Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
La Porte basse La porte basse parait être un symbole à la signification évidente. Sa réalité, (le geste d'humilité imposé au profane qui entre en loge), est immédiatement reliable à sa symbolique, passage, entrée dans un monde nouveau, geste de respect et d'allégeance à l'ordre que l'on se dispose à intégrer et aux rites auxquels on se prépare à se soumettre. La réalité est si proche de la symbolique qu'elle semble ne pouvoir faire l'objet que d'une description, et non pas d'un commentaire. En fait, la porte basse est plus proche d'un rite que d'un symbole, tant il est vrai que le symbole n'est réellement tel que s'il est distinct du concept symbolisé : le soleil ne peut être symbole de la lumière, puisque il est la lumière. La faux, elle, peut être le symbole de la mort, elle n'est pas la mort. La porte basse apparaît donc simple et
compréhensible. Trop simple. Cette immédiateté apparente de la
porte basse masque en réalité de multiples
questions qui apparaissent presque graves. Ces questions
découlent de l'observation objective suivante : En prenant le point de vue linguistique, on constate
rapidement que : se soumettre signifie se mettre dessous.
Révérer implique la
révérence. Jusque là, rien que d'évident et de descriptif dans l'analyse. Rien que de très naturel, ou en tout cas, que de très habituel, puisque tous, dès l'enfance, nous marquons la contrition en baissant la tête vers le sol. Nous sommes accoutumés à ce geste de manière quasi instinctive, et comme toujours dans ces cas là, la remise en cause de cette attitude demande un effort considérable. Lorsque on agit d'une certaine manière, lorsque tous agissent de la même manière, lorsqu'il en a toujours et partout été ainsi, on peut valablement se demander s'il est réellement utile de remettre en cause cette manière d'agir, s'il est réellement utile de rejustifier ce qui est juste de manière évidente. Et pourtant. Où donc ailleurs qu'en loge
pourra t'on aller soulever le couvercle plombé des habitudes
évidentes, pour les examiner, les critiquer, et
éventuellement les considérer comme justes et
bonnes ? Autrement dit, (et en recherchant clairement la
provocation), le symbole sympathique de la porte basse n'est il pas
l'un de ces multiples rites scandaleux, l'une de ses habitudes
anciennes et tristement humaines, enfin, n'est il pas l'un de ces vices
profanes qui sans cesse et sous des légitimités
toutes plus diverses, fumeuses ou élaborées les
unes que les autres, n'ont en fait qu'un seul but : s'assurer la
domination d'un fort sur un faible, d'un ancien sur un jeune, d'un
riche sur un pauvre, d'un puissant sur un quémandeur, bref,
de l'autorité installée sur la jeune
revendication ? Allez, rassurez-vous, il s'agit de provocation...voire. La cause n'est pas si simple et innocente. Car voyez vous, j'ai tendance à poser en hypothèse que la cause n'est JAMAIS innocente lorsque un être humain pose le genoux à terre devant un autre être humain. Il faut refuser de le prendre à la légère au motif que c'est une habitude ancienne, justifiée par des habitudes et des traditions. Non ! nul ne pose le genoux à terre sans se demander pourquoi, afin de ne le faire qu'après avoir obtenu une réponse satisfaisante. Soit, on voudra bien admettre que, peut être, ailleurs, dans certain cas, ce rituel est justifié et ne recèle pas de tentations perverses. Mais tout de même, en étant objectif, lucide, en se dés-étouffant l'esprit du poids des habitudes admises, on ne peut que regarder a priori un tel acte avec au moins...un maximum de suspicion ! Quoi ! Par le passé, on est allé
expliquer à des peuples aveuglés que des
dictateurs-césars-empereurs étaient des Dieux
vivants devant lesquels il fallait se prosterner. Vous allez
rire…ils l'ont cru, ils se sont prosternés. Par le passé, on est allé
expliquer à des esclaves que, parce qu'ils
étaient fils d'esclaves, ils devaient obéir
à ceux qui étaient fils d'hommes libres. Qu'ils
leurs appartenaient. Et ils obéissaient. Alors permettez-moi la méfiance ! Lorsque un
rite, une habitude, une pratique, une procédure, stipule
qu'on doit plier les genoux, permettez qu'on s'interroge...ce n'est pas
mauvaise volonté, n'est-ce pas, on est tout
disposé à faire ce qu'il faut, n'est-ce pas.
Mais, si l'on porte en soi un vieux relent de mémoire de
l'humanité, si le passé a servi à
quelque chose, le meilleur hommage que l'on puisse rendre à
ces quelques milliards de gens qui se sont fait manipuler et sont morts
sans même savoir qu'ils s'étaient faits berner,
c'est tout de même de se méfier un peu. Au passage de la Porte Etroite et Basse, le profane est
symboliquement contraint de s'incliner afin d'accéder
à un lieu de lumière et de
vérité, séparé par ce moyen
de l'extérieur. En me soumettant au rite de la Porte Basse, j'ai
considéré que le postulant s'impose
volontairement l'épreuve, car il sait que l'accès
à la connaissance passe absolument par la reconnaissance du
fait qu'« on ne sait pas ».
L'accès à la connaissance, (donc : apprendre,
faire un apprentissage, revendiquer le statut d'apprenti...) est donc
fondamentalement et dès l'origine un acte
d'humilité (c'est humblement que je reconnais ne rien
savoir). Ainsi, l'inclinaison sous la Porte Basse devient le
geste dense, significatif, utile, par lequel le profane s'adresse un
message à lui même. Nul risque d'entrer dans un
schéma de soumission et de compromettre le rite avec les
pratiques mille fois dangereuses décrites plus haut. T\ V\ |
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