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Les Prophètes de la Bible, Prophètes d’Israël

Les prophètes de la Bible, prophètes d’Israël, occupent une place importante dans l’Ancien Testament et ont fait l’objet de commentaires nombreux et variés.
Pour la tradition juive, ils ont continué l’œuvre du Patriarche Moise et ont été ses fidèles interprètes.
De nos jours, on est loin d’être unanime sur les divers problèmes posés à leur sujet : traits caractéristiques de ces prophètes ; formes et contenu de leurs oracles ; origine et finalité du mouvement prophétique en Israël ; histoire du prophétisme biblique.

SITUATION DU PROPHETISME EN ISRAEL
Les prophètes d’Israël appartiennent à la famille des « porteurs de parole » que l’on rencontre aussi dans le Proche-Orient, en Grèce, en Asie centrale. Ils se distinguent des autres inspirés divins surtout par le contenu de leur message qui est déterminé par le fait que les prophètes hébreux parlent au nom d’un Dieu particulier, Yahvé, à un peuple particulier, Israël.
Le prophétisme israélite repose sur le caractère particulier des relations entre Yahvé et son peuple.
Les prophètes de cette époque ont été plutôt des orateurs, et ce sont en général leurs disciples qui ont mis leurs oracles par écrit, c’est à dire Amos, Osée, Isaïe, au temps de l’expansion assyrienne (VIII e s.) ; Jérémie, Ezéchiel, le Second Isaïe, sous l’occupation babylonienne (VI e s.).

Les avis sur le rôle des prophètes ne semblent pas unanimes, certains ont fait d’eux des conservateurs, des réformateurs, voire des révolutionnaires. D’autres estiment qu’ils ont occupé une fonction officielle dans le cadre du yahvisme traditionnel et d’autres encore prétendent qu’ils se sont violemment heurtés aux autorités établies d’Israël et de Juda.
En fait, les prophètes ne se sont pas réclamés directement de Moise, ils se sont considérés comme des envoyés de Yahvé auprès de leur peuple. Ils n’auraient cherche ni à sauvegarder, ni à bouleverser la tradition religieuse d’Israël.
Ils se savaient liés à Yahvé, de lui seul ils tenaient leur mission, et de sa seule gloire ils avaient à rendre compte.

LA PSYCHOLOGIE DES PROPHETES
On s’est interrogé sur la psychologie des prophètes et on a parlé d’extases, d’hallucinations, de « pathos » ; on a évoqué les particularités de la mentalité primitive ou fait appel aux mystiques.
En fait, il ne semble pas avoir existé une psychologie prophétique unique, chaque prophète avait son tempérament propre et il suffit pour s’en convaincre de comparer la sobriété d’Amos à la sensibilité de Jérémie, la noblesse d’Isaïe aux bizarreries d’Ezéchiel.

LES ORACLES DES PROPHETES
Les prophètes ont été avant tout des orateurs, dont les déclarations étaient entendues plutôt que lues ; et ce n’est que peu à peu, et sans doute poussés par la nécessité (Jer., XXXVI), qu’ils se sont mis, eux ou leurs disciples (par exemple Baruch pour Jérémie), à écrire leurs oracles.
Pour communiquer à leur peuple la parole de Yahvé, les prophètes n’ont pas usé d’un langage sacré ; ils ont emprunté aux traditions d’Israël, et notamment au monde juridique, cultuel ou sapiential, les diverses formules qu’ils ont utilisées.
Leurs oracles, souvent introduits par l’expression « Ainsi parle le Seigneur... »
On trouve également chez eux des paraboles (Is., V).
Le message prophétique s’est caractérise par une variété de formes qui nous révèle combien les prophètes connaissaient la vie profane et religieuse de leur temps.

LE MILIEU
En se referant à l’histoire des religions, on peut dire que le prophète fait partie, avec le roi, le sorcier ou le prêtre, de ceux qui ont reçu la puissance et dont le rôle est parfois interchangeable (Samuel a été à la fois sacrificateur, conducteur et prophète de son peuple avant l’établissement de la royauté.2 en Israël) ; certains aspects de son activité tendent à l’apparenter aux devins, aux magiciens, aux derviches, aux shamans.
L’Ancien Testament lui-même semble admettre l’existence d’un prophétisme non israélite Les récentes découvertes de Mari, en Mésopotamie, ont permis d’attester la présence, au XVIIIe siècle, d’inspirés divins dont l’activité politique et religieuse à la cour présente des analogies avec les interventions de Nathan auprès de David ou d’Isaïe envers Ezéchias.
Les pratiques des devins, chez les Arabes nomades, rappellent fortement celles des voyants d’Israël de telle manière que le prophétisme hébreu peut apparaître aujourd’hui comme profondément intégré et développé chez les peuples sémites.

LE PROPHETISME CLASSIQUE
La tradition biblique accorde à Abraham (Gen., XX) et à Moise (Os., XII ; Deut., XVIII) le titre de prophète rappelant ainsi le lien qui existait entre le mouvement prophétique et la période ayant précédé l’entrée du peuple de Yahvé en Canaan.
Mais c’est sur sa propre terre qu’Israël voit se développer le prophétisme, avec Nathan, d’abord, à l’époque de David, au XIe siècle (II Sam., VII et XII), et avec Elie (Elyahou), surtout, au temps d’Achab, au IXe siècle (I Rois, XVII à II Rois, II).
C’est à partir VIIIe siècle que le prophétisme biblique atteint son apogée.

AMOS :
Amos est le plus ancien des « prophètes écrivains » : originaire de la campagne, au sud de Jérusalem, il intervient dans le royaume du Nord, dirigé par Jéroboam II, dans la première moitie du VIIIe siècle.
Amos stigmatise en termes cinglants les comptes frauduleux, les affaires louches, les jugements iniques ; il prend le parti des pauvres au nom de Yahvé et condamne l’appétit des riches, la mollesse du clergé, un culte abondant, mais hypocrite (Am., IV-VII).
Il dénonce les illusions d’une nation qui se croit élue par Yahvé et attend son heure de gloire (Am., III et V). Il annonce les ténèbres. Il apporte la panique et la ruine, parce qu’Israël n’a pas entendu la plainte de la veuve et de l’orphelin et a piétiné le droit des petits. Amos est pour tous les temps le témoin de la justice divine…

OSEE :
Osée se heurte à un autre problème.
En s’installant en Canaan, les Israélites découvrent les divinités du pays, les Baals et les Astartes, dont les Cananéens attendent la fertilité et la fécondité. Peu à peu, un partage s’opère dans la mentalité religieuse du peuple de Dieu, entre Yahvé, le Dieu des pères, et les Baals ; le premier à sans doute arraché les Hébreux à l’esclavage d’Egypte, mais il séjourne dans le désert, alors que les seconds vivent dans le pays où leur bienveillance est quotidiennement nécessaire.
Osée combat énergiquement ce syncrétisme qui menace la foi yahviste.
Il revendique pour Yahvé les mêmes pouvoirs que les Cananéens reconnaissent aux Baals : le Dieu d’Israël lui-même accorde le pain, le lin et le vin dont son peuple a besoin, il est Maître du sol cananéen, et lui seul dispose de la vie (Os., II).
Plus que tout autre prophète, Osée a chanté l’amour divin.
Il prédit qu’Israël a un avenir devant lui, parce que Yahvé continue de l’aimer.

ISAIE :
Isaïe est un Judéen, il se fait remarquer par la dignité de son attitude et la noblesse de son style en rendant hommage au Dieu dont il a contemplé la gloire au temple de Jérusalem (Is., VI).
Comme Amos, il dénonce les accapareurs et les jouisseurs, condamne les pratiques religieuses qui servent à masquer des infamies.
Sa politique s’est heurtée à celle des membres de la cour. Pour lui, le salut de Juda ne peut venir, en aucune façon, ni de l’Assyrie ni de l’Egypte, mais de Yahvé qui a choisi Jérusalem et s’est lié à la maison royale de David (Is., VII-VIII ; XVIII ; XXX et suiv.).
Isaïe annonce des heures sombres pour le pays, et il espère une régénération de la dynastie davidienne (Is., VII ; IX ; XI)…

JEREMIE :
Jérémie assiste à l’agonie du royaume de Juda, il avertit son peuple du jugement qui ne tardera pas à le frapper.
Jérusalem attend un impossible miracle, et Jérémie doit proclamer que les Babyloniens sont les serviteurs de Yahvé! On le raille, on l’enferme, et l’ennemi le délivrera (Jér., XXXIX et suiv.).
Jérémie s’est trouvé constamment à contre-courant de l’histoire.
Il a transmis aux générations futures ses dialogues avec Dieu et nous fait ainsi pénétrer dans le mystère de la conscience prophétique.

EZECHIEL :
Ezéchiel a connu l’exil des 597. C’est un personnage dont le message déroute autant que le comportement. Il a  des visions extraordinaires, des périodes de mutisme ou de paralysie, il accomplit des gestes bizarres (Ezech., I ; III ; XXXVII).
Sa personnalité a intéressé les psychiatres.
Il vit en quelque sorte la mort de son peuple, et il lui promet la résurrection à un moment où le sort de sa nation parait joué (Ezech., XXXVI-XXXVII).
Ezéchiel s’étend longuement sur le jugement qui va inévitablement frapper un peuple rebelle Après le désastre, il proclame avec la même fermeté le renouveau d’Israël, qui dépend de la fidélité de Yahvé à l’égard de son Nom, tout doit concourir à la gloire du Dieu d’Israël et à la rénovation du peuple qui porte le nom de Dieu.
On a rapproché Ezéchiel d’Augustin et de Calvin, mais cet homme est aussi un prêtre, et il envisage sérieusement la reconstitution de l’Etat de Jérusalem (Ezech., XL-XLVIII).

ISAIE :
Le second Isaïe est l’annonciateur du salut d’Israël. Son activité se déroule parmi les exilés (Is., XL-LV).
Il dépeint à ses frères leur proche retour sous la forme d’un nouvel et merveilleux exode, et rappelle la fidélité de Yahvé envers Abraham et sa descendance.
Parmi les oracles d’Isaïe, on distingue quatre cantiques qui parlent d’un mystérieux « serviteur de Yahvé », souffrant pour le salut d’une multitude d’hommes et dont l’œuvre rayonne jusqu’aux extrémités du monde (Is., XLII ; LIII). La tradition chrétienne a vu dans ces oracles une prophétie de la destinée du Christ.
Après l’exil, les prophètes jouent un rôle secondaire. Aggée, Zacharie et Malachie sont soucieux de réorganiser la vie de la communauté à Jérusalem autour du Temple. Le prophétisme se transforme, sous l’influence de la tradition sapientiale.

LES PROPHETES ET LA TRADITION
Le phénomène prophétique n’est pas aisé à situer dans le cadre des institutions israélites de l’époque.
En effet, les prophètes, d’une part, prennent nettement leur distance par rapport aux idées et aux coutumes de leur temps et ne craignent pas de critiquer violemment leurs autorités civiles et spirituelles ; mais, d’autre part, ils interviennent constamment a la cour et dans les sanctuaires avec des formules juridiques et liturgiques en usage dans le pays.
Les prophètes paraissent parfois avoir un rôle officiel, alors que, dans d’autres cas, ils mettent en question toute l’organisation israélite.

Les messagers de Yahvé entre le VIIIe et le VIe siècle n’ont voulu dépendre que de leur Dieu. Ils ont profondément choqué leur auditoire, alors qu’ils ne faisaient que rappeler à leurs contemporains des vérités évidentes écoulant des relations normales entre Yahvé et Israël.
Les prophètes ont inquiété les autorités. Ils ont appelé Israël à ne pas se reposer sur le passé et ils ont voulu le préparer à rencontrer Yahvé et à vivre dans l’attente de « son jour » (Am., V ; Is., II ; Soph., I ; Zach., XIV).

Le véritable envoyé de Yahvé est sans doute celui qui reste libre à l’égard de l’attrait du pouvoir, de la pression de l’opinion publique pour n’obéir qu’au Dieu d’Israël.
Le message prophétique, dans ses diverses variétés de forme et de fond, semble se caractériser par :
Un souci manifeste de la défense du droit en Israël,
- Une certaine réserve à l’égard des pratiques religieuses contemporaines,
- Un intérêt particulier pour l’interprétation prophétique de la parole de Dieu,
- Une attente des interventions divines qui vont bouleverser le sort du peuple de Yahvé...
Les prophètes se sont tout bonnement adresses à leur peuple pour lui parler, au nom de Yahvé, de son Dieu.
Ils sont venus de sa part pour préparer son peuple à sa venue. Au cœur du message prophétique, il y a cette présence de Dieu à l’homme, à Israël et au monde.

LES DOUZE PETITS PROPHÈTES
Dans l’ensemble des prophètes d’Israël, en dehors des prophètes principaux vus précédemment, on ne peut manquer de distinguer le groupe de douze prophètes mineurs qui ont été appelés « les Douze Petits Prophètes », ce sont : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.
Bien qu’ils aient été moins influents que les grands prophètes, chacun d’eux a marqué son époque à sa manière par la rédaction d’un livre portant son nom. On retrouve ces livres dans la Bible.

1 - OSEE
Le premier de ces douze livres est celui d’Osée qui est le signataire d’un recueil d’oracles. Plus jeune qu’Amos, sa prédication a pu débuter vers la fin du règne de Jéroboam II (~ 782-~ 753).
Nous avons là une source privilégiée pour connaître l’histoire spirituelle du Royaume du Nord et l’influence de sa littérature sur la dernière phase du royaume de Juda et par suite sur le judaïsme.
Le Livre d’Osée est fait d’éléments autobiographiques qui débouchent sur le symbolisme .
Le thème principal du Livre d’Osée est l’amour : amour méconnu de Yahvé pour son peuple, auquel le symbole du mariage donne son plein relief. Le ton est sévère, car l’enjeu est vital, face à une société dont les mœurs et les usages s’affirment de plus en plus comme incompatibles avec la foi et la loi yahviste.
Osée est le prophète exemplaire de l’« alliance ».

2 - JOEL
Le second livre est celui de Joël, qui apparaît comme une transition entre la prophétie israélite proprement dite et l’apocalyptique juive.
Ce livre comprend deux parties bien différentes.
La première partie (I et II) décrit le désastre d’une invasion de sauterelles et un oracle de Yahvé annonce la fin du fléau.
Dans la seconde partie on ne rapporte plus d’évènement concret et on se met à décrire une ère nouvelle. C’est l’annonce du « Jour de Yahvé ».
L’Esprit prophétique sera répandu sur tous les juifs — les Actes des Apôtres (II, 16-18) donnent une lecture chrétienne de ce passage. Puis apparaissent des signes astronomiques et l’attaque de Jérusalem par des nations païennes qui seront écrasées dans la « vallée de Josaphat » (étymologiquement : « Vallée ou Yahvé juge »). C’est alors qu’est décrite la fécondité merveilleuse de la Palestine transformée : des eaux jaillissent jusque dans le Temple, en Juda et à Sion à tout jamais restaurés.
Il est à remarquer que le Livre de Joël et le Livre d’Ezéchiel, bien plus ancien, ont une fin semblable sur cet évènement.

3 - AMOS
Le troisième livre est celui d’Amos.
Il n’y a rien de surprenant à ce qu’un Judéen se soit intéressé d’aussi près aux destinées du royaume du Nord (Israël) : malgré leur séparation politique, les deux Etats avaient gardé une certaine unité religieuse.
On peut diviser cet ouvrage en trois parties…

La première partie comprend les chapitres I et II : on y lit le jugement prononce par Yahvé contre huit nations, dont la dernière, Israël, est spécialement visée.
La seconde partie comprend les chapitres III à VI, relatant une série de reproches suivis de brefs discours sans ordre véritable ; la liste des châtiments déjà subis par Israël et un chant funèbre.

On y trouve aussi un bref poème sur le Jour de Yahvé qui précède une description cruelle des fastes royaux du royaume du Nord. Enfin, se succèdent cinq visions de châtiments (chap. VII à IX) : la vision des sauterelles ; la vision du feu ; la vision du fil a plomb ; la vision des fruits d’été et la vision du cataclysme final.

On retrouve formulée l’affirmation que Yahvé est décidé à détruire son peuple. Le prophète justifie cette sentence par son immense besoin de justice d’où sa critique cinglante de la société contemporaine.
Amos est considéré comme le prophète de la justice et au nom de la justice divine, il défend l’ordre moral de la création.
La justice divine exigera alors davantage de celui qui est le «peuple élu» et qui, partant, a reçu davantage : son châtiment sera donc plus grand que celui des autres nations.

4 - ABDIAS
Le quatrième livre est celui Abdias.
Abdias signifie « serviteur de Yahvé ».
Il est le plus court des livres de l’Ancien Testament (21 versets) et contient un violent oracle contre Edom (versets 1-15), qui s’élargit ensuite en prophétie à teneur de destruction apocalyptique : la ruine d’Edom est le signe du jugement de Yahvé contre tous les ennemis de son peuple ; Jérusalem sera la capitale mondiale d’ou le Dieu et roi d’Israël gouvernera le monde (versets 16-21).
Comme les Lamentations, Abdias est l’écho d’un temps désespéré ; après la chute de Juda en ~ 587, Edom a pille le royaume vaincu. Le ressentiment du prophète est très grand et son nationalisme intempérant rappelle celui de Joël. Dans ce livre, il exalte la puissance et la justice de Yahvé, Dieu d’Israël.

5 - JONAS
Le livre de Jonas, qui est le cinquième, met en scène un prophète : Jonas, dont la mission est de prêcher la pénitence à la ville de Ninive.
Jonas tente de se dérober et fuit au bout du monde, mais Yahvé déclenche une tempête punitive et les matelots du bord le jettent par-dessus bord à la suite d’un tirage au sort qui leur a révélé qu’il était coupable de cette tempête.
Jonas est avalé par un gros poisson, dans le ventre duquel il récite un psaume. Rendu au rivage après trois jours, il parvient à Ninive et prédit la ruine de la ville à ses habitants si ces derniers ne se convertissent pas.

La conversion des habitants est rapide et Yahvé s’abstient de détruire la ville. Jonas est très dépité de cette clémence et il recevra par la suite une autre leçon de la grande miséricorde divine.
La critique situe la composition de ce texte, dans lequel il ne faut pas voir un récit historique mais une allégorie, aux environs du ~ Ve siècle.
C’est une sorte de midrash ironique du Livre des Rois (II Rois, XIV, 25), dont les sources mythologiques ne sont pas originales. Très développé après l’Exil, ce genre littéraire consiste à élaborer une leçon édifiante à partir d’un verset biblique : Ninive, contre toute prévision humaine, est l’image d’un salut surprenant et universel.
Jésus devait reprendre l’histoire de Jonas à son compte pour signifier que la venue du salut passera par sa Passion (Matth., XII, 41 et Luc, XI, 29-32).

6 - MICHEE
Le sixième livre est celui du prophète Michée.
Michée (en hébreu, mikah, sans doute abréviation de mika -Yah, « connu de Yahvé ») est mentionné dans deux sources.
Réfugie à Jérusalem (cf. Isaïe, XIV, 28-32), Michée vise surtout le royaume de Juda dans ses harangues, mais il n’oublie pas Israël pour autant. Son langage, par sa vive attention aux injustices sociales, rappelle celui d’Amos. Il annonce avec vigueur le jugement redoutable de Yahve…

Son livre peut se diviser en quatre parties :
La première (I-III) comprend des oracles de malheur (annonce de la chute de Samarie, oracle contre Juda, châtiment de la cupidité des villes, oracles contre les fonctionnaires, les prophètes et les prêtres qui sont des oppresseurs du peuple).
La deuxième partie (IV-V) contient des oracles de bonheur (règne de Yahvé à Sion et retour des exilés, triomphe de Sion et naissance du libérateur à Bethléem, description du « reste » d’Israël et oracle contre Juda).
La troisième partie (VI, 1-VII, 6) reprend des oracles de malheur (procès de Yahvé à l’endroit de son peuple ingrat ; menace contre Jérusalem à cause des abus sociaux et lamentation sur la Cité sainte).
La quatrième partie (VII, 8-20) est consacrée à des oracles de bonheur La structure de ce livre, avec sa double alternance de paroles de bonheur et de paroles de malheur, est conventionnelle dans la littérature biblique.

La religion ne compte que si elle s’accompagne de la pratique de la justice sociale, cette oeuvre est remplie d’espérance.
Le prophète a la certitude que de la lignée de David, et selon les promesses faites à ce dernier, un roi naîtra qui unifiera le royaume et le gouvernera selon les principes divins (V, 1-4 - texte repris par Matthieu, II, 6).

7 - NAHUM
Le septième livre est celui du prophète Nahum.
Nahum (en hébreu, nahum, « console », est peu connu).

Le livre de Nahum peut être divisé en trois parties.
La première (I, 2-8) est un poème alphabétique, interrompu à la lettre kaph, sur le thème de la colère de Yahvé.
La deuxième (I, 9-II, 3) comporte une série d’oracles mélangés, de bonheur pour Juda (I, 12 et 13 ; II, 1 et 3) et de malheur pour Ninive (I, 9-11 et I, 14).
La troisième (II, 4-III, 19) est un poème sur la chute de Ninive.
L’accent patriotique y est très fort : la chute de Ninive, modèle d’un monde qui s’oppose au Dieu d’Israël, signifie le triomphe de Yahvé et de son peuple choisi.
A travers cette passion nationale c’est toute une théologie de l’histoire qui s’affirme sur le mode prophétique.

8 - HABACUC
On trouve dans le livre d’Habacuc qui est le huitième, des traces de formules liturgiques, ce qui donne à penser qu’Habacuc était un prophète issu du milieu sacerdotal. La date de l’ouvrage est difficile à établir. Néanmoins, une mention des Chaldéens présentés comme les instruments de Yahvé (I, 6) plaide en faveur de la période où ce peuple était prépondérant, c’est-à-dire après ~ 626.
Le message d’Habacuc serait une annonce de la ruine finale des Assyriens, ces cruels oppresseurs du peuple de Juda. Il est aussi un message de consolation : « Le juste vivra par sa fidélité » (II, 4).

9 - SOPHONIE
Le prophète Sophonie (en hébreu, sephan-Yah, «Yahvé abrite») apparaît au terme d’une généalogie (I, 1) qui le fait remonter jusqu’à un certain Ezéchias, peut-être le roi de ce nom.
Le Livre de Sophonie, qui est le neuvième, est construit selon l’ordonnance habituelle de la plupart des écrits prophétiques : oracles de malheur, oracles contre les nations, oracles de salut.

On peut le diviser en quatre parties :
La première (I, 2-II, 3) comprend des menaces contre Juda et Jérusalem, suivies d’une série de cinq oracles qui annoncent très vigoureusement la venue du « Jour de Yahvé ».
La deuxième partie (II, 4-15) est consacrée à des menaces contre les nations.
La troisième partie (III, 1-8) est un réquisitoire contre Jérusalem et ses chefs corrompus ;
La dernière et quatrième partie (III, 9-20) contient une double promesse — l’une concernant les nations et l’autre Jérusalem.
Sophonie réfléchit sur le « pêché » d’Israël et, comme Amos, il annonce pour Juda, comme pour les autres nations, le « Jour de Yahvé ». Ce qui n’empêche pas les promesses de salut…

10 – AGGEE
Aggée, dont les prophéties constituent le dixième des douze livres, a contribue à la mobilisation morale de la communauté juive appelée, après son exil à Babylone, à reconstruire le temple de Jérusalem (vers ~ 516). Son ouvrage consiste en quatre prophéties, faites en l’espace de quatre mois, au cours de la deuxième année du règne de Darius 1er, roi de Perse (~ 521).
Dans ces prophéties, Aggée révèle son désir de voir le temple reconstruit au plus vite. Il estime que la détresse économique du peuple juif est due au retard qu’il a pris, par négligence, dans la mise en oeuvre des travaux ; quant à Zorobabel, haut-commissaire de Juda sous le règne de Darius, il est l’homme choisi par Yahvé pour représenter la maison de David.

11 - ZACHARIE
Le prophète Zacharie (en hébreu, zehar-Yah, « Yahvé est souvenir »), n’est connu que par l’écrit qui porte son nom, l’avant-dernier des livres bibliques était prêtre et prophète à la fois.
Préoccupé par la reconstruction du Temple, il prêcha la restauration nationale et l’observance des lois morales et de pureté rituelle.

Ce livre comprend trois parties.
La première partie (I, 1-6) est une introduction consistant en un appel à la conversion et aux vues morales de Zacharie.
La deuxième partie (I, 7-VI, 8) contient le livre des huit visions nocturnes, accompagnées d’interprétations et de commentaires (les quatre cavaliers, les quatre cornes, le cordeau à mesurer, le sacerdoce renouvelé, le lampadaire d’or, le rouleau volant, la femme et le boisseau, les quatre chars de combat).
La troisième partie (VII-VIII) comporte une collection d’oracles prophétiques.
La conclusion, (VIII, 20-23), rappelle la préoccupation centrale de Zacharie, la reconstruction du Temple.

Sans qu’il ait envisagé deux Messies distincts, il annonce déjà les deux figures messianiques de Qumran, l’« Oint d’Israël » et l’« Oint d’Aaron ».
L’ensemble du livre est centré sur le thème de l’attente messianique, qui se trouva ravivée à l’époque d’Alexandre. La situation misérable de la communauté d’Israël avait fait jaillir l’idée d’un sauveur pauvre ainsi que celle d’une victime innocente qui donne sa vie pour le salut de tous.
Le portrait évangélique du Messie devait s’inspirer de cette spiritualité.

12 - MALACHIE
Douzième et dernier livre de la collection, le Livre de Malachie, introduit par le titre massa (« proclamation », « oracle »), est probablement une oeuvre anonyme.
Le mot hébreu maleaki (« mon messager ») lui sert de nom d’auteur.
Le Livre de Malachie peut se diviser aisément en six sections ou discours :
- l’amour gratuit de Yahvé pour Israël (I, 1-5) ;
- les négligences des prêtres ;
- les invectives contre les mariages mixtes et le divorce (II, 10-16) ;
- l’annonce du « Jour de Yahvé » et de la venue du « Messager » ;
- les malheurs du présent, les sauterelles et la disette ;
- la récompense des justes et le châtiment des pêcheurs au jour du Jugement (III, 13-21).
On retrouve dans ce livre les données prophétiques traditionnelles (élection du peuple, sainteté de Dieu, équité sociale, exigences et fidélité cultuelles).

CONCLUSION
Nous avons vu que le prophète était, selon le judaïsme, un individu choisi par Dieu, souvent contre sa volonté, pour révéler les intentions et les plans de Dieu au peuple et au monde.
En tant que porteur de cette révélation divine, le prophète fut souvent soumis à l’omniprésence de Dieu dont il reçut la force de communiquer aux autres ce que Dieu avait dit, même si cela pouvait le conduire à être persécuté, à souffrir et à mourir…

Le christianisme hérita de la notion de prophétie du judaïsme et les chrétiens interprétèrent les textes hébreux à la lumière de l’enseignement du Christ qui est considéré comme le prophète par excellence.
Cependant, les visionnaires chrétiens, les mystiques et les grands saints à travers les âges furent souvent qualifiés de prophètes, mais n’atteignirent jamais le statut et la notoriété des prophètes de la Bible.
L’islam accepta la tradition prophétique du judaïsme et considéra Mahomet comme le prophète final, le sceau et le point culminant d’une lignée de prophètes allant d’Adam au Christ.

Abraham est considéré comme le père des prophètes, le précurseur de l’islam.
Pour la vision religieuse de l’islam, c’est par les prophètes que Dieu rappelle périodiquement aux hommes son unicité, sa toute-puissance, sa miséricorde et ses autres attributs.
Certains prophètes envoyés furent chargés de transmettre aux hommes les livres révélés : les feuilles d’Abraham, la Torah de Moise, les Psaumes de David, l’Evangile de Jésus et le Coran de Mahomet.

Des adeptes d’un mouvement mystique islamique, appelé soufisme, ont à un moment rempli un rôle prophétique. Pour certains musulmans, l’imam possède la grâce nécessaire pour interpréter la prophétie de Mahomet.
Notre rôle de maçons est de rechercher ce qui nous rapproche et non à polémiquer sur nos différences, ce qui nous autorise à réellement considérer Abraham comme le précurseur des trois religions monothéistes révélées, et le père des peuples croyants, en nous permettant de nous retrouver tous pour former une grande fraternité universelle.

J’ai dit.

J\ H\


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