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La Sagesse : Un chemin de Lumière


La notion de sagesse s’inscrit dans nos travaux. Elle y est évoquée, parfois à plusieurs reprises, de même que son nom figure dans certains de nos textes fondateurs comme le Regius, de 1390 :
« Le métier de maçonnerie vit son commencement quand le clerc Euclide dans sa grande sagesse fonda le métier en pays d’Égypte ».
Parmi les écrits innombrables sur le sujet dans le domaine des religions je mentionnerais également « Le Livre de la Sagesse » de l’Ancien Testament, partie attribuée à Salomon.

La sagesse est liée à la connaissance, au savoir, à un comportement avisé en toute situation. La vraie sagesse n’est pas une vertu qui s’exhibe, elle est discrète, intérieure, s’adresse au cœur autant qu’à l’intellect et réconcilie les personnes au même titre que les peuples à condition de réciprocité.

On peut la formuler en termes abstraits mais aussi très prosaïques. N’étant pas l’apanage d’une élite, elle s’adresse à tous, même si elle s’exprime différemment. C’est un savoir très particulier, qu’aucune science n’expose, qu’aucun diplôme ne sanctionne. C’est qu’il s’agit non de théorie mais de pratique. Non de preuves, mais d’épreuves. Non de science, mais de vie. C’est un savoir Vivre !
Il s’agit davantage d’un comportement individuel portée par un bon sens universellement admis que par une morale particulière. Nul ne peut la revendiquer pour soi même. La sagesse n’est pas transmissible; on pourra en inculquer les principes mais guère la faire vivre dans l’esprit d’autrui, elle se livre par l’expérience personnelle que chacun se forge du monde et de ses frères et sœurs en humanité.
Nous recherchons tous la sagesse, mais parfois nous la recherchons bien mal. Bien souvent, nous croisons des êtres qui vivent comme des coques vides de toute substance autre que matérielle et qui ont l'air heureux. Alors pourquoi ne pas leur ressembler ? Nous n'aurions plus à vaincre les questions qui nous assaillent et nous forcent à réfléchir. La doctrine du paresseux est tentante ! Mais nous savons en nous qu'il y a quelque chose d'autre et que si nous nous endormons une heure dans une bienheureuse paresse, le réveil sera encore plus dur. Alors nous revenons à nous mêmes, et nous pensons.

Mais le Franc-maçon est’il un libre penseur ?

Le philosophe a toujours été un penseur. Philosopher aujourd’hui, c’est réfléchir aux êtres, aux causes, aux valeurs, aux principes. Le philosophe pense et tente d’expliquer par un discours l’homme, la nature, la société et l’univers, d’où nous venons, ce que nous sommes et où nous allons.
La philosophie comme nous l’entendons est née en Grèce antique, patrie de naissance de la philosophie naturelle qui céda le pas à la philosophie morale. Du « mythos » au « logos », de Thalès de Milet à Socrate, le discours sur la nature a évolué vers le discours donnant des raisons, des explications. Il n’empêche qu’entre les philosophes naturels ou moraux, toute maîtrise, même technique, était considérée comme une sagesse.  Le médecin, le poète, le menuisier, le tailleur de pierre, le charpentier ou le musicien possédant leur science étaient des sages.

Platon disait au sujet de la musique :

« La musique donne une âme à l’univers, des ailes à l’esprit, l’envol à l’imagination, un charme à la tristesse, gaieté et vie à toutes choses. Elle suscite le Logos et participe à tout ce qui est beau, juste et bon. La musique est une philosophie. ».
Si la sagesse, à laquelle se réfère la Franc-maçonnerie, est la « sophia » des Grecs, c’est à dire, l’exercice d’un art complexe et difficile à maîtriser, à un tel point que Platon préféra parler, non pas des sages mais des amis de la sagesse, alors, il n’est pas exclu que les Francs-Maçons soient les amis de cette sagesse.
Mais quelque chose va changer en Grèce. Il ne suffisait plus de posséder un art pour être sage, il fallait aussi être capable d’entendre le Logos, le Verbe dont il sera question dans l’Ancien Testament et d’y conformer sa conduite. Le sens de la sagesse est passé, notamment de l’exercice d’un art, à une tentative d’être conforme à la notion de divin, à une recherche de cette Connaissance attribuée à la divinité. L’idée d’une sagesse parfaite transcendante était née. Encore fallait-il distinguer le savoir de la connaissance. La sagesse ne se conçoit pas sans la connaissance, et cette connaissance, c’est plus que le simple savoir qui n’en est que le tremplin.
Pour d’aucuns, l’idée que la Connaissance est un attribut divin, est restée bien ancrée dans les esprits. Elle postule l’entendement du sacré et sa pénétration, alors que le savoir, aussi noble soit-il, est réducteur. Il n’implique que l’accumulation d’informations livresques ou autres, de nature à accroître la bibliothèque de notre encéphale.

Le savoir permet de cheminer vers la connaissance, et la connaissance est divine.

Pour Platon déjà, avant l’Ancien Testament, le philosophe qui souhaite devenir sage, se crée une parenté avec le divin. L’idée d’une sagesse transcendantale recelait la notion d’élévation de l’esprit humain. Selon les écrits bibliques, la Sagesse, partie intégrante de la matrice, préexistait d’ailleurs à la création. Pour les anciens égyptiens, la Sagesse était une partie du Principe divin lorsqu’il créa le monde. Isis l’incarnait par rapport à Osiris, et Balkis, la reine de Saba l’incarnait par rapport à ses illustres amants.
Dans le même ordre d’idées, les Francs-maçons savent que c’est à la Sagesse que s’unit le Grand Architecte de l’Univers pour réaliser ce qui est !
Il apparaît donc qu’à travers le temps, la Sagesse a bien une relation étroite avec la perfection, ou plutôt, le perfectionnement, et de façon plus profonde, avec l’Univers, à travers le savoir et la Création.
Savoir, perfectionner sa connaissance, et par-là, s’approcher du Divin, de l’Absolu universel, du Grand Architecte de l’Univers, voilà un mouvement conforme à la démarche maçonnique, aux objectifs des Francs-maçons sur le chemin initiatique.
Cela étant, si la sagesse est l’un des piliers de la Franc-maçonnerie, les Francs-maçons modernes, en chemin embrassent la sagesse pour elle-même et jamais nullement par souci de devenir divins.

La Franc-maçonnerie porte en elle le questionnement, pas les réponses. Le Franc-maçon se remet en question, tente de s’améliorer, d’être contagieux et de rayonner dans la société profane les valeurs véhiculées par la Loge. S’il veut cheminer vers la Sagesse, tout Franc-maçon ne sera pas nécessairement philosophe, peut-être un homme de discours, mais en tous cas un homme désireux de connaître l’Universel dans sa diversité, d’approcher de la Perfection et un éternel cherchant qui n’a pas de théorie à dispenser, pas de dogme à imposer.

Comme le Héros du conte, notre « Errance », notre « Aventure » se construira au travers de voyages initiatiques jalonnés par des épreuves à l’image de la vie humaine, avec ses aspirations et ses luttes. Ils sont nécessaires à tout apprentissage, à toute évolution, conscients que nous avons mission de faire fructifier un patrimoine intellectuel et moral, afin de le transmettre enrichi, à la génération suivante.
Dès lors, malgré nos différences mais guidés par cette même espérance que nous portons en nous, faisons à notre tour que, par nos comportements et nos actes puisse s’accroître la dignité humaine dans le Monde et faire que l’Homme arrive à se rencontrer avec lui-même.
Mais pour nous, qui ne sommes que des Apprentis en Sagesse, il nous reste à apprendre à vivre, à apprendre à penser, à apprendre à aimer. On n’en a jamais fini, chaque route est celle qui peut conduire vers la Vérité, mais la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.
En cette période de l’année où l’Evangéliste a déjà passé son flambeau au Baptiste, permettez-moi Vénérable Maître, une fois de plus, de vous inviter à nous remémorer en silence les dernières phrases de notre rituel de clôture au premier degré, car il est la lumière de notre chemin !

A moins que certains ne préfère la devise des Lumières :
« Sapere aude, incipe : Ose savoir, ose être sage, Commence ! »

J’ai dit

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