GSG | Loge : Le D\ O\ - Orient de Port Gentil - Gabon | 15/01/2010 |
La Porte Basse La porte
basse est un symbole
universel. Elle marque
le passage entre deux états d’être,
entre deux mondes, entre le profane et le sacré, entre
l’inconnu et le connu,
entre les ténèbres et la lumière,
entre le secret et le révélé, entre le
dénuement et l’abondance. Nous le
retrouvons, entre autres, chez les
Indiens du Pérou et les
constructeurs
des grandes pyramides d’Egypte. Pour
les bouddhistes, la méditation est une porte qui permet de
pénétrer dans les profondeurs
de la partie spirituelle qui est en
nous. Pour
les soufis, la gestuelle et la posture
adoptées pendant
la prière feraient allusion à
cette porte basse qui
« s’ouvre et se referme
» à des moments bien
précis de la journée
et qui permet au
prieur d’entrer dans la proximité divine. Enfin,
de nombreux
textes sacrés notamment bibliques¹ mentionnent ce
passage étroit que nous ne
pouvons franchir qu’en étant
dépouillé de tous nos conditionnements
terrestres,
c’est-à-dire
le fameux dépouillement
des métaux. Ces textes soulignent la difficulté
à s'éveiller à la
réalité
spirituelle que nous portons en nous, si nous restons
attachés au monde
matériel et à ses valeurs de richesses et
d'argent. Le
symbole de la porte étroite est donc connu
depuis la préhistoire. Il représente la
difficulté que rencontre l'homme, le
futur initié, à passer du monde profane au monde
sacré. Ce
symbolisme de la porte étroite perdure
naturellement dans la spiritualité contemporaine, notamment
dans les loges
maçonniques gardiennes de la Tradition qui la qualifie de
porte basse. En
effet, en «maçonnerie»,
la porte étroite est basse. On la retrouve à
certaines étapes importantes
du parcours initiatique du franc-maçon.
Elle
est par exemple le point d'accueil de notre première
entrée dans le temple lors
de notre
initiation. C’est d’ailleurs
cet exemple que j’ai choisi à juste titre de
développer dans cette planche car
s’il y a un moment parmi d’autres qui
m’ont le plus marqué pendant mon
initiation, c’est bien ce passage par la porte basse. J’ai
encore en mémoire ces instants où
dépouillé
de tous mes métaux, ni nu ni vêtu et yeux
bandés avec une corde au cou comme un
condamné à mort,
j’ai dû, courbé par
des mains vigoureuses mais bienveillantes franchir cette porte basse. Si
l’initiation en
maçonnerie passe par une
« entrée »,
c’est la preuve que la porte
basse revêt une grande importance dans la symbolique
maçonnique. Lors
de ma cérémonie de réception il y a de
cela
2 ans, Le néophyte que j’étais à cette
époque venait de subir avec succès
l’épreuve de la Terre et était désormais
prêt à affronter l’initiation qui
devait le conduire à sa propre mort.
C'est-à-dire tuer le vieil homme qui
sommeillait en moi afin de renaître
à une vie nouvelle. Et le cabinet de réflexion
comme matrice m'y avait préparé.
En
néophyte, j’entrais pour la première
fois
dans le Temple sacré, courbé en deux, la
tête la première par la porte basse
qui était figurée par
l'épée du frère couvreur
placée à mi-hauteur. J’ai
été
conduit à travers cette porte par les frères
maîtres de cérémonie et expert, le
premier se tenant dans la loge et le second sur le parvis. Le
franchissement de
cette porte s’est effectué avec
difficulté et en posture inconfortable. Quel(s)
message(s) ces inconnus qui allaient
devenir plus tard mes
frères
voulaient-ils me faire passer ? Sur
le plan physique,
la porte basse était une contrainte matérielle
qui devait m’amener à
comprendre que je
devais me faire
violence pour accepter et endurer la maltraitance et
l’inconfort du parcours
initiatique qui ferait de moi un initié aux mystères
et privilèges de la Franc-maçonnerie. Comme le
disait le Christ, ce sont les violents² qui entrent dans le
royaume des cieux. Dans
cette parabole,
le Christ ne faisait pas allusion à la violence physique,
mais plutôt à cette
forme subtile de violence contre soi-même, contre son
égo, en d’autres termes,
à ce dépassement de soi qui m’a
d’ailleurs été nécessaire
pendant les 3
épreuves de l’air, de l’eau et du feu
qui m’attendaient de l’autre
côté de la
porte. Enfin,
la porte basse
avait pour but de me faire comprendre que tout changement
d’état ou de plan ne
pouvait s’accomplir du seul fait de ma volonté ou
de mon vouloir. Seul, il
m’était impossible de passer la porte
basse ; j’avais besoin de ces aides
qui me tiraient et me poussaient. Il s’agissait là
de quelque chose
d’essentiel. Celui qui me tirait était dans la
loge, celui qui me poussait se
trouvait symboliquement dans la terre, puisque le cabinet de
réflexion se
prolongeait en quelque sorte jusqu’à cette porte
infranchissable. Sur
le plan psychique, le fait de m'incliner
très bas pour passer sous cette porte à
l'entrée du temple était une
exhortation. Mais quelle exhortation? Primo,
je devais faire preuve d’humilité, de respect et
de soumission à ceux qui
m’accueillaient. Mais je devais également leur
faire confiance. Car en profane
que j’étais,
pouvais-je douter que la
porte basse par laquelle je devais passer pour franchir le seuil ne
soit pas ce
qu’on m’en disait ? Depuis
mon obscurité, je devais me laisser
guider par la parole dans la lumière. Je devais passer
d’une posture rigide et
droite à une attitude flexible dans mon mental. Pour
trouver le chemin de ma pierre
philosophale, il convenait pour moi profane, de savoir laisser ma
rigidité, mes
préjugés, mes prétentions. La porte
basse était donc un symbole qui m’invitait
à me reconstruire. Secundo,
en passant sous cette porte, c’était
également une exhortation à comprendre
que j’étais est en train de
quitter un monde dans lequel j’avais vécu
jusque là, dans l'ignorance, les turpitudes et les
vicissitudes de la société
pour aller vers un au-delà inconnu. L’inconnu des
secrets de mon âge qui
m’allaient être progressivement
révélés dans la marche qui
serait la sienne, c’est-à-dire la marche de
l’apprenti. Enfin,
mon entrée par la porte basse, était le
symbole de l' « INITIO », c'est-à-dire
le commencement, le début d'une nouvelle
vie, d'un nouveau parcours, d'une nouvelle spiritualité et
ce n'était pas sans
me rappeler, la venue au monde d'un enfant sortant du ventre de sa
mère, à
l'intérieur duquel il progressait jusque là dans
l'obscurité, pour venir vers
la lumière, vers la vie. Comme cet enfant sortant du ventre
de sa mère, le
néophyte que j’étais, mourrait
à la vie profane et accédait à sa
propre
naissance. C'était le passage de la mort à la
vie, d'une mort à la délivrance,
à une renaissance. Pour
construire sa nouvelle vie d’initié,
l’apprenti que j’étais devenu devait
s’aider de la perpendiculaire du second
surveillant pour descendre en lui
et
repérer ses aspérités avec le miroir
de sa conscience. Il s’emploierait à les
enlever à coups de maillet et de ciseau tout en gardant une
attention
particulière à
sa règle à 24 divisions. Enfin,
en faisant appel à la notion de dualité,
Le symbolisme de la porte basse impliquait la coexistence des
contraires et
leur harmonisation dans le temps. Elle m’amenait à
transcender le binaire
symbolisé par le pavé mosaïque pour
arriver au ternaire. Pour conclure, je dirais que dans une société désenchantée qui a perdu le sens du sacré, le travail de tout franc-maçon libre et de bonnes mœurs est de trouver le passage qui le mènera à sa porte basse, but ultime de la recherche imposée par l'étincelle spirituelle qu'il porte en lui et dont il doit découvrir la réalité suprême cachée au fond de son individualité illusoire. J’ai
dit! Notes : |
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