Obédience : NC Loge : NC Date : NC

Perfectibilité Apprentissage Apprenti


Je voudrais tout d'abord remercier un de nos frères, que je ne citerai pas à sa demande mais avec qui j'ai pris l'habitude d'échanger nos idées sur différents points Maçonniques qui nous passionnent, et je lui suis très reconnaissant de la lecture constructive qu’il a eue de cette planche

L'homme est-il perfectible, le sujet me semblait intéressant à traiter, tout au moins dans le cadre de la maçonnerie puisque c’est même en ce qui nous concerne la pierre angulaire de notre démarche.

Et puisqu'il faut bien partir d'un point de départ, il me semble que « Notre initiation » s'impose tout naturellement pour ce rôle, d'autant qu'à bien y réfléchir en fonction de la perception que nous aurons de celle-ci, elle orientera une grande partie de notre démarche.

Nous n'en sommes donc pas pour l'instant à définir une progression mais une direction.

Qu'est-ce que l'initiation :

Si l'on prend la définition de ce terme : Initier . Vient du latin Initiaré : Commencer

Apprendre les rudiments d'une science, d'une technique à quelqu'un

Mettre quelqu'un au courant de choses secrètes ou connues d’un petit nombre

On voit donc bien que l'initiation, consiste essentiellement à transmettre une connaissance ou des valeurs. Et comme l'homme a l'inconvénient d'être mortel, on comprend bien que c'est une véritable chaîne d'union qui nous faut mettre en place pour qu'elle perdure à travers le temps

Mais que peuvent bien-être ces valeurs que nous transmettons ? Si nous revenons à l'évolution de nos sociétés humaines, nous verrons que de tout temps l'initiation à exister, et particulièrement sous trois formes différentes, que l'on retrouve d'ailleurs toutes les trois dans l'initiation maçonnique, ce qui est suffisamment rare pour le souligner ;

1) Dans les anciennes communautés villageoises de l'âge du bronze qui précède la création des états guerriers de l'âge du fer, l'artisan fondamental était le forgeron. On lui prêtait un savoir magique, il furent divinisé sous divers nom : Hephaistos, Vulcain, Tubalquin,

C'était lui qui savait travailler la matière, forger les outils, fabriquer des armes, couler les statues etc…… Bref c'était une « Initiation artisanale », réunissant les artisans, les commerçants, les artistes en un mot tout ce qui avait trait à la production de richesses et de beauté, on pourrait donc synthétiquement relier :

Initiation artisanale…à la colonne…Beauté

2) Les choses se développant, certaines tribus plus belliqueuses que les autres voulurent se développer davantage, et commencèrent donc par soumettre les forgerons qui devinrent leur fournisseur d'armes, elles créèrent ainsi les premières Cité-État.

Après avoir conquis de nouveaux territoires, dont elle devinrent la « noblesse » ces tribus instaurèrent de nouveaux systèmes sociaux et religieux qui servirent à justifier leur pouvoir.

Nous eûmes ainsi la caste des soldats et chevaliers, qui développèrent leurs propre éthiques, prônant le combat et la conquête mais aussi l'idée de sacrifice de générosité et de défense des plus faibles, il transmettait bien sur toutes ces valeurs à leurs successeurs et créèrent ainsi une « Initiation chevaleresques » que l'on peut tout aussi synthétiquement que précédemment relier :

Initiation chevaleresques…à la colonne…Force

On remarquera au passage que la suprématie des castes guerrières sur celle des artisans se retrouve dans la mythologie grecque, ou le dieu guerrier ARES séduit Aphrodite l'épouse d’Hephaistos profitant que celui-ci travaillait

3) Toujours afin de mieux asseoir leur légitimité (car après tout : qui vit par l'épée périra par l'épée) ils instituèrent un clergé pour servir les « Dieu souverains » du ciel ou de la guerre, cette « Initiation sacerdotal » représentée par le prêtre généra ses propres valeurs, ses dieux, le verbe, la philosophie, la spiritualité et enfin la sagesse.

Tout aussi synthétiquement que précédemment on peut relier ainsi :

Initiation sacerdotal… à la colonne… Sagesse

On retrouve d'ailleurs à la veille de la révolution française cette structuration de l'ordre social avec :

Le clergé                                                                                                 S    
La noblesse qui seule avait le droit de porter l'épée                                   F
Le tiers état représentant le peuple, des artisans, les artistes et paysans   B

Or il me semble que l'on retrouve ces trois valeurs dans l'initiation maçonnique, et sans trahir de secret, que demande-t-on :

À l'apprenti : Si ce n'est de tailler sa pierre et de maîtriser ainsi la matière,  privilégiant la création d'un « chef-d’œuvre » dans une démarche qualitative

Au compagnon : De voyager, et d'aller à la rencontre des autres, d’élargir son territoire

Au maître : D'avoir une démarche de spiritualité et de sagesse

Il semblerait donc que la maçonnerie ait recueillie ces trois types d'initiation. Elle nous appa­raît, comme une organisation exprimant une philosophie non dogma­tique de certains hommes d’action et de réflexion.

J'aurais même tendance à penser, mais cela n'engage que moi que les différentes composantes de notre mouvement pourraient être dû à des sensibilités différentes vis-à-vis de ces principes initiatiques, ainsi certains développeraient davantage la dimension chevaleresque et aurait tendance a s'investir davantage dans la société, d'autres auraient une démarche plus philosophie ou spirituelle, privilégiant leur parcours initiatique.

On vient donc de voir quels outils l'initiation peut apporter à l'apprenti, quelles directions dans ses démarches et réflexions lui sont proposées, mais est-ce pour autant qu'il va pouvoir progresser sur ce chemin….??
Lorsque nous prônons que : « L'Homme est perfectible », une des premières questions qui me vient à l'esprit est : De quel homme parlons-nous ?

-         L'Homme avec un Grand H c'est-à-dire l'humanité toute entière
-         Où l'homme avec un Petit h c'est-à-dire les individus qui la compose ??

Cette question je me la suis souvent posé, et j'ai bien souvent entendu les positions divergentes en la matière, qu'est-ce qui est important le Grand H ou le Petit h ? doit-on sacrifier quelques-uns au prix d'un intérêt général, bien souvent d'ailleurs appelé supérieur ? où la personne humaine est-elle sacrée.. Et doit être protégé à n'importe quel prix ?

Ne trouvant pas de réponse à cette question, je me suis rappelé une phrase de Confucius : « Si tu n'as pas de solution à ton problème c’est que tu n'as pas de problème » et je me suis dit qu'il avait raison et que, la question était probablement mal posée. C'est en effet une erreur de mettre ces deux éléments en opposition, les seules solutions acceptable étant celle qui concilie l'intérêt de l'humanité tout en respectant la valeur des individus.

Alors on ne manquera pas bien sûr d’évoquer les cas Cornélien où l'on aurait un conflit entre l'intérêt individuel et celui d'un groupe de personnes. C'est un fait, une réalité, mais je crois qu’en la matière les réponses seront toujours des réponses de circonstances et que l'on ne pourra jamais en faire une règle générale. Ce sont de mon point de vue les exceptions qui justifient la recherche de solutions de convergence.

Ce raisonnement appliqué à la Maçonnerie, me fait dire que la quête doit être double, et que s'il y a une volonté de perfectionnement de la part de nos frères il doit aussi y avoir une exigence de qualité dans notre mouvement.

Si l'on revient donc à la question l'homme est-il perfectible ? je vous répondrai, comme d'autres l'ont dit avant moi que :

« Jules César s'est trompé »

On ne peut pas se contenter d'abrutir les gens en leur donnant en permanence « Du pain et des jeux » mêmes si avec la télévision moderne on a fait des progrès fabuleux en termes d' abêtissement des foules avec certaines émissions (que je ne citerai pas)

Cela ne suffit pas !! L'homme a en effet malgré tout besoin de donner du « Sens » à ce qu'il fait et par là même à sa Vie

C'est cette volonté de donner du sens à sa vie, que l'on retrouve d'ailleurs en grande partie dans les théories de Maslow avec sa célèbre pyramide, qui me fait dire que l'homme est perfectible ou pour le moins, doit avoir une volonté de progression. Et que cette volonté est légitime.

Je pense néanmoins que pour s'engager dans cette démarche, l'homme a besoin d'avoir un « Déclic » et on en revient là à la « Notion d’initiation » c'est pourquoi d'ailleurs je l'avais traité en premier, car ce déclic peut être professionnel, social ou spirituel, où représenter une triple initiation comme nous l'avons évoqué tout à l'heure en Maçonnerie.

L'initiation n'est cependant pas suffisante, car si comme nous l'avons vu tout à l'heure elle donne des directions encore faut-il qu'elles soit sous-tendu par une réelle volonté de progression, c'est en effet tellement facile de rester avec une bière devant sa télé ….. !! L'on peut parfois se demander s'ils ne sont pas fous ces maçons de se réunir ainsi pour travailler et chercher ensemble, même pendant la coupe du monde de football !!

Progresser certes mais à : « La condition de le vouloir » et d’avoir une méthode

Pourquoi ce vouloir est il si important ?

Tout d'abord parce que dans tous nos actes de la vie quotidienne et il y a une part importante d'inconscient, et cela me semble normal, car c'est le résultat d'une économie d'apprentissage. En effet à quoi servirait celui-ci si en permanence on devait repenser à nos actes ou nos gestes les plus quotidiens ? Cela nous demanderai une énergie intellectuelle et physique, démesurée, alors qu'au contraire l'entraînement et l'habitude nous donne la souplesse et l’aisance du geste ou de l'action

Il nous faut donc créer une rupture, une prise de conscience et acquérir de nouveaux schémas de pensée, c'est ce que l'on nomme dans le rituel : « Tuer le vieil homme qui est en soi » et cela n'est pas évident du tout, et va même bousculer sérieusement notre : Petit Confort Intellectuel

La première question que doit se poser l'apprenti c’est donc : « Pourquoi » et non pas comme trop souvent de s'interroger sur le « Comment » il ne doit pas s'inquiéter à ce sujet-là, les outils celui seront apportées au fur et à mesure, par contre il doit sans cesse se poser la question du : Pourquoi ?

-         Pourquoi je suis rentré en maçonnerie ?
-         Pourquoi faire cette démarche, qu'est-ce que j'en attends qu'est ce qu'elle m'apporte
-         Pourquoi tuer le vieil homme, quels sont mes préjugés mes faux attachement ?
-         Pourquoi vouloir changer ? Quelles recherches, ou aspirations ont fait que j'ai frappé à la porte du temple ?
-         Etc

Ce n'est que lorsqu'il aura bien fait cette introspection, qu'il sera sur de ses choix et de son engagement que se posera la question du : Comment ? d'ailleurs le deuxième surveillant doit l'impliquer dans cette démarche en l’aidant à se poser les bonnes questions.

Et si la Franc-Maçonnerie, proclame que l'homme est perfectible c'est certes par la connaissance du monde, mais en même temps par la connaissance de soi. On ne libère pas les autres sans se libérer soi-même et les deux mouvements doivent aller de pair

C'est aussi pour cela que la maçonnerie récuse tout dogme, et quand on s'interroge sur le Pourquoi, c'est bien l'école du doute, car chacun a ses raisons et il n'y a pas de vérité imposée. La sagesse que nous recherchons n'est pas une école de vérité mais une école de l'interrogation, ce n'est pas non plus l'initiation à une vérité révélée mais un cheminement vers soi-même.

Je vous ferai d'ailleurs remarquer que c'est l'un des points qui a créé le plus de difficultés dans les relations entre l'église et la Maçonnerie.

En effet le Maçons estime que :
-         L'homme peut se perfectionner par lui-même, et développer sa propre Spiritualité laïque. Le but de l’initiation étant de s’identifier au principe divin pour devenir l’artisan de son propre destin et contribuer à l’évolution du monde.

Alors que l'église prône que :
-         L'homme ne trouvera son salut que par et à travers le Christ qui a donné sa vie pour racheter ses péchés
De la même façon d'ailleurs notre fraternité n'existe que si l'autre nous reconnaît comme tel. Cette fraternité supposant l'égalité des droits et des libertés de conscience !

Alors que l'église est censée placer tous les hommes au même rang devant Dieu indépendamment des droits et respects qu’ils s'accordent mutuellement 

Toujours dans le cadre de cette volonté active de progression, quels sont les points que nous aurons à combattre, eh bien ce sera ce que nous appelons en langage maçonnique :

-         Les métaux       Qui nous rendent pesant
-         Nos préjugés          Qui nous ferment aux autres  
-         Notre fanatisme.       Qui nous rend aveugle à la connaissance

Toutes ces valeurs qui font que l'on a une attitude de repli sur soi plutôt que d'ouverture à l'autre .

Si maintenant nous nous résumons, qu'avons-nous établi concernant la perfectibilité le l'homme dans la démarche maçonnique ?

Nous avons vu qu'il nous faut :

1)      Un point de départ porteur de valeurs : L’initiation Maçonnique
2)      Que cette démarche est légitime, car il nous faut du SENS à notre existence
3)      Qu'il nous faut un  « vouloir » sous-tendu par :

a.       Une rupture ou déclic
b.      Une compréhension du « Pourquoi »
c.       Des attitudes a combattre

4)      Il nous manque maintenant une Méthode

Tout naturellement, cette méthodologie sera celle de la progression maçonnique, avec comme pierre angulaire le rituel.
Ce dernier est effectivement un outil merveilleux, qui nous permet au fur et à mesure de notre progression de baliser notre chemin. Cependant comme l'a très bien fait remarquer notre frères conférencier Jacky TUSCHER lorsqu'il est venu dernièrement dans notre loge, il ne faut pas se contenter d’écouter ce dernier comme une pièce de théâtre, mais au contraire devenir acteur en la matière, c'est en effet la seule façon de se l'approprier, et l'erreur à ne pas commettre serait d’avoir en ce qui concerne le rituel, tendance à Vénérer l'outil plutôt qu'à lui donner un Sens.

Notre frère conférencier avait bien raison, la meilleure façon de l'utiliser, est de se l'approprier complètement, on ne maîtrise bien en effet que ce que l'on a assimilé parfaitement, et j'emploie à dessein le mot maîtrisé, car il est directement de la responsabilité des maîtres que de comprendre le rituel, et de le transmettre à leur tour.

Je pense d'ailleurs qu’une des meilleures façons d'y arriver c'est justement de prendre des responsabilités au sein de la loge, on devient ainsi pleinement acteur de nos tenues et l’un des postes les plus formateurs pour cela est celui de deuxième surveillant, car forcément les questions que nous posent les frères apprenti nous oblige à approfondir notre connaissance du rituel.

En conclusion :

Oui je crois qu'effectivement l'homme est perfectible et tout particulièrement le Maçon, car nous cherchons tous à donner du Sens à notre vie.

Cela ne se fera pas toujours dans la facilité, bien souvent au contraire dans la difficulté, et il nous faut pour cela acquérir l'enthousiasme, qui seule nous permet de venir à bout de toute les difficultés (pour mémoire étymologiquement l’enthousiaste est celui qui porte à un Dieu en lui Enté : Dans & Théo : Dieux, il peut donc accomplir des miracles)

Tout naturellement j'associerai cette foi et cet enthousiasme…à la Joie

Cependant, même si la démarche qui nous anime et Fondamentalement Personnelle, elle se fait dans un cadre collectif où nous partageons nos aspirations avec nos frère, car pour progresser nous avons besoin d’eux, et surtout qu'ils nous reconnaissent comme tels

Tout naturellement j'associerai donc cette démarche …à l’Amour

Enfin puisque notre but est de nous améliorer en travaillant sur soi même, rejetant ainsi nos métaux, nos préjugés, et toute notion de fanatisme, je suis bien certain que cela nous amène à plus de sérénité

Tout naturellement j'associerai donc volonté…à la Paix

Ce donc sur ces notions de Joie, d'Amour et de Paix que doit et peut s'articuler à mes yeux la notion de perfectibilité de l'homme

J'ai dit Vénérable Maître

B\ V\

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