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C. G. Jung et l’art royal : le parcours intérieur ou la croisade pacifique

L’idée du travail que je vous présente ce midi m’est venue du titre d’un ouvrage intitulé : « la loge et le divan » de Jean-Luc MAXENCE (poète, écrivain, psychanalyste et F\ M\ De longue date). Psychanalyse et parcours initiatique ; Quel programme ! Rien d’étonnant à ce parallèle audacieux ; L’initié potentiel qu’est le profane qui frappe à la porte du temple et le patient cherchent un supplément d’éveil, une meilleure gnose d’eux-mêmes, à se débarrasser de leur métaux. L’objectif non nécessairement formulé est de mieux se connaître pour in fine mieux aimer ses FF\ et l’Humanité.

Les débuts de la psychanalyse :

Les tentatives pour relier le corps et l’esprit nous ramènent à la nuit des temps. S\ FREUD en a formalisé les contours, crée la discipline et introduit le concept d’inconscient. S\ FREUD et son disciple C\ G\ JUNG ont consommés leur divorce après six années de collaboration. Ce qui fait la richesse de l’approche de JUNG est justement la cause de leurs divergences. Le principe d’individuation concept majeur de JUNG a des concordances avec l’initiation et sa suite sans fin. Ce principe d’individuation crée par JUNG est dit-il : « le processus qui crée un individu psychologique c.à.d. une unité autonome et indivisible, une totalité ».

Patient et initié, non seulement acceptent mais demandent à se transformer peu à peu, à s’affiner, à arracher leur masque social ou persona, en vivant les transformations de leur propre psyché. C’est un processus reposant sur une certaine confrontation aboutissant à la fusion des contraires, anima/animus pour JUNG, Lune/Soleil pour parler Maçon. FREUD et les tenants de sa théories distinguent le Ca ou inconscient, le Moi qui pour simplifier est l’expression de la conscience et le Surmoi qui arbitre et filtre les pulsions. C’est dans l’inconscient que travaillent pensées affectives et non rationnelles, celles-ci vont orienter et préparer les activités du niveau conscient. Conscient et inconscient ont des relations conflictuelles parce que l’inconscient ne se conforme pas à la légalité de l’être conscient et qu’il fait l’objet d’une dure répression.

C’est de cette approche freudienne par trop matérialiste et positiviste qu’est venue la discorde. Cet inconscient, entrepôt ou vont se déposer et se développer les racines de tous nos maux est apparu bien trop restrictif à C\ G\ JUNG. Celui-ci commença à penser que la source d’un certain mal être de l’homme se situait dans les tréfonds d’une spiritualité non explicitée alors que pour FREUD, la spiritualité était un terrain miné plus proche de la religion, dont il se méfiait tel l’opium du peuple, et de la magie (voir son ouvrage « l’avenir d’une illusion »). Il jugeait non scientifique l’approche de son disciple. JUNG, archéologue de l’âme humaine ne ramenait pas tout à des refoulements d’ordre sexuels, loin de là. Il s’est dissocié de la théorie des pulsions sexuelles dite libido, du latin envie, désir. Ce terme de libido s’élargira chez JUNG jusqu’à désigner la force vitale, l’élan d’être au monde, l’énergie psychique en générale. De l’inconscient individuel de FREUD nous passons avec JUNG à l’inconscient collectif avec les archétypes qu’il englobe.

Est-ce étonnant, même si JUNG ne le connut point mais l’eut éminemment respecté, que son grand-père paternel fut Grand Maître de la FM\ Helvétique au milieu du 19ème siècle et que son oncle tint la fonction de G\ M\ De la GLSA à la fin de ce même siècle ? Comble de cette hérédité déjà chargée, une rumeur persistante ferait du grand-père de C\ G\ JUNG le fils naturel de GOETHE. Il fréquenta Henri CORBIN et, René GUENON, qui pourtant n’appréciait guère la psychanalyse, lut ses travaux avec grand intérêt. Il était également féru d’alchimie. C\ G\ JUNG à été très complet dans son approche en intégrant dans ses concepts les sciences physiques. Il eut des contacts avec Albert EINSTEIN, père des la théorie de la relativité et avec Wolfgang PAULI, prix NOBEL de physique quantique (patient assez contrarié devenu ami de JUNG). Ensemble ils échafaudèrent le principe de « synchronicité », qui frise le paranormal. L’astrophysicien Hubert REEVES traduit fort bien cette idée de « synchronicité » à travers le titre de l’un de ses ouvrages intitulé : « l’espace prend la forme de mon regard » ou physique et psychisme, esprit et matière, peuvent être considérés comme des aspects complémentaires d’une même réalité. JUNG intégra également la philosophie et eut des échanges avec Henri BERGSON et bien d’autres. Il parait ardu d’être plus universel et il semblerait que S\ FREUD ait été quelque peu injuste à son égard. A travers son ouvrage « la psychologie de l’inconscient » JUNG constate que trop de gens cherche en dehors d’eux-mêmes les causes de leurs insatisfactions, et que pour servir au mieux la société et les hommes, il faut commencer par soi-même, effectuer une remise en cause intime, dissoudre ce qui existe et effectuer un renouveau intérieur. L’Art Royal ne suggère t-il pas de s’engager sur ce chemin ? « Qui se connait connaît aussi les autres car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » selon MONTAIGNE et, le fameux « connais-toi toi-même… » N’est-il pas un véritable leitmotiv dans nos travaux ? Si je puis dire, les propos de JUNG sentent le « VITRIOL ». « La loge et le divan » semblent bien être les miroirs impassibles de notre propre psyché. Lors de l’initiation, la présentation du miroir à l’impétrant matérialise l’épreuve à venir pour pouvoir prétendre avancer et, « ce n’est pas toujours devant soit que l’on rencontre ses ennemis… ».

S’observer, chercher, penser, rectifier, mais chercher pourquoi ? Ou ? Quoi ? Comment ? Je tenterais de répondre à ces questions au cours de cet exposé. L’inconscient s’exprime dans un langage qui ne parle pas, monde d’un pur imaginaire qu’il faut décrypter. Cela complique les choses mais confère au libre exercice de la pensée une dimension supplémentaire, celle d’une découverte, d’une révélation que l’on peut nommer renaissance. Nous pouvons ainsi parvenir à échapper à toute forme de déterminisme et de recouvrer la Liberté Vraie, s’il en est une. Ne nous arrive t-il pas de penser que notre propre pensée nous empêche de penser librement ? L’exercice n’est pas anodin puisque l’initié engage tous ses dieux et tous ses démons. Ne nous y trompons pas, cette démarche pour être bénéfique, voir transcendantale ne doit pas être une quête folle d’un bonheur furtif ni d’un moindre malheur, auquel cas nous stagnerions dans l’égo, le moi vulgaire. Au fond, est-ce vraiment une épreuve si difficile ? Les chercheurs de lumière sont-ils tous « masos » ?

Personnellement je ne le pense pas et, je vous délivre cette citation d’Hermann HESSE (prix Nobel de littérature qui fut également un patient reconnaissant de JUNG) : « Il est dur de naître. L’oiseau a de la peine à sortir de l’œuf. Questionnez votre mémoire et, demandez-vous si le chemin était vraiment si dur, était-il seulement difficile ou Beau aussi ? ». Le voyageur qu’est l’initié cesse d’avoir peur de l’imprévu, il accepte le possible dans sa plénitude. Alors il devient tolérant et serein, apte à ouvrir son cœur, a être fraternel et poursuivre sa route harmonieusement avec les autres, ses FF\. La sagesse enseigne que le mal vient de l’attachement à ce qui fut et nous empêche de voir ce qui est, ici et maintenant, depuis la nuit des temps et à l’infini. Pythagore disait « que les hommes ont les maux qu’ils ont eux-mêmes choisis ».

Le parcours intérieur, la croisade pacifique :

Le chemin : De l’Alpha à l’Oméga.

Vouloir s’engager sur le chemin qui mène de l’aliénation à la libération, de l’Alpha à l’Oméga, présuppose d’allier vigilance active, « lâcher prise » (sur lequel je reviendrai) et travail. Cette triade nous met sur une voie qui n’impose aucun dogme et permet d’accomplir sa propre quête et sa propre conquête. C’est l’image du plongeur sous-marin qui descend au fond de son océan et qui remonte à la surface, c.à.d. son Moi et sa raison, des scories et des détritus « ses casseroles », dont il prend objectivement conscience. Par là même, il s’en débarrasse en les intégrant, en les digérant et, pour employer un terme actuel, il fait du « recyclage ». Cela pourrait correspondre au premier palier en plongée, dans le CA freudien, la première strate de l’inconscient ou se situe les refoulements et les tabous du vécu personnel. C’est l’accession à « l’Etre » de René GUENON, au « Paradis Terrestre » de DANTE. Ainsi, débarrassé de ses écrans de fumées polluantes il a l’intime bonheur d’accéder à des trésors qui appartiennent au patrimoine de l’Humanité ou il perçoit l’Universalité et la Beauté. Ces paliers correspondent aux strates les plus profondes, celles des origines, des archétypes et du cerveau que JUNG dénomme archaïque. C’est l’accession et l’ascension dans le domaine infini du monde non manifesté que René GUENON appelle le « Non-être » ou la raison, faculté purement individuelle ne peut parvenir. Le sous-marinier s’est transmuté en cosmonaute. A ce stade d’évolution, René GUENON substitue la raison à ce qu’il appelle « l’Intellect Transcendant ». Au contraire des facultés rationnelles de l’homme, cet « au-delà » de la raison est véritablement non-humain, il est vraiment d’ordre Universel, mystique et métaphysique. L’ésotérisme islamique nomme ce niveau atteint d’« Identité Suprême », l’Hindouisme de « Délivrance » et DANTE de « Paradis Céleste » auxquels peu d’élus accèdent. C’est le principe de l’ascenseur avec des successions d’immersions et d’expansions, de réunir ce qui est épars, d’aller de la périphérie au centre et inversement. Pour résumer la vision de R. GUENON, L’Homme passe ainsi de la multiplicité et de la dispersion à l’Unité et à l’Etre pour in fine accéder au Non-être, au Zéro métaphysique. A chaque voyage l’amplitude du compas s’accroît. Nous allons maintenant aborder les motivations et les moyens pour s’en approcher.

Pourquoi :

Le profane que nous avons tous été et qui un jour a frappé à la porte du temple a, par cet acte, déjà fait un grand pas. Il y a une part intuitive ou exprimée de recherche de lumière, de l’existence d’un Soi à développer et une part subjective de son rapport avec un monde jugé profane et stérile qui nous laisse orphelins. Il faut bien reconnaître que l’ambition, le pouvoir, la gloire et les honneurs qui sont l’apanage du monde profane utilisent des outils tels que l’intolérance, l’orgueil, la dissimulation, l’hypocrisie, l’arrogance et j’en passe. Nous sommes loin de nos outils que sont le V\ L\S\, le Delta Lumineux, l’Equerre, le Compas, le pavé mosaïque, les lacs d’Amour… Toutefois, avec un peu de temps et l’acquisition d’un minimum de Sagesse, il apparait que nous ne sommes pas nécessairement un référent (cela serait de l’orgueil et de la prétention) et que nous n’avons ni à critiquer ni à juger les hommes et leur éthique à quelques exceptions près, comme par exemple les crimes contre l’Humanité. Simplement se dire que l’Humanité est sur sa voie évolutive, qu’elle se dirige à son rythme, vers cette « Noosphère » décrite par Teilhard des Chardin. Il est ainsi bien plus constructif et utile de trouver la paix en Soi que le conflit avec l’autre, c’est l’Amour qu’il faut développer, qui doit parler, qui doit triompher. Après avoir donné quelques raisons non exhaustives pouvant motiver un profane pour rentrer dans la grande famille qu’est la F\ M\, voyons comment il peut trouver réponses à ces justes aspirations.

Comment ? : Les outils

L’initiation :

Bien sur, en premier lieu il y a l’initiation qui s’adresse à ces esprits curieux, à ceux qui ne se satisfont pas de leur état, de leur environnement et de ce qu’ils ont pu apprendre ainsi que ceux, qui comme Voltaire pensent « qu’il ne peut y avoir d’horloge sans horloger ». L’initiation et sa suite infinie nous propose de considérer sans concession ce que nous sommes afin de mieux aller vers ce que nous devrions être, même si nous ne le savons pas encore. En F\ M\ On est d’abord initié virtuellement avant de s’initier soi-même grâce aux outils, aux FF\, aux symboles et au travail. Il s’agit de désactiver le pilotage automatique et de reprendre les commandes. L’introspection, l’aptitude à identifier ses propres imperfections et les reconnaître comme telles ainsi que la volonté d’y remédier sont les fondements mêmes de la construction et de la perpétuelle reconstruction de son temple intérieur. L’initiation nous dit René GUENON sous-entend l’adossement du postulant à une Tradition qui permet la transmission de connaissances ancestrales parvenues intactes jusqu’à nos jours. Pour René GUENON, outre l’ésotérisme des religions bien comprises, en occident, seule la F\ M\ est susceptible de lier le postulant au transcendant. Le symbolisme crée une vibration initiale, c’est le FIAT LUX qui illumine les choses et fait sortir l’esprit de la matière. A ce transcendant, vertical, se superpose un rattachement horizontal et historique, le temps linéaire, qui relie l’organisation initiatique à des origines ancestrales. C’est le symbolisme de la croix, bien antécédent à l’avènement du christianisme, qui est développé par R\ GUENON dans un ouvrage qui porte le même nom. Il est étonnant, compte tenu de son environnement personnel décrit plus haut, que le maçon sans tablier ou le profane avec tablier que fut JUNG, n’eut point ou peu abordé ces thèmes de l’initiation et de la Tradition.

Labyrinthe et « Lâcher prise » : Plus haut, j’ai évoqué la vigilance active alliée au « lâcher prise » et au Travail afin de déposer ses métaux et d’écouter « en dedans ». Entrer dans le labyrinthe nécessite une vigilance active car le « lâcher prise », passeport indispensable pour passer la porte basse comporte des risques. La vigilance active est le fil d’Ariane pour ne pas s’égarer dans le labyrinthe. B\ PASCAL nous a transmis la recommandation suivante : « il faut éviter deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison ». J’insiste sur ce « lâcher prise » qui me semble un moyen de laisser naturellement la communication s’instaurer entre le sensible et la mystérieuse part de divin qui nous habite. Pour atteindre des niveaux de conscience plus élevés, nous pouvons nous considérer comme notre propre clé, pour nous ouvrir à nous-mêmes et aux autres et découvrir l’infini bonheur d’être un maillon du Tout, du UN. Xavier AUDOUARD (psychanalyste, philosophe, théologien du 20ème siècle, décédé en 2004) nous dit en substance qu’il faut garder le silence pour rencontrer au cœur de nous-mêmes le point ultime ou s’évanouissent toutes nos préoccupations et agitations quotidiennes. Ce point abyssal, le cœur de nous-mêmes, est aussi et surtout une ouverture sur l’autre et sur l’espace infini ou l’homme se dissous. C’est pour cela que j’accorde une importance particulière à la minute de silence sur le parvis avant notre entrée dans ce lieu sacré qu’est le temple. « Le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave, celui que tu prononces est ton maître » nous dit un proverbe arabe. C’est aussi pour cela que le silence de l’A\, loin d’être une brimade est également un outil. « Les bavards sont les plus discrets des hommes, ils parlent pour ne rien dire » a constaté Voltaire. Restons avec Xavier AUDOUARD dont l’analyse qui suit me semble bien correspondre à la notion du « lâcher prise », je cite : « Si je théorise, je veux m’éclairer, plus je cherche plus je me rends compte de l’obscurité dans laquelle je suis plongé, mais, au fur et à mesure que je supporte l’obscurité, je commence à voir. Dans l’obscurité l’existence se révèle ; dans le non savoir, une connaissance survient ». N’est-ce pas dans l’obscurité la plus totale que nous apparait le plus clairement la voute céleste et la douce lumière des astres ? L’homme porte son soleil intime. La lumière est à l’intérieur tout comme une graine dans laquelle règnent les ténèbres et qui contient le germe de la vie. Fermer les yeux et se taire pour tout voir et tout entendre. Nous sommes faits à l’image de l’Univers conformément aux lois qui gèrent le Tout. Nous ne faisons que trouver ce qui existe déjà dans la nature. Nous n’avons rien à inventer, chercher et se rapprocher du centre du labyrinthe, tel doit être notre ambition. Xavier AUDOUARD dans la citation précédente illustre bien ces passages successifs des pavés noirs aux pavés blancs avant de trouver la juste orientation. Jouer à la marelle avant de faire le funambule. « Il est aussi noble de tendre à l’équilibre qu’à la perfection, car c’est une perfection que de garder l’équilibre » nous dit SPINOZA. Rentrons sans préjugés dans le labyrinthe, n’hésitons pas une seconde, suivons sans appréhension la recommandation de Saint-Jean DE CROIX : « Si tu veux arriver là ou tu ne sais pas, il te faut passer là ou tu ne sais pas ». Voilà ou il faut chercher, cela répond de manière lapidaire aux questions précédentes du OU et QUOI chercher. Mais prenons garde et le jeu de l’oie, en forme de labyrinthe et de spirale est certes ludique mais il renferme un enseignement majeur ; l’avant dernière case peut nous renvoyer à la mort. Ainsi, on n’est jamais aussi éloigné du centre que lorsque l’on croit y accéder. Celui qui se gargarise d’avoir atteint le Moi idéal a fini de progresser. Il s’agit d’une succession éternelle de cycles mort et renaissance tel le Phénix, cet oiseau fabuleux antique et mythique qui renait toujours de ces cendres et qui se délivre d’un seul envol des flammes qui l’on consumé.

Travail :

Quoique d’apparence passive, le « lâcher prise » est un acte, un acte délibéré et volontaire. Quant au travail, nécessaire pour toute progression, il est de toute évidence action quoiqu’il se traduise étymologiquement et paradoxalement par « subir ». Travail remonte au latin TRIPALIUM désignant un instrument de torture formé de trois pieux. Le verbe travailler signifia d’abord tourmenter, peiner, souffrir. On le retrouve dans des expressions telles que « travail de deuil, travailler son adversaire au corps, ça me travaille les méninges » ainsi que « le travail de l’accouchement ». Si, l’issue du travail est favorable alors, comme chez la femme qui accouche, vient « la délivrance ». Le bonheur est un « sous-produit » de l’effort.

Symboles et archétypes : L’union des opposés : L’Individuation :

L’initiation, le « lâcher prise », le travail et la vigilance active permettent de déchiffrer les symboles et d’accéder aux archétypes, parties cachées de l’iceberg. L’Orient (du latin orior : se lever) et l’Occident (du latin occidus : tombé, couché) sont aussi en nous. Leur réconciliation tisse des liens secrets pour retrouver l’état d’unité. Tous les FF\ veulent trouver leur Orient source et origine de la lumière, s’orienter. En psychanalyse, on vient se faire réorienter. Arrivé presque en fin d’exposé, je fais une petite remarque : Vous avez du constater que je n’ai plus fait allusion au divan ainsi qu’à la psychanalyse. En effet, la vision « Junguienne » de cette discipline est tellement élargie, universalisée et spiritualisée que, soit nous avons dépassé le cadre de cette discipline, soit elle mérite d’être rebaptisée. Les archétypes sont l’inconscient commun à tous les hommes. Ils ne sont pas issus de l’expérience personnelle. Indépendants de l’esprit humain et de nature transcendante ils possèdent la particularité d’être des éléments de transformation. La conscience et son système perceptif ne peut les connaître. Ils ne peuvent être que représentés. Seules leurs manifestations et projections le peuvent. Mythes, symboles, rituels et rêves en sont les principales expressions. En le décortiquant, on s’aperçoit à quel point les rituels d’initiation sont chargés d’expressions archétypales. « Ce qui semblait auparavant être moi est recueilli dans quelque chose de plus vaste qui me dépasse et me domine de toute part » ressent JUNG. Le Soi réuni les opposés, axe de croissance et point d’appui vers l’individuation. Il est induit par l’instinct spirituel qui traduit la Foi en quelque chose de bien plus  grand que le moi vulgaire. L’archétype du Soi est ainsi une fusion des opposés, à savoir qu’il réunit le conscient et l’inconscient, la lumière et l’ombre, l’Orient et l’occident. Par ailleurs, je substituerais volontiers au terme « opposé » celui, moins dualiste « d’inverse complémentaire ». Celui-ci supprime la notion de combat et met davantage en exergue les notions d’union et de fusion. Son symbole pouvant être matérialisé entre autres par le Yin et le Yang.

Conclusion :

Le centre du labyrinthe est Unique mais multiples sont les chemins pour y parvenir. J’ai bien l’impression, à tort ou à raison que l’Art Royal et l’immersion/expansion proposée par YOUNG se situent sur deux « parallèles convergentes ». Ce parcours n’a plus rien à voir avec la thérapie. L’individuation devient un processus naturel et, JUNG rajoute : « Est-ce de la thérapie quand un chat devient un chat » ? De ce point de vue, sous la voute étoilée, chaque F\ rêve de totalité cosmique, d’unité reconstituée, du définitif dépassement de l’homme morcelé. Alors, le « rassembler ce qui est épars » n’est plus une simple formule mais un sésame pour la psyché. Ce qui pourrait faire défaut chez JUNG est que sa démarche occulte l’apport incontestable de la Tradition et demeure très personnelle. La perception de l’inconscient collectif et le processus d’individuation est une traversée en solitaire. Le collectif reste virtuel, conceptuel et spéculatif. A contrario, la FM\ dite spéculative s’adosse à une Fraternité vraie, active et opérative. Ainsi le parcours initiatique est un fondu enchaîné qui relie l’individuel au collectif, le haut et le bas, le dedans et le dehors. Les FF\ Forment ainsi « Un, Tout » homogène et harmonieux dont les regards intérieurs se portent sur le même horizon de Lumière. V\ M\, mes FF\, tout ce que je viens d’évoquer au cours de ce travail se conceptualise, s’écrit, se dit, mais, ce ne sont que de pieuses intentions, et comme il est dit familièrement : « Ya qu’à, Faut qu’on ». Là, plus rien ne se dit ni ne s’écrit. Là, réside le Secret.

V\ M\ j’ai dit

P\ N\


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