GLDF Loge :  Le Temple Universel - Orient de Montauban Date : NC

Le bijou du secrétaire

Le bijou du secrétaire est constitué par deux plumes d’oie croisées et liées en leur milieu. Cette figure symétrique n’est pas sans rappeler le pantographe de notre enfance qui permettait de recopier fidèlement une forme. Le nœud qui lie les plumes garantit que l’écoute soit le reflet de la parole, ou si vous préférez  « que la planche soit conforme à l’esquisse ». Parfois le bijou représente la lune ; une lune pleine, reflet passif sans omission du soleil de l’orateur avec la même symbolique que les deux plumes.

La présence des plumes d’oie nous renseigne également : c'était l’outil d’écriture couramment utilisé au XVIIIème siècle et  l’oie représente souvent l’esprit féminin dans la mythologie, elle est associée à Minerve, à Aphrodite, et à Belisama chez les gaulois. La légende raconte que les oies du Capitole sauvèrent les Romains d’une attaque gauloise en les alertant par leurs cris. Leur rôle de gardiennes était alors établi, tout comme le secrétaire garde les secrets dans le Livre d’Architecture, un lieu sûr et sacré.

La pluralité des plumes rappellent aussi la succession des officiers à ce plateau, la succession des pl\ tracées, donc l’historique de la L\. le secrétaire laisse ainsi trace que des FF\ ont réfléchi, recherché et travaillé ensemble. Il fait du présent le passé de demain en laissant la seule forme écrite de notre tradition orale, une trace donc paradoxale et pourtant indispensable pour s’imprégner de la nécessité de transmettre ce que nous avons reçu.

Le positionnement des plumes mérite lui aussi notre attention : la croix formée par les plumes présente deux éléments de raison : deux compas unis par la pointe. Celui d’en bas, pointe en haut, ouvert sur la matrice, rassemble ce qui est épars sur la terre pour l’amener initiatiquement vers l'ester, comme le fait une R\L\. Le compas d’en haut, pointe en bas, si vous me permettez l’expression tel un grand entonnoir à éléments cosmiques, cible son écoulement divin vers le premier compas, le socle compatible et perméable. Au point de jonction, une corde les unit. Le fait de lier les plumes amène à relier les propos que les ff ont tissés, et ainsi lier les ff qui les ont prononcés. Platon parlait d’ailleurs de tisserands à propos des hommes qu’il percevait en réflexion et le tissu final deviendra le Verbe.

On retrouve souvent la symbolique de la corde dans la mythologie: Zeus menaçant d'arracher mers et montagnes au moyen d'une chaîne en or, les hommes sont attachés dans la caverne de Platon,  Homère décrivant Ulysse attaché au mat de son bateau pour résister au chant des sirènes…etc. Plus près de nous, le thème du nœud, de l’anneau est présent lors d’une cérémonie de mariage, par le décorum et les anneaux d’alliance qui annoncent l’engagement, la fidélité. A l’inverse, il n’y a pas de nœuds sur les costumes de carnaval, ce phénomène qui délie par la transgression du quotidien. La  théorie des nœuds et celle des tresses passionnent les mathématiciens depuis 150 ans, il en ressort qu’un nœud en mathématiques est un plongement du cercle dans l’espace tridimensionnel usuel, à l’image du liant que le FM a travaillé en L\ et peut semer dans le monde profane. Pour percevoir complètement l'apport symbolique, il faut parcourir notre héritage indo-européen: l’allégorie des cordes, des liens, des nœuds, des anneaux nous ramène à ce que Georges Dumézil et Mircéa Eliades nommaient les dieux lieurs. Le plus ancien et connu d’entre eux, Varuna, divinité lunaire chez les védiques, était celui qui lie, qui enveloppe, qui soumet autrui par magie et sans combattre (relier : latin : religere, religion). Ce souverain terrible est opposé à un souverain juriste : Indra, divinité solaire, combattant, puissant et fécond, celui qui délie,  qui libère pour élever, mais reste ambivalent: il retourne leurs liens vers les lieurs. Ces duos se retrouvent dans bien des mythes depuis les Védas et se prolongent jusqu’à notre siècle dans la littérature les arts, le cinéma. Au-delà des exemples classiques  tels Prométhée ou le Dr Faust, les scénaries de matrix, la guerre des étoiles et le seigneur des anneaux répondent entre autres à ces mêmes rouages. Cette ambivalence tenaille parfois le Sec\ : peut-il être tenté d’appuyer un propos qui maçonniquement le mériterait  ou doit-il rester lié à son coté lunaire, à la haute-fidélité de la retranscription? Le rituel confirme cette dernière hypothèse et le secrétaire retrouve la justesse de sa synonymie avec le serpentaire, oiseau qui se nourrit de serpents (des serpents verts ?) car serpent vient en latin de serpere à traduire par rampant. Ainsi le Sec\ élimine ce qui rampe par l’authenticité du propos, permettant ainsi que se dressent les âmes en recherche.

La cinquième minute se consume, mon propos va s’éteindre à moins que vous ne le prolongiez éventuellement à ma place. Il en est de même dans le monde profane : rien ne prouve à ce jour que nous puissions d’ici notre trépas nous procurer un sérum d’immortalité. En revanche, nos recherches  et le travail symbolique en L\ nous apprennent qu’au moment où le cœur du FM s’arrête, soit quand le muscle cesse de battre ou soit quand ce cœur cesse d’être un cœur de FM, le F\ aura su rayonner le fruit de son travail et donner envie à d’autres sincères bâtisseurs de continuer le chantier. En maniant la plume pour fixer sur le papier la vie de la Loge, le Sec\ s’inscrit dans cette démarche où notre imagination laisse le nécessaire pour en stimuler d’autres, car ce ne sont pas les comptables qui ont bougé l’humanité, ce sont les rêveurs. 

I have a dream and We have a dream.

V\M\ j’ai dit.

R\ S\


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