçon, cela d’autant plus après avoir reçu mon tablier, mes gants et ceux que je devais remettre à mon épouse.
 
Ces premiers pas de vie maçonnique peuvent s’apparenter aux premiers souffles d’un nouveau-né.
 
Toutefois, cette renaissance a été précédée d’une période de gestation, laquelle a elle-même suivi le moment où une graine maçonnique a commencé à germer en moi.
 
Je ne sais pas quand et par qui cette graine a été semée.
 
Je pense que c’est peut-être moi-même qui en suis à l’origine.
 
À moins qu’elle n’ait toujours été en moi, parce qu’il était écrit dans mon destin que je deviendrais Franc-Maçon.
 
En tous les cas, je suis aujourd’hui là devant vous, Mes Frères,  et c’est cela le plus important.
 
Après avoir traversé le miroir et vu la lumière, je me suis senti immédiatement accepté par mes Frères.
 
Je dirais même que les regards et les sourires bienveillants de ceux que je n’avais jamais vus pour la plupart d’entre eux et le fait de recevoir une rose rouge de la Saint-Jean m’a fait comprendre que ce lien, ce fait d’être un maillon d’une chaîne universelle ressortait à une forme d’amour, celle de l’amour fraternel.
 
Le fait d’être ensuite si entouré s’est ajouté à l’émotion et à la décompensation, au point que je me souviens de trois moments clé dans la soirée.
 
Le premier tient au fait que mon Parrain a tout de suite dit qu’en lisant sur mon visage on pouvait penser que je me trouvais au bon endroit.
 
Le second tient au fait que j’ai reçu un petit livre bleu censé m’apprendre ce qu’était la Franc-Maçonnerie et qui s’est avéré être vierge.
 
Le troisième tient au magnifique arrangement fleuri que j’ai reçu pour mon épouse.
 
Lorsque j’ai quitté la Loge, l’esprit plein d’images, de questions et d’émotions, un frère m’a accompagné à ma voiture et il m’a dit avoir aussi reçu un petit livre bleu dans lequel il avait  inscrit ses impressions.
 
Aussitôt après mon retour chez moi, j’ai écrit ceci :
 
Bilan de cette journée :
 
Je suis fier et heureux, j’ai compris que l’on m’aimait, même sans me connaître, j’ai envie de rendre honneur à ce sentiment. Je vois aussi que certaines choses m’apparaissent  et que ces symboles doivent être approfondis.
 
Ceci pour vous dire que même si je ne m’imaginais pas encore l’ampleur du travail à déployer pour tailler ma pierre, j’y pensais déjà le soir de mon initiation.
 
Par la suite, je suis entré dans les tâches « hebdomadaires » de ma vie maçonnique, craignant au début être totalement perdu dans ce nouveau monde.
 
Les lectures qui m’ont été confiées, les instructions qui m’ont été données, mes activités maçonniques et déplacements accompagnés dans d’autres Ateliers, et surtout, les échanges avec mon parrain et mes autres frères ont contribué à m’aider à me mettre sur ma voie.
 
J’ai peut-être ressenti avec difficulté la période estivale qui a suivi, avec le plaisir de pouvoir néanmoins  passer une soirée  blanche diapos à la Loge et une soirée à Crémine où, pendant le voyage de retour, j’ai eu l’honneur de me voir confiées les préoccupations d’un Frère qui a maintenant quitté notre monde pour l’Orient éternel.
 
A partir de septembre 2006, je suis entré dans le programme de la Loge et me suis efforcé à l’assiduité.
 
J’ai pu découvrir que le silence de l’apprenti pendant les travaux était très enrichissant et que contrairement à mes craintes, il ne pesait pas au bavard (…) que j’étais.
 
A noter, pour ceux qui l’auraient remarqué que je ne suis silencieux que pendant les travaux et qu’un peu plus de retenue ne me ferait sans doute pas de mal à d’autres occasions.
 
En effet, étant un hypersensible, parfois nourri de clichés, pour reprendre Nathalie Sarraute dans Portrait d’un Inconnu, je me suis rendu compte que dans cet endroit qu’est la loge, je me sentais moi-même et pouvais me laisser aller à être moi-même.
 
Au fil du temps, le rendez-vous du mercredi est devenu une goulée d’air dans mon quotidien surchargé, sans pour autant être une addiction.
 
Je me suis immédiatement senti bien à ma place et on me l’a fait sentir, tout en me rappelant à l’ordre quant il se devait.
Par ailleurs, lorsque je passe la porte de la Loge, je laisse derrière moi tous mes soucis quotidiens et cela me fait un réel bien.
 
J’ai aussi eu le plaisir de vivre plusieurs tenues et ai été très touché par l’installation de mon Parrain en qualité de Vénérable Maître et par des Tenues dans d’autres Loges, à Yverdon et à Bienne, de même que par une sortie du Giron au Val-de-Travers.
 
J’ai ensuite traversé une période noir et ai été très touché par la mort de l’un de nos frères, laquelle a été suivie par celle de ma mère.
 
Sur un plan maçonnique j’ai ressenti quelque chose de très fort au travers du soutien de ma Loge et de mes Frères en particulier.
 
Ces choses là sont indicibles et elles se ressentent.
 
Je ne m’y attarderai pas, par crainte de raviver des douleurs qui sont encore présentes.
 
Je vous dirai seulement que m’a mère a quitté ce monde sans que demeure un différend avec le fils que je suis.
 
J’avais pu lui faire part du fait que je m’étais engagé dans la maçonnerie et, à l’instar de toute ma famille, elle avait totalement approuvé ce choix, me disant même qu’elle serait prête à me suivre à une conférence blanche.
 
Cela étant, ce qui, par la suite, a le plus marqué l’Apprenti que je suis a, hormis le programme habituel, été l’initiation du nouveau maillon de notre Loge.
 
J’ai enfin pu voir que ce que je m’étais imaginé sous le bandeau, ne correspondait absolument pas à la réalité visuelle, même si, au fond, cela n’a pas grande importance.
 
Ce rituel m’a permis de saisir, comme spectateur cette fois, différents éléments de l’initiation qui m’avaient sans doute échappé au moment de la mienne, complétant ainsi ma perception du rituel et de ses incidences.
 
Au début de ma vie maçonnique, j’ai eu peur de ne rien comprendre à rien.
 
Je me suis aperçu par la suite que chaque petit élément, comme telle ou telle conférence, comme cette initiation, comme ce conseil de mon Parrain ou d’un Surveillant, comme telle ou telle tenue, comme telle ou telle visite, étaient tous une brique que je pouvais inclure dans le mur que je suis en train de construire.
 
J’ai aussi pris conscience que je peux l’élever librement, en respect des règles de l’art et que si je prenais une fausse direction, mes frères m’en feraient part.
 
J’ai aussi ressenti un plaisir intense à rencontrer les Apprentis d’autres Loges lors du tracé de la loge d’Apprenti à la ferme (…), activité qui m’a permis de voir se concrétiser certaines notions que je ne me représentais que dans l’abstrait.
 
Voilà en bref ce que j’ai ressenti jusqu’à présent.
 
J’en viens maintenant à conclure pour vous dire que même si dans la vie, il existe un chemin que chacun le parcourt à son rythme, j’ai eu le sentiment d’évoluer lentement dans ma vie maçonnique et ai craint parfois de ne pas être à la hauteur.
 
Etant un esprit terre-à-terre destiné à se perfectionner, j’ai craint de décrocher en écoutant des planches à caractère hautement philosophique.
 
C’est en me retournant  que j’ai vu combien de chemin j’avais parcouru, presque à mon insu.
 
Je pense donc aujourd’hui qu’il faut prendre le temps de prendre son temps car du lièvre et de la tortue, c’est cette dernière qui est arrivée en premier.
 
Je ne tenterai donc pas de brûler les étapes.
 
Conscient de l’importance du travail qui m’attend, je terminerai en citant Victor Hugo (un maçon sans tablier) qui a écrit : « Vivre c’est aimer, Apprends que, dans l’ombre où nos cœurs rêvent, j’ai vu eux yeux bleus si grands que tous les astres s’y lèvent ».
  
Vénérable Maître, J’ai dit
  
N\ F\ S\

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