Obédience : NC Loge : NC 09/10/2012

 

Les 3 piliers

Vous souvenez-vous de l’embryon contenu dans la graine plantée au printemps de l’année 2011 ? Celui-ci qui portait en son coeur une amorce de racine, prête à chercher profondément sur son pivot, la chaleur et la richesse de la terre nourricière de sa loge mère.

Les vagues successives d’égrégore et de ferveur maçonnique ont laissé apparaitre lentement dans la pénombre de la colonne du Nord, les ramifications latérales de cette morphogénèse végétale, structurée par le parcours mathématique de Fibonacci.

Cette circonvolution excentrique masque t’elle la règle sous-jacente de l’élaboration de soi ? Le pavé d’équerre blanc et noir doit-il me faire douter sur mon devenir entre lumière et ténèbres, entre réalités et illusions, tourments de mes passions profanes ?

L’ouverture de nos travaux a laissé pénétrer l’énergie irradiante de l’astre céleste, au plus profond du centre de notre terre. La lave magmatique du discernement a comblé ce vide invisible qui les séparait, et à laisser place à cet esthétisme contemplatif du nourrisson, qui avec son cerveau immature se contente de répéter inlassablement 2 fois par mois la mise en place de ces 3 piliers décorés.

Familiers de par leurs formes architectoniques, implantés au centre de ce rectangle long sous cette voûte étoilée qui nous domine, ils se distinguent par leur décor, leur position et leur représentation maçonnique :

- A l’angle Sud-Est, le pilier « Sagesse » de style Ionique est symboliquement représenté par le Vénérable maître dont le symbole est l’équerre,

- A l’angle Nord-Ouest, le pilier « Force » de style Dorique est symboliquement représenté par le Premier Surveillant dont le symbole est le Niveau,

- A l’angle Sud-Ouest, le pilier « Beauté » de style Corinthien est symboliquement représenté par le Second Surveillant dont le symbole est la Perpendiculaire.

Faut-il voir en leur composition, la synthèse des quatre éléments ?

Chaque pilier à sa base qui repose sur la Terre, son fût qui s’élance dans l’Air, la forme évasée des chapiteaux rappelle l’Eau, les Piliers sont reliés aux étoiles par le feu qui les anime.

Rappelons-nous alors cette alchimie mélodique et voluptueuse qui rythme l’ouverture de nos travaux sur l’horizontalité du pavé maçonnique et la verticalité aiguisée du fil à plomb. Cette invitation au voyage, en passant du monde profane (matériel, chaotique, conflictuel et aveuglément destructeur), au monde spirituel, un voyage vers soi, vers cette vibration de l’âme qui nous unit dans la lumière et nous laisse entrevoir l’espace d’un instant, l’immensité sans fin de l’unité de ces solides anneaux de pur métal.

Les reflets illuminent nos pupilles lorsque chaque petite lumière domine son pilier. Les 3 états de la matière ont laissé place à son quatrième état, que les scientifiques désigneront naturellement comme plasmatique, et que nous franc-maçon, nous nous approprions pour participer au dynamisme créateur de la lumière. Cet assemblage de particules identiques qui virevoltent, s’entrelacent et s’unissent pour créer cette flamme, dont son antinomie nous rappelle à nos doutes perdus et égarés dans le cosmos.

Comme celui-ci, l’arbre vert qui le symbolise change de façon constante et périodique. Il est dit que sa vigueur exprime la jeunesse. Il germe, il pousse, il perd ses feuilles et les recouvre, meurt et revit dans sa graine. Béresniak précisait dans la légende d’Hiram : « l’histoire sacrée du
monde commence par la préhistoire du bois sacré. La forêt est un temple : elle est le lieu du culte, la loge, la feuillée. Les rites fondent un herméneutique, les mythes la restituent… » Mais alors que penser de l’arbre de Séphiroth, issue de la Kabbale, cet ensemble de spéculation
métaphysique sur Dieu, l’Homme et l’Univers. Ne faut-il pas y voir tout simplement un formidable outil de travail sur soi et un moyen puissant pour modifier notre perception du monde.

Cette notion s'illustre parfaitement dans cet Arbre où des ensembles de symboles très divers sont reliés entre eux. La kabbale ne montre pas seulement l'aspect illusoire de la dualité mais lui accorde un rôle crucial : la dualité est le moteur de l'expansion de notre conscience, un puissant
facteur de progrès. Et quel bonheur mes frères, enfin d’avoir la possibilité de comprendre ceci, de parvenir à concevoir par l’esprit, de chercher l’être et non plus l’avoir.

Que dire de ces sentiers qui relient ces étapes, sans préjuger de la supériorité de telle ou telle Séphire, malgré l’apparente verticalité de l’Arbre.

Les similitudes avec le Taoïsme et l’Hindouisme semblent évidentes, et la décomposition de l’Arbre de Séphiroth en 3 piliers permet de rapprocher 3 notions communes aux traditions orientales et occidentales.

Le premier est appelé pilier de la Sévérité, il est associé à la notion de Forme et d’inertie. Le second au centre, est appelé pilier de l’équilibre, il est associé à la notion de Conscience, d’harmonie entre Force et Forme.

Le troisième est appelé pilier de la Miséricorde et est associé à la notion de force et regroupe les termes liés à la polarité positive, au mouvement.

Notons que la Force et la Forme ne sont pas 2 principes distincts mais un seul : la Vie, qui apparait tantôt indivisible, en mouvement, sans entraves (la Force), et tantôt multiple, ralenti et contraint (la Forme).

Faut-il y voir la progression de l’Homme dans le Cosmos, en gravissant les barreaux invisibles entre les piliers en usant alternativement d’énergies expansives et restrictives. Quand nos pieds quittent un barreau de cette échelle, nos mains, elles ne lâchent jamais les 2 bords. Plus nous
progressons sur l’échelle de la maîtrise des énergies, plus notre conscience s’élève.

Cette représentation du processus de création mettant en oeuvre dans le macrocosme et le microcosme, les puissances du Grand Architecte de l’Univers, doit-elle me faire douter de ma progression sur cette échelle ?

Mérias remarquait judicieusement dans « la voie du Franc-maçon : Techniques initiatiques de la Franc-maçonnerie spéculative », « qu’il est préférable de présenter ces trois qualités Force, Sagesse et Beauté sur un mode discursif, l’une après l’autre : on devrait les inscrire dans un cercle. Aucune de ces qualités n’étant première, leur ternaire doit être acquis dans son intégralité ». Et de poursuivre « que serait une sagesse sans force, si ce n’est qu’elle n’aurait aucune chance d’aboutir à la beauté ? Que vaudrait la force qui ne serait pas conduite par la sagesse ? Sans beauté la force pourrait-elle exprimer la sagesse ? » Ma progression sur l’échelle de la conscience suit le tracé du fil à plomb, présent au centre du bijou du 2nd Surveillant, la perpendiculaire.

A sa place de maître d’oeuvre Hiram Abi, il a la lourde charge de piloter le chantier des jeunes recrues est c’est son action qui ferme nos travaux à minuit, lorsque l’astre irradiant à laisser place au symbole passif de la lumière réfléchie.

Par cette mise au repos, il nous rappelle le travail à accomplir au dehors du temple, pour que l’élévation des autres, passe d’abord et nécessairement par l’élévation de son âme dans la conscience du « Tout » de l’humanité.

Alors mes frères, ne faut-il pas y voir comme l’avait précisé Hume dans « l’entendement humain », que l’existence de chaque homme n’a de sens que s’il entretien et perfectionne cette sensibilité au monde extérieur, que sa vie soit sensible à la beauté et à l’harmonie de la nature et des êtres qui l’animent ?

N’est ce pas l’axe invisible qui relie ces 3 piliers, l’axe de chaque franc-maçon ?

J’ai dit.

P\ B\ O\


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