Rôle et responsabilité du Collège d’officiers en fonction de votre expérience personnelle

Avant d’établir le rôle et la responsabilité du Collège d’officiers, je m’attacherai à définir en premier lieu le rôle et la responsabilité de chacun des officiers. Mon expérience personnelle se limite à deux offices : celui de Secrétaire et celui d’Hospitalier.

Trois la dirigent, cinq l'éclairent, sept la rendent juste et parfaite. Les trois sont le Vénérable Maître et les deux Surveillants, ces trois officiers avec l'Orateur et le Secrétaire sont les cinq lumières de la loge et il faut que sept membres au moins de la loge soient réunis pour pouvoir travailler régulièrement.Le septénaire des offices se complète par le trésorier et l’Hospitalier. Pourtant, le collège d’officiers au complet compte 16 membres tel que définis dans le Règlement Général et selon mon expérience fonctionne avec 10 membres.

Comme le précise Irène Mainguy dans « La symbolique maçonnique du troisième millénaire », dix officiers assurent le fonctionnement d’une loge lors des travaux. Sept de ces officiers ont une fonction immobile opérant à partir d’un emplacement désigné sous le nom de plateau. Il est intéressant de définir ce plateau. En géographie, c’est une région plane située en hauteur. En Loge, ces plateaux sont aussi situés en hauteur, pour être vus par tous, pour être plus près de la Lumière ? Ensuite qu’est-ce qu’un officier ? Un gradé dans l’armée, mais en Loge, est-ce aussi un gradé alors que nous sommes Frères, sans hiérarchie ? L’Officier, bien que les premières loges aient été militaires, est un officiant. Le mot latin d’officium signifie devoir, obligation morale. Cela correspond mieux au rôle de l’Officier en Loge.

Définissons maintenant les différents offices en commençant par le Vénérable. C’est lui qui la dirige avec les deux Surveillants. Il lui appartient de convoquer la Loge, d’ouvrir, de diriger et de fermer les travaux. Il procède aux initiations et aux augmentations de salaires. Il veille au bon déroulement des travaux et fait circuler la parole. Il dirige l’administration de la Loge, contrôle le travail des autres officiers, signe les tracés, les planches officielles, ordonnance les dépenses.

Les Surveillants dirigent leurs Colonnes et c’est à eux que chaque Frère des Colonnes doit s’adresser pour avoir la parole. Ils la demandent au Vénérable Maître par un coup de maillet. Ils l’obtiennent pour eux-mêmes de préférence à tous les autres Frères qui l’auraient déjà demandée, l’Orateur excepté. Le premier Surveillant est chargé de l’instruction maçonnique des Compagnons, le second Surveillant de celle des Apprentis.

Arrêtons-nous un instant sur la géographie sacrée et remarquons que les trois lumières qui dirigent la Loge sont aux trois pointes d’un triangle : le Vénérable à l’Orient et les deux Surveillants devant les deux colonnes à l’entrée du Temple à l’Occident. De même que la parole circule entre eux de la même manière, en triangle : du Vénérable aux Surveillants ou d’un des Frères présents sur les colonnes vers le Surveillant qui la demande au Vénérable. Les symboles du Rituel sont là respectés.

L’Orateur est le gardien de la Constitution et du Règlement Général. Il veille aussi au règlement particulier de la Loge. Placé à l’Orient, il demande directement la parole au Vénérable Maître, qui lui accorde immédiatement s’il la sollicite dans l’intérêt de la Loi. Quand la discussion est close, il donne ses conclusions et nul Frère ne peut demander la parole derrière lui. C’est l’Orateur qui lit les planches d’architecture pour expliquer leur grade aux nouveaux initiés.

Le Secrétaire est chargé de tenir le livre d’Architecture, de donner lecture à chaque tenue du tracé des précédents travaux qui, une fois adopté par la Loge, doit être signé par le Vénérable et par lui. Il doit consigner le produit du Tronc de la Veuve ou tronc de la Solidarité Maçonnique dans ce tracé. Placé à l’Orient, il demande directement la parole au Vénérable Maître et signe les planches officielles. Sous la direction du Vénérable Maître, il est chargé des convocations, de la correspondance et de dresser les divers tableaux, notifications et questionnaires qui doivent être adressés au Grand Orient de France. J’ai personnellement tenu ce plateau pendant quatre ans, quatre années très riches en responsabilités mais aussi en contact. Le Secrétaire, placé à l’Orient, légèrement surélevé, a une position que je qualifierai d’observation. Il voit la Loge tout autant qu’il l’écoute, écoute indispensable pour réaliser le tracé de la tenue. À ce poste privilégié, il peut observer chacun des Frères de l’atelier tout comme l’Orateur et le Vénérable Maître, un observateur discret mais qui enregistre tout. C’est sa fonction. Cependant, son office ne s’arrête pas à la porte du temple mais se poursuit dans la vie profane. Le secrétaire se doit d’être à l’écoute de chacun de ses Frères, il est le confident, la courroie de transmission de la loge, sa mémoire. En envoyant régulièrement les convocations, il rappelle à chacun le devoir d’assiduité et montre ainsi que la loge vit et que les Frères travaillent.

Avec les Surveillants et le Vénérable Maître, l’Orateur et le Secrétaire sont les cinq lumières qui éclairent la Loge. Disposés à l’Orient, à la gauche et à la droite du Vénérable Maître, l’Orateur et le Secrétaire forment un nouveau triangle avec le Vénérable Maître pour éclairer le chantier. Les cinq lumières forment ensemble une étoile que l’on peut espérer flamboyante.

Le Grand Expert est spécialement chargé de s’assurer des qualités maçonnique de chaque Visiteur, de la tuile et de rendre compte du résultat de sa mission au Vénérable Maître. C’est lui qui est chargé du bon respect du Rituel et de la bonne tenue des Frères sur les Colonnes. Il recueille les boules et bulletins de vote et assiste au dépouillement des scrutins, fait préparer les épreuves et conduit les impétrants à cette occasion. Il est le premier des trois officiers sans plateau avec le Maître des Cérémonies et le Couvreur. Comme eux, il doit se déplacer en silence, à l’intérieur du temple, à le demande du Vénérable Maître.

En face de lui, le maître des Cérémonies. Il doit diriger le cérémonial, introduire des visiteurs sur ordre du Vénérable Maître, distribuer les boules et bulletins de vote et faire circuler le sac aux propositions. Il accompagne à ce moment là le Frère Hospitalier qui fait circuler le Tronc de la Veuve ou Tronc de la solidarité maçonnique. Le Grand Expert et le Maître de Cérémonies, reliés au Vénérable Maître, assurent la beauté et le mouvement, l’harmonie du rituel par sa mise en action, permettant à chacun d’avoir accès au sacré. Avec le Grand Expert, il est la base du triangle formé avec le Vénérable Maître. Si l’on ajoute le Secrétaire et l’Orateur, cela forme un pentagramme. Comme on le voit, tout est symbole.

Le Trésorier est chargé du recouvrement et des encaissements des cotisations ou capitations, droits d’admission et d’augmentation de salaire et toutes sommes dues à la Loge à un titre quelconque. Il règle les dépenses de la loge. Tous les six mois, au plus tard en avril et en octobre, il doit présenter la situation financière de la Loge. Sa comptabilité doit être vérifiée et arrêtée chaque année dans la séance qui précède les élections générales ou chaque fois qu’il est remplacé. Il est responsable du paiement régulier de toutes les sommes dues par la Loge au Grand Orient de France. C’est un plateau très profane qui ne participe pas au rituel mais qui a toute son importance dans le lien avec les Frères de la Loge. Un Trésorier absent ou en défaut peut gravement perturber le fonctionnement de la Loge comme l’oubli du paiement des sommes dues au GODF ou le non-remboursements des dépenses des Frères pour la Loge.

Le Frère Hospitalier favorise la manifestation de la fraternité au sein de la Loge. Il doit donc être attentif à toutes les difficultés morales ou matérielles que peuvent rencontrer les Frères et prendre les initiatives qui conviennent. Il est chargé de la circulation du Tronc de la Solidarité Maçonnique ou Tronc de la Veuve. Il rend compte de même manière que le Trésorier. C’est une fonction toute en nuances, subtilité, tact. L’hospitalier participe aux joies mais aussi à la douleur des membres de la loge. Il est le porte-parole de l’atelier. Il n’est pas facile de soutenir un Frère dans la douleur. Il faut trouver les mots justes, la sincérité nécessaire. C’est un office qui exige des qualités d’empathie très poussées. L’hospitalier doit connaître presque intimement chacun des membres de sa loge, faire preuve d’écoute, de discernement. Je suis Hospitalier de ma loge depuis septembre 2014, un office très complémentaire de celui de secrétaire que j’ai occupé précédemment. Ma relation avec chacun des Frères de la Loge m’a permis d’appréhender avec plus de facilité cette charge. Je dis charge car, mis à part la fonction de Vénérable Maître, c’est le plateau qui demande le plus d’investissement personnel pour que la solidarité s’exerce véritablement au sein de la Loge et entre chacun de ses membres. Symboliquement, le triangle Vénérable Maître, Trésorier et Hospitalier assure l’assise matérielle et financière de la Loge, indispensable même dans une société initiatique.

Le Maître de la Colonne d’harmonie conçoit et dirige en concertation avec les autres Officiers de la Loge l’harmonie musicale qui rythme le déroulement des Tenues. Le choix musical et les temps de diffusion sont capitaux pour un bon déroulement de la Tenue. Quand, à la suite d’une absence ou d’une panne technique, la colonne d’harmonie reste muette, il est difficile d’atteindre l’égrégore. On a le sentiment d’inachevé, d’une Tenue incomplète. La musique fait partie du Rituel comme pour souligner les paroles échangées, elle donne plus de puissance, de présence au Rituel.

Le couvreur se tient près de la porte du Temple et n’ouvre que sur ordre du 2ème Surveillant. il doit, sur demande du premier Surveillant, s’assurer que le Temple est bien couvert et qu’il n’y a personne sur le parvis. C’est lui qui ouvre la porte du Temple, sur demande du Vénérable Maître, pour introduire un Frère en retard après l’ouverture des travaux.

Il fallait d’abord définir les rôles et les responsabilités de chacun des Officiers du Collège avant d’en venir à la responsabilité du Collège. J’ai personnellement occupé deux plateaux : celui de Secrétaire et celui d’Hospitalier. Les deux plateaux permettent d’observer le bon fonctionnement de la Loge. Un Collège d’Officiers uni, soudé, participe au bon fonctionnement de la Loge. C’est grâce au Collège d’Officiers qu’une Loge est juste et parfaite et qu’elle peut travailler régulièrement. Au-delà des mots du Rituel, le Collège est l’ossature de la Loge, son squelette. Ce sont les Frères de la Loge qui sont la chair. Et la chair sans squelette n’est rien. Tout le Rituel repose sur le Collège. Comment imaginer une tenue sans Collège ? C’est un Temple sans rituel. Cela n’a pas de sens. Après l’unité du Collège, c’est son exemplarité qui apparait. Le Collège doit être exemplaire puisqu’il est le rituel. Les Frères Apprentis découvrent ce rituel par le Collège, ils apprennent en observant le fonctionnement du Collège, de chacun des officiers - Je me souviens, à l’issue de mon initiation, ma découverte du Collège d’Officiers et des Maîtres de l’Atelier. J’ai compris alors que j’avais quitté le monde profane - Un rituel malmené par des Officiers insouciants perdrait son sens, son symbole, ses symboles. Il est primordial que le Collège soit exemplaire et que ses Officiers soient présents à chaque tenue. Un apprenti qui découvrirait notre Maçonnerie à travers un Collège où les Officiers seraient souvent absents et remplacés ne pourraient comprendre le rituel et estimerait possible d’être moins assidu.

L’officier a accepté pleinement son office, avec toutes les attentions, les contraintes et le dévouements qu’il requiert. C’est en ça qu’il est exemplaire. Le Collège d’Officiers à la charge de transmettre pour préparer les générations suivantes à prendre la relève du fonctionnement de la loge. Je parlais de chair en évoquant les membres de la Loge et de squelette pour les Officiers. La loge est un corps vivant. La fonction de chacun est indispensable pour la bonne coordination du déroulement des travaux. La vocation de la Franc-Maçonnerie est de transmettre à travers le temps, aux générations, des éléments traditionnels de la connaissance qui contribuent au progrès et à l’amélioration de l’humanité autant qu’à l’élévation jusqu’au sacré, si possible, des Frères. Le sacré, c’est la Fraternité initiatique où la progression de chacun est liée à la progression de tous. La réussite de l’oeuvre ne peut être le fait d’une personne isolée. D’où la responsabilité du collège : exemplarité et transmission.

Le Collège d’Officiers doit maintenir coûte que coûte cet état d’esprit au risque de voir la Loge péricliter. La bonne santé de la Loge dépend des Officiers et de leur capacité à transmettre pour préparer leur remplacement. Une Loge avec un Collège d’Officiers inamovible est une Loge à l’agonie. La bonne santé, l’énergie d’une Loge, sa capacité d’adaptation, d’évolution se jugent par son Collège d’Officiers toujours renouvelé. S’il est difficile de renouveler un Collège et que l’on tourne avec les mêmes, la loge doit se ressaisir au risque de voir ses membres démissionner ou se diriger vers un autre atelier. Les maîtres officiers doivent passer le flambeau en effectuant une véritable transmission à ceux qui leur succèdent en leur expliquant le fonctionnement de la charge à remplir. J’ai moi-même fait l’expérience d’une mauvaise transmission en héritant de mes deux Offices. Il est alors difficile de revêtir les habits d’Officier sans en comprendre exactement la signification. Les lacunes heureusement se comblent mais il y a un temps de flottement au détriment du Collège et donc du bon fonctionnement de la Loge. Toute fonction demande des qualités d’exécution et d’attention soutenues. Rien n’est aisé. Aucune fonction n’est facile à remplir. Un Office est une charge, dans le sens du poids à porter, un devoir dû à l’Atelier par chaque Maître. Il doit s’efforcer de transmettre l’enseignement de la tradition, des rites et des symboles aux plus jeunes, Apprentis et Compagnons.

En conclusion, le Collège d’Officiers est le reflet de la Loge. Un Collège d’Officiers qui est harmonie, solidarité et responsabilité montre une Loge juste et parfaite pour un Franc-Maçon libre.

J’ai dit.

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