Obédience : NC Loge : NC 08/05/2009

Les Trois Portes du Temple

1 - Conte, Mythe ou Légende ?

Redéfinissons une fois de plus, et succinctement ces mots qui sont, il faut se l’avouer, les principaux moteurs du mode spirituel de pensée de notre art.

2 - Le conte est un récit d’aventure imaginaire, destiné à distraire. C’est aussi une histoire invraisemblable et mensongère.

3 - La légende est un récit à caractère merveilleux, ou les faits historiques sont déformés par l’imagination populaire ou par l’invention poétique. Elle se distingue du conte en ce qu’elle présente un point d’encrage dans l’espace et dans le temps et qu’elles sont l’objet de croyances. C’est par elle que les peuples sans écriture, transmettent aux jeunes, l’histoire, les lois sociales de leur tribu, les croyances etc.…

4 - Le mythe, du grec muthos, récit populaire ou littéraire mettant en scène des êtres surhumains et des actions imaginaires, dans lesquels sont transposés des évènements historiques, réels ou souhaités. Il apparaît comme l’élément fondamental de la littérature sacrée, ésotérique et profonde. Il joue le même rôle, dans les civilisations orales que le dogme des religions liées à l’écriture. - 

5 - Le mythe, système et mode de connaissance, devient presque toujours le modèle qui structure l’action : le rite de passage, dit mythe eschatologique, (vie/mort) par exemple, n’est rien d’autre que la reproduction vécue du Mythe de la création.  C’est pourquoi il n’a rien d’un objet inerte ou d’un dogme formel ; c’est au contraire une chose vivante intégrée dans le rythme social, sentie et éprouvée par la collectivité. Loin d’être irréel, comme l’avait signalé, un jour, un de nos F\en ce même atelier, et loin d’être « un tissu d’incohérences » comme certains le prétendent, il exprime plutôt la victoire du symbolique sur l’imaginaire (voir rites funéraires et cérémonies post mortem…). Il consacre le triomphe définitif de la vie sur la mort, du pur sur l’impur, de l’ordre sur le désordre. – Cosmogonique (relatif à la formation de l’univers), ou cosmologique (relatif à l’astronomie qui étudie la structure de l’évolution de ce dit univers) il se situe toujours en relation directe avec les forces qui commandent l’architecture du monde et le sens de l’univers.

Le mythe est le domaine par excellence où triomphe la symbolique.

En trois mots, et pour reprendre la synthèse d’un F\\M\ de notre L\ : Le conte est un récit récréatif, la légende un récit fédérateur, le mythe un récit fondateur. Tous contribuant à la tradition orale puis, plus tard, écrite de chaque peuple qui les a transmis.

6 - Si je me permets d’insister sur le sens profond du mythe c’est dans le but bien précis d’appréhender au mieux ce qui suit quant aux Trois Portes du Temple. Mais aussi et surtout pointer le doigt sur la corrélation qui existe dans les situations Maîtres/Apprentis, Maîtres/Compagnons, Maîtres/Maîtres, car ces situations vous l’avez deviné sont les poumons du fonctionnement de nos Loges, et donc notre propre fonctionnement intérieur vers l’équilibre, la stabilité et l’ordre.  

7 - Oui le Temple avait trois portes, l’une à l’Orient, l’autre au Midi, et la troisième à l’Occident. Cette description ne correspond en rien avec ce que nous connaissons des temples en général, qu’ils soient égyptiens ou grecs et celui de Salomon en particulier .- Il nous faut donc rechercher la symbolique de ces emplacements. L’ouverture de la Loge au 1er degré nous en donne un aperçu :

● Le 2nd surveillant est placé au midi pour observer le soleil au méridien et appeler les FF\ du travail à la récréation et de la récréation au travail afin qu’ils en retirent profit et joie »

● Comme le soleil se couche à l’Occident pour fermer la carrière du jour, le 1er surveillant s’y tient pour aider le V\ à fermer la L\, payer les ouvriers et s’assurer qu’ils sont contents »

● Comme le soleil se lève à l’Orient pour ouvrir la carrière du jour, ainsi le V\ M\ siège à l’Orient pour ouvrir la L\ et diriger les travaux »

Au 3ème degré nous retrouvons le V\M\ et les 2 surveillants acteurs, sous la forme de 3 mauvais compagnons armés de leur outils : fil à plomb, équerre, maillet.

Mais avant d’étudier chaque porte, constatons une fois de plus l’ambivalence de celles-ci :

8 - Une porte est une ouverture dans une enceinte. Elle sert pour entrer et pour sortir. A chaque oui son non, à chaque pavé blanc son pavé noir, à chaque qualité son défaut, pour chaque outil une arme, à chaque lumière de la Loge son mauvais compagnon. – Mais si nous inversons les propositions : à chaque non son oui, à chaque pavé noir son pavé blanc, à chaque défaut sa qualité, chaque arme transformée en outil, chaque mauvais compagnon devenant lumière de la Loge. - A l’image des voies respiratoires laissant passer alternativement « l’inspire et l’expire », les portes du Temple nous incitent à l’ouverture d’esprit et à la tolérance.

La Porte du Midi :

1 - Elle est liée au fil à plomb et au 2nd surveillant. Quel est le rôle du 2nd surveillant : éveiller les apprentis aux outils qui se trouvent sur le chantier pour leur permettre de devenir Compagnons !

2 - Pour l’homme, on va dire normalement constitué, l’enseignement du savoir et de la connaissance, vient de l’extérieur. C’est un processus que la vie lui a inconsciemment inculqué.-  Il va donc falloir qu’il modifie ce processus naturel pour prendre conscience que la connaissance n’est pas du prêt-à-porter qu’on peut acheter en librairie, mais que pour l’appréhender, il doit tailler sa pierre, douloureusement, dans l’acquis de sa personnalité. - Le 2nd surveillant peut guider, stimuler, conseiller, mais non épargner l’apprenti d’œuvrer, de voir et de construire. – Si nous sommes capable de relater ce que nous avons appris et de le conjuguer avec notre ressenti, alors je ne vais pas dire tout est possible, mais beaucoup de choses deviennent espérance. – Le but est d’apprendre l’art de tailler, non pas théoriquement en sachant quoi faire, mais en le faisant ! – Le chemin maçonnique est progressif et régulier, sérieux et transparent, réaliste et transcendant. Encore faut-il pour qu’il soit efficace bien en comprendre le principe et surtout le mettre effectivement en application. Seulement en parler ne transforme personne, même si on en parle bien.

3- Chercher à se connaître, c’est assumer sa dimension humaine et cosmique.

4 - Etre Franc Maçon ou ne se suffire que du titre, l’engagement n’est pas le même. La connaissance exige un double regard conscient, un regard vers le monde extérieur obscur, et un regard vers le monde intérieur lumineux. -  Seule l’expérience peut valider cette certitude.  Le fil à plomb rappelle à l’apprenti qu’il doit emprunter un chemin qui descend. Telle la masse du fil à plomb tirée vers le bas par l’attraction terrestre, le centre de gravité de l’apprenti va glisser vers le bas, son attention ne sera plus braquée sur sa pensée mais à l’intérieur de son corps. – Il pourra ensuite, comme au terme d’une plongée en apnée, remonter par le même chemin et découvrir à nouveau la lumière physique qui ne lui semblera plus la même … 

5 - Les relations entre les M\et les A\ sont ambiguës. Les M\ accueillent avec joie sincère et désintéressée les A\, alors que les A\ attendent tout des M\- Si les maîtres accomplis ne peuvent pas augmenter l’avoir des A\ ils peuvent, pour la plupart cheminer ensemble, leur rôle n’étant pas de transformer mais de créer des situations favorables à l’enrichissement.

Le premier mauvais Compagnon nous rappelle qu’à la connaissance s’oppose l’ignorance, le rationalisme borné, la logique rigide, le dogmatisme…

La porte de l’Occident.

1 -Cette porte est liée au niveau et au 1er Surveillant dont les rôles sont l’accompagnement des C\ et le respect de l’ordre dans le temple. Constitué de 2 outils, le fil à plomb et l’équerre il va donner l’horizontalité en plus de la verticalité – Le C\ qui tente l’expérience de l’équilibre périlleux au sommet du niveau se trouve à l’intersection de deux forces qu’il intègre. Tout son travail initiatique consiste par rapport à la verticalité du fil à plomb qu’il a trouvé lorsqu’il était apprenti, et qui est toujours présent, à mesurer le terrain qui l’entoure, dans le cercle autour de lui décrit par l’équerre en mouvement comme un compas. Par rapport à cet axe intérieur, toutes les manifestations extérieures sont égales. Si l’axe est réel ces manifestations extérieures ne peuvent le perturber, car même dans les tourments l’axe reste vertical.

2 - Le C\ part donc à la découverte du monde sans risque de s’y damner.

3 -Se préparer à édifier son temple pour recevoir l’Etre en nous, c’est partir d’un terrain naturel, accidenté, envahir de ronces et de broussailles, comme le sont notre ego et sa vision du monde. Il faut travailler à défricher, aplanir le sol, tracer, creuser les fondations afin d’élever les murs vers le ciel.

4 - Le 1er Surveillant a la charge d’exercer un contrôle éclairé sur les travaux de ses FF\et particulièrement les CC\

Le second mauvais C\ nous apprend qu’à la tolérance s’oppose l’étroitesse de cœur, le fanatisme, la croyance en la possession de la vérité maçonnique, les dogmes érigés, l’esprit de sectarisme.   

La porte de l’Orient

1 - Cette porte est reliée au Maillet, insigne du pouvoir temporel et au V\M\ chargé de la direction des travaux en Loge.

2 - Un groupe a besoin d’être animé, dirigé. Tel un chef d’orchestre qui va donner à son ensemble la cohérence, le V\M\ va permettre à chacun de s’exprimer selon les règles établies. Par l’utilisation de la compétence de chacun il va créer une harmonie du groupe qui rejaillira sur tous. Chacun apportera sa pierre à l’édifice en fonction de ses capacités et de l’état de son cheminement. Les individualités continueront à exister, au lieu de s’exacerber, elles donneront sa richesse à la Loge.

Le 3ème mauvais C\ nous rappelle qu’à la direction de l’atelier s’oppose l’ambition déréglée, la formation de coterie, …

Conclusion.

1 - Le Temple avait 3 Portes. - Chacun de nous est Apprenti, Compagnon, maître. - Chacun de nous est 2nd Surveillant, 1er Surveillant, V\M\. Notre temple intérieur a 3 Portes avec 3 personnages à la fois gardiens et assassins.

2 - Le M\ qui aurait pu nous guider dans la construction du temple de la connaissance et de la sagesse est là, enfoui quelque part sous la terre qui nous compose. -  Ce Maître de Lumière qui oeuvrait pour le Verbe dans l’équilibre, la stabilité et l’ordre, a été frappé par surprise, par l’ignorance, le fanatisme et l’ambition qui affligent notre nature et obscurcissent notre intelligence. - Dans notre temple vide, le crépuscule est tombé, la parole a été perdue, éclipsée par des obscures émotions et la petitesse des idées, d’un mental isolé de sa source. – Seule la branche d’acacia indique encore le lieu tout au fond de nous où palpite le cœur de l’univers blessé, où la conscience spiritualisée (1) sommeille en attendant que nous produisions l’impulsion de vie nécessaire à sa renaissance.

3 - Cette direction indiquée par l’acacia motive nos espoirs, guide notre recherche et soutient notre courage. Nous nous réjouissons dans les ténèbres de savoir que l’ÊTRE n’est pas mort, qu’il survit au fond de la caverne et qu’en unissant nos efforts, nous pourrons encore le dresser en nous. Puisqu’il est possible de ressusciter la victime de nous même, nous sommes prêts à pardonner l’impardonnable et à œuvrer dans la Joie à l’expression du Maître.

Le Temple avait 3 portes !

ntends déjà des possibles interventions me faisant remarquer que les 3 portes du temple n’existent pas. - On en parle qu’au moment ou notre Maître Hiram est agressé et puis c’est tout.  - Oserais-je rétorquer que point n’est besoin de se substituer à St. Thomas et qu’il n’est pas nécessaire de voir pour croire !Elles sont puisqu’elles sont citées. - Et puis avouons que les choses sont malgré tout bien faites, si les portes n’existent pas physiquement c’est pour éviter les courants d’air avec les 3 fenêtres …

J’ai dit !

Ph\ S\D\

(1) La conscience étant la faculté qu’a l’homme d’attribuer une valeur morale à ses actes, ainsi que la perception qu’il a de sa propre activité psychique, de son moi et de la réalité distincte de lui. -  Petit à petit, avec l’initiation et son travail, il va se spiritualiser. – Sa conscience va donc « imprimer ces progrès. Ce sont ces progrès qu’il faut « réveiller » pour produire l’impulsion nécessaire à la « Renaissance » de son ÊTRE profond.


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