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Le Signe au Grade d'Apprenti

Lorsque notre Second Surveillant nôtre frère Jacques Dem.m'a proposé cette Planche, j'avoue n'avoir pas été enthousiasmé.

J'espérais avoir à travailler sur un Symbole plus propre à laisser libre cours à mon imagination.

Mais j'ai pensé que le choix de ce sujet devait avoir un fondement :

Depuis que je suis des vôtres, j'ai en effet compris et on me l'a maintes fois répété que dans notre Rituel rien n'est superflu ; chaque mot, geste, objet ou symbole compte.

Quand je dis "des vôtres", je n'émets pas un doute sur mon état de Maçon ou sur mon intégration en tant que tel. Je suis Maçon depuis le 21 Janvier 1999, c'est un fait acquis. Mais comme dans un couple, même solide, il est parfois bon de dire "je t'aime" et de se l'entendre dire.

Armé de ces certitudes, la réflexion m'est apparue plus intéressante et j'ai voulu sans m'embarrasser de littérature rassembler mes propres idées.

Mes sources de travail ont tout simplement été le RITUEL qui m'a été remis à la fin de mon INITIATION et ce que j'ai cru comprendre lors des séances dîtes d'instruction que j'appellerais plutôt d'échanges et bien sur des TENUES.

Je ne ferai aucune description " technique " du geste que nous connaissons tous et sans lequel nous ne serions pas ici, encore que chacun ait son style pour le réaliser.

En fait le Signe au premier degré se divise en deux composantes successives, de significations différentes mais indissociables : La MISE A L'ORDRE et Le SIGNE proprement dit.

La MISE A L'ORDRE

Peut être une marque de respect envers l'assistance des autres Frères ( Vénérable maître et vous tous mes frères ). Le Signe s'adresse à toute l'assistance. D'ailleurs s'il ne s'adressait qu'au Vénérable Maître, au chef, ou aux "gradés", il se ferait sans doute comme chez les militaires la main sur la tête (Caput, capitis). En fait tous les frères font ce signe au premier degré, de l'apprenti au Vénérable, et uniquement dans l'enceinte du temple donc lors de la Tenue.

La main au ras du cou signifie la barrière à établir entre ce qui vient de l'esprit et du corps. Autrement dit la main vient ici protéger l'esprit des passions venues du corps. D'une certaine manière elle est là pour contenir les bouillonnements intérieurs et permet de ²garder la tête froide ². Il faut que la RAISON maîtrise le corps et le cœur.

L'efficacité du geste est telle que le corps est non seulement JUGULE en profondeur mais dans son expression même. De surcroît les jambes étant à l'équerre tout effet de jambe ou de manche devient interdit. Il n'y a de ce fait aucune fuite d'énergie inutile qui reste alors entièrement canalisée vers l'esprit :

" Que venez vous faire ici ? Vaincre mes passions, soumettre ma volonté et faire de nouveaux progrès dans la Maçonnerie." est-il dit au tuilage. Lors d'agapes mémorables de cette respectable loge de Saint-Jean, le sujet Passionnant, comme par hasard de la Tolérance, aurait pu tourner au pugilat s'il avait été débattu en d'autres lieux et par des personnes incapables d'appliquer cette phrase.

Le Signe n'est donc pas une simple marque de respect mais aussi et surtout, d'une part une marque d'égalité vis à vis des autres Frères, et d'autre part une mise en condition de concentration sur ce qui se passe, se dit ou avant même de prendre la parole.

Le SIGNE proprement dit mime un égorgement. Comme il m'a été dit lors de mon initiation : " Vous préféreriez avoir la gorge coupée, plutôt que de révéler les secrets qui vous ont été confiés ". Certes le SECRET doit être gardé. Sans lui la Maçonnerie ne serait plus. Le secret est le garant de la pérennité de notre Ordre. D'ailleurs on peut se demander quel serait l'intérêt de parler hors la Loge à des profanes des travaux qu'on y fait. Ces travaux sont tellement personnels que je ne vois pas à qui on pourrait en parler sinon à un F.M. Delà à penser que le viol de ce secret ne serait pas digne d'un Maçon, il n'y a qu'un pas voire trois que je suis prêt à franchir.

Par ailleurs, le cou est un passage anatomique éminemment riche. On y trouve non seulement les connections squelettiques, vasculaires et nerveuses entre le cerveau et le corps mais aussi les voies aériennes et notamment le larynx siège de la voix. Le signe nous rappelle donc aussi que le SILENCE est une des vertus essentielles et indispensables de l'apprenti.

Enfin d'un point de vue purement géométrique, l'ensemble des gestes est fait de perpendiculaires, de niveaux, d'équerres, évoquant les outils du Maçon, la droiture et la justice qu'il doit incarner.

En "a parte", je me demande quand même si l'égorgement ne fait pas aussi référence à un certain Hiram. Mais j'ai l'impression d'aborder un sujet qui n'est pas de mon âge et qu'à l'insu de mes parents et de mes parrains je suis en train de regarder une émission interdite de Canal + après Minuit !

Si l'on peut donner une signification générale au signe du premier degré, Il faut la nuancer selon les temps du rituel.

Je dirais même selon l'heure. En effet le fond de la tenue n'est pas le même à Midi ou à Minuit ou à l'heure de la sieste! D'ailleurs si le signe avait toujours le même sens, pourquoi ne pas simplifier le rituel en n'en faisant qu'un à l'ouverture et un à la fermeture des travaux. De même dans la vie profane les poignées de main données à un ami de rencontre ont une valeur différente selon que l'on dit bonjour ou au revoir.

Ce geste est le premier que nous instruit le Frère Second Surveillant lors de l'initiation. C'est le tout PREMIER SECRET transmis avec l'attouchement et le mot. C'est donc un moment d'importance pour un nouveau-né maçon. Ensemble ces secrets forment la première trilogie de l'initié.

Lors de la Tenue, La mise à l'ordre s'effectue alors que le Vénérable n'a pas encore ouvert les travaux.

" Debout mes Frères ! face à l'Est. Les Frères Surveillants vérifient au fur et à mesure qu'ils avancent vers l'est que les Frères se mettent à l'ordre ". C'est donc le signe qui authentifie notre qualité de Maçon et qui nous permet d'assister à l'ouverture des travaux.

Lorsque que le Vénérable Maître va les ouvrir, les Frères se mettent tous à l'ordre : Je vis toujours les instants qui suivent avec intensité, et j'ai constaté que tous mes frères sont habituellement très concentrés, très attentifs et qu'alors règne un silence absolu.Cette mise à l'ordre est en effet d'importance puisqu'elle préside à la mise en place de l'édifice : La Sagesse, la Force et la Beauté, le tableau de loge et les trois Grandes Lumières. Alors le Vénérable Maître annonce l'ouverture de la loge au grade d'apprenti et l'on fait le signe pour confirmer notre serment de garder le secret sur tout ce qui se déroulera dès lors.

Durant les travaux certains d'entre nous prennent la parole ou se déplacent, notamment aux changements de degrés. A ce moment précis nous devenons non plus seulement acteurs participants mais acteurs officiants de la tenue et la mise à l'ordre est impérative car il faut affirmer dans l'action notre état de Maçon. Cela me paraît d'autant plus important en tant qu'apprenti. En effet par définition et par devoir je ne parle jamais en tenue (sauf lors de ma première tenue où j'ai évoqué les impressions de mon initiation et évidemment maintenant). Lorsque je circule, j'essaie donc dans cette circonstance de soigner ma mise à l'ordre et d'une certaine manière je fais un peu de zèle pour signifier que je suis bien maçon !

Au seuil du temple se situent les deux colonnes. C'est à cet endroit précis lors des entrées ou sorties que doit se refaire le signe pour bien rappeler la limite entre le monde profane et celui de l'initié.

On se remet enfin à l'ordre pour clôturer les travaux. Il faut en effet par ce geste s'engager à être, dans le monde profane que l'on va bientôt rejoindre, non plus un Maçon de Loge, mais plus simplement un Maçon de la vie ; sinon quel serait l'intérêt de si belles Tenues ?

Je terminerai par la constatation d'une évidence qui ne m'est pourtant apparue qu'après quelques Tenues :

Ce Signe est notre PASSEPORT de Franc-Maçon qui nous permet toute notre vie d'entrer dans le Temple en franchissant la frontière des deux colonnes. Mais celui là on ne peut ni le perdre ni nous le faire voler ; il est comme un tatouage, indélébile, que l'on gardera toute sa vie jusque au seuil de l'ORIENT ETERNEL.

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