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Le maillet et le ciseau

Outil essentiel de l'apprenti avec la règle... Que pourrais-je bien vous dire sur l'utilité de ces 2 outils que je vois à toutes nos tenues et qui symbolisent tant l'AFM.

Le maillet est indispensable à notre rituel et il est utilisé par notre V\ M\ ainsi qu'à notre 1er et 2nd surveillant. Je remarque d'ailleurs que le maillet, lors de nos rituels, est apposé sur le cœur et qu'il est tenu de la main droite, la main active.

Les décisions y sont prises avec, par l'impulsion de celui ci, en faisant résonner le bruit de son impact. Avant d'effectuer tous travaux, nous devons revêtir nos tabliers et nos gants qui constituent la tenue du F\ M\.

Pour l'AFM c'est la bavette relevée que nous devons nous préparer à travailler afin de nous protéger des éclats...mais de quels éclats parlons nous ? Prenons nous vraiment des risques pour nous protéger ainsi...

Si le tailleur de pierre a besoin de force et de maîtrise pour tailler la pierre, l'AFM en a tout autant besoin pour dégrossir la sienne. Ayant quitté le monde profane pour celui du sacré, mon travail « symbolique » a bien commencé le jour où vous m'avez reçu AFM.

J'ai d'ailleurs exercé lors de mon initiation mes 3 premiers coups de maillet sur la Pierre Brute de notre temple (sur ma pierre brute).

Le maillet envoie la force, il transmet au ciseau cette énergie d'accomplir et de réaliser... La force exercée doit être constante et non disproportionnée. Quand l'AFM prend l'outil en main et qu'il le met en mouvement, il utilise sa masse, sa densité...

Cette force s'ajoute à celle du bras et s'opère de manière cohérente sur le point d'impact. Le maillet représente alors la volonté, la détermination de transformer la matière. Si le maillet est mal utilisé, il peut détruire si celui qui l'utilise est mal intentionné ou maladroit...

Pour travailler sur moi-même, je dois donc être constant et avoir de la rigueur.

Le ciseau est l'outil de la maitrise d'une technique, d'une connaissance, d'un art... Avec l'impact du maillet, le ciseau détache le superflu, il est l'image du discernement.

Il est l'interface entre le maillet et la pierre. En revanche, seul, il n'est que théorie et il n'a plus grand intérêt et ne me serait d'aucune utilité sans le maillet.  Pour travailler sur moi-même, j'ai besoin de volonté et de discernement.

Le ciseau affine, corrige, il rectifie... Au verbe rectifier me vient automatiquement à l'esprit la formule que nous connaissons tous...VITRIOL...Visita interiora terrae rectificando invenies occultam lapidem. (Descends dans les entrailles de la terre, en rectifiant tu trouveras la pierre de l'oeuvre).

Lors de mon entrée dans le cabinet de réflexion, j'ai été invité à inspecter l'intérieur de ma nature, mesurer les raisons pour lesquelles j'étais là, mon travail à bien commencé ce jour et en tant que profane.

Je dois donc corriger mes défauts et retirer le superflu...mon travail commence par essayer d'être et ne plus paraître.

Par cela raisonne l'action de maitriser mes vices et mes passions et je ressens l'envie de persévérer sur ce chemin parsemé d'embûches.

Si l'apprenti s'identifie à la pierre, il existe des pierres de toutes tailles, de toutes matières. Certaines sont solides avec de belles formes d'autres sont rugueuses ou même encore friables. Je vois déjà apparaître certaines de mes fissures, en évoquant toutes les nuances de ces pierres, toute la fragilité que je peux avoir au travers d'une apparence solide. C'est bien de l'homme que nous parlons au travers de cette pierre brute.

Nous avons tous des atouts et des faiblesses et c'est bien pour cela que nous devons travailler sur nous-mêmes sans relâche. Bâtir des cathédrales semble soudainement bien difficile...et le choix de la pierre est donc très important.

C'est avec amour et respect qu'il faut travailler dessus pour ne point la briser. Que dois-je y voir au travers de ces symboliques et ces métaphores... Nous sommes tous des pierres brutes au commencement et nous avons comme volonté de travailler sur nous-mêmes afin de corriger nos défauts et d’arriver à se calibrer avec d'autres pierres.

Nos réflexions nous ont amené ici aux portes du temple pour commencer ce travail et c'est en toute conscience que nous avons accepté ce travail qui ne finira jamais. Je crois que nos envies communes d'être F\ M\ pourraient être représentées par ce maillet.

Il nous rappelle l'individu que nous sommes avec nos « désirs » et nos capacités à exercer nos choix et c'est par la rigueur de notre travail que nous pourrons progresser.

Nous souhaitons communément nous perfectionner et partager nos connaissances. Comme je le disais plus loin, seul, le maillet n'aurait pas grand intérêt sans le ciseau, je me pose alors la question :

Est-ce que l'homme ou l'AFM que je suis pourrait-il dégrossir sa pierre sans vous mes TCF... Non, puisque j'apprends chaque jour à vos cotés.

Je suis volontaire et je poursuis mon engagement et c'est aussi parce que j'ai besoin de vous et que vous m'acceptez tel que je suis que je pourrais m'affiner.

Ciseau et Maillet. Le Ciseau (du latin, cisellus, coesellus et coedere, couper) en fer ou acier trempé permet la sculpture, et l’art pour dégrossir les pierres en ôtant leur rugosité.

Symboliquement, cela consiste à affiner le caractère, à s’instruire, à se perfectionner et à augmenter ses connaissances, quitte à se frotter aux autres, en commençant par se parfaire, puis comme compagnon pour poursuivre dans le monde extérieur. Le Maillet (du latin malleus) est une des lumières du Vénérable. Indiqué à l’apprenti avec le ciseau, il n’est pas l’outil de commandement, mais une invitation au travail. Un apprenti va recevoir un ciseau pour être peu à peu efficace et posséder le discernement qui lui permettra de procéder à des investigations. Le Maillet lui permettra d’utiliser son intelligence pour l’application, et son geste devient plus sûr. C’est quelque part l’apprentissage de la dialectique s’il utilise son intelligence correctement, d’autant plus que le Verbe lui est interdit. Il affine ainsi son sens de l’observation, sa logique, son raisonnement par une action persévérante et pour apprendre à utiliser ses connaissances.

Dans la mesure où il me semble que, personnellement, j'ai plus de difficultés à me fixer des limites à ce que je peux tolérer qu'à être tolérante, je crois devoir effectuer un travail de rectification des aspérités de ma pierre en améliorant ma vigilance quant à la rigueur de choix des valeurs que je souhaite finalement défendre. Pour quelqu’un, qui au contraire a un système de valeur très rigide, la taille des aspérités de sa pierre pourra, au contraire, l’amener à des efforts pour assouplir et relativiser ses valeurs et certitudes pour entendre celles des autres. Ainsi, les pierres brutes des uns et des autres n'ont pas forcément les mêmes aspérités à éliminer.

Chaque tempérament n'a pas les mêmes faiblesses à corriger ; de même que ce ne sont pas forcément les mêmes métaux que chacun de nous doit s’efforcer de « laisser à la porte du Temple ». Aux efforts de travail profane que nous faisions avant d’être initiés, doivent succéder des efforts méthodiques et « accompagnés »,  qui acceptent l’enseignement de Maîtres et s’exercent à l’utilisation d’outils spécifiques ainsi qu’à l’Art de les utiliser.

Nous sommes, chacun, notre propre œuvre, notre propre pierre à bâtir ; notre travail de Franc Maçon doit être de participer à l'édification du Temple qui est l'œuvre commune des F\ et des S\ qui ont appris à travailler ensemble.

Tailler notre Pierre c'est apprendre à reconnaître ce qui constitue nos faiblesses par rapport à la défense des valeurs choisies puis à travailler pour les combattre de façon à devenir plus efficace dans la construction (en nous et autour de nous) d’une Humanité meilleure. C’est effectuer un travail sur nous pour nous rendre plus pertinents dans une Humanité en progrès, c’est à dire : plus libre, plus égaux et plus fraternels.

Conclusion

En ce qui me concerne, travailler sur la pierre brute m'a obligé à pas mal de réflexion, m'a beaucoup apporté et, en particulier, m'a fait comprendre que : le symbolisme est une méthode, une somme d'outils de travail sur soi-même. C’est en travaillant notre pierre que l’on découvre sa forme, on ne la connaît ni ne la décide d'avance.

La pierre brute de chacun est différente de toutes les autres et acceptée, voire aimée, comme telle. Elle n'est pas, intrinsèquement « moins bien » qu'une pierre taillée. Elle existe à un autre moment de la vie, elle est en devenir.

Le Temple est constitué d'hommes et de femmes qui cherchent à atteindre le maximum de leur capacité en conscience et en liberté. Si je connais bien et maîtrise mes faiblesses, je connais et maîtrise aussi celles des autres tout en tolérant leur existence et je deviens plus efficace dans l’action. Ce qui m’empêchait de voir certaines aspérités de ma pierre brute qui demandaient à être taillées, étaient des métaux et que se dépouiller de ceux-ci est difficile car, s’il est aisé de voir les métaux des autres, on est souvent aveugle sur les nôtres. Ce n’est pas qu’on refuse de les ôter, c’est qu’ils se sont si bien incorporés à notre chair qu’on ne peut plus les voir.

Il nous faut faire jaillir la pierre précieuse en taillant la gangue brute qui l’entoure car on porte tout son bien en soi. Aujourd’hui, il me semble avoir compris qu’une pierre taillée est un Homme (ou une Femme) libre, dont la conscience est guérie de ses conditionnements et de ce fait beaucoup plus capable de se dépouiller aisément de ses métaux et surtout, plus capable d’Amour.

P\ S\


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