Obédience : NC Loge : NC Date : NC

La sacralisation de l’amour

L’amour nous fait devenir ce que nous aimons (Saint-Augustin)
Comment vivre le parcours du profane au sacre, de l’apprenti à maître ?
Ou, arbitrairement transformé en :
La sacralisation de l’amour

La vision de l’Amour de saint-Augustin se situe entre la conception platonicienne de l’amour et celle de l’Agapè divine du christianisme naissant. Ce travail est une approche descriptive de l’agapè divine, du platonisme et le positionnement de saint-augustin. Revenons à L’amour qui en est la thématique principale :

En Grèce, l’amour se déclinait sous quatre vocables :

- AGAPE : Amour spirituel et inconditionnel, la révélation.
- EROS : l’amour physique et les sentiments amoureux.
- STORGE : l’amour familial.
- PHILIA : englobant l’amitié et le lien social.

Agapè fut une chrétienne du 3ème siècle après J\ C\ Persécutée, elle fut brulée vive en 313. Ce prénom avait pour signification l’amour universel (opposé à l’amour égocentrique et personnel) supposant l’amour de la vérité, de l’humanité a travers Dieu.

L’EROS évoqué ci-dessus est de conception purement charnelle. Nous découvrirons l’EROS céleste tout droit sorti des mythes platoniciens plus avant dans cet exposé. Nous allons reconstruire la conception de l’univers selon Platon en passant par la chronologie logique des plans, matériels, mentaux et intellectuels, et enfin, les plan spirituels et initiatiques (du profane au sacré, de l’apprenti à maître).

Seuls, l’Agapè divine et l’Eros céleste seront développés ici.

Qui était Saint-Augustin : il a vécu en Algérie de 354 à 430. Il est de père païen italien et de mère berbère chrétienne. Penseur le plus lu au moyen-âge, il fait partie des 2 ou 3 grandes figures qui ont jouées un rôle majeur dans le développement du christianisme occidental. Dans sa jeunesse et bien avant de recevoir la révélation, il organise des débats dans les rues de Carthage ou il ridiculise le christianisme. Dans cette période, il prend une concubine qui lui donnera un fils et avec laquelle il restera 14 ans. Il ne se convertit au christianisme qu’à l’âge de 32 ans, il rentre ensuite dans les ordres et deviens évêque vers 40 ans.

Identique dans les 3 religions, le postulat de base diffère fondamentalement de celui de Platon, il est celui de l’existence du Dieu tout puissant incarné dans l’homme que celui-ci doit vénérer et aimer. L’agapè divine n’est pas comme chez Platon la voie spirituelle de l’Homme vers Dieu, c’est Dieu qui descend vers l’homme. Il nait d’une révélation voir d’une illumination (selon les ordres ecclésiastiques), lesquelles sont antérieures et non coexistantes à la raison. On s’en aperçoit parfaitement à travers les différents prêches de saint-Augustin dont je vous cite quelques extraits :

« Crois et tu comprendras, l’intelligence suit ».

« Je crois afin de comprendre ».

« Croyez pour mériter de comprendre, la foi doit précéder l’intelligence pour que l’intelligence soit la récompense de la foi ». En ce sens, l’amour est immanent. Il ne s’agit pas non plus chez Saint-Augustin de la béatitude totale sans réflexion sans l’usage de l’intelligence et de la raison. Concernant l’Amour du Divin et l’Agapè, Jésus a apporté un changement radical par rapport au judaïsme quand il déclare : « je ne suis pas venu pour appeler les justes, mais les pécheurs » ; l’amour divin ne s’adresse pas à ce qui est déjà en soi digne d’amour, au contraire il prend pour objet ce qui n’a aucune valeur en soi et lui en confère une. Il montre à l’homme comment honorer Dieu dans toute sa grandeur. Pour être digne de lui, il nous commande de nous aimer les uns les autres. De la nait la Caritas ou Charité qui est l’amour des autres par l’amour immanent de Dieu. Si tu aimes Dieu, et comme Dieu a fait l’homme à son image, alors tu ne peux qu’aimer ton prochain. De la, se décline la miséricorde, expression de la grandeur de l’amour divin qu’est le pardon. Dieu accorde sa Miséricorde à l’homme afin qu’il devienne miséricordieux lui-même car, crée par Dieu, le cœur de l’homme est à l’image de Dieu. Dans l’Agapè divine l’amour de Dieu va encore plus loin, il atteint son summum, son paroxysme dans l’absolution. Seul Dieu peut l’accorder, libérer l’âme alourdie de ses peines et de ses fautes par l’oubli de celles-ci. Cela va au-delà de la miséricorde qui pardonne et qui peut malgré tout châtier (on peut punir celui que l’on aime), l’absolution quant à elle, dissout, efface la faute quel qu’en soit l’énormité. L’amour nous fait devenir ce que nous aimons coule de source, c’est une évidence puisque Dieu tout puissant, manifesté par l’Agapè divine, nous habite et nous transcende, c’est sans appel. C’est un commandement.

Nous allons maintenant passer à Platon, qui, quoiqu’ayant subi les critiques de Saint-Augustin, l’a toutefois influencé. De plus, la progression platonicienne, de l’éros à l’éros céleste avec l’âme du monde est un merveilleux support pour illustrer le parcours de l’apprenti à maître.

L’EROS céleste sera une création de Platon dans son œuvre du Banquet. Nous y reviendrons. Avant de parler de l’éros céleste il faut évoquer dans quel contexte celui-ci va apparaître.

A l’origine, les êtres humains étaient doubles, « d’une seule pièce et tout en boule », selon l’expression exacte. Ces êtres forts et imbus d’eux-mêmes se mirent à menacer les dieux. Zeus pour les affaiblir et les punir les coupe en deux, les chasse du paradis de la plénitude puis il invente la procréation pour la perpétuation de l’espèce. Ici Platon crée l’Eros tout court. Depuis lors chaque être vit dans la quête de sa moitié perdue. Outre l’image de l’œuf cosmique de l’époque présocratique, le reste qui va suivre est pur affabulation de Platon qui crée de toute pièce tout le décor nécessaire pour transmettre sa pensée spirituelle et philosophique.

L’homme est condamné à la séparation, au manque. Dès lors nous sommes devenu deux, de totalité nous sommes devenus parties. C’est la chute originelle et l’oubli. Voilà des notions négatives avec le manque, la nostalgie et la mutilation. En même temps, ce manque devient action, tension et mouvement. Le regret suscite le désir inconscient du retour à l’unité, la pénurie éveille la quête et quand les parties se retrouvent alors quelle joie et quel désir de fusion. L’amour charnel serait donc ça : la tension qui nait du manque. On retrouve toujours l’idée constante de la dualité. Cet amour qui est tension, cette quête dépasse le charnel car de l’union de cette fusion un fruit est apparut, une pensée, une œuvre. L’amour est alors enfantement dans la beauté. L’amour est créateur, il invite au dépassement. C’est le grand thème de l’évolution créatrice et des propriétés émergeantes de Teilhard des Chardin. Mais cette amour ne suffit pas, il ne suggère pas le passage de la mortalité à l’immortalité. Cet Eros est encore trop humain.

Un point est désormais incontournable, l’amour désire ce qu’il ne possède pas. Platon va franchir le pas de l’Eros à l’Eros céleste. Sa fonction sera essentiellement de synthèse par la résolution de la dualité inhérente à sa naissance due des caractères hérités de ses deux parents. Il est fils du dieu Pôros (voulant dire ressources, moyens, passage, vulgairement on pourrait dire combinard) il est également le petit fils du Dieu Métis (qui est sagesse et intelligence pratique). Du coté paternel les origines sont issues du panthéon et plutôt bonnes. Sa mère Penia est humaine, c’est une indigente, une vagabonde sans toit ni loi. Elle profite du lourd sommeil de Pôros pour s’unir à lui et tenter d’en tirer quelques subsides. Tout son être n’est que manque, elle est l’anti Pôros elle est Aporia nous dit Platon (c.à.d. impasse, sans issue). Ainsi éros dispose d’un statut intermédiaire, c’est un milieu, ni mortel ni immortel, ni riche ni pauvre, ni ignorant ni savant, etc. Ce dernier point arrange Platon, en effet, s’il eut été un Dieu, point de philosophie ni d’élévation spirituelle car un dieu n’a ni besoin ni désir, il a, il sait. S’il eut été pur ignorant, point de philosophie non plus, un ignorant ne sait pas ce qu’il ignore et par conséquent ne cherche pas à s’élever non plus. L’évolution d’éros sera mue par l’amour généré de cette tension vers la partie manquante inhérente à son origine, éros, dans sa quête va servir de miroir à l’homme, il va montrer comment l’amour stimule, élève et enrichit l’individu aimant. L’amour devient moteur de transcendance et nous conduit du fond de la caverne vers la lumière.

Intermédiaire entre la psyché humaine et la psyché divine, l’homme choisi alors comme valeur première la quête de sa parcelle de lumière. Descartes nous dit : « l’homme est une chose imparfaite qui tend sans cesse à quelque chose de meilleur et de plus grand qu’elle-même ».

Le tableau est maintenant presque dressé, il nous manque le plus important et le plus fondamental : l’Ame. Elle se trouve dans le Phèdre par le mythe de l’attelage et du cocher ailé. Cette âme dont Platon va habiller l’Eros devenant céleste après tant de balivernes proférées à son sujet.

Les ailes, après maitrise de l’attelage par le cocher permettront de s’élever jusqu’aux plus hautes sphères célestes. Ainsi, les âmes divines excellemment bien équilibrées et dirigées atteignent les confins du ciel, contemplent les réalités de la voute céleste. Elles auront l’insigne privilège d’apercevoir les Essences dans leur splendeur immatérielle, l’Absolu dans sa pureté. Mais certaines âmes, gênées par les caprices d’un attelage rétif finissent par tomber. L’âme prend alors corps et en s’incarnant oublie ce à quoi elle avait eu accès. Toute la gamme qualitative des destinées humaine s’explique alors. De cette âme vagabonde émerge l’une des idées majeures de Platon qu’est la réminiscence. L’âme a ainsi une fonction médiatrice entre deux monde totalement séparés, l’intelligible et le sensible et, elle est dotée de mémoire. L’âme contient en elle-même la totalité, nous sommes une partie du tout contenant le tout. Ainsi, il y a carence, conscience de cette carence et quête pour la combler. Et, c’est à nouveau l’amour généré par cette tension due à la perte de l’unicité, l’amour qui nous pousse au dépassement de notre condition et nous pique de son aiguillon pour gravir les marches (3, 5 puis 7, de l’apprenti à maitre). Cheminant dans la caverne, l’homme ayant maitrisé son attelage (ses passions, son éros charnel) peut alors emprunter la voie ascensionnelle. C’est ainsi que le F\ M\ bâtit le temple universel et son propre temple intérieur au moyen des 3 lumières de notre rituel.

L’âme serait comme un négatif en photographie ou il faudrait passer par la chambre noire (la caverne ou le cabinet de réflexion) en utilisant la réminiscence pour développer l’image qui révèlera la lumière. C’est dans la caverne que sera réalisé le réassemblage de cette âme ré-incarnée qui a oubliée pendant sa chute. Ainsi, toute connaissance n’est en fait que re-connaissance. Pour cela il faut faire un travail personnel ardu d’introspection. Socrate et Platon en conclut que l’enseignement vrai n’est pas un savoir transmis de l’extérieur vers l’intérieur mais bien la re-découverte par soi-même et à l’intérieur de soi de vérités enfouies et oubliées (le passage dans le cabinet de réflexion serait-il l’initiation de la réminiscence ?). Reste la nécessité d’un maître, d’un guide et du courage moral. (Peut-être est-ce symboliquement notre V\ M\).

L’amour est une pulsion créatrice qui tend inlassablement à reconstituer le vrai, l’essence, l’unité d’avant la chute. C’est une volonté de retrouver le manquant. Ne retrouvent-on pas une analogie du concept de réminiscence avec la psychanalyse, science récente parfois controversée, avec le cerveau dit archaïque et l’inconscient collectif développé par Jung ?

L’homme en déposant ses métaux libère son âme rendant l’amour créateur, moteur pour faire du chemin un bonheur malgré les embuches. L’amour s’autoalimente, s’auto-génère, et s’expanse. Alors il coïncide avec le « soi cosmique » de C. G. Jung, projection du moi dans le tout et inversement car le tout est en nous. Nous devenons alors conscients de notre appartenance à une dimension collective, Alors, pour reprendre la citation initiale, Voila pourquoi je deviens ce que j’aime. Cela s’inscrit dans la pensée aristotélicienne ou le connaissant devient ce qu’il connait. Tout cela me conforte dans ma persévérance à toujours vouloir transformer la célèbre phrase de Descartes « je pense donc je suis » en « je pense donc nous sommes ». Il en découle une évidence : Comment te haïr sans me haïr moi-même ?

La science comme bien souvent vient ici apporter son eau au moulin de ces pérégrinations spirituelles. Aborder la science ne me parait pas hors sujet car cela va dans le sens de Platon ou « nul n’entre ici, s’il n’est géomètre » et de saint-Augustin qui comme vu ci-dessus associe chronologiquement croire et comprendre. Il a été prouvé qu’il existe une résonnance dite sensori-spirituelle entre deux êtres.

L’expérience, est certes matérielle, mais elle laisse libre cours à l’analogie qui peut être faite avec le spirituel. Cette expérience est la suivante : Quand une personne se coupe on va relever une image IRM d’un point précis du cerveau ; celui qui observe la scène aura une image IRM comparable, au même endroit et au même moment. Il a également était mis en évidence des neurones dits miroirs jouant un rôle très important dans l’apprentissage. Il a été par ailleurs remarqué des déficiences des neurones miroirs dans l’autisme. Nous avons également la brebis Dolly reconstituée à partir d’une cellule unique, quelconque, qui démontre bien que cette cellule contenait en elle-même la totalité des informations nécessaires à la re-création d’une entité. La cellule, partie du tout, contient le tout. La merveille du 20ème et du 21ème siècle est que sciences et métaphysique, inter agissent pour favoriser le développement du savoir et de la connaissance de tous, elles sont enfin devenus alliés, complémentaires voir complices. De nouvelles lignées philosophiques sont nées telle que le méta réalisme. Einstein génie s’il en était disait : « J’affirme que le sentiment religieux cosmique est le motif le plus puissant et le plus noble de la recherche scientifique » et à Teilhard de Chardin de répondre : « je suis convaincu pour ma part qu’il n’y a pas de plus puissant aliment naturel pour la vie religieuse que le contact des réalités scientifiques bien comprises ». Après tant de siècles d’obscurantisme et de temps perdu l’homme ne peut que se réjouir de cette tardive réconciliation entre savoir et connaissance.

La conscience du « soi cosmique » étant intégrée, que reste t-il à faire si ce n’est de trans-mettre, de transféré cette lumière révélée. L’amour n’est plus un acte volontaire mais devenu évidence, construite par la raison, découlant d’une intuition très bien rendue par ce très beau texte de Shams es din Tabrizi (soufiste du XIIème siècle) :

- Quel est celui qui dans mon oreille écoute ma voix ?
- Quel est celui qui prononce des paroles par ma bouche ?
- Qui dans mes yeux emprunte mon regard ?
- Qu’elle est donc enfin, l’âme dont je suis le vêtement ?

De l’atome jusqu’à l’esprit universel, de l’alpha à l’oméga, devant une telle marge de progression, l’amour a un champ infini d’investigations. En se déployant l’amour change le désir, change l’objet et sa nature, Il s’expanse comme l’univers pour mieux l’épouser, alors, voila encore pourquoi je deviens ce que j’aime.
Je vous délivre à nouveau un texte Soufi de IBN ARABI, qui illustre magnifiquement cette métamorphose :

« Mon cœur est devenu capable de toutes les formes,
Une prairie pour les gazelles,
Un couvent pour les moines,
Un temple pour les idoles,
Une Ka’Ba pour le pèlerin
Les tables de la Thora,
Les feuillets du livre sacré
Et, quelque direction que prenne ma monture,
L’Amour est ma religion et ma foi
»

Cet amour devient protecteur, non par possession mais par valorisation spirituelle de l’objet désiré, in fine, il n’est plus désiré, il EST. L’amour rend vertueux, c’est le moteur, le souffle qui anime la vie sociale, mentale et spirituelle, c’est l’émanation du verbe créateur.

Imprégné de la nature divine, que ce soit par la quête platonicienne, par l’Agapè ou par la voie intermédiaire empruntée par saint-Augustin, le résultat en est le même, l’Amour triomphe.

Pour conclure sur la vision de l’amour de saint-Augustin, et sa divergence avec Platon, Saint-Augustin décrit, via ce qu’il appelle la superbia la faiblesse de la démarche initiatique platonicienne. La Superbia consiste en un sentiment de contentement et d’orgueil du sujet par l’élévation de l’âme vers le monde supérieur. Saint-Augustin dit l’avoir observé en lui. Cette exaltation de l’âme, induit un arrêt prématuré de sa progression. De ce fait, elle est dupée et n’atteint jamais son but. Selon lui, le seul remède contre cette superbia est l’Agapè divine.

Mes F\ F\, à chacun sa voie, et, quelle qu’elle soit pour chacun d’entre nous, l’égrégore et la chaine d’union qui nous unissent se soucient guère de l’origine de l’amour fraternel qui nous réunit. Nous vivons cette transcendance à chaque tenue, lors de la sacralisation de la loge par le rituel. Celui-ci nous isole et permet le travail à « couvert ». Le lieu temporaire sacré, ainsi délimité devient un point de l’univers et nous donne la possibilité d’une intégration dans l’unité cosmique.

Fini l’anthropocentrisme, le géocentrisme, l’héliocentrisme, tous ces centrismes qui flattent notre Ego. Freud disait que « le 20ème siècle infligera plusieurs blessures à l’amour propre de l’humanité, pour situer l’homme en un lieu minuscule du cosmos confiné dans un espace temps aussi court qu’improbable ». Insignifiant matériellement et d’un potentiel spirituel infini.

Toute loge comporte un pavé mosaïque, sorte de prolongement du binaire représenté par les deux colonnes à l’entrée du temple. Le pavé mosaïque est placé en regard et en complément de la voute étoilée. L’ensemble forme l’image du cosmos, de l’orient à l’occident, du septentrion au midi, du nadir au zénith. L’espace sacré nous dit Mircéa Iliade est l’endroit ou la communication est possible entre ce monde-ci et l’autre monde. Je rajouterais qu’Il contribue à la réminiscence, mais celle-ci est codée, les symboles en sont les clefs.

L’homme est lui-même un symbole vivant, possédant en son sein la partie cachée, la partie manquante. C’est dans ce leu sacré que se lève le voile et que s’effectue la progression de l’apprenti à maître. Dans le premier degré, pour l’apprenti, dans le silence de son être, c’est comme son nom l’indique, l’apprentissage, le « connais-toi-même », le dégrossissement de la pierre brute dans le fond de la caverne. Viens la période du deuxième degré ou le compagnon se voue à la réalisation de la pierre cubique par le travail et le perfectionnement intellectuel et moral, c’est le « connaître les autres ». C’est la construction de l’étoile flamboyante et la découverte de la lettre G. Montaigne nous disait : « Qui se connait, connait aussi les autres car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ». Dans la gnose ou Co-naissance voulant dire naitre avec, nous retrouvons toujours cette idée de préexistence. Ainsi, apte à accéder à la maîtrise, il revient au F\ M\ le travail spirituel, celui de répandre la lumière et de réunir ce qui est épars. C’est Maitre Hiram ressuscité. Il s’agit de poursuivre le geste Créateur dans l’accomplissement d’une œuvre qui nous dépasse. Dans le REAA, les trois façons évolutives dont l’équerre et le compas sont disposés l’un par rapport à l’autre montre bien que les influences célestes, d’abord dominées par les influences terrestres, s’en dégagent graduellement et finissent par les dominer à leur tour.

 J’ai relevé sur un ouvrage une anecdote qui reflète bien la conversion du regard du F\ M\, de l’apprenti à maître. Un individu passe devant trois tailleurs de pierre et leur demande ce qu’ils font :

« Je gagne ma vie » répond le premier,
« je taille un bloc de pierre » dit le second,
« je construit une cathédrale » explique le dernier.

Mes F\ F\, j’arrive à la fin de mon exposé, je vous remercie de votre patience et j’espère de votre écoute.
Je me suis davantage penché sur la démarche déiste (« GADLUISTE ») de type platonicienne car, faisant appel davantage à la libre-pensée, celle-ci requiert la raison pour acquérir une connaissance de soi. Elle est liée à un savoir soumis à la nécessité de lucidité et d’objectivité. Animée par la culture du doute elle est discursive, contrairement au théisme qui permet d’accéder directement à une surconscience imposée par l’évidence qui, comme sont non l’indique n’appelle pas à s’épancher outre mesure. C’est ainsi. Quoiqu’il en soit, c’est la pratique de la fraternité active qui permet de faire éclore et vivre le mystère des causes premières.
De l’alpha à l’oméga se décline tout l’alphabet de la vie ici bas et dans l’au-delà. Et, dans la caverne, pour tenter d’y parvenir, soutenu par la Force, la Sagesse et la Beauté, nous re-créons l’arc qui pourra élever la flèche que nous sommes. « Deviens ce que tu es » disait Goethe.

Dans la table d’émeraude, Hermès Trismégiste nous suggère, je cite :

« Tu sépareras le feu de la terre, le subtil de l’épais, doucement, avec grande prudence ».

J’ai dit V\ M\

P\ N\


3096-C L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \