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La symbolique de la marche de l’apprenti

La franc-maçonnerie est, paraît-il, une auberge espagnole. Mais on n’y entre pas comme dans un moulin. Pénétrer dans le temple relève d’un certain rituel : la marche de l’apprenti.

Cette marche rituelle se décompose de la façon suivante :

Trois pas d’égale distance (3, l’âge de l’apprenti), démarrant du pied gauche (primauté du cœur), le pied droit (primauté de la raison) sur lequel on s’appuie, vient ensuite s’appliquer sur le gauche, en forme d’équerre. Cette équerre qui rappelle aussitôt la rectitude qui doit prévaloir dans notre comportement de tous les jours.

Cette façon de marcher peut paraître rigide, maladroite, insolite au regard du nouvel initié. Entrecoupée par 3 arrêts brefs, elle brise l’élan de l’Apprenti et l’oblige à repartir lorsque le pied droit vient frapper le gauche, comme pour rétablir l’équilibre.

Cette marche revêt un caractère obligatoire pour tout Maçon qui pénètre dans le Temple lorsque les travaux sont ouverts au degré d’apprenti et ne peut s’effectuer qu’à l’intérieur du Temple.

Le pas est déstabilisant, malaisé et troublant ; il entraîne une position instable, inconfortable à se mouvoir ainsi.

Mais ce trouble ne serait-il pas un passage obligé pour l’Apprenti afin de lui rappeler le caractère fragile de sa quête ? Cette marche n’est que le tout début du long voyage que le nouvel initié a décidé d’entreprendre au sein de la franc-maçonnerie. Nombreuses seront les difficultés. Obligation lui est donc faite de ne pas s’écarter du chemin initiatique qu’il a décidé de suivre.

Par cette marche, l’Apprenti manifeste son engagement dans la voie de la connaissance, la volonté de travailler à l’édification de son temple intérieur ; acte volontaire et libre comme l’est son entrée dans l’espace maçonnique.

Ce déplacement, cette position marquent ainsi le passage symbolique du monde profane au monde initiatique.

Ces 3 pas doivent se faire avec une régularité et une persistance que l’on retrouvera dans la démarche intellectuelle de l’Apprenti. Cette démarche ne peut lui être fructueuse que pour autant qu’il réalise les efforts nécessaires au développement des qualités qui le démarqueront du profane.

Ces 3 pas, cette action de faire passer l’appui du corps d’un pied à l’autre, ne sont pas autre chose que les éléments de la progression de l’apprenti, des étapes à franchir.

Je serais tenté d’établir un parallèle entre les 3 pas de l’Apprenti et les 3 marches du Temple qu’il lui faut gravir :

  • de la première marche à la troisième, l’initié passe du plan physique au plan spirituel.
-la 1ère caractérise l’effort pour se dégager du plan physique (matériel).
-la 2ème pour dépasser le plan intermédiaire (formateur).
-la 3ème pour permettre l’accession au niveau supérieur (spirituel).
  • du premier pas au troisième, il entame le début du chemin initiatique qui le mènera du monde profane à la lumière du monde sacré. Le deuxième pas sera celui de la transition et de la métamorphose progressive.
Mais ces trois pas ne correspondraient-ils pas aux éléments des trois voyages accomplis par le néophyte lors de son admission dans le Temple :
▪ le 1er pas, le 1er voyage : celui de l’Air qui peut représenter la vie qui attend l’homme dans le tumulte de ses passions contre lesquelles il devra se défendre. Cette confrontation avec lui-même sera le premier travail du néophyte pour se libérer de l’esclavage de ses pulsions.
▪ le 2ème pas, le 2ème voyage : celui de l’Eau, aux vertus purificatrices et régénératrices, qui nettoie les préjugés, les croyances, autant d’obstacles à l’élévation de l’âme.
▪ le 3ème pas, le 3ème voyage : celui du Feu qui achève la purification commencée par l’Eau. Le néophyte se libère des scories que son esprit, son mental traînaient avec eux. La maîtrise de ses désirs matériels peut, dès lors, lui permettre d’accéder au plan spirituel.

Il me semble aussi nécessaire d’associer à toute la symbolique évoquée, les signes que l’apprenti pratique lors de son entrée dans le Temple :
▪ la position d’ordre et le signe pénal.
▪ le salut au Vénérable Maître et au 1er et 2nd Surveillant.

Quant à l’origine de cette marche, les interprétations sont diverses, parfois insolites : de la charge à la baïonnette des fantassins du XVIII siècle, au pas de l’escrimeur, à la façon dont se déplaçaient les compagnons opératifs sur les poutres du chantier… Hypothèses toutes non confirmées.

S’il fallait dégager une idée maîtresse, qualifier cette marche par quelques mots, je crois que je retiendrai Volonté et Rectitude :
▪ cette volonté, c’est celle de progresser, d’apprendre, de se dépasser.
▪ cette rectitude, c’est l’une des valeurs qui différenciera l’Apprenti du profane.

Cette marche porte en elle l’espoir du prochain pas, celui qui consacrera le travail de l’Apprenti et la reconnaissance de ses efforts par ses pairs.

A chacun de marcher selon son rythme, sa convenance, d’essayer, au fil du temps, de trouver la juste et parfaite harmonie en son Temple intérieur…pas à pas.

J’ai dit.

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