Obédience : NC Loge : NC Date : NC


A moi mes FF par le signe, la batterie,
et l'acclamation écossaise,
Houzzai ! Houzzai ! Houzzai !

Mon travail de ce midi porte sur les symboles que j'ai vus dans cette acclamation qui conclut le rituel d'ouverture, lorsque le VM y ajoute l'annonce : « Mes FF nous ne sommes plus dans le monde profane » et achève le rituel de fermeture par : « Mes FF nous ne sommes plus à l'ordre. »

Quelle force dans cette acclamation répétée ! A midi, elle fait passer notre atelier tout entier du profane au sacré, pour nous renvoyer, à minuit, continuer au dehors l'ouvre commencée dans le Temple. L'analogie est immédiate avec les Col. B et J, elles matérialisent le seuil du Temple que nous franchissons en y pénétrant et symbolisent la démarche initiatique que chacun d'entre nous a entrepris en demandant l'entrée du Temple.

Remarquons que le rituel fait dire au VM : « Nous allons procéder à l'ouverture de la Loge. » puis que les FF\ Surv\ « nous invitent à nous joindre à lui pour ouvrir les travaux ».
L'ouverture est donc collective. Les App\ y participent de plein droit sans rupture de la règle du silence qui ne concerne que leur prise de parole mais ne saurait s'appliquer à l'affirmation de leur appartenance à notre ordre et à notre atelier.

Notre acclamation est ternaire puisque constituée d'un signe, d'une batterie et de l'acclamation écossaise elle-même. On y retrouve donc la symbolique :
Du triangle, du delta rayonnant et de la truelle, des trois Grandes Lumières et des trois colonnes ou Petites Lumières, des trois fenêtres du Temple de Salomon qui décrivent la marche du soleil de l'Orient à l'Occident, des trois voyages de l'App\ ,de ses trois ans et des trois nombres. Mais elle décrit aussi, du signe muet à la parole intelligible en passant par le stade intermédiaire de la batterie, à la fois les trois grades de nos ateliers et la cohérence de notre démarche vers la prise de parole en application du précepte maçonnique « Ordo ab Chao », principe d'apparence paradoxale pour le monde profane pour lequel c'est de la prise de la parole que naît la confusion.

Examinons maintenant le détail de chaque constituant de cette acclamation :

- Le Signe : Au grade d'App il est binaire, addition du signe d'ordre, celui qui contient les passions, qui nous a fait reconnaître comme F Maç au passage des FF Surv et qui nous fait renaître, nous reconstitue intérieurement et intimement à chaque tenue. Et du signe pénal qui renouvelle notre serment maçonnique.

- La Batterie : Formée de trois coups égaux frappés de la paume de la main droite contre celle de la main gauche, elle nous rappelle notre initiation au premier degré :
      - Demandez et vous recevrez. ( la Lumière )
      - Cherchez et vous trouverez. ( la Vérité )
      - Frappez et on vous ouvrira. ( la Porte du Temple )

- L'Acclamation : Elle est ternaire avec le premier terme, spécifique à notre Rite Ecossais Ancien et Accepté, du triple « HOUZZAI » associé à l'invocation ternaire « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. » tandis que l'on exécute le geste de salut avec le bras droit tendu devant soi à l'horizontale, le pouce écarté en équerre.

Pour ce travail j'ai cherché des références sur Internet. Le résultat est édifiant : « HOUZZAI » = 0 , « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE » = 12800 citations.
- Houzzai ! Houzzai ! Houzzai ! est une acclamation de joie et d'approbation dont l'orthographe anglaise est une ancienne forme de HURRAH comme nous le rappelle le livret d'App\. On trouve de nombreux exemples de son usage chez les anglo-saxons ce qui expliquerait sa transmission et son emploi dans notre Rite. La véritable question étant que pour les écossais eux-mêmes l'origine de l'acclamation est étrangère et inconnue. Les recherches se sont orientées vers une appartenance hébraïque suivant le constat que les mots utilisés dans nos rituels sont tirés de la Bible. Deux explications semblent plausibles :

 - La première porte sur le sens de « HOUZZAI » : Se référant à la colonne B qui signifie « en force » où l'on emprunterait la racine « OZ » pour l'accompagner du suffixe « ZE » et signifier : « Cela est ma force ou mon soutien. » ce qui ferait référence au G A D L U sous l'invocation duquel nous travaillons au REAA.

 - La seconde explication porte sur le nom de « UZZA » que l'on rencontre au deuxième livre de Samuel lorsque David après sa victoire sur les Philistins ramène l'Arche de Dieu vers Jérusalem. Je cite : « On chargea l'Arche de Dieu sur le chariot neuf et on l'emporta de la maison d'Abinadab qui est sur la colline. Uzza et Ahyo, les fils d'Abinadab conduisaient le chariot..
Comme on arrivait à l'aire de Nakôn, Uzza étendit la main vers l'arche de Dieu et la retint car les bœufs allaient la renverser. La colère de Yahvé s'enflamma contre Uzza. Là, Dieu le frappa pour cette folie, et il mourut là à côté de l'Arche de Dieu. » La phonétique nous paraît plus proche, notre geste de salutation, la main tendue vers le sol, trouve son explication dans sa similitude avec le geste d' Uzza retenant l'Arche et notre quête de la lumière trouve sa limite dans l'avertissement qui nous est donné : Nous ne verrons la lumière qu'en un éclair à l'instant de notre mort .

La question que nous pouvons nous poser est de savoir si cette seconde explication donne un sens à notre acclamation. Une acclamation doit exprimer une adhésion à une idée ou un concept : Au Rite Ecossais Ancien et Accepté c'est le GADLU. Et comme le VLS est le plus souvent ouvert au Prologue de l'Evangile de Jean qui dit : « Au commencement était le Verbe. » cette idée qui doit nous rassembler est celle de la préexistence et de la prééminence de l'Esprit sur toute chose. C'est toute la force symbolique et poétique de Jean qui près de deux mille ans plus tard n'est pas contredit par la cosmologie en cours de validité qui est la théorie du Big Bang ( ou Grand Boum en français ) . Théorie qui pose en principe qu'il n'existait ni matière, ni espace, ni temps avant cette grande explosion initiale mais ne nous dit pas ce qu'il y avait avant. Une réponse est chez Jean : L'Esprit, l'âme ou encore le GADLU.

 - Liberté ! Egalité ! Fraternité ! : Je vous ai parlé de 12800 références sur Internet, on peut toutefois les classer en deux familles qui nous intéressent : La République et la FM .

La République : Les mentions qui figurent en tête des textes officiels, des lois, des décrets sont : République française - Liberté, Egalité, Fraternité - Au nom du Peuple français. Dans cette formule « Liberté, Egalité , Fraternité » est élevé au niveau de principe fondateur comme nous le rappelle cet extrait du décret d'abolition de l'esclavage :
« Le Gouvernement provisoire, considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ;
    Qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ;
    Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Egalité, Fraternité. »
Cette acclamation marque bien notre attachement à la République et à ses valeurs laïques. Si l'on en croit Alain Touraine il faut y voir la reconnaissance qu 'il n'y a pas de principe central de la démocratie est que la combinaison des trois principes ou utopies est nécessaire. Il est vrai qu'un régime qui privilégie la liberté peut laisser s'accroître l'inégalité et inversement que la recherche de l'égalité risque de se faire au prix d'un renoncement à la liberté. Mais il est plus vrai encore qu'il n'y a pas de démocratie qui ne soit la combinaison de ces deux objectifs et qui ne les lie pas ensemble par l'idée de fraternité. Voilà comme on retrouve nos trois nombres : Un, le tout. Deux le nombre de la science, antagoniste au Un. Trois, qui par la synthèse de ce qui paraît opposé va ramener la dualité à l'unité.
« Rassemblant ce qui est épars » ce qui nous ramène à la FM .

La FM : Cette acclamation est une spécificité commune aux deux rites français et nous rattache à la République qui sous les traits de notre Marianne Maçonnique est la seule femme à assister à nos travaux.
 - La Liberté : Le monde profane distingue deux libertés : La Liberté des Anciens selon Aristote qui veut que l'intérêt général l'emporte sur l'intérêt particulier. C'est la Liberté de l'astre qui doit s'intégrer à une totalité. La Liberté de l'un doit s'arrêter où commence celle de l'autre. La Liberté des Modernes par contre veut que la Liberté n'aurait pas d'effets si elle ne produisait pas une société diversifiée, multiple, offrant à chacun la possibilité de voir ses demandes prises en compte et ses intérêts satisfaits. Cette liberté là me paraît être la notre. Me croyant un homme libre, j'ai frappé à la porte du Temple. La FM m'a demandé de me libérer de mes passions en les combattant et expliqué que l'homme véritablement libre est celui qui s'est vu renaître à la vie nouvelle conférée par l'initiation.
 - L'Egalité : Que je croyais reconnaître à l'autre en acceptant une limitation de ma liberté, la FM m'a appris que je la trouverai en moi-même lorsque pierre polie, c'est à dire parfaitement égalisée, je me fondrai dans le Grand Oeuvre. La notion duale de comparaison à l'autre que permet d'évaluer le niveau devient une valeur individuelle et personnelle :
C'est moi qui suis égalisé par mon travail.
 - La Fraternité : L'idée selon laquelle les frères sont des êtres privilégiés les uns pour les autres est très ancienne. Elle s'est pourtant construite à l' envers puisque presque tous les mythes fondateurs nous montrent des frères qui, à l'état naturel, se haïssent La Bible est remplie de ces conflits entre frères : Abel et Cain, Jacob et Esau, Isaac et Ismael.

Leurs conflits sont autant de bifurcations possibles pour une civilisation qui doit choisir entre le sédentaire et le nomade, le fidèle et le païen, le sage et le rebelle. Il faut attendre la fin de l'exil après la sortie d'Egypte pour trouver le premier couple de frères non rivaux où chacun a  besoin de la réussite de l'autre pour accomplir sa propre tâche : Moïse et Aaron. L'aîné, Aaron n'est pas jaloux de ce que son cadet ait été choisi par Dieu pour être son prophète et Moïse qui s'exprime très mal ( « Je ne suis pas doué pour la parole car ma bouche et ma langue sont pesantes « dit-il. ) a besoin d'Aaron pour guider son peuple vers la Terre Promise.
Leur relation fraternelle change l'histoire du peuple juif et démontre que la fraternité est un acte de civilisation qui se construit en se fondant sur l'intérêt et la joie que l'on trouve dans la réussite de l'autre.

Bien plus tard, vers l'an mille, ce thème se retrouve dans le discours des ordres religieux puis du compagnonnage et des confréries. Dans beaucoup de langues tel l'anglais Brotherhood ( confrérie ) et Fraternity (fraternité ) sont synonymes et utilisés indifféremment. Dans les associations d'artisans chacun avait intérêt à la valeur de l'autre et chaque maître aidait chaque compagnon ( chaque frère ) à réussir des épreuves initiatiques. C'est le Concile d'Avignon qui interdira le 13 juin 1326 les confréries laïques c'est à dire les réunions de ceux qui se donnent le nom de frères. Vainement puisqu'en 1722 paraîtront les constitutions d'Anderson qui fonderont l'Ordre Maçonnique.

La boucle est bouclée : la vraie tradition, toujours renouvelée est là, avec un outil : la pensée symbolique, un mode d'emploi : le travail maçonnique qui nous « assure la Liberté, nous enseigne l'Egalité et mûrit nos âmes pour la douce Fraternité » comme le rappelle notre rituel.

J'ai dit.

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