GLDF Loge : NP  - Orient de Valauris 17/01/2006


La Lumière ne peut briller
que dans les Ténèbres

INTRODUCTION
Notre Tradition Maçonnique au Rite Ecossais Ancien et Accepte, puise ses racines dans diverses sources, et plus particulièrement, dans le Volume de la Loi Sacré, qui se trouve sur l’autel des serments : la Bible.
Cette Bible est pour le Franc-maçon, le symbole de notre Tradition.

Sans avoir pris la peine de l’étudier ou par préjugés, trop de frères croient que la bible, dont sont issu je vous le rappelle tous nos thèmes maçonniques, nos légendes  tous nos mots de passe et mots sacrés ne peut être utilisée que par des « bigots »d’une manière intellectuelle et pour la morale. Il est clair que certains passages de la Bible sont nécessaires pour comprendre la signification transcendantale de certains éléments des  rituels  maçonniques et ainsi enrichir l’esprit.
Sous son voile, la bible est une encyclopédie qui contient en code et entre les lignes un véritable message, qu’il appartient de découvrir, de dévoiler Car elle est le reflet fidèle du Principe immatériel dont la Loi gouverne l’univers.
Les Francs-maçons travaillent dans une loge de St Jean avec la bible, ou plutôt le Volume de loi   Sacré, ouvert à la première page de son évangile ;
Saint Jean, abstraction faite de tout esprit religieux dogmatique se révèle particulièrement fécond d’enseignements ésotériques et initiatiques.
Cette phrase « La lumière ne peut briller que dans les ténèbres », n’est pas sans rappeler le début de son prologue :
«En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point arrêté »

Jean est le patron des initiés, et c’est la raison pour laquelle les 18 premiers versets étaient autrefois dits par le prêtre à la fin de l’office pour lui tout seul après que les fidèles soient partis.
Le Prologue du 4eme Evangile de Jean, qui compose le Volume de la Loi Sacré posé, sur l’Autel des serments, constitue, un message que les maçons, que tout les maçons du REAA, se doivent de déchiffrer.
Je vais donc tenter de vous exprimer, par une autre approche, un peu plus ésotérique, un peu plus johannique dirons-nous, mon sentiment, sur « cette lumière qui brille…». 

LA LUMIERE, LES TENEBRES
Dans le Rituel :
Lorsque le profane est introduit dans le cabinet de réflexion, pour subir « l’épreuve de la terre » le frère expert lui dit :
«  Maintenant, Monsieur, vous allez être abandonné à vous-même, dans la solitude, le silence …et avec cette faible lumière »

Lorsque ce même profane est introduit dans le Temple, le frère expert répondant au frère couvreur :
« Je conduis ici Monsieur N …un humble postulant plongé dans les ténèbres »

Ce dualisme Lumière / Ténèbre, utilisé dans notre Rituel, est un symbole quasi universel dans l’histoire des religions.

Deux états qui  s’opposent :
De l’absence de couleur vers l’union de toutes les couleurs.
De l’ignorance vers la connaissance.
De la condition animale, vers la conscience d’être un homme.
Le changement d’un état vers un autre état.
Ce thème de lumière /ténèbres s’exprime très souvent en opposition, l’un de l’autre.
Principe d’oppositions nécessaires et fécondes, nous rappelle le rituel d’installation
L’harmonie universelle résulte de l’équilibre engendré par l’analogie des contraires.
Principe de dualité et de réciprocité ; l’ombre n’existe que par la Lumière.
Lumière et ténèbres existent en moi, dans mes ressentis, dans mes perceptions, dans mes comportements : La façon dont l’autre se comporte avec moi, ou réagit à mes actes, va être le miroir de la lumière que j’émets, ou de la part de ténèbres en moi, qui s ‘exprime.
La lumière succède aux ténèbres tant dans l’ordre de la manifestation que dans celui de notre propre illumination intérieure.

DANS L’ANCIEN TESTAMENT

La lumière symbolise constamment la vie, le salut, le bonheur, accordes par Dieu, qui est lui-même la Lumière
Les Ténèbres, sont symbole du mal, malheur, châtiment, perdition, et mort.
Mais ces réalités ne recouvrent pas une puissance étrangère à Dieu : C’est lui qui à également créé les ténèbres, qui châtie. De plus, la clarté de  Dieu pénètre et dissipe les ténèbres et appelle les hommes à la lumière.
Que la Lumière soit, pas la lumière des astres, le soleil ne sera créé que le quatrième jour, mais la lumière primordiale antérieure à toute création, substrat de tout ce qui existe, et but de toute recherche initiatique, cette lumière que nous recherchons mes frères

DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Histoire du monde et des hommes =champ clos où s’affrontent en permanence les armées du Bien et du Mal : les élus ceux en qui réside une étincelle de la lumière divine doivent tout mettre en œuvre pour repousser l’emprise du corps afin de retrouver leur véritable nature essentielle : divine et lumineuse.
Lumineuse, comme cette lumière des profondeurs de l’Etre qui ne peut être atteint que par l’esprit transcendé, chemin qui nous est montré lors de notre passage dans le cabinet de réflexion par la formule V.I.T.R.I.O.L, qui nous en fait entrevoir la lueur.
                                          
DANS L’EVANGILE DE JEAN
Si on regarde de plus près la présence de ce thème on constate, que la Lumière est citée 22 fois dans l’Evangile de Jean, dont 4 fois en opposition avec les Ténèbres
Jean, place le couple, Lumière / Ténèbre selon  trois axes principaux

PREMIEREMENT :1ER AXE
De même que le soleil illumine la route, de même est-la
lumière qui éclairé le chemin vers le divin, c’est le principe même de l’initiation
Le rituel nous dit :  « Qu’il guide notre vie, qu’il soit la lumière sur notre chemin » 

DEUXIEMEMENT :2er AXE
La lumière est le symbole de vie, de bonheur de joie, par opposition aux ténèbres, symboles de malheur, de tristesse, de mort
Le rituel nous dit : « le bandeau qui couvre vos yeux est le symbole de l’aveuglement dans lequel se trouve l’homme dominé par ses passions et plonge dans l’ignorance et la superstition »

TROISIEMEMENT : 3eme AXE
Aux ténèbres de la captivité désignant l’état profane, prisonnier de ses passions s’oppose à la lumière de la libération et le salut.
Le rituel nous dit : « Les bruits que vous avez entendus figurent les passions qui l’agitent, les obstacles que vous avez rencontres peignent les difficultés que l’homme éprouve…» . Ces difficultés sont d’autant plus grande pour ceux qui ne possèdent pas la Lumière, et qui à cause de cela, ignorent les lois profondes du cosmos et agissent souvent à l’encontre de ces lois.

LE DUALISME

Le dualisme lumière /ténèbres en vient à caractériser les deux mondes opposés du Bien / Mal

Ainsi, les hommes, selon Jean, se séparent ils en :
   - fils de la lumière
   - fils des ténèbres
Cette séparation s’est manifestée par la venue de la lumière, obligeant chacun à se prononcer, pour ou contre elle.
C’est ainsi que Jean dit :
« la lumière est venue dans le monde, quiconque fait le mal hait la lumière  et ne viendra pas à la lumière, mais celui qui agit dans la vérité agit dans la lumière » III 19 21
« Moi, la lumière je suis venue dans le monde, afin que quiconque, croit en moi, ne demeure pas dans les ténèbres » X46
Et si les ténèbres n’ont pu l’atteindre, cela signifie que les puissances du mal, c’est à dire le monde profane, ne sont pas parvenues à l’intégrer à leur système.
Tout notre rituel est fondé, et axé sur le symbolisme de la lumière
Lorsqu’un profane, est initié, le premier surveillant demande pour lui que la lumière lui soit donné.
Mais la lumière à besoin des ténèbres pour s’imposer à la conscience du monde
E t c’est ce que Jean ne cesse de nous dire. Jean ne nous dit pas que le monde devient lumière, mais il sait qu’en initié, la synthèse est possible  et qu’à cette fin l’esprit doit féconder la matière et que le verbe doit s’incarner dans la chair.
C’est la vie de l’esprit qui fait sortir l’homme des ténébres, l’homme plongé dans les ténèbres est un homme mort ;
Les ténèbres c’est tout ce qui enferme dans un moi ego centré, fermé sur lui-même,   
Ténèbre : ce mot vient de la famille indo européenne Temos, signifiant obscurité.
Le latin Tenere donne à l’aveuglette
L’adjectif, Temerarus donne  irréfléchie.
La lumière de l’esprit, c’est ce qui va permettre de s’ouvrir. C’est la source et le fondement de la connaissance qui est symbole de  ce qui éclaire la vie intérieure.
« je suis une voix qui crie dans le désert, aplanissez le chemin du Seigneur »
Le Seigneur, c’est le messie, l’incarnation de la lumière, dont la parole est l’expression ; Jean est le témoin de la lumière il n’est pas la lumière lui-même, il en est le reflet, le précurseur, la manifestation.
Dans l’évangile s’élabore une présentation du chemin, d’un processus attribué à l’incarnation du verbe Jésus qui deviendrait Christ.
Ce processus c’est l’initiation, on passe par tout un ensemble d’épreuves, de luttes intérieures, de victoires, l’aveugle voit, le sourd entend.
C’est la force qui pousse à la reconnaissance, l’homme renaît symbolisé par Jésus,
L’homme qui tente d’établir la liaison avec l’esprit et devenir Christ, mais cette liaison c’est en soi même  quelle doit être établie :
« Si vous ne vous connaissez pas, vous étés dans la pauvreté, et vous étés vous-même la pauvreté »
Jean, met en évidence que pour l’homme le danger est de tout confondre,
De ne pas prendre le reflet, pour la lumière( le mythe de la caverne, de Platon ), De ne pas prendre le savoir, pour la connaissance,
Ni les mots pour les idées.
Si l’évangile de Jean est celui de l’esprit, ( Jean signifie colombe en hébreu et la colombe symbolise l’esprit qui descend sur Jésus dès son baptême )  il est un message d’expérience et de joie.

Ce message qui apparaît en filigrane dans la trame de toute mythologie, précise à l’homme de la manière la plus simple, qu’il peut dominer l’angoisse, née de son ignorance, de triompher de ses tentations de ses mauvais penchants de ses passions.

L’homme qui sait, reconnaître sa médiocrité, lutter contre ses faiblesses, affronter les difficultés peut être à même d’entrevoir, au terme de son combat ne serait ce qu’un bref éclat de sa vraie lumière.
« Gardez courage, j’ai vaincu le monde » 16.33
L’évangile de Jean veut surtout, nous faire découvrir la sublime vérité, en la soustrayant à ses conflits intérieurs par un effort personnel en nous aidant à passer d’un état de troubles( ténèbres ) qui, nous agitent à l’harmonie ( lumière); Et, surtout, que chacun de nous possède la potentialité  de trouver et parcourir le chemin qui doit le mener vers la joie.
« En vérité je vous le dis, vous êtes tous des Dieux » Ch10 .34

Le message de Jean ce n’est ni plus ni moins que la prise de conscience des hautes connaissances du chemin intérieur, qui éveille l’étincelle de la lumière du cœur, et illumine la conscience de l’homme afin qu’il entre vivant dans le royaume originel de la lumière, sa véritable demeure.
« Le royaume est en nous»     

Nous savons tous que nous avons oublie notre origine si comme le dit le poète « l’homme est un Dieu déchu qui se souvient des cieux », comment retrouver cette origine, cette unité ? Il nous faut chercher. Et c’est bien cette image que nous donne Jean, celle d’un chercheur.

Jean, c’est l’image du chercheur de vérité, qui comprend qu’il vit dans un monde d’illusion, il se retrouve symboliquement dans le désert, ( les ténèbres ) pleinement conscient qu’il porte en lui la semence d’une toute nouvelle conscience il prépare son chemin, son seigneur intérieur. ( la lumière)
En un mot comprendre que si la vérité est une, ses aspects sont multiples et que la contradiction, est la loi de la vie ;
En ce sens le message de Jean, par ses sources initiatiques, peut aider les Francs-maçons, et s’affirmer comme une voie privilégie, celle de l’art royal, ouvert à tous les hommes quel que soit sa foi et qui considère ses trois principes sacrés :
   1)Valeur absolue de la personne humaine
   2)Mission spirituelle de l’homme
   3)Perfectibilité infinie tant sociale qu’individuelle par la voie de la raison et de l’amour

CONCLUSION :
Jean nous dit, avec des mots compréhensibles par tous : 
«  je suis la lumière qui luit dans les ténèbres … »
Il s’agit de cette lumière qui balise notre chemin, qui nous montre la direction. Elle est celle de l’étoile qui indique aux peuples, aux nations, aux hommes, la direction de la Vérité et du Devoir.
La nuit n’existe plus  puisque nous ne la voyons plus, attirés que nous sommes par ce phare que nous savons être notre objectif.
Notre Rite, nous propose par la mort et la renaissance, ce cycle incessant de la lutte entre la lumière et les ténèbres que nous présente Jean.
Si nous décodons comme il convient, son message, nous aurons fait un grand pas vers notre épanouissement.
Nous aurons fait un grand pas dans notre démarche.

Pour terminer, je ne résiste pas à l’envie de vous lire la 1er Epître, ou Jean s’efforce de mettre en avant le lien qui existe entre notre état de Fils de la Lumière, et l’Amour fraternel, l’Amour qui donne la joie et la paix, l’Amour qui conduit à la Lumiere, cette lumière qui est la vie, venue éclairer les ténèbres.

« Celui qui prétend être dans la lumière, tout en haïssant son frère, est encore dans les ténèbres.
Celui qui aime son frère est dans la lumière, et il n’y a en lui aucune occasion de chute.
Mais celui qui hait son frère, est dans les ténèbres, il ne sait ou il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux »

J’ai dit     

Jérome Furfaro                                                

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