GLDF L'Edifice  24/12/2016


Ma Loge

 
 
Il y a Daniel, l’adjoint au Maire,
Alexis, le cuisinier,
Jean Claude, l’écrivain,
Lucas, avec son long moment de chômage,
Gérald, le directeur commercial,
Qui fut notre Vénérable,
Et aussi le vieux Max  
Qui vit naitre l’informatique

Dehors, on se dit : "Docteur, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c’est : "Mon frère", et c’est très bien ainsi.
Nous nous réunissons sur le niveau et nous nous quittons sur l’équerre.
Moi, je suis second surveillant dans ma Loge ici bas !
Il y a encore Gilles qui connait bien les chantiers d’Afrique,
Anton, l’Arménien,
Jean Marc qui s’est convertit à l’islam,
Le sieur Jackie, As des As, pilote émérite,
Et Frank, médecin en retraite,
Catholique Romain dont le fils est Curé.
Il y a ceux des Obédiences amies qui,
Comme Walter, viennent souvent nous visiter,
Et Mick qui nous a rejoints à plus de 65 ans,
Ils sont tous bienvenus à participer à nos travaux.
Rassemblement d’opinions et d’origines si variées,
Gens modestes comme dans tant de Loges,
 Nos décors ne sont pas riches,
Notre Temple n’est pas le plus joli,
Mais nous vénérons nos anciens Frères,
Ceux passés à l’Orient éternel.

Quand je jette un regard en arrière,
Cette pensée, souvent me vient à l’esprit :
Au fond, ce sont tous des cherchants
Comme je le suis moi-même !
Avec un seul objectif, s’enrichir de spirituel
Puis porter au dehors l’œuvre commencée dans le Temple.

Après chaque tenue,
Nous nous réunissions frugalement,
Nous ne faisons pas de banquet
De peur d’enfreindre les règles de la religion de certains frères.
Nous causons à cœur ouvert de religions et d’autres choses,
Chacun de nous se rapportant
Au Dieu qu’il connait le mieux.
L’un après l’autre, les frères prennent la parole,
Et jamais aucun n’élève le ton.

L’on se sépare proche de minuit,
Quand les rues sont au calme
Et d’autres déjà couchés.
Comme après tant de paroles
Nous retournons chacun dans nos foyers,
Mahomet, Dieu, Allah et Shiva
Etrangement ne s’opposent toujours pas dans nos têtes.

Bien souvent depuis mon initiation,
Mes pas errants au service de mes entreprises,
Ont porté le salut fraternel
De l’orient à l’Occident,
Comme cela nous est recommandé,
De France à bien d’autres contrées.

Mais combien j’attends de les retrouver tous
Ici, ceux de ma chère Loge !
Avec le Frère chargé de la cuisine du jour
Qui s’agite à l’office pour nous régaler
D’un plat simple par lui préparé
Et me retrouver parfait Maçon
Une fois encore dans la Loge qui m’a initié.
Comme j’aime à revoir mes frères blancs, noirs et bruns,
Et sentir le parfum des bougies éclairant notre temple
Pendant que les maillets rythment la cérémonie,

Dehors, on se dit : "Docteur, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c’est : "Mon frère", et c’est très bien ainsi.
Nous nous réunissons sur le niveau et nous nous quittons sur l’équerre.
Moi je suis second surveillant dans ma Loge ici bas !
 
MB - le 24 décembre 2016 - Copyright L’EDIFICE ®
Libre adaptation d’un poème de Rudyard KIPLING du 30 décembre 1865 à Bombay : La Loge Mère
 
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Franc-maçon, Kipling (1865-1936) fit partie de la loge Hope and Persévérance no 782 aux Indes, reçu le 5 avril 1886. Il reçut une dispense du Grand Maître du District du Pendjab lui permettant d'être initié avant l'âge de 21 ans et fut ensuite exalté Maître Maçon dans la loge de Marque Fidélité, puis élevé au grade de Marinier de l'Arche Royale dans la Loge d'Ark Mariner du Mont Ararat no 98
 
Ses ouvrages pour la jeunesse ont connu succès jamais démenti : Le Livre de la jungle (1894), Le Second Livre de la jungle (1895), Histoires comme ça (1902), Puck, lutin de la colline (1906). Il est aussi l'auteur du roman Kim (1901), de poèmes (Mandalay (1890), Gunga Din (1890), et Tu seras un homme, mon fils (1910) sont parmi les plus célèbres) et de nouvelles, dont L'Homme qui voulait être roi (1888) et le recueil Simples contes des collines (1888).
 Il fut « innovateur dans l'art de la nouvelle », précurseur de la science-fiction.

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