Obédience : NC

Loge : Les disciples Ecossais de saint Jean

Date : NC

Le symbolisme du triangle

J’ai toujours eu de la fascination pour cette figure géométrique parfaite bien avant de rentrer en maçonnerie : Une attraction muette et diffuse que je n’arrive toujours pas à expliquer. Cependant, en temps que profane, quelques certitudes se présentaient à moi : Quel que soit le triangle, la somme des trois angles fait toujours 180°. Et 180°, c’est l’angle fait par un demi disque. Et le disque, c’est le disque solaire, symbole universel utilisé par nombre de civilisations. Saint Augustin nous apprend que chez les Manichéens le triangle symbolisait le soleil, thèse aujourd’hui très controversée. Néanmoins il subsiste un triangle comme symbole solaire sur le fondement du temple de Jupiter à Harran.

Lors des cours de géométrie, j’apprenais même qu’un antique illustre au nom de Pythagore fit un théorème qui sert encore de base aujourd’hui plus que jamais à la géométrie et qui a permis aux constructeurs de cathédrales de réaliser les œuvres que nous pouvons contempler au quotidien avec émerveillement. La géométrie a en effet pour but de créer l’unité des distances dans un rapport d’équilibre et d’unité. Pour concrétiser ces constructions la corde à nœuds mieux connue dans notre temple du nom de lacets d’amour a été indispensable. Plus récemment, un autre personnage, Abraham Maslow a choisi le triangle pour illustrer sa théorie sur les besoins humains fondamentaux au même titre que les pompiers ont décrit le triangle du feu ou que les orfèvres ont établi l’alchimie des différents ors sur un triangle permettant ainsi de différencier l’or blanc de l’or rouge, vert ou jaune dans les justes proportions…

Cette figure est particulièrement intéressante, car toutes formes aux contours brisés constitués de droites peut se décomposer en triangles élémentaires, en connaissant les propriétés des triangles, on peut déduire les propriétés de cette figure quelconque. Il serait sans aucun doute intéressant que chacun dans nous puisse se décomposer en triangles élémentaires ainsi appliquer cette théorie à lui même moyennant la maîtrise de la géométrie pour mieux se connaître !

Le triangle est le symbole parfait de la stabilité, c’est le profil spontané que prend un quelconque écoulement de matériau. Il est de ce fait à la base de constructions traditionnelles.

En trois dimensions, le triangle devient une pyramide et ce polyèdre est le symbole de l’Egypte pharaonique, cette antique et mystique civilisation qui me fascine toujours. (Cette pyramide, on la retrouve sur le dollar américain).

A l’image du tabouret à trois pieds qui n’est jamais bancal (c’est le polygone de sustentation), le triangle représente ainsi la stabilité horizontale. Trois points passeront toujours dans un même plan. C’est peut-être pour obtenir cette référence horizontale que notre temple n’est éclairé que par trois colonnettes et ainsi nous permettre de  trouver la verticale du zénith au Nadir sans risque d’erreur pour la construction de son temple.

Ainsi la position de travail de l’apprenti effectuant son premier travail sur la pierre brute passe par cette référence de stabilité, un genou au sol et les ceux autres appuis un sur la pointe du pied et le troisième le pied posé à plat afin qu’il puisse se concentrer sur la ganse de sa pierre sans avoir à se soucier de son équilibre.

Le triangle est associé au nombre trois, nombre premier divisible uniquement par lui-même. En tant que profane, je sentais que ce nombre était magique et toujours associé à l’histoire humaine. Dans la religion chrétienne, c’est le nombre de la trinité : le Père, le Fils et le saint Esprit.

Faisant mes premiers pas dans la franc-maçonnerie, je remarque que ce nombre est partout. Mon étonnement de profane laisse place à une curiosité marquée. Ce nombre a bien plus d’importance qu’il laisse paraître.

Une fois en loge, j’ai appris que c’était le nombre de l’apprenti. En géométrie, il existe deux grandes familles de triangles.
 

  • Les triangles isocèles qui ont deux côtés égaux. (Le triangle équilatéral étant un cas particulier de triangle isocèle).
  • Les triangles scalènes dont les trois côtés sont différents. Les Grecs comparaient les divinités à des triangles équilatéraux et les génies étaient représentés par des triangles isocèles. L’Homme quant à lui était représenté par un triangle scalène, symbole d’un manque de perfection.

Lors des travaux en loge, on remarque que le triangle est partout présent au sein du temple. C’est d’abord le delta lumineux derrière le vénérable, avec l’œil divin du GALDU au centre. Il préside nos tenues et semble guider sur la voie de la lumière et de l’intelligence. Sa base est beaucoup plus importante que ses côtés et la hauteur du delta est petite, rendant ce dernier stable et pas très enclin à être déséquilibré. C’est le triangle maçonnique « Lumière Ténèbres Durée » ou « Bien penser - bien dire - bien faire ». C’est aussi les trois lumières qui encadrent le pavé mosaïque au centre du temple. Ils symbolisent Force, Sagesse et Beauté d’une part et l’amour, la paix et la joie d’autre part.

Le triangle force de réflexion : en maçonnerie il convient de raisonner et non de s’exprimer instinctivement. Rien ne saurait être retenu qui n’ait été, auparavant, soumis au contrôle de la raison. Car, celle-ci ne retient que des conclusions, alors que l’instinct n’émet à priori que des opinions. Or il s’ensuit que si toutes les opinions sont respectables quand elles sont sincères, il ne s’ensuit pas pour autant quelles soient valables. Et, c’est justement la que la F\ M\ impose à ses membres de définir une ou des méthodes générales qui permettent la raison. Pascal affirme que la logique a emprunté ses règles à la géométrie. La logique est la science qui a pour objet les procédés et les formules du raisonnement, en s’appliquant à distinguer le vrai du faux, l’exact de l’inexact. Elle est la première des trois sciences constituant le célèbre trivium scholastique médiévale, et son élément principal de travail est la pratique du syllogisme ((raisonnement qui contient trois propositions : la majeure, la mineure, et la conclusion) et les deux autres sciences étant la rhétorique et la grammaire)). En fait la logique est l’expression structurée et vérifiée de la raison.

Le syllogisme tire sa justification mathématique des principes du triangle rectangle, et on ne saurait renier ou contredire ce qui repose sur une démonstration mathématique. La règle du syllogisme évoquée repose sur les propriétés du triangle rectangle, ce dernier comportant un angle droit. Il est alors visible que notre carré long est constitué de deux triangles rectangles, conjoints par une seule et même hypoténuse.

Le syllogisme, formule impérative de tout raisonnement valable s’établit donc de trois affirmations :

1) la majeure
2) la mineure
3) la conséquence ou la conclusion.

On constate alors que si la majeure et la mineure sont démontrées et incontestables la conclusion ou la conséquence l’est de fait. (Pour illustrer cette hypothèse prenons par exemple que les indiens ont la peau cuivrée, un indien, Geronimo, est le chef apache indien, conséquence : il a la peau cuivrée…)

Parmi les symboles de ce tableau, certains se réfèrent au nombre 3 ou au triangle :

Au niveau du temple, tout d’abord, trois marches sont nécessaires pour accéder au temple. Trois fenêtres à l’orient et au sud du temple lui donnent la lumière du jour.

Ensuite au niveau des outils, le niveau a une forme qui rappelle le triangle. Cependant, les outils les plus importants sont l’équerre et le compas car c’est avec eux que l’on dessine un triangle.

Cependant, aussi parfait qu’il soit, le triangle n’est qu’une figure géométrique à deux dimensions. Pour s’élever, l’Homme a besoin de la troisième dimension. Le triangle devient alors un trièdre ou un tétraèdre suivant que sa base soit un triangle ou un carré.

Prenons le trièdre et supposons que la base soit un triangle équilatéral où chaque côté serait l’essence même de l’Homme : Le Corps, l’Esprit et l’Ame.

  • Le Corps est la chair, le visible, la partie matérielle. Il est constitué de matière palpable et vieillissante vouée à la disparition. C’est aussi le fruit des générations passées inscrites dans nos gênes et qui seront transmises aux générations futures, avec notre expérience et notre vécu en plus qui compléteront le patrimoine génétique et le rendra plus riche. La transmission de cette gêne par la reproduction est donc le seul moyen matériel de faire perdurer la matière à travers les générations.
  • L’Esprit est la réflexion intellectuelle basée sur le raisonnement cartésien. A partir de données acquises grâce à l’apprentissage et au vécu, l’esprit nous informe sur la réaction à avoir par rapport à un événement donné et permet ainsi de nous adapter.
  • L’Ame est l’antre de l’inconscient, de cette pensée intuitive dont nous sommes tous munis, plus ou moins développée ou plus ou moins refoulée suivant les individus. C’est le cœur de l’impalpable, de l’abstrait qui rend toute créature vivante créature divine. C’est le fil de soie qui relie chaque Homme au Grand Architecte.

Chaque personne a donc dès sa naissance ce triangle en deux dimensions dont les sommets sont le Corps – l’Esprit – et l’Ame. Il appartient à chacun de s’élever dans l’espace par rapport à cette base triangulaire afin de grandir et de construire son propre trièdre.
 
Certains privilégieront le Corps grâce à une plastique exceptionnelle ou grâce au sport. D’autres privilégieront l’Esprit grâce à des aptitudes intellectuelles particulières pour le rationnel ou par manque d’une plastique exceptionnelle. Enfin les derniers privilégieront l’Ame, ce sont les Hommes d’églises et les philosophes, et ils le feront bien souvent au détriment du Corps et de l’Esprit. Cependant, le trièdre, pour être stable, doit être équilibré au possible en ayant la projection de son sommet au centre de la base triangulaire. C’est pourquoi chacun doit entretenir et développer le Corps, l’Esprit et l’Ame dans l’harmonie et l’équilibre afin d’assurer une construction stable et solide du polyèdre.

Je suis convaincu que l’élévation de ce trièdre correspond à une convergence ascensionnelle vers la Lumière. La destinée de chaque individu est donc de s’élever continuellement jusqu’à la mort de son Corps. Je ne suis pas convaincu cependant que la disparition du Corps corresponde à la disparition du trièdre entier…
 
Voilà pourquoi je souhaite maintenant aborder la notion de tétraèdre. Si je considère la troisième dimension, nous avons vu précédemment que le triangle pouvait être soit un trièdre soit un tétraèdre suivant que sa base soit triangulaire ou carrée.

Les pyramides égyptiennes ou des temples provenant d’autres cultures et civilisations, c’est le tétraèdre à base carrée que je vois et non pas un trièdre à base triangulaire. Les Egyptiens, ont construit ces magnifiques pyramides afin que leurs pharaons décédés accèdent au Ciel et rejoignent le Dieu Soleil. La pyramide à base carrée ne représente donc pas le pharaon lui-même mais se trouve être l’objet qui va transporter le haut dignitaire de la Terre au Ciel. Cette symbolique se retrouve dans la base de l’édifice carré dont le nombre est 4. Et 4 c’est le nombre de la Terre alors que 1, symbolisé par la pointe la plus haute de la pyramide représente le Dieu unique, le Ciel, l’endroit où le pharaon rencontrera la Lumière. La pyramide permet donc à ce dernier d’accéder de la Terre, source matérielle, au Ciel source de l’immatériel et de l’abstrait.

La base carrée introduit aussi la notion de quaternaire, cette progression arithmétique des quatre premiers nombres ayant l’unité comme premier terme et comme raison : 1+2+3+4. Leur somme donne la Décade, symbole de perfection et clé de l’Univers. Les Pythagoriciens ont fait de cette suite un symbole et l’ont appelé le Tetraktys qu’ils symbolisent par une PYRAMIDE censée rassembler l’ensemble des connaissances ! Pythagore assimile le Tetraktys au nombre parfait qui donne la connaissance de soi et du monde qu’il soit terrestre ou divin.

Dans le « dictionnaire des Symboles » de Jean Chevalier il est écrit : « La pyramide du Tétraktys est formée de dix points disposés sur 4 étages. Au sommet le premier point symbolise l’UN ou le divin, principe de toute chose. Au-dessous, l’origine de la manifestation est marquée par deux points, symbolisant la première apparition, le masculin et le féminin, Adam et Eve, le ciel et la terre, le yin et le yang, bref le dualisme interne de chaque être. Les trois points suivants correspondent aux trois niveaux du monde : infernal, terrestre, céleste ; aux trois niveaux de la vie humaine : physique, psychique et spirituel. La base de la pyramide avec ses quatre points symbolise la terre, la multiplicité de l’univers matériel, les quatre éléments, les quatre points cardinaux, les quatre saisons, etc… L’ensemble constitue la décade, ou la totalité de l’univers crée et non créé ». On peut aussi l’assimiler suivant les auteurs à l’âge d’or, d’argent, de bronze et de fer…

Je venais de trouver dans ce passage la validation de mon hypothèse sur le polyèdre à base triangulaire correspondant aux trois niveaux de l’Homme à savoir le Corps, l’Esprit et l’Ame et sur son sommet correspondant l’ascension vers la Lumière. Ce passage confirmait aussi que la pyramide à base carrée avait une portée supérieure à celle du haut dignitaire enterré. Elle était la continuité de la terre vers le ciel et renfermait tous les secrets de l’univers et de la création.

Cependant, pour terminer ce travail, il fallait que je réponde à une autre question essentielle : qui avait influencé qui ?

A ce stade de la réflexion, il était sûr qu’il y avait eu un contact entre Pythagore et le monde Egyptien. Etait-ce Pythagore qui avait crée le Tetraktys à partir d’un contact en Egypte ou était-ce les Egyptiens qui avaient construit les pyramides après avoir rencontré le brillant mathématicien ?

(Un rapide coup d’œil dans une encyclopédie m’apporta la réponse. La pyramide de Kheops date de 2500 av. J.-C alors que Pythagore est né plus tard, en 569 av. J.-C. De plus, lors de ces nombreux voyages, Pythagore visita l’Egypte. Pythagore s’est donc influencé de l’Egypte pour développer le Tetraktys. Il est aussi possible que le Tetraktys soit tout simplement égyptien !)

En chaque homme existent ces trois pôles que sont le Corps, l’Esprit et l’Ame, même si les références utilisent plutôt les termes Physique, Psychique et Spirituel…

J’ai aussi compris que ce symbole prend sa pleine puissance lorsqu’il est considéré en trois dimensions sous sa forme pyramidale à base triangulaire ou carrée, ces deux figures symbolisant l’ascension de l’âme ou de la terre vers la lumière.

A nous ce bâtir notre propre pyramide jusqu’à la lumière…

Vénérable Maître et vous tous mes F\ j’ai dit !

J\M\ M\


3121-8 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \