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Le symbolisme de la porte

La porte évoque nécessairement une idée de passage ou de barrage, d’ouverture ou de fermeture. D’au-delà ou d’en deçà. On peut franchir une porte, ou rester devant une porte close. Elle est le lieu de passage entre deux états, entre deux mondes qu’ils soient concrets ou abstraits, entre le connu et l’inconnu, les ténèbres et la lumière.

Et ainsi la porte m’est-elle apparue comme un modèle symbolique binaire.

Symbole de l’accès à un espace, elle symbolise l’entrée dans un espace fondamental. Dans les Temples ou les édifices religieux quels qu’ils soient, elle marque la séparation nécessaire entre le domaine profane et le domaine sacré.

Dans la Rome Antique, le dieu Janus avait pour mission de surveiller l’entrée et la sortie. Cette porte de Janus était en réalité double : en latin la porte se disait janua, elle était la porte concrète que l’on pouvait passer dans les deux sens, mais aussi la porte symbolique permettant de passer d’une année à l’autre. (Janvier = januarus).

Ce symbolisme du passage d’un temps à un autre est repris de nos jours : ce sont des portes symboliques qui seront érigées pour le passage à l’an 2000.

La symbolique chrétienne s’est inspirée de la déclaration de Jésus : « je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ». C’est pourquoi le Christ en gloire surmonte en général la porte centrale des porches des cathédrales. En Egypte, sur les pentes escarpées du Mont Moïse, dans la solitude et le silence de la montagne sacrée où Moïse reçut les Tables de la Loi, se trouve le monastère de Sainte Catherine, construit en 527 par l’empereur Justinien. Depuis des générations de moines se sont approprié la montagne et y ont taillé un escalier de trois mille marches, jusqu’aux portes de la Confession et de Saint Etienne, voûtes de pierre qui ne se franchissaient qu’une fois purifié et qui donnaient accès au sommet du mont, situé à 2285 mètres.

Dans le langage quotidien le symbolisme profane de la porte se rencontre en de nombreuses expressions : être à la porte - demander la porte – c’est la porte ouverte ou la porte à côté - de porte en porte - balayer devant sa porte - passer par la grande ou la petite porte - fermer la porte à - frapper à la porte

En F M, frapper à la porte de Temple représente le premier pas de la démarche entreprise pour quitter le monde profane et entrer dans la lumière. Dans la plupart des traditions les portes des temples sont pourvues de gardiens, hommes ou animaux mythiques féroces, hideux, cruels ou protecteurs qui en défendent l’approche. Le respect de cet interdit se retrouve dans la double garde de la porte de la loge : garde extérieure par le tuileur et garde intérieure par le Couvreur.

La porte du temple est supposée être basse et étroite et le profane doit se baisser pour la franchir :

On peut y entendre un signe d’humilité : en pénétrant dans le Temple, le profane a tout à apprendre, il ne peut prétendre avoir déjà tout compris, pas plus qu’il ne peut prétendre comprendre tout d’un seul coup.

On peut y entendre un signe de naissance : en pénétrant dans le Temple, le profane naît à la Lumière. Certains ont vu dans ce passage le symbolisme de la naissance (le cabinet de réflexions figurant la matrice où se développe le germe). Dans les initiations antiques, le récipiendaire était obligé de ramper à travers un conduit serré, à l’imitation de l’enfant qui vient au monde.

La porte franchie, le rituel initiatique amène la progression du profane de l’occident à l’orient, et les trois voyages sont rythmés par le passage de trois portes. Elles sont invisibles mais réelles, et le sonore « qui va là ? » auquel répond le guide du récipiendaire les matérialisent d’une certaine manière. Identifié grâce aux réponses de son guide, le profane obtient le passage. Ces trois portes sont gardées par les trois Officiers, les trois Maîtres qui dirigent la loge, et se sont elles qui autorisent le franchissement de la porte en disant « qu’il passe ».

La porte figure au centre du tapis de l’apprenti. Elle apparaît donc comme un élément essentiel du symbolisme, fondateur de la démarche. C’est autour d’elle que s’articule les autres symboles : les trois marches y mènent, le pavé mosaïque la précède, les deux colonnes portant les grenades la garde, le triangle orné du delta lumineux la surmonte. Tout autour d¹elle se trouvent les autres symboles : au nord, la pierre brute, le marteau et le ciseau, la perpendiculaire et la lune, à l’orient le compas, l’équerre, la planche à tracer et une fenêtre, au midi le soleil, le niveau, la pierre cubique et deux fenêtres. Y figurent aussi la voûte étoilée et la corde à nœuds.

La porte est donc un symbole essentiel. Dans son ouvrage : « Causeries initiatiques pour le travail en loge d’apprentis », Edouard Plantagenet écrit : « La porte du Temple est désignée sous le nom de porte d’occident, ce qui doit nous faire souvenir que c’est à son seuil que le soleil se couche, c’est-à-dire que la Lumière s’éteint. Au delà règnent donc les ténèbres, par conséquent le monde profane ».

J’ai dit.


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