GLDF Orient d’Evry Date : NC


Boaz

Deux frères se serrant la main. Qu’est-ce que ceci demanda l’un. C’est la demande du mot sacré. Quel est ce mot ? Je ne sais ni lire ni écrire, je sais juste l’épeler. Donnez-moi la première lettre, je vous donnerai la seconde. BOAZ.

Dans l’ancien testament, BOAZ était un homme puissant et riche de la famille d’Elimelec. Avant de vous parler de ce personnage, revenons si vous le voulez bien quelques temps en arrière. En parlant de l’ancien testament, je vais vous résumer une partie des écrits de Ruth.

  • Le parent de BOAZ, ELIMELEC, partit avec sa femme et ses deux fils de son pays à cause d’une famine qu’il y sévissait. Il mourut rapidement et son épouse resta en pays MOABITES avec ses deux fils. Ces derniers prirent deux femmes MOAB pour épouse. Après dix ans de vie, ses deux fils moururent à leur tour. Leur mère, NAOMIE, décida de retourner chez les siens en JUDE. Une de ses belles filles qui se prénommait RUTH l’accompagna pendant son voyage et resta avec elle. RUTH rencontra BOAZ en glanant dans  un de ses champs. BOAZ racheta RUTH et NAOMIE comme le permettait la tradition à cette époque. Il prit RUTH comme épouse et ainsi ils créèrent avec leur descendance la lignée qui alla jusqu’au roi SALOMON. BOAZ, quoique riche, avait la réputation d’un homme juste et bon. Il était enclin à aider les pauvres. Sa grandeur d’âme et son sens de la justice lui permirent d’être respecté par ses serviteurs et ses pairs.

DAVID, à sa mort, légua à son fils SALOMON l’œuvre du temple qu’il n’a pu accomplir. SALOMON fit édifier sur le mont HOURIAH le temple. Ce sanctuaire, dans son saint, avait l’arche d’alliance surmontée de deux chérubins enchâssés sur la table de la loi ainsi que les deux colonnes J et BOAZ.

Voyez-vous chers frères que les origines de nos traditions sont très éloignées de nous car ce mot sacré, BOAZ, fut un personnage à son époque qui avait une réputation de bonté et de justice. BOAZ et RUTH, avant le temple de SALOMON, représentaient les premières pierres de notre édifice. Sans BOAZ et RUTH il n’y aurait pas eu de descendance en ligne directe avec SALOMON qui fit construire ce temple et qui permit à notre confrérie de voir le jour. Pour nous, apprentis, qui sommes au départ de notre découverte de la franc-maçonnerie. Nous sommes comme BOAZ des hommes justes et bons. Maintenant il ne reste plus qu’à nous élever et nous perfectionner dans cette pensée maçonnique pour être digne de cet héritage.

Pour les colonnes de notre temple, J et BOAZ, elles sont indissociables dans notre REAA. Elles doivent être à l’extérieur du temple sur le parvis car elles représentent la frontière entre le monde profane et le monde des initiés. La colonne de gauche qui est se trouve au septentrion, représentant BOAZ. Elle ne reçoit jamais la lumière du soleil. Je pense que l’on peut l’associer à la lune au coté féminin, émotionnelle de l’homme. La colonne de BOAZ, est en Airain, un alliage de cuivre et d’étain dont je n’ai pu trouver la composition exacte. Je suppose, d’après mes recherches, que sa composition est proche de celle du bronze. Cet alliage aurait eu de 6 à 35 % d’étain et le reste de cuivre. Pour que le bronze ou l’airain ait une couleur grise, il faut un fort pourcentage d’étain. L’étain, dans le symbolisme, représente la lune, l’émotivité, le féminin contrairement au cuivre qui lui représente le soleil, le savoir, la partie structurée. Mais l’on peut s’apercevoir que le mariage des deux éléments fait un ensemble solide et résistant à l’agression du temps. Si l’on prend les éléments séparés, l’étain résiste à la corrosion mais n’est pas résistant mécaniquement, contrairement au cuivre. Ce qui veut dire que si l’on mari à juste dose l’étain et le cuivre, le féminin et le masculin, l’émotion et la sagesse, Boaz et Ruth, nous avons là une base solide comme nos deux colonnes. Si je peux me permettre, vénérable maître, j’aimerais vous lire un poème de Victor HUGO.

Booz endormi

Booz s'était couché de fatigue accablé
Il avait tout le jour travaillé dans son aire,
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé,

Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin,
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin,
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.

Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse,
-Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géant qu'il voyait,
Était encor mouillée et molle du déluge.

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
« Comment se pourrait-il que de moi ceci vint ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.

Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! A quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.

Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants,
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;

Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! Mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau ».

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

Victor Hugo

J’ai dit vénérable maître.

Je ne sais ni lire ni écrire je sais juste l’épeler, BOAZ. Un homme qui par sa sagesse et sa bonté eut la reconnaissance des siens et de ces paires. Avec son épouse, ils sont au départ de la lignée qui nous mène jusqu’au roi Salomon, celui qui fit édifier le temple et qui permit la création de notre confrérie. BOAZ et J sont les deux colonnes à l’entrée de notre temple qui indique la frontière entre le monde profane et nous. Elles sont indissociables. Elles sont composées d’un métal appelé Airain, un alliage de cuivre et d’étain. Ce judicieux mariage permit une construction solide comme le féminin et le masculin, l’émotion et la sagesse.

A\ K\


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