GLISRU Loge : Alexandrie - Orient de Paris Date : NC


Le rite de Misraïm
 
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La Maçonnerie Egyptienne plonge ses racines dans les plus anciennes Traditions de l'Humanité.

Au cours des âges elle s'est régulièrement enrichie de tous les apports spirituels découverts par les Hommes et a constitué ainsi un corpus initiatique inégalé.

Celui-ci a été également vivifié par les idéaux de justice et d'égalité des Maçons du XVIII ème siècle.

mais faisons un peu d'Histoire maçonnique…
Les quatre courants maçonniques

Il est bon de se rappeler qu’il existe plusieurs courants de maçonnerie répondant aux différentes aspirations des hommes qui, il faut le reconnaître, n’ont pas les mêmes désirs, les mêmes tournures d’esprit, les mêmes vocations. On ne vient pas en Maçonnerie Egyptienne pour faire de la politique, du commerce, du social. Il existe d’autres groupements maçonniques qui ont cette vocation et les moyens de répondre à ces désirs. Michel Monereau a très bien résumé dans son livre les Secrets Hermétiques de la Franc-maçonnerie et les Rites de Misraïm et Memphis les différents courants ou voies dans la franc-maçonnerie. Les voici:

la première, « le courant spiritualiste, la voie cardiaque, c’est à dire la recherche d’un perfectionnement moral qui s’appuie sur un cheminement spirituel loin des rumeurs du monde profane ;

la seconde «  diamétralement à l’opposé de l’attitude … de l’individu désirant intégrer une quête ésotérique… » Elle « affiche des principes démocratiques et « progressistes » qui sont la négation même de sa raison d’être » 

la troisième voie « qui se dessine dans certaines loges qui ne recrutent que dans les milieux d’affaires….  De véritables clubs mondains où peuvent se nouer…des relations fructueuses »  ; et

la quatrième et «  dernière voie est celle empruntée par les Rites Egyptiens qui ont toujours eu pour ambition et raison d’être leur attachement au courant hermétique. Il est certain que le voie hermétique, c’est à dire alchimique, est plus développée dans ces rites, d’autant plus qu’ils ne se contentent pas de s’appuyer sur la symbolique de l’alchimie externe, mais qu’ils développent dans leurs hauts grades une voie alchimique interne… »

Appartenant à la quatrième voie, les Rites Egyptiens ne sont pas un rite comme les autres. Ils ont une vocation différente, des buts différents. C’est un ordre aristocratique : il ne subit pas la loi du nombre. Il indique les hauteurs de la transcendance où respirer et non l’étouffer dans l’épaisseur matérielle.

Aussi, ici, au sein de notre Loge ALEXANDRIE, les FF:. ont fait le choix de cette quatrième voie, il n’est pas question de se laisser entraîner dans des aventures sans lendemain. Nous tenons à rester fidèles à la tradition.
Notre filiation
Une filiation qui remonte à l’Antiquité pré-chrétienne, en Egypte pharaonique et en Inde védique. Une filiation qui alimente nos Rites et les rend différent. La plupart des autres Obédiences sont filles de la Grande Loge Unie d’Angleterre dont elles descendent toutes, directement. Pas les Rites Egyptiens
(i) Le Rite Primitif
Selon une tradition chère à aux maçons égyptiens d’Italie, un Rite Egyptien dont on ignore le contenu, aurait été introduit dans la République vénitienne aux débuts du XVIIIe siècle. Il fera son chemin et touchera les îles ioniques pour aboutir plus tard à Venise. Selon d’autres maçons également égyptiens mais français, il aurait existé dès 1720 dans le midi de la France un Rite dit Primitif de Narbonne, issu des sources égyptiennes ou des Rose-Croix. Une autre tradition veut que ce soit à Paris et en 1721, que fut fondé le Rite Primitif, qui serait le berceau même d'un des Rites égyptiens, le rite de Memphis. Ce Rite serait composé de 7 Chapitres fondateurs et les Frères seraient des Chevaliers pratiquant des rituels de Rose-Croix.

Aucun auteur britannique ne mentionne ce Rite Primitif qui n’aurait jamais existé. Personne ne veut peut admettre une initiative arrivant tout juste quatre années après la création de la Grande Loge de Londres - tout comme l’Ordre de la Concorde qui admettait les femmes dès 1718 ou la Loge de la Parfaite Union de Belgique de 1720 - et qui ne se réclame pas d’elle. Depuis 1717 donc, toute instance maçonnique pour exister doit détenir une Patente de Grande Loge de Londres, Or, la Grande Loge n’a jamais délivré de Patente au Rite Primitif. Donc, ce Rite n’existe pas, n’ayant jamais eu l’autorisation d’exister.

Or les maçons égyptiens insistant sur cette existence, l’on est alors porté à penser à une naissance qui n’aurait pas été déclarée à la Grande Loge de Londres. Serions nous ici en présence d’une tentative pour extérioriser la voie hermétique qui n’a rien à voir avec elle ni avec son bon vouloir ?
(ii) Les autres Traditions Initiatiques
Pour la Grande Loge Unie d’Angleterre, la franc-maçonnerie commence donc en 1717 et pour elle, il n’existe rien avant cette date, ni après non plus en dehors d’elle. Au silence des siècles précédents succèdent les balbutiements qui émanent de cénacles les plus secrets. Les anciens dépôts recueillis et conservés dans différentes traditions demandent à s’exprimer. Les conservateurs des diverses initiations commencent à se manifester, à se communiquer entre eux à et à constituer, à défaut d’un réseau, un courant nourri des coulées des diverses sources, jusque là isolées et sans communication entre elles. Les sociétés secrètes deviennent discrètes. L’héritage des temps anciens, ce riche ensemble de savoir hermétique et ésotérique qu’apporte le siècle libéré et libérateur ne peut pas avoir été confié à une seule et unique structure. La Grande Loge de Londres n’en a pas le monopole. Aussi, dès sa création, sa légitimité et sa prétention à tout vouloir régenter sont contestées. Des Loges existent ailleurs, en Ecosse, à York, à Saint Germain en Laye… La Tradition toujours vivante revient en force.

Toute la richesse des Mystères du passé n’a pas été recueillie par la seule franc-maçonnerie anglo-saxonne. Encore faudrait-il qu’elle fût disposée ou capable de se l’intégrer. Or, après avoir reçu le troisième degré de la Rose-Croix qui lui en a fait don, les dirigeants de la Grande Loge de Londres prirent peur et n’osèrent pas aller plus loin. Elle ferme la porte aux autres apports de la tradition sans pouvoir, toutefois, refuser d’admettre le grade de Royal Arch, le seul degré qui permet à la franc-maçonnerie anglo-saxonne de quitter l’allégorie et la légende pour se plonger dans le royaume du symbolisme pur de l’esprit. Comme dit A E Waite, le Royal Arch constitue «les prologomènes à une autre histoire, que l’on ne trouve pas en maçonnerie». Oui, bien sûr, pas dans la maçonnerie anglo-saxonne. Bouclés dehors, les différents courants de l’ésotérisme et de l’hermétisme cherchent où se manifester. C’est ainsi qu’apparaît l’autre courant maçonnique qui ne prend ni sa source ni sa légitimité dans le Freemasons'Hall de Londres.

Déjà, quelques années plus tôt, le Chevalier Ramsay, dans son fameux discours de 1736-1737, avait levé le voile sur le rôle des Templiers dans la constitution de la franc-maçonnerie, ce qui a provoqué des remous et, en même temps, a rappelé l’existence d’autres racines de l’arbre initiatique, porteur d’autres fruits. Cet arbre donne naissance à de nouveaux rituels qui nécessitent la création de nouvelles échelles de grades maçonniques.

Une autre maçonnerie a donc commencé à prendre corps tant en Angleterre que sur le continent. Cette maçonnerie met en place ses Rites à partir des emprunts au symbolisme des bâtisseurs de cathédrale, des alchimistes, des Rose-Croix, des Hermétistes, des Templiers, de la Bible et bien sûr, de l’Egypte. Comme on le voit, cette maçonnerie n’a rien à voir avec la Grande Loge de Londres qui lui tourne définitivement le dos et proclamera au XIXe siècle que « la franc-maçonnerie est un système de moralité voilé dans l’allégorie et illustré par les symboles.» C’est tout.
(iii) Naples, épicentre de la Maçonnerie Egyptienne
L’Italie va être portée en scène. La naissance de Joseph Balsamo, futur Comte Cagliostro à Palerme en 1743 semble marquer un tournant. Il y a alors dans le sud de l’Italie et en Sicile un certain nombres de loges qui travaillent hors de la vue de la Sainte Inquisition. L’Egypte et Malte sont les creusets bouillonnant d’activités hermétiques qui débordent et touchent l’Italie. D’abord Naples, qui se passionne pour les traditions égyptiennes dont on a hérité, depuis l’Antiquité, d’une vision de l’Egypte toute entière tournée vers l’initiation et les mystères. Le Pyramides envoûtent. Les chercheurs interrogent les œuvres d’hommes tels que Giordano Bruno (1548-1600), Tommasso Campanella (1568-1639), Spontini, alchimiste, Franco Maria Santinelli (Fra Antonio Crassellame Chinese), et des groupes Rose+Croix. Il existe alors un certain nombre de loges dans les provinces méridionales et en Sicile.

En 1750, une Grande Loge de la Maçonnerie est constituée à Naples, dont le Grand Maître ne peut être autre que le Prince de San Vero, Raimond de Sangro (1710-1771), un passionné d’alchimie et de la magie de la transmutation. C’est dans ce cercle nourri des écrits de Michel Sendivogius (1566-1646), dit le Cosmopolite, qu’il faudrait chercher les origines de ce qui sera plus tard le Rite de Misraïm.

C’est également sous sa grande maîtrise que le Baron Tschoudy (1742-1769) développe le Rite Hermétique ou l'Etoile Flamboyante ou encore Ordre des Philosophes Inconnus. Ce Rite organisé en 7 degrés comprend outre les trois degrés bleus, les degrés suivants : Maître Parfait, Parfait Elu et Petit Architecte, Parfait Initié d’Egypte et le Chevalier du Soleil. Le catéchisme de ce Rite basé sur l’hermétisme et l’alchimie, explique le Grand Œuvre à partir des principaux symboles maçonniques. Le Baron l’introduira en France où il sera très prisé. Mieux, certains degrés du Rite Hermétique seront adoptés tant par le Rite Ecossais Ancien que par le Rite de Misraïm.

D’autres courants de l’ésotérisme circulent sur le Continent et les élans prennent corps. Mentionnons quelques-uns. Les Grades Ecossais avaient apparu dès 1744 à Bordeaux. En 1754, apparaît le Chapitre de Clermont, berceau du Rite de Perfection. Le baron de Hund introduit dans les loges allemandes, le régime de la Stricte Observance, créé une dizaine d’années plus tôt. En 1757, l’Ordre des Noachites ou Chevaliers Prussiens est introduit en France. En 1758, le Souverain Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident est créé. En 1760, l’Ordre des Elus Cohen est fondé à Bordeaux. Le grade de Chevalier Kadosch originaire de Hesse et qui a apparu dans le sillage du courant créé par la Stricte Observance, est introduit en France par les loges de Metz en 1761. Jean Baptiste Willermoz constitue définitivement à Lyon un Chapitre des Chevaliers de l’Aigle Noir, Rose Croix, en 1765. C’est à cette date et à Lyon qu’est constitué, adopté et mis en pratique, le rituel définitif de Rose Croix. Le Rite Adhohiramite est fondé en 1765. L’année suivante, le Rite des Illuminés d’Avignon est fondé par le bénédictin Dom Pernéty, qui avait créé le grade de Chevalier du Soleil. Le Rite comprend six grades aux pratiques mystico-hermétistes, selon les théories théurgiques de Swedenborg. En 1768-70, le Rite de Perfection en 25 degrés est encore loin d’être constitué mais le Grade du Prince du Royal Secret est déjà admis par les Maçons.

Toutes ces manifestations établissent, en effet, l’existence des courants de diverses traditions initiatiques. C’est tout cela que Londres choisit d’ignorer, et en décrétant dogmatiquement que la franc-maçonnerie dans son entièreté se trouve contenue dans les trois premiers degrés de la loge dite bleue, la franc-maçonnerie officielle et myope de Londres va se priver des sources vivifiantes de la tradition hermétique et ésotérique.
(iv) Les origines de Misraïm

Avant l’arrivée même de Misraïm, il y a eu, sur le Continent, quelques rites qui se sont réclamés de l’Egypte ou qui s’en seraient inspirés.

On pourrait citer l'Ordre des Architectes Africains ou Rite de Crata Repoa, fondé en 1767, en Prusse, par le baron Fredrich von Köppen (1734-1797) et sous les auspices de Frédéric II le Grand.
Ou l’Ordre Maçonnique des Philalèthes, constitué à Paris en 1779 par Savalette de Langes, qui a créé plus tôt en 1773, avec l’aide de nombreux Maçons la loge Les Amis Réunis qui s’occupait d’occultisme, d’alchimie et de théurgie.
Ou encore, le Rite Primitif, organisé en 1759 par le Vicomte Chefdebien d’Aigrefeuille à Prague, alors haut lieu de l’Hermétisme et amené à Narbonne en 1780. Parmi ses membres, il y avait Marconis de Nègre, père, qui était détenteur de tous les degrés du Rite Ecossais Ancien Accepté et de ceux de l’ancien Rite de Perfection.

Le plus important est sans conteste le Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne, dont l’existence est attestée le 22 août 1781 à Strasbourg mais il serait bien plus ancien. Légué par le Comte Cagliostro, de son vrai nom Joseph Balsamo (1743-1795), ce rite qui est véritablement initiatique occupe une place spéciale parmi les rites hermétiques.

Le Rite de Misraïm, après s’être manifesté, dès le début du XVIIIe siècle dans la République vénitienne et à partir des îles Ioniques, se retrouve dans l’île de Zante au sud de la Sicile, en 1782, aboutit à Venise et l’on sait qu’en 1796 une loge misraïmite fonctionnait à Venise. Au cours de cette même année, Gad Bédarride, selon son fils Marc, reçoit d’un initié égyptien, Ananiah le sage, la filiation et les pouvoirs de transmission d’une Tradition maçonnique de provenance égyptienne. Grâce aux activités des loges animées par Cagliostro, Ananiah et Abraham (le baron Tassoni de Modena), l’Ordre Egyptien de Misraïm prend naissance avant 1801 à Venise. Marc et Michel Bédarride auraient été initié au Rite de Misraïm en 1803 et ce sont eux qui vont l’introduire en France puisque à l’époque les Ordres maçonniques étaient interdits en Italie.

Cagliostro a joué un rôle considérable dans l’histoire de la franc-maçonnerie égyptienne. Initié dans la loge maltaise « Secret et Harmonie » qui existait déjà au début du XVIIIe siècle et ramena à Naples des rituels auxquels il aurait ajouté l’échelle dite de Naples, les célèbres Arcana Arcanorum. Pour beaucoup, le Rite Egyptien sera toujours redevable à Cagliostro pour avoir en 1788 établi non loin de Venise une loge où il a opéré le transfert des Arcana Arcanorum dans le Rite de Misraïm. Les Arcana Arcanorum sont « une voie alchimique interne, une voie de l’immortalité acquise sur terre par la constitution d’un Corps de Gloire »

De Venise, l’Ordre Egyptien de Misraïm se propage en Lombardie puis à Milan où en 1805, le F.?. Le Changeur fonde le Suprême Conseil du Rite.
(v) Freemasons'Hall contre Napoléon
Alors que la franc-maçonnerie qui se propage en Europe vise à rassembler les hommes dans la paix, elle sera elle-même divisée par le nationalisme et la politique. La Révolution fait peur aux Anglais même s’il existe des Anglais maçons et républicains comme Thomas Paine (1737-1809) mais ils n’ont pas leur place dans le royaume et doivent fuir pour leur vie.

Napoléon s’est fait initier franc-maçon dans une loge qui ne se réclame pas de Londres. L’on ne peut s’empêcher de se demander quelles pouvaient être ses motivations profondes ? Avait-il pressenti le rôle politique que le pouvoir britannique allait faire jouer à la franc-maçonnerie anglaise ? Nourrissait-il semblables desseins à l’égard de la maçonnerie égyptienne ? Les Anglais en avaient-ils eu vent ? D’autre part ayant eu leur guerre civile et aspirant à la paix, pouvait-il ne pas condamner la Révolution française.

C’est ici que la franc-maçonnerie anglaise fait un choix politique et la Révolution et pour le Roi, Ce qui va davantage séparer les deux peuples et créer deux maçonneries. La Grande Loge Unie d’Angleterre se verra récompensée lorsque le Parlement britannique votera l’Acte du 12 juillet 1799 portant interdiction des sociétés secrètes ou subversives : une exception sera faite en faveur de la franc-maçonnerie. Napoléon se fait sacrer empereur des Français, se prépare à envahir l’Angleterre et décrète le blocus continental pour l’anéantir. L’Union Sacrée devint indispensable…

Selon Corneloup, c’est « de cette époque que date en Angleterre, la triple alliance non écrite, mais réelle, de la Dynastie, de l’Eglise anglicane et de la F M – alliance qui n’a pas jusqu’à nos jours cessé d’être effectives. »

C’est dans ce climat que les maçons de deux grandes loges britanniques rivales les Moderns et les Antients se réconcilient. Le jour de la Saint Jean d’Hiver, 1813, le Duc de Sussex est élu Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Contre la France de Napoléon. Il n’est guère étonnant qu’au bout de quelques décennies Freemasons'Hall sera récupéré par la politique et deviendra un excellent allié du pouvoir impérial dans les colonies.
(vi ) Arrivée en France de Misraïm,1814
C’est en 1813 que les FF.?. Bédarride, Joly, Gaborria et Garcia reçoivent à Naples le pouvoir de diffuser le Rite de Misraïm. Une Patente de Constitution en date du 23 décembre fonde les Corps Suprêmes du Rite de Misraïm à Paris, Bruxelles et Madrid. Ce Rite fait son entrée en France grâce aux Frères Bédarride qui établissent dans leur domicile à Paris, le 21 mai 1814, un Grand Chapitre au Rite de Misraïm à Paris.

La Loge-Mère a reçu la Lumière en mai 1815, sous le titre distinctif de L'ARC EN CIEL.

L'histoire du Rite, comme de tous les Rites Egyptiens, a été traversée ensuite par d'innombrables querelles, mais il est demeuré fidèle à ses idéaux, à la fois spiritualiste, ésotérique mais aussi très impliqué par la vie de la société.

Sans revenir sur la dénonciation du Rite aux autorités faite par le GRAND ORIENT de France au moment de l'affaire dite des Quatre Sergents de La Rochelle, il faut souligner la longue proximité avec le mouvements des Carbonari pour rappeler ainsi que le Rite de MISRAÏM s'est toujours voulu défenseur de causes justes.

Le Rite seul n'était plus pratiqué depuis la fin du 19ème siècle, mais Robert AMBELAIN en avait reçu la filiation authentique, incluse dans les Rites Confédérés.

(Vi) Les origines de Memphis

Son origine la plus ancienne est probablement, ( au-delà des légendes développées par Marconis de Negre qui font remonter son origine aux Templiers qui auraient eux-mêmes reçu une filiation remontant jusqu'à un sage d'Egypte converti par Saint Marc ), la Loge Isis, fondée au Caire en 1798, qui comptait parmi ses membres des savants et des officiers français ainsi que des notables égyptiens initiés aux mystères des Pyramides. Plusieurs auteurs pensent que Napoléon Bonaparte s’est fait initier par Kléber dans cette loge, d’autres qu’il fut l’un des fondateurs. Une autre thèse veut qu’il a été initié à Valette à Malte, et encore une autre, au Caire, au Rite primitif de Narbonne, importé en Egypte. Les soldats appartenant aux divers courants ésotériques dont le Rite des Philadelphes entrent en contact avec les FF.?. de la Grande Loge d’Egypte, descendants des R+C de la période constantinienne. Ainsi enrichis les FF.?. de retour en France n’allaient certainement pas rester les bras croisés.

Parmi eux, il y avait Gabriel Marconis de Nègre, un officier italien de l’armée napoléonienne initié à la loge Isis, qui fonda avec ses FF? de retour en Italie, en 1798, une loge au titre distinctif de Les Pèlerins de Memphis. Cette loge travaillait selon des rituels fortement imprégnés d’influences égyptiennes.

En fait ce Rite serait né de la fusion de plusieurs Rites ésotériques et gnostiques, ce qu'ont confirmé, chacun à leur époque, John Yarker ou robert Ambelain, et, en partie à partir d'une scission de Misraïm, suite à l'expulsion de ce dernier Rite de Marconis de Negre.

Memphis, contrairement à son Rite jumeau Misraïm ne connut jamais la vindicte des pouvoirs tant gouvernementaux que maçonniques.

(ViI) la réunion des Rites de Memphis et de Misraïm

C’est en 1881 que Giuseppe Garibaldi fut nommé, par un certain nombre de Souverains Sanctuaires, Grand Hiérophante des 2 Rites, Grand Maître Général, réunissant pour la première fois ces 2 Rites. Il est à noter que la Puissance Suprême de Misraïm pour la France ne reconnut pas cette décision, ce qui justifie la persistance d'une voie de Misraïm indépendante.

Malgré de nombreuses scissions après la mort de Garibaldi, le Rite désormais nommé de Memphis-Misraïm perdurera jusqu’à ce jour, avec de très nombreux remous générant des conflits divers. C'est en 1963 que Robert Ambelain, devenu Grand Maître Mondial, redonna cependant à ce Rite réellement force et vigueur. Après quelques années de répit, et surtout après sa succession, les querelles reprirent de plus belles et à ce jour, il est difficile sinon impossible de dénombrer les groupes qui se réclament de cette tradition, tous plus ou moins en guerre larvée les uns contre les autres, réunis le plus souvent autour de faux gourous auto-proclamés.
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