Jakhin
… Une
chose me
chiffonne. Si la lettre J\ est
tantôt sur la colonne de
droite tantôt sur
celle de gauche, selon le rituel utilisé par la L\, comment
puis-je donner une
même signification à une chose qui est
tantôt face au soleil, tantôt face à la
lune. Pourquoi bouger des colonnes de place. Je vais dans les livres
et selon
les auteurs on trouve un peu tout ce qu’on veut sur J.:. Les
livres maçonniques
font aussi grands cas de querelles politiques non
maçonniques qui on fait rage
au 19ème siècle, entre MM\. Je trouve aussi d'infinies d’analogies, comme
j’avais pu me rendre compte dans mon étude sur le
feu, avec d’innombrables
civilisations aboutissants à de nouvelles contradictions.
Rien qu’entre J\ et
la lettre J\. les passions
intellectuelles ne se
déchaînent. Dans mon
expérience sur le feu je me suis plié
à genoux sous le poids des connaissances.
Protohistoire, Antiquité, Egypte,
Hébraïsme, Kabbale, Christianisme, Alchimie,
une pluie de météorites m’est
tombée sur la tête. Ecrasé par ce poids
de savoir,
si fraîchement reçu sur le coin du
crâne, j’ai eu du mal à en tirer des
conclusions. Le feu ma brûlé je suis encore
aveuglé par les fumées de la
combustion de mon corps de profane.
A la
recherche du sens d’un nouveau symbole J\, je
déambule de nouveau dans les
couloirs sombres et poussiéreux de l’histoire de
la pensée. Certains passages
sont si denses que je dois les relire et les relire à
nouveau. Je sue à grosses
gouttes quelques lueurs de savoir maçonnique.
C’est en fait après quelques
rencontres avec des maîtres que je fini par comprendre mon
erreur. Mon errement
profane. Ma première étincelle me fut
donnée par une bibliothécaire qui
refusait de me donner la légende d’Hiram. Je me
dis alors : a quoi bon
chercher la vérité si elle n’est pas de
notre grade. Touché dans mon orgueil de
curieux je repartais un peu déçu. Elle me
dit avant de partir: Jakhin
c’est J. qui signifie, il fonde, il établira et
réfléchit là dessus. Le second
maçon que je rencontre ce jour là, responsable du
musée, me montre une
vaisselle XIXème aux 27 symboles. Il a l’air
émerveillé. Soit, me dis-je en mon
fort intérieur, je sais reconnaître une assiette,
une soupière, un verre à pied
mais un Jakhin ? Il me guide vers le tablier de Voltaire. De
retour chez
moi je me replonge dans les écrits de voltaire. Lecture
délaissée il y près de
15 ans. Je retrouve avec un œil nouveau ces passages sur la
fraternité et sur
le grand horloger. C’est la deuxième
étincelle. Je comprend que le travail
consiste à chercher à
l’intérieur de moi-même ce que les
symboles me
signifient. Même peu de chose serait beaucoup si au moins
s’était clair. Je
recommence donc depuis le début par
l’intérieur.
JAKHIN :
point de départ du rituel, point de départ de
l’initiation, point de départ de
la circambulation.
Dans
ce
silence qu’il m’est imposé
j’en profite pour écouter et méditer.
Ces
symboles qui me sont offerts, sont des outils qu’il faut que
j’apprenne à
apprivoiser. Avide de connaissance mais sans but précis, je
me suis perdu dans
les méandres de la connaissance universelle et me voila
aujourd’hui plus
aveugle, muet et sourd que jamais.
Il
m’est donc
donné aujourd’hui le soin…
…d’apprendre
à
me servir d’un maillet et d’un ciseau pour
dégrossir ma pierre brute. Jusque là
les images se suffisent à elles-mêmes pour me
situer
empiriquement mais
virtuellement au pied d’un quelconque ouvrage de pierre,
accompagné de quelque
dizaines d’autres hommes en tablier, eux-mêmes
affairés à leur pierre. Dans le
fond de cette illusion optique intérieur, cette imagination,
je peux vaguement
distinguer d’autres êtres en tablier eux aussi, qui
peut être, prennent des
décisions sur comment placer telle ou telle pierre dans
l’édifice.
- Mais
quelle est donc cette
colonne qui s’élève devant
moi ? Une partie de l’édifice ?
Elle ne
semble pourtant faite pour soutenir aucun édifice,
puisqu’elle est surmonté de
fruits de grenades mures. Elle semble en elle-même un
édifice.
- Qui
a bien pu placer pareil
ouvrage au milieu du chantier. Comment vais-je déplacer ma
pierre, une fois
terminée, vers les autres pierres? N’y a-t-il pas
quelques rondins pour que je
puisse rouler ma pierre plus prés de celle des autres, pour
pouvoir apprendre
par imitation, comment manier ce maillet, dans quel sens soutenir le
ciseau.
Quel est l’angle que doit avoir tel ou tel
côté de ma pierre pour pouvoir
s’imbriquer, se poser ou…mais j’y pense.
Ma pierre as-t-elle une place dans
l’édifice ?
- Qui
commande ici ? Il
doit bien avoir une indication, un plan du chantier, un
contremaître pour
m’indiquer, mais bon sang. AH !!! un groupe passe
par là ! « Oh,
hé ». Pardon, je dois mal
m’exprimer. Mais au fait quel langue parle-t-on
ici ? « Hello ?
Bite schöne? Parla
italiano ?» Fichtre !!!
Mais personne ne m’entend ?!!! Mais sont-ils tous
sourds à mes
mots ? Mais non ! Je ne m’entends pas
moi-même, je suis muet !
Catastrophe ! Comment vais-je me sortir de cette
galère ?
- Je
ne dois pas perdre
espoir, il doit y avoir un moyen de se faire entendre, un langage des
sourds ou
des signes. Et si cette colonne, dressée devant moi ne
recèlerai-t-elle pas une
fiche technique, comme une espèce de totem comme dans les
westerns, où les
indiens inscrivent qui est quoi dans l’univers, quel est
l’ordre de la
hiérarchie des animaux. Peut être que cette
colonne m’indiquera dans quelles
proportions je dois tailler ce caillou, quel est le style
recherché, baroque,
rococo? mais ont-ils déterminé avec quelle
harmonie ils allaient placer mon
rocher une fois taillé ? Je ne voudrais pas avoir
travaillé pour rien, ou
pour mettre mon ouvrage dans la carrière d’un
vulgaire collectionneur.
Je
tourne
autour de la colonne, pour l’examiner
Je
trouve à
terre une lampe, celle-ci est éteinte. Quand je
m’apprête à la ramasser, un
homme qui passe par là me dit. Bonjours mon
frère, je t’observe depuis quelques
instant, circonspect devant cette colonne. Frotte ta lampe, elle
s’illuminera
de ton reflet et là tu aura les réponses
à tes questions. Ebahi, ne sachant que
répondre, je frotte ma lampe sur mon tablier, elle
s’éclaire aussitôt de mon
reflet et comme à travers moi-même je vois.
C’est inexplicable mais je peut
enfin voir. Les symboles se lise à travers ma propre
lumière. J’étais tout
simplement empoussiéré de superficiel. Tout
comprendre n’a pas de sens, bien
comprendre c’est prendre avec soi et on ne peut prendre avec
soi que ce que l’on
peut vraiment porter.
J’apprend
alors
que la colonne s’appel Jakhin. Qu’elle existe que
parce qu’existe son pendant,
la colonne qui s’appelle Boaz. L’une et
l’autre sont la dualité. Jakhin est
rouge comme les feux du crépuscule. La lumière y
disparaît et les ténèbres nous
font aller à tâton, comme des aveugles. Petit
à petit, de faibles lueurs
apparaissent et laissent deviner les formes réelles. Mais
seulement deviner.
Je
tourne
autour de ma colonne, une deuxième fois…
pour
voir si je
n’ai pas manqué un autre symbole caché
derrière le symbole. Je frotte à nouveau
ma lampe et à travers mon reflet ma propre
lumière m’éclaire à nouveau.
La
colonne du Nord sert de point de départ au travail de
l’apprenti qui sort à
peine de la pénombre de la vie profane. Il doit rechercher
petit à petit une
explication pour tous les symboles qui se présenteront
à lui et chargés de son
propre sens établir son propre édifice
intérieur.
Je
tourne
autour de la colonne, une troisième fois…
Diantre,
elle
bouge! Une porte s’ouvre !! Que se
passe-t-il ? Un homme
apparaît :
- Bonjour mon
frère, il est minuit, tu vas
pouvoir retourner sur tes propres chantiers de la vie profane et rendre
aux
autres tout ce que l’on t’a donné ici.
Prend ton
salaire et va.
- Pourquoi me paye t
il un salaire. Je
n’ai même pas encore commencé
à travailler ma pierre. Je n’ai même pas
pris le
maillet ni touché au ciseau. J’ai passé
mon temps
à chercher des signes pour
pouvoir communiquer avec les autres.
- Tu l’as
mérité. En avançant dans la
compréhension
des symboles de notre temple tu t’est enrichi. Tu as
trouvé au plus profond de
toi, de nouvelles lumières qui t’aideront, dans la
vie du dehors, à travailler
avec plus de vigueur et plus d’exactitude, à la
construction de l’œuvre
commune, l’Humanité.
- C’est
vrai, je sens avoir finalement levé
le voile qui empêchait ma lumière de me laisser
voir. J’ai fraternisé avec
quelques autres ouvriers avec lesquels nous allons tenter de
comprendre comment
utiliser les outils du tailleur de pierre
- Demain tu
retourneras à ta pierre et tu
continueras d’explorer tes alentours. Tous les symboles que
tu rencontreras, tu
les éclaireras du reflet de ta propre lumière et
petit à petit, tes outils te
seront familiers, tes autres frères de chantier
t’aideront et tu les aideras et
finalement tu sauras quel angle donner à chaque face de ta
pierre et tu devineras
quelle place ta pierre prendra dans le grand ouvrage collectif.
- Merci mon F\
Le
lendemain,
vers midi je retourne au chantier et là, vous
n’allez pas me croire, j’ai pris
mon courage à deux mains et...
...J'ai
dit
J’D
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