Bonjour dit la pierre brute, au maillet au ciseau.
Expliquez-moi pourquoi, dois-je me lever tôt ?
Nous sommes en décembre, répondit le maillet,
C'est un mois de solstice, l'aurais tu oublié ?
Veuillez bien m'excuser, lui répliqua la pierre,
J'ai trop reçu de coups, j’ai la tête à l’envers,
C’est pourquoi je voudrais, ne serais-ce qu’une fois,
Qu’un nouvel initié, se tape sur les doigts !
Tu n’es pas très gentil, rétorqua le ciseau,
Ils viennent pour apprendre et sont un peu patauds ;
Ils n’ont pas le savoir des frères de l’atelier,
S’ils sont venus ici, c’est pour être élevé !
Je peux très bien comprendre, soupira la pierre brute,
Mais ne voyez vous pas, que je n’ai qu’un seul but,
Quitter enfin le nord, passer du côté sud,
Comme la pierre taillée, avoir la vie moins rude !
Quand je vois le compas et ses grandes guiboles,
Qui fait des entrechats et trouve qu’il est drôle,
Des fois je me demande, si je ne devrai pas,
Etre reduit en sable, finir en petit tas !
C’est comme cette équerre, avare d’exercice,
Les bras tellement droits, qu’on dirait la justice,
Je n’ai pas tout saisi, qu’ont- ils de plus que moi
 Pour être respecté, à l’égale d’un roi ?
Le maillet le ciseau regardèrent la pierre brute
Qui souhaitait qu’une chose, avoir la vie moins rude !
Mais prendre les deux pierres, les changer de côtés,
Dans aucun des rituels, ce n’est autorisé !
Ne sois donc pas si triste, ne sois donc pas amer,
Dirent les deux outils, à leur amie la pierre.
Si tu n’existais pas, les jours d’initiation,
Dis-nous sur qui alors, nous nous reposerions ?
La pierre brute regarda ces deux inséparables
Et leur tint ce discours, qu’ils jugèrent fort aimable :
Mes amis plus jamais, je ne viendrai me plaindre
Je reste donc avec vous, vous n’avez rien à craindre.
Tous les trois nous serons à toutes les tenues
A n’importe quel grade, juré, je continue !