GLNF Loge : NC Date : NC

Rudyard Kipling

Maçon et Ecrivain

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

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Partant du principe que c’est au cours des toutes premières minutes qu’un auditoire est attentif, j’ai fait le choix de commencer par cet écrit en me disant qu’au moins vous aurez écouté l’essentiel et en aurez apprécié le contenu.

La plupart d’entre vous l’auront reconnu, d’autres, découvert, c’est le fameux IF – SI en français, de notre F∴ Rudyard Kipling, dont je vais vous parler ce soir.

Après une brève biographie – la plupart des renseignements concernant Kipling pouvant être trouvés facilement – je parlerai de l’homme, du maçon et de son œuvre, et ce afin de coller au programme de notre VM et je terminerai par l’étude du symbolisme à travers 2 de ses œuvres – « L’homme qui voulut être roi » et «  Le livre de la jungle » et ce afin de revenir à un des piliers de notre rite : le symbolisme.

Biographie

Né le 30 décembre 1865, en pleine époque Victorienne, à Bombay, inde britannique. Il est le fils aîné d’un père pasteur protestant, directeur d’une école d’art à Bombay et d’une mère sans profession, fille, elle aussi d’un pasteur protestant.

A l’âge de 6 ans il quitte les Indes, avec sa sœur Trix pour se rendre en Angleterre sous la tutelle du capitaine Holloway et de son épouse à Lorne Lodge et fait ses études à Westward Ho, école réservée aux fils d’officier servant dans l’armée des Indes. Ecole à l’éducation rude avec les traditionnelles punitions corporelles.

Kipling évoquera plus tard cette période avec horreur, se demandant non sans ironie si le mélange de cruauté et d’abandon qu’il a subit durant ce temps là n’aurait pas précipité l’éclosion de ses talents littéraires. Fort heureusement, les vacances se passaient chez sa tante Georgiana et son mari  le peintre Edward Burne-Jones, « un paradis auquel je dois en vérité d’avoir été sauvé » dira t-il plus tard.

En 1878 il rentre à l’United Service Collège pour y préparer une carrière militaire. Etudes peu brillantes ne lui permettant pas d’obtenir une bourse, ce qui l’amènera à retourner aux Indes où son père lui trouve un emploi, en 1882, dans la gazette « Civil and Military Gazette » de Lahore que Kipling  appellera plus tard « ma première maîtresse, mon premier amour ».

En 1886 il publie son premier recueil de poésie «  Départemental Ditties » et de 1886 à 1887 il publiera une quarantaine de nouvelles qui seront rassemblées dans « Simples contes de collines » en 1888, il a 23 ans.

Rejoignant le Pioneer, grand frère de la gazette, il publiera 41 nouvelles dont certaines étaient déjà des mini romans, dont une des plus connue « L'Homme qui voulait être Roi »

En mars 1889, après avoir vendu ses droits d’auteur et reçu 6 mois de salaire en guise de préavis de licenciement, il quitte les Indes en direction de San Francisco, rédigeant des nouvelles pour The Pioneer qui seront rassemblées dans le recueil « From the sea », puis entre à Londres où va débuter sa carrière littéraire.

En 1892 il épouse Carrie Balestier, de 3 ans son ainée et s’installe à Torquay sur la côte du Devon où il écrira nouvelles sur nouvelles. A dater de cette époque et jusqu’en 1908, il se rendra avec sa famille chaque année en Afrique du Sud où il rencontrera Connan Doyle le père de Sherlock Holmes et Baden Powel qu’il aidera à créer le scoutisme dont il sera un membre dirigeant. C’est à cette époque qu’il écrira le fameux livre « Kim » connu de tous les scouts du monde.

En 1894 sortira « le Livre de la Jungle » et en1895 « le second Livre de la Jungle ».

Au sommet de sa gloire dans la première décennie du XX° siècle, il reçoit en 1907 le prix Nobel de Littérature «  en raison de la puissance d’observation, de l’originalité d’invention, de la vigueur des idées et du remarquable talent narratif qui caractérisent les œuvres de cet écrivain mondialement célèbre »

En 1910 sortira « Rewards and fairies » qui contient le poème « If » que je vous ai lu en préambule.

En 1915, il perd son fils, alors lieutenant, à la bataille de Loos ce qui lui fera écrire « Si quelqu’un veut savoir pourquoi nous sommes morts ; dites lui : parce que nos pères ont menti. »

Kipling écrira jusqu’en 1930 et s’éteindra le 18 janvier 1936, à 70 ans et ses cendres reposent aujourd’hui dans le Poet’s Corner de l’abbaye de Westminster.

KIPLING LE MACON

Henri Carr a écrit à son sujet : « tout son amour pour la maçonnerie figure dans ses écrits, il était un créateur de l’image humaine, son tempérament l’empêchait d’apprendre son rituel par cœur mais il aurait défendu avec autant de fougue le plus pauvre de tous aussi bien que le plus riche ; il adorait l’homme et par-dessus tout l’être humain sans aucun préjugé de race, de croyance, de nationalité, tout ceci pour lui n’avait aucune importance ; la maçonnerie pour lui devait être pratique, elle devait amener les hommes à se rapprocher. Et au travers de ses ouvrages, il aimait par-dessus tout faire comprendre l’esprit spirituel le sens initiatique de l’ordre. » Je pourrai arrêter là mon paragraphe.

En 1885, certainement grâce à une dispense du Grand Maître de District, car il n’était pas encore majeur, il est proposé dans la Loge « Espoir et Persévérance » n° 782 à l’O\ de Lahore Penjab. Cet atelier travaille toujours à l’heure où je vous parle.

Il écrit dans « Un peu de moi » - «  je fus initié parce que la loge avait besoin  d’un bon secrétaire ; mais je ne le fus pas, j’ai quand même aidé mes FF∴ surtout par mon père qui, en tant qu’artiste, décora les murs du temple avec les légendes du Roi Salomon. Là, je fis la connaissance d’autres hommes avec d’autres conceptions philosophiques »

Initié le 5 avril 1885, élevé au second degré le 03 mai 1886 et à la Maîtrise le 06 décembre 1886. Il a vingt ans et dès lors il allait répandre les idées maçonniques à travers le monde.

Sa loge bleue n’avait que 25 à 30 membres et la population maçonnique du Penjab était de 650 maçons pour 20 loges. Il y avait peu d’anglais dans ces loges car la garnison anglaise n’a jamais dépassé l’effectif de 75 000 hommes pour une population de 350 millions d’âmes. Il écrira plus tard : « je suis rentré en maçonnerie présenté par un Indou, initié au second degré par un mahométan, au troisième degré par un anglais et notre tuileur était un juif indien »

Toute cette période allait le marquer profondément. Les liens fraternels qu’il devait avoir avec des FF∴ de toutes race, de toute croyance allaient lui permettre de développer sa conception de l’amour fraternel et toute son œuvre sera consacrée au dogme maçonnique : croire en l’homme et à son amélioration.

Sa rencontre, en Afrique du Sud, avec Baden Powell, va lui permettre de concrétiser les théories maçonniques en les mettant au service de la jeunesse afin de l’aider à s’épanouir et de la préparer à devenir des hommes respectueux de l’effort, de la fraternité, du don de soi et de l’amour du prochain, le tout à la gloire de Dieu. C’est la lecture du livre de la jungle qui inspira à Baden-Powell ce mouvement qu’il nommera ensuite "scoutisme" : à la fois une démarche spirituelle, initiatique (à base de jeux de pistes, d’épreuves, de serment) et essentiellement fraternelle, une véritable éducation à la fraternité concrète et non "spéculative".

On peut y ajouter les principes qui sont à l’origine de toute organisation initiatique :
   - connaissance par la méthode symbolique
  - engagement solennel par serment devant ses pairs
   - idéal altruiste
   - perfectionnement de l’homme (du petit au grand)

En 1922, il crée à Saint Omer une Loge de la Grande Loge Nationale Indépendante Régulière pour la France et les colonies françaises, aujourd’hui notre G\L\N\F\. Il s’agit de la Loge N° 12 dont il trouva le nom «  les Bâtisseurs des Cités Silencieuses » en rapport avec les Français et les Anglais chargés, comme lui, d’entretenir les cimetières militaires du Nord de la France – Rappelons que son fils a été tué et enterré en France lors du premier conflit mondial.

Mettant en pratique le fait de laisser les métaux à la porte du temple, il refuse, par 2 fois la plus haute distinction que le roi d’Angleterre voulait lui remettre, argumentant que la seule distinction qu’il souhaitait recevoir était le sentiment de faire son devoir.

En 1925, il fonde une nouvelle Loge en Angleterre portant aussi le N° 12.

Ainsi que nous pouvons le constater, au travers de ses écrits, Rudyard KIPLING n’a jamais cessé de véhiculer l’idéal maçonnique à travers le monde. Et au-delà des messages clairs, se trouvaient les messages codés que seule la connaissance du symbolisme pouvait aider à déchiffrer.

C’est l’objet du paragraphe à venir

LE SYMBOLISME DANS L’ŒUVRE DE KIPLING

Ainsi que j’ai pu le dire en préambule c’est au travers de 2 œuvres que nous allons déchiffrer la lescture cachée de notre auteur.

 Tout d’abord : « L’homme qui voulut être Roi »

3142-3-3Aux Indes, Daniel Dravot et Peachy Carnehan, deux amis britanniques, anciens militaires, francs-maçons et surtout aventuriers déterminés et peu scrupuleux, caressent un rêve fou : entrer au Kâfiristân (un pays légendaire où aucun Européen n'a mis le pied depuis Alexandre le Grand) et en devenir les rois. Ils offrent leurs services comme « conseillers militaires », aidant un village puis un autre à triompher de leurs ennemis pour s'en faire des alliés. Lorsqu'au cours d'une bataille Dravot reçoit une flèche en pleine poitrine mais continue à se battre, les indigènes le croient immortel. En fait la flèche a été arrêtée par une cartouchière, sous la tunique rouge de Dravot, où elle est restée plantée. Plus tard, leurs exploits étant parvenus aux oreilles du « grand-prêtre », ils sont convoqués dans la « ville sainte » de Sikandergul. On découvre sur la poitrine de Dravot la médaille maçonnique que lui avait offerte Kipling, dans laquelle les indigènes reconnaissent un symbole gravé dans une pierre qu'ils attribuent à Alexandre le Grand (« Sikander »).

Dravot prend son rôle au sérieux: il rend la justice, entreprend de « moderniser » le pays avec l'aide de Carnehan, et se voit à la tête d'un empire. Les mois passent et Peachy Carnehan songe à quitter le pays en emportant sa part du fabuleux trésor de Sikandergul. Mais Dravot, qui entretient des rêves de grandeur, est décidé à rester et à faire son métier de roi. Ayant décidé, contre l'avis de son ami, de prendre femme pour fonder une dynastie, il jette son dévolu sur la belle Roxanne. Mais Roxanne, comme ses compatriotes, craint qu'une mortelle ne puisse survivre au commerce d'un dieu, et quand Dravot la prend dans ses bras pour l'embrasser devant la foule de ses sujets elle le mord jusqu'au sang. Il apparaît alors que Dravot n'est, après tout, qu'un homme. Dravot, Carnehan s'enfuient, poursuivis par la foule Dravot et Carneghan sont pris. Dravot est exécuté. Carnehan est crucifié mais survit et il est libéré. Il repart en Inde, où il retrouve Kipling à qui il montre la tête de Dravot, qu'on lui a permis d'emporter, encore ornée de la couronne du Kâfiristân.

Le binôme Carnehan/Dravot représente les 2 visages d’une même et seule personne. Lorsque l’histoire réclame leur division, c’est une sorte de séparation d’une seule personnalité, et lorsqu’ils se rejoignent à nouveau, l’individu est réuni. La moitié de lui, comme la moitié de nous même dans bien des cas, est en proie à cette maladie qui gagne beaucoup d’entre-nous, dès lors que nous accédons aux plus hauts postes, quels qu’ils soient, la folie des grandeurs et qui nous fait pensons que nous sommes des dieux – L’autre moitié est celle qui nous rappelle que nous sommes absurdes.  C’est un des gros travaux que le maçon doit mener toute sa vie : lutter contre ses propres démons qui l’empêche d’être et le pousse à paraître.

C’est vers une quête du Divin que se dirigent nos 2 aventuriers. Dans la ville de Sikandergul, Dravot va subir un rite initiatique, et dès que le grand prêtre va découvrir l’insigne maçonnique que porte Dravot sur sa poitrine, Dravot, dans l’inconscient collectif, ne va faire plus qu’un avec le Grand Architecte de l’Univers. Tel une divinité polythéiste, il arbore les attributs relatifs à sa qualité. Et pour ajouter à cela, Dravot prend pour emblème, la flèche qui ne l’a pas transpercé. Flèche qui est un symbole des échanges entre le ciel et la terre. En son sens descendant c'est un attribut de la puissance divine comme la foudre punitive, le rayon de lumière ou la pluie fertilisante. En son sens ascendant elle signifie la rectitude tout aérienne de sa trajectoire qui, défiant la pesanteur, réalise symboliquement un affranchissement des conditions terrestres.

Dravot, comme le roi Salomon, rend la justice avec sagesse. Mais l’orgueil va vite reprendre ses droits ce qui lui coûtera sa couronne et sa vie.

Ce livre est une véritable mise en garde contre l’attrait qu’à l’homme pour les métaux, que nous, maçons, devons chaque jour apprendre à nous débarrasser en travaillant sur notre pierre brute. Tel est le message que nous livre Rudyard KIPLING dans son livre. Et il est vrai que parler d’humilité, de simplicité, c’est très bien, mais le mettre en pratique et encore plus en maçonnerie qu’ailleurs, ça serait mieux. Comprenons-nous mieux le rituel lorsqu’on, est placé à l’Orient que sur les colonnes ?  Personnellement j’en doute. Soyons et cessons de paraître, c’est sans doute un travail des plus difficile à réaliser, c’est pourquoi il est bon d’en relever le défit et la Maçonnerie nous aide à le faire.

 

« Le Livre de la Jungle »

3142-3-4Le Livre de la Jungle est un recueil de nouvelles dont chacune raconte une histoire qui se passe dans la Jungle, forêt de l’Inde où vivent des animaux sauvages typiques du pays, ainsi que des hommes. Les nouvelles se succèdent dans un ordre qui n’est pas nécessairement chronologique, et permettent de découvrir par différents côtés la destinée de Mowgli petit d’homme, son éducation, la vie sociale du monde des animaux, et les lois de la Jungle auxquelles tous sont soumis, les hommes aussi. Certaines histoires ne font pas intervenir Mowgli. Mowgli présente quelques particularités qui le rapproche notamment d’en autre héros britannique Peter Pan. L’un et l’autre feront leur éducation hors de l’univers des humains. Pour Mowgli ce seront les loups (dans une relation dialectique inverse cette fois : les hommes sont des loups mais ici ce sont les loups qui assurent l’humanité) suivi par les autres animaux qui assureront dans un processus graduel la formation du petit homme : Akela, Bagheera, Baloo, Kaa, Rama...Chaque animal va incarner une vertu, un idéal à imiter pour devenir un homme.

Akela : Loup, dit " Le Solitaire ". Il a présidé, en tant que chef de la meute, à l’adoption de Mowgli dans le Clan. il conserve dans l'obscurité toute l'acuité de sa vision : voilà qui n'a certes pas manqué d'exalter l'imagination fertile de l'homme, qui en a fait un être animé d'une lumière intérieure. Symbolisme : Le chef – Le sage – La connaissance.

Bagheera : Panthère noire, c’est la spécialiste de la chasse, c’est elle qui enseigne à Mowgli la chasse. Elle a acheté le droit de parole de Mowgli au rocher du conseil avec un taureau. Symbolisme : Courage et justice – Elle est l’élément féminin nécessaire à la vie.

Baloo : Ours brun, dit le " Docteur de la Loi ", c’est lui qui enseigne les lois et les coutumes de la Jungle à Mowgli. Symbolisme : Sagesse, justice. L’ours doit donc aussi être considéré comme celui qui initie. L’ours est donc surtout le symbole de la transition entre la pulsion animale et la maîtrise humaine.

Bandar-Logs : Singes, ce sont des batailleurs, des vantards et des irréfléchis. Ils n’ont ni lois ni chef. Ils s’amusent au lieu de travailler. Ils habitent les Grottes Froides et sont terrifiés par Kaa. Ils ont enlevé Mowgli. Symbolisme : Indiscipline, folie mais aussi sens de l’imaginaire.

Kaa : Serpent, c’est un animal a sang froid donc très différent et méconnu. C’est avec lui que Baloo et Bagheera délivrent Mowgli, prisonnier aux " Grottes Froides " Symbolisme : expérience, sens de l’observation

Raksha : c’est la louve qui a protégé et nourri Mowgli. Elle l’a défendu contre Shere-Khan qui le réclamait. Elle symbolise la mère Veuve. Ce qui nous fait dire que Mowgli est enfant de la veuve.  Symbolisme : Ténacité.

La jungle, à rapprocher symboliquement de la forêt, incarnation de la nature à l’état sauvage, lieu d’épreuves et d’aventure où l’individu est confronté aux forces de la natures. Elle est le lieu de rencontre avec soi-même, avec sa propre peur à dépasser les évènements. Elle est, dans tous les cas, un lieu de transition vers un autre état. Tout comme le labyrinthe, elle est le symbole de toute quête initiatique –. En franchissant son seuil, l’homme se trouve à l’orée de son destin. Kipling ne pouvait l’ignorer

Pour en terminer avec le symbolisme dans le livre de la jungle, il me faut vous parler du maître-mot dont il est souvent fait mention dans le Livre de la Jungle et agit presque comme une formule magique, assurant la protection à celui qui l’énonce. Ce Maître-mot est «  nous sommes du même sang, toi et moi » Kipling élargit de ce fait la fraternité non pas seulement aux hommes mais à tous les êtres vivants sur la terre.

Comment ne pas voir dans ces paroles permettant l’entraide entre les espèces et les peuples de la jungle, des paroles de paix, d’amour et de fraternité? Mais ne serait-ce pas ce que nous même, Franc Maçons cherchons à développer et à essaimer ?

C’est en tous cas, en ce qui me concerne, une des facettes  de la FM que j’essaie de mettre en pratique, car de cette façon de penser découle automatiquement des réactions de paix, d’écoute et d’acceptation de l’autre, des autres, sans préjugés ni sentiment de supériorité. C’est en regardant l’autre comme un autre nous-mêmes que nous arriverons à repousser le racisme, la haine et leur cortège de guerres, de meurtres, d’attentats et autres exactions. 

Pour conclure, tout comme j’ai ouvert ce travail avec un poème de Kipling, je terminerais avec

Le Testament de l’Initié - Rudyard Kipling

Je ne suis qu’un homme parmi les hommes,
Mais j’ai répondu sous le bandeau et j’ai gravi les trois marches.
J’ai vu l’étoile flamboyante, j’ai fait le signe.
Je suis un maillon de la Chaîne ! La Chaîne est longue.

Elle remonte jusqu’au siècle d’Hiram, et peut-être plus loin encore.
On trouve notre signe sur les pierres dans les déserts de sable sous le ciel pur de l’Orient, dans ces plaines où s’élevaient les temples colossaux, poèmes purs de la puissance et de la gloire.

On trouve notre signe sur les papyrus que l’âge a teinté d’ocre, sur les feuilles où le calame a tracé les phrases les plus belles qu’un être ait pu lire.
On trouve notre signe sur les hautes cathédrales aux sommets sublimes aérés par les vents des siècles.
On trouve notre signe jusque sur les conquêtes de l’esprit qui font l’humanité meilleure, sur la partition de Mozart, sur la page de Goethe, le livre de Condorcet, les notes d’Arago.

Et pourtant, je ne suis qu’un homme parmi les hommes, un homme sans orgueil, heureux de servir à sa place, à son rang, je ne suis qu’un maillon de la Chaîne, mais je me relie à l’Univers dans l’espace et dans le temps.

Je ne vis qu’un instant, mais je rejoins l’Eternel.
Ma foi ne saurait faire couler le sang, je ne hais point, je ne sais point haïr.
Je pardonne au méchant parce qu’il est aveugle, parce qu’il porte encore le bandeau, mais je veux l’empêcher de mal faire, de détruire et de salir.

A ma place, debout et à l’ordre, j’ai travaillé de mon mieux.
Dans toutes les heures de la vie, mon cœur est demeuré fidèle.
Je me suis dépouillé des métaux, j’ai combattu jusqu’à la limite de mes forces le fanatisme et la misère, la sottise et le mensonge.

Je ne crains rien, pas même ce sommeil que l’on appelle la mort.
J’espère supporter la souffrance avec l’aide des miens, je saurai subir ce qui doit être subit parce que c’est la loi commune.

J’aurais dégrossi la pierre, accompli ma tâche en bon ouvrier par l’équerre et le compas

Quand je partirai, formez la Chaîne.
Rien ne sera perdu de ce qui fut donné. Je resterai toujours parmi vous car je vous laisserai le meilleur de moi-même, oh fils de la Lumière, mes Frères.

J’ai dit

Alain FAURIS

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