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Ouverture des Travaux : A la Gloire du GADLU

Depuis le tout premier jour de notre initiation, au R\E\A\A\, nous sommes en permanence confrontés à cette évocation, qu'elle soit prononcée par le V\ M\ lors de l'ouverture des TravTrav\, ou bien que nous l'ayons sous les yeux lorsque nous lisons un courrier en provenance de l'Ob\, d'une L\ ou d'un Frère.

Son omniprésence signifie donc qu'elle est indispensable pour que notre Rite et nos Rituels soient parfaitement efficients en nous et dans nos relations à nos F\ F\.

Avant même que de disserter sur le caractère essentiel de cette évocation, et afin de présenter quels seront les axes de développement de son étude tout au long de cette P\, il est important de prendre d'emblée conscience qu'elle est porteuse, à l'instar de nos symboles, d'un sens caché au discernement des profanes, et, malheureusement de plus d'un Frère. Elle fait partie intégrante de notre Rite, elle offre un axe de recherche pour notre quête de la Vérité au delà des apparences, elle nous indique que notre réflexion et notre action sur nous même, sur nos F\ F\, et au delà sur l'univers qui nous entoure doivent toujours être frappées du sceau de la spiritualité.

Avant de débuter réellement l'étude de cette évocation, il me faut vous rassurer, mes F\ F\ ! Je ne vais surtout pas disserter sur la nature ou l'essence du G\ A\ D\ L\ U\. Je laisserai, ainsi que le prévoient notre Rite, nos rituels et les R\ G\ de notre Ob\, toute liberté à chacun des F\ F\ ici présents pour concevoir ce que peut être ce Principe au delà du symbole qui nous est présenté en L\ Certains voudront voir un parallèle, voire même une osmose totale entre notre G\ A\ et le Dieu révélé d'une ou l'autre des religions du Livre. Certes, nos racines, certes la multiplicité des allusions aux univers vétéro et néo testamentaires, pourraient nous inciter à confondre G\ A\ et Dieu... Pour moi, cela relèverait alors au mieux d'une forme de paresse intellectuelle, au pire d'une volonté pour certains de bafouer la liberté de conscience qui imprègne notre Rite, ce que je n'ai jamais décelé dans notre R\ At\.

Je me contenterai donc d'affirmer ce que le Rite affirme depuis le convent de Lausanne, à savoir que les FF\ MM\ de R\E\A\A\ profondément attachés à une quête spirituelle, prônent l'existence d'un Principe Suprême Créateur, créateur tout particulièrement des Lois qui régissent l'Univers mais aussi, en partie, l'être humain. Autrement dit, que l'Homme recèle en lui une part de ce Principe Créateur et qu'un des rôles de notre Rite est de nous en faire prendre pleinement conscience et de tout faire pour qu'elle s'exprime pleinement. Ainsi clamait Hermès Trismégiste il y a plus de deux mille ans, affirmant la présence toute puissante d'un principe immuable, concepteur, ordonnateur, législateur, régissant l'Univers mais aussi notre for intérieur.

Nous allons donc nous intéresser essentiellement à la première partie de notre évocation, à savoir « A La Gloire », cette partie étant parfaitement évocatrice de l'action que tout F\ M\ se doit de mener en lui, dans et hors du T\...Gloria si nos rituels étaient rédigés en latin ! Cette façon d'envisager notre évocation permet de distinguer deux principes : un principe actif car émanant du F\ qui la prononce « A la Gloire », et un Principe beaucoup plus passif « du G\ A\ D\ L\ U\ », car étant au delà de l'individu et seulement accessible à sa réflexion. Lors de l'ouverture des TravTrav\ nous mettons en oeuvre ces deux principes, qui s'interpénètrent et nous accédons alors individuellement à notre quête initiatique en devenant chacun de nous les moteurs de notre recherche, de notre réalisation spirituelle. Sans trahir de secret inhérent à un autre degré, ceci rejoint cette sacralisation du Travail que prône notre Rite, travail sur nous, travail partagé avec nos F\ F\ en initiation, et fruits de ce travail dont nous sommes censés faire bénéficier nos F\ F\ en humanité.

Notre réflexion  sur la Glorification du Principe Créateur acquiert ipso facto le sens de réflexion sur notre action, le sens de l'action du F\ M\ qui se doit de cheminer seul sur les voies initiatiques mais surtout qui se doit de partager au sein de la collectivité initiatique qu'est une L\ les fruits récoltés tout au long de son périple. Ainsi, le Maç\ de R\E\A\A\ peut-il et doit-il s'inscrire dans une démarche initiatique basée sur le respect de la Tradition qui, s'il la vit sincèrement et pleinement, lui permettra de se réaliser, de se connaître afin de devenir, non pas un autre, mais bien celui qu'il a toujours été.

Depuis le début de ma P\ je vois certains F\ F\ bouillir, préparant avec malice et vigueur leur première intervention...notre F\ Jean-Marc nous parle d'une évocation...beau lapsus, quand nos rituels, mémentos et nos serments les plus marquants parlent d'invocation ! Il me faut donc vous l'avouer dès à présent, j'ai décidé de faire oeuvre sacrilège et d'employer sciemment, délibérément ce vocable d'évocation en lieu et place de celui d'invocation. De par son étymologie latine, invocare signifie appeler, et plus particulièrement appeler à l'aide, prier, supplier une entité suprahumaine...est-ce là une attitude de F\ M\ ?

Par contre evocare, a pour sens premier d'interpeller, de nommer de façon magique un principe de façon à mettre en oeuvre une action permettant de faire apparaître ou réapparaître des savoirs anciens et oubliés...une façon de s'approprier les potentialités du Principe en le nommant, une façon de magnifier tous les éléments de la Tradition.

Ainsi donc suis-je amené à préférer évoquer notre G\ A\ plutôt que de l'invoquer, même si la F\ M\ des origines, dans la quasi totalité de ses Rites, non seulement invoquait mais bien au delà, priait cet A\ que tous nommaient Dieu...car si la Philosophie des Lumières commençaient à imprégner tous les domaines de la pensée, toutes les couches aisées de la société, il n'en demeure pas moins que la spiritualité ne pouvait alors ne relever que de la seule tradition judéo chrétienne.

D'un point de vue de l'histoire de notre Ordre, cette opposition entre évocation et invocation peut alors permettre de faire la nette distinction entre cette Maç\ déiste qui perdure au sein de la G\ L\ U\ d'A\ et cette Maç\ prônée et soutenue par l'Ecossisme, cette Maç\ française issue en partie des bouleversements de 1792, mettant en exergue l'amour de l'être humain s'inscrivant dans une démarche si ce n'est athée, du moins agnostique ou encadrée par la Tolérance ou la libre pensée.

Notre évocation, allez notre invocation pour faire plaisir et rassurer plus d'un F\, est manifestement axée sur un respect absolu du néophyte, une tolérance sans limite aucune de ses convictions métaphysiques...et ce respect est indispensable pour que le nouvel initié, confronté d'emblée à une rigueur rituellique et une rigueur dans sa façon d'oeuvrer sur lui même, puisse se constituer une assise stable pour asseoir sa démarche spirituelle.

Nos rituels et R\ G\donnent ainsi au profane la possibilité de prêter leurs premiers serments sur un V\ L\ S\ autre que la Bible, Coran, Rig veda, ou autre compilation de textes sacrés. Cela symboliserait pour le futur initié un engagement ineffaçable sur ce qui matérialise pour l'heure ce qui lui est le plus cher, ce qui lui est fondamental dans son être spirituel. S'il poursuit son chemin parmi nous, tous ses serments ne pourront plus être prêtés que sur la Bible, seul V\ L\ S\ reconnu par notre Rite qui perdrait tout sens si cela n'était plus le cas...il n'est pour se convaincre que de partir à la recherche des éléments se référant à la tradition biblique dans les trois premiers degrés du Rite...pour ma part j'en ai relevé 36 ! La majeure partie de nos recherches, de nos réflexions, est basée en grande partie dès après la coupe d'amertume sur une lecture critique et adogmatique de nos rituels et des symboles qu'ils véhiculent mais aussi et surtout du Livre. Et la façon d'aborder ce symbole de la Tradition se réalise de façon beaucoup plus satisfaisante, car dénuée de tout à priori si l'on évoque le G\ A\, non si on l'invoque !

Nous sommes alors incités à ouvrir notre esprit pour être totalement réceptifs à recueillir, faire nôtres tous les éléments véhiculés par notre Tradition, ce thésaurus mémoriel dont les plus anciens fragments furent taillés par la main de Moïse, puis retravaillés par Salomon, Jean et Jésus, sans oublier tout ce que nous ont apporté nos F\ F\ en recherche que furent Socrate, Pythagore et autres penseurs du monde gréco-romain.

De plus, si nous travaillons en évoquant le G\ A\, du fait de vouloir faire nôtre, de nous réapproprier ses pouvoirs et vertus, nous nous donnons la possibilité de vivre, rarement certes, de fabuleux moments où les yeux de l'âme se dessillent, où nous accédons quasi malgré nous à  une Vérité, où notre démarche ne relève plus seulement de la réflexion mais de l'illumination, plus de la raison mais de l'intuition la plus totale et vivifiante. Ce sont souvent ce genre d'instants qui permettent la progression la plus exaltante, qui jalonnent notre parcours comme autant de bornes matérialisant des carrefours qui ont façonné notre chemin initiatique. Et, il faut l'avouer, que ce soit par pudeur ou par l'extrême difficulté à les expliquer, ce sont ces moments qui sont les plus difficiles à faire partager à ses F\ F\...d'où, sans aucun doute, une bonne part de ce qui fait ce que d'aucuns nous reprochent, notre secret maçonnique.

La seule manière que nos anciens ont alors trouvé pour nous permettre de partager, d'exprimer, puis de léguer aux ouvriers des générations ultérieures ces moments de fulgurance, a été de nous offrir l'outil symbolique. Car seule la démarche symbolique peut nous permettre de rassembler ce qui est épars, de réunir ce qui siège en nous à ce qui règne et régit ce qui nous entoure. C'est en cela que le symbolisme est le langage du sacré, car il nous donne la possibilité de créer en permanence le sacré en nous faisant discerner en nous l'escarbille de divin dont la resplendeur est occultée par les scories accumulées pendant des années de vie profane, dénaturée par tous les côtés obscurs de notre personnalité, et en entretenant et vivifiant cette escarbille au brasier du coeur de nos F\ F\, reflets de tous les brasiers allumés par le G\ A\.

Et c'est en cela que la glorification du G\ A\ , ce fameux Gloria in excelsis est synonyme d'exaltation ainsi que le démontre l'étymologie latine...exaltation du néophyte le jour de son initiation, exaltation du cherchant, exaltation de celui qui oeuvre pour connaître l'univers et les dieux. Mais elle est également synonyme de renommée, celle du Principe Créateur, et par la même de renommée de l'Homme du fait même qu'il est porteur en lui de cette part divine dont nous venons de parler.

Loin de moi l'idée d'affirmer que le F\ M\ doive être reconnu, adulé voire vénéré par ses F\ F\ en humanité...car cette renommée ne peut relever que du seul domaine spirituel et se manifeste par l'intelligence du coeur, par une faculté de toucher le coeur de ses F\ F\, par une volonté désintéressée de transmettre, par un désir dénué de toute ambiguïté que chaque F\ puisse nous dépasser. C'est en cela que nous somme des hommes vertueux, courageux pour nous et pour les autres, donc méritant, en quelque sorte, d'être couronnés par cette Gloire vertueuse matérialisée par les nuées et rayons qui entourent notre delta rayonnant. Mais soyons toujours vigilants, pour nous comme pour nos F\ F\ en initiation, afin que nul ne confonde renommée et gloriole, Gloire et célébrité, ascension spirituelle et ambition dévoyée digne du profane. Nul ne peut et ne doit se forger d'idoles humaines, nul ne peut prétendre à être vénéré en Maç\...Salomon lui même n'a-t-il point perdu son royaume et son âme en ne respectant pas l'Eternel et en ne se respectant pas lui même ?

Venons en maintenant à une autre assertion du mot Gloria, autrement dit « A la gloire de », à savoir le sens de « faire honneur ». Cette signification matérialise parfaitement le sens profond de nos Trav\, en nous, dans et hors du T\ Notre R\ E\ nous pousse, depuis notre première entrée dans le T\, à ne concevoir que des idéaux vertueux, à aller vers toujours plus de sagesse, de stabilité et de beauté. Oui, le Rite, dans sa volonté de nous obliger à nous améliorer nous même, nous donne en quelque sorte un code d'honneur, un sens de la dignité, un amour du Devoir. Car accéder aux sphères de la spiritualité n'est possible qu'aux hommes droits, à l'ordre oserai-je dire, vertueux et soucieux en permanence de respecter le Devoir.

Ainsi, dès le premier degré le Rite nous incite à toujours plus d'élévation, d'humilité, de charité au sens noble du terme...nous donnons discrètement nos oboles, nous ne faisons pas l'aumône. Nous nous élevons ensemble vers notre idéal. Nous taillons humblement des pierres brutes, sans même savoir si elles participeront à l'élévation d'un T\, inconscients que nous sommes alors de l'existence probable d'un quelconque plan. Sans trahir aucun secret, le Rite nous permettra un jour ou l'autre de nous ouvrir plus encore aux savoirs détenus par nos F\ F\, aux secrets transmis depuis tant de générations, pour enfin pouvoir lire les plans originels du T\ de Salomon et oeuvrer à les parfaire et les compléter, mais sans doute seulement la Porte mystérieuse une fois franchie.

Mais, quel que soit le degré atteint, nous demeurerons toujours orphelins d'un Maître que nous n'avons pu connaître, orphelin d'un savoir qui n'aura pu nous être totalement transmis, orphelin d'un destin que nous savons impossible à achever. Et notre consolation ne pourra être trouvée que dans notre quête sans fin et dans l'Amour réciproque de nos F\ F\.

Telle est notre Religion, celle dont nous sommes les mystes et les adeptes, celle qui nous permet de relier le haut et le bas, le matériel au spirituel, chaque F\ à tous ses F\ F\ du monde entier...cette religion qui fait de nous de vrais pontifes, des Maîtres de l'Art de construire cet édifice indispensable reliant terre et ciel, l'homme au Créateur, l'homme à l'homme.

Oui, mes F\ F\, nous sommes des bâtisseurs, bâtisseurs de notre T\ et du T\ de l'Humanité, bâtisseurs de tous ces ponts destinés à rapprocher les Hommes, les savoirs et le Principe. Mais n'oublions jamais que plusieurs siècles avant le rédacteur des Psaumes, les hébreux sous la conduite de Moïse puis d'Aaron ont érigé dans le désert, partout où leur errance a conduit leurs pas, la tente d'assignation...ainsi, partout où sont réunis des hommes de bonne volonté unis dans une même foi, une même espérance, une même volonté de se sanctifier en s'unissant au Principe, oui ce partout peut alors être considéré comme le centre de l'union, le centre de ce cercle qui réunit ceux qui cherchent à eux et au Créateur. Il n'y eut nul besoin de T\ ou de cathédrale pour que Moïse descendant du mont Sinaï soit auréolé de la Gloire de Yaveh et présenté aux yeux de son peuple...mais cette Gloire ne lui permit pas d'entrer en Canaan...même Moïse ne put accéder à son idéal ultime du fait d'un manque d'humilité qui lui fut fatal !

Voilà venu le moment de conclure cette trop longue P\, mes F\ F\, trop longue, trop embrouillée, mais rédigée sincèrement selon mon ressenti le plus profond du moment. Si savoir ce qu'est ou qui est le G\ A\ D\ L\ U\ n' a pas été le centre de mes préoccupations, si donc certains d'entre vous sont restés sur leur faim, j'espère avoir pu vous faire partager ce sentiment que celui-ci n'a point à être prié par un F\ M\, qu'il ne peut y avoir aucun intercesseur auprès de lui, que notre idéal de réflexion mais surtout d'action est le seul que doit véhiculer notre R\E\A\A\...notre Rite n'a d'ancien que le nom ! Il est d'une étonnante vivacité, d'une remarquable modernité, toujours vivifié par l'acquisition de nouveaux maillons prêts à entreprendre le chemin, à participer à dresser des T\ T\ à la Vertu avec Zèle, dans la joie que procure une démarche faite de Devoir et d'honneur, dans le bonheur de manifester à chaque instant de l'Amour pour ses F\ F\, pour acquérir ainsi la Paix de l'âme et la Paix du coeur.

V\ M\ et vous tous mes F\ F\, j'ai dit.

J\ M\ N\


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