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Les Colonnes J et B

Depuis le jour de mon initiation, j’ai été fasciné par les deux colonnes.
Au fil des tenues et des visites effectuées dans d’autres loges à d’autres rites, de nombreuses questions sont venues à mon esprit, je vais tenter de vous donner un aperçu de mes recherches et réflexions.

Ce morceau d’ARCHITECTURE se décompose en trois parties :

-         Les colonnes en tant qu'éléments d'architecture.
-        La question de la position des colonnes dans le temple.
-        L'histoire de l'apparition des colonnes dans le mobilier des loges et leur signification symbolique

1          
 LES DEUX COLONNES, ELEMENT D'ARCHITECTURE
En architecture, la première fonction des colonnes est de soutenir l'édifice, qu'il soit réel ou, comme en maçonnerie, symbolique. Elles garantissent à elles seules la solidité et la pérennité de la construction à tel point qu'elles peuvent représenter symboliquement l'ensemble de l'édifice :

Les décors des chapiteaux des colonnes de style corinthien, composite et romane sont sculptés d’ornements végétaux, que ce soient les feuilles d'acanthes du style corinthien ou les lys et grenades des deux colonnes du Temple de Salomon.
La colonne, en empruntant à l'arbre sa verticalité, symbolise à la fois une colonne vertébrale, arbre de vie et axe des mondes, elles relient la terre et le ciel.

Je vous rappelle ici les images trop connues de la verge de Jesse, représenté comme un arbre de vie et un cheminement depuis la terre où elle s'enracine, tel le futur apprenti maçon sortant du cabinet de réflexion, jusqu'à la lumière du ciel vers laquelle elle tend sans jamais pouvoir l'atteindre.
A commencer par Jacob (Gen.31.45) plusieurs personnages bibliques érigent des pierres, soit pour commémorer un événement, soit pour marquer un endroit, mais toujours pour affirmer la puissance du "Tout Puissant".
En symbolisant les relations entre la terre et le ciel, la colonne évoque ainsi l'étroite relation qui doit exister entre l'homme et Dieu ; elle est alors l'axe du sacré.
Dés le début de la fuite du peuple d’Israël d’Egypte, (exode XIII-20), Dieu précède les juifs le jour dans une colonne de nuée pour lui indiquer la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; afin qu’il puisse marcher de jour comme de nuit. Dieu se manifeste à l’homme dans les colonnes, nous pouvons juger de la puissance et du pouvoir de ces colonnes par la puissance divine.

C'est bien sûr dans la Bible qu'il faut chercher la description des deux colonnes, telles qu'elles doivent figurer dans nos temples, et en décrypter le symbolisme. Bien que les différentes traductions du texte hébreu ou grec ne soient pas toujours concordantes, un certain nombre d'éléments sont invariables :
Il faut d'abord situer la place de ces deux colonnes dans l'architecture de l'époque. Il semble maintenant acquis que l'architecture du temple de Jérusalem ait repris le modèle fourni par le plan des temples égyptiens du nouvel empire, eux-mêmes dérivant des mastabas ou temples funéraires de l'ancien empire.

Dans ce contexte, les deux colonnes situées, sur le parvis, devant la porte du temple de Salomon correspondaient aux obélisques situés à l'entrée des temples égyptiens. Comme eux, elles encadraient et gardaient l'entrée du temple ; les franchir signifiait passer du monde profane au monde sacré, sens symbolique que l'on retrouve intact et identique en maçonnerie.
Dans la mythologie de l’antiquité c’est le  même sens symbolique de gardien du passage qui faisait donner le nom de colonnes d'Hercule au détroit de Gibraltar, la première en Afrique, la deuxième en Espagne ; séparation entre la méditerranée et l’atlantique, entre le monde connu et le chaos comme entre le profane et le sacré.
Les deux tours occidentales des cathédrales gothiques, de chaque côté du portail seraient les représentations des deux colonnes du temple de SALOMON.

2           LES DEUX COLONNES : HISTORIQUE EN MACONNERIE
C'est dans les Anciens Devoirs (OLD CHARGES) qu'apparaît pour la première fois la mention de deux colonnes qui à cette époque ne sont pas celles situées devant le porche du temple de SALOMON.
Il semble bien que le point de départ de cette légende se trouve dans le livre de l’auteur grec Flavius Josèphe, Antiquités judaïques (traduction d’ARNAUD D’ANDILLY) à propos des enfants de Seth : “On doit à leur esprit et à leur travail la science et l'astrologie ; et, parce qu'ils avaient appris d'Adam que le monde périrait par l'eau et par le feu, la crainte qu'ils eurent que cette science ne se perdît avant que les hommes en fussent instruits les porta à bâtir deux colonnes, l'une de brique et l'autre de pierre, sur lesquelles ils gravèrent les connaissances qu'ils avaient acquises, afin que, s'il arrivait qu'un déluge ruinât la colonne de brique, celle de pierre demeurât pour conserver à la postérité la mémoire de ce qu'ils y avaient écrit. Leur prévoyance réussit ; et on assure que cette colonne de pierre se voit encore aujourd'hui dans la Syrie Il s'agit cependant de la reprise d'une tradition apocryphe qui tire son origine de juive du Ier siècle après JC.

Deux colonnes sont décrites dès le manuscrit Cooke, vers 1410.
Cette légende rapporte que les enfants des deux épouses de  Lamekh,
Jabel, inventeur de la géométrie,
Jubal, inventeur de la musique,
Tubalcaïn, père des forgerons,
Neema qui créa l'art du tissage,
apprirent que Dieu voulait se venger du péché par le feu ou par l'eau et ils s'efforcèrent de sauver les sciences qu'ils avaient inventées et ils réfléchirent ensemble, méditèrent et se dirent qu'il existait deux sortes de pierre de vertu telle que l'une résistait au feu - cette pierre s'appelle marbre - et que l'autre flottait sur l'eau, et qu'on appelle lacerus (pierre ponce?).

Ainsi imaginèrent-ils d'écrire toutes les sciences qu'ils avaient inventées sur ces deux pierres : au cas où Dieu se vengerait par le feu le marbre ne brûlerait pas et si Dieu choisissait l'eau l'autre pierre ne coulerait pas. Ils prièrent donc leur frère aîné Jabel de faire deux piliers de ces deux pierres à savoir le marbre et le lacerus et d'inscrire sur ces deux piliers toutes les sciences, toutes les techniques qu'ils avaient toutes inventées [...] Et bien des années après ce déluge, selon le chroniqueur, on trouva les deux piliers et, suivant le Polychronicon, un grand clerc du nom de Pictagoras trouva l'un et Hermès le philosophe trouva l'autre [...]”
Dans le Manuscrit Dumfries no 4 (vers 1710), on trouve à la fois une version simplifiée de ce récit et des explications détaillées sur les colonnes du Temple “Salomon dressa deux noms remarquables : celui de droite, appelé Jakin, c'est à dire "en lui, il y a force" montre [lacune dans le texte (...)] non seulement par la matière mais aussi par le nom de ces deux colonnes avec quelle fermeté l'élu se tient devant Dieu à la fois dans le présent et dans le temps à venir : à présent les enfants de Dieu ont reçu la force intérieurement, à l'avenir Dieu les établira avec son Esprit de Grâce de façon qu'ils ne se sépareront absolument jamais de Lui.“[...] ces deux noms semblent désigner, en plus les deux églises, des Juifs et des Gentils. Celle des Juifs par Jakin, à droite, puisque Dieu voulait à la longue l'établir, à son époque, mais qu'elle n'a pourtant pas trouvé sa stabilité [...] celle des Gentils par Boaz, à gauche, à cause de sa force présente, qui fut en elle lorsqu'elle adhéra au Christ dès la première écoute. Le Christ inscrira sur ces colonnes de meilleurs noms que ceux de Jakin et Boaz, car avant tout il y inscrira le nom de son Dieu [...]”(Villard de Honnecourt no 7).

C'est dans ce même contexte écossais qu'apparaissent les premières acceptations de personnes étrangères au métier dans les loges opératives (dès 1600).
Plusieurs témoignages du XVIIe siècle, dès 1637, attestent de l'existence d'un mot de maçon mais sans que l'on sache s'il était lié au nom des deux colonnes bien que cela semble probable.
Les deux colonnes du Temple sont, elles, citées dans un rituel maçonnique écossais du 17 éme siècle, c'est la plus ancienne attestation avec la première mention des mots maçonniques liés aux noms des deux colonnes du Temple de Salomon. ( livre du pasteur KIRK  publié en 1691)
Les deux colonnes, par leur relation avec le mot de maçon, semblent donc liées à l'évolution des loges opératives en loges spéculatives avec une origine écossaise parfaitement attestée.
Samuel Prichard dans Masonry Dissected, montre qu'en 1730, l'évolution était arrivée à son terme :“- Qu'avez-vous vu en passant sous le porche ?
- Deux grandes colonnes
.- Comment s'appellent-elles ?
- J.B., c'est-à-dire Jachim et Boaz.
- Quelle est leur hauteur ?
- Dix-huit coudées
- Quelle est leur circonférence ?
- Douze coudée.
- Comment sont-elles décorées ?
- Avec deux chapiteaux.
- De quelle hauteur sont les chapiteaux ?
- Cinq coudées.
- Comment sont-ils décorés ?
-  De réseaux et de grenades.”(Villard de Honnecourt no 8, traduction de Gilles Pasquier

3           LES DEUX COLONNES : SYMBOLISME
D’après la bible, les deux colonnes et leurs chapiteaux sont en bronze.
Dans la Bible : l'airain est un métal sacré, alliage d’étain, cuivre et zinc symbolisant l'alliance indissoluble du ciel et de la terre.
Le bronze symbolise la victoire sur les sept. péchés capitaux.
Hauteur                        : 18 coudées soit 8,10 mètres
Circonférence              : 12 coudées soit 5,4 mètres
Diamètre                      : 3,7 coudées soit 1,7 mètres
Epaisseur des parois     : 4 doigts soit 7,5 cm, elles sont donc creuses.
Le chapiteau coulé également en bronze a une hauteur de 5 coudées.
La densité du bronze étant de 9, on peut estimer leur poids à 40 tonnes.
De même l'attribution de couleurs aux colonnes est donc discutable :
La couleur des colonnes varie d’un rite à l’autre et me semble discutable.
On peut leur donner comme signification la commémoration des colonnes de Feu et de nuée qui eurent un effet opposé mais bénéfique aux enfants d’Israël. Ce qui donne Rouge pour la colonne J. ; car c’est celle qui éclairait de son feu les enfants d’Israël ; Blanc ou noir, pour la colonne B car c’est celle des nuées ténébreuses qui aveuglaient les soldats du pharaon.

3.1         LES GRENADES
La base de chaque chapiteau était décorée d'un treillis (ou d'une guirlande) supportant des grenades au nombre de 200 ; la symbolique maçonnique a ramené ce nombre à trois, le nombre de l’Apprenti.

C'est un tout autre symbole que la présence des grenades. La grenade est un symbole de la fécondité ; ses multiples graines assurant la postérité. Ces graines multiples sont aussi le symbole de l’humanité réunie dans l’œuf ou des maçons réunis dans la loge.
L’Eglise y a aussi vu sa propre représentation, renfermant l'ensemble de ses enfants ; elles sont le symbole de toutes les églises réunies en une seule.
Dans ce même ordre d'idée pourquoi ne pas y voir tous les maçons du monde unis dans une même fraternité, unis entre eux par un idéal commun : devenir meilleur.
La grenade est aussi le fruit de la Mort ; Perséphone, fille de Démeter, enlevée dans les enfers par HADES, fût contrainte, après avoir mangé des pépins de grenade de passer 1/3 de l’année dans l’obscurité et les 2 autres tiers auprès de sa mère Démeter.
La grenade nous parle du mythe de l’éternel retour.
La liberté s’obtient par la mort pour obtenir la résurrection.
La grenade nous invite à mourir en nous même pour ressusciter dans la lumière.

3.2         LES FLEURS DE LYS
Quant aux chapiteaux ils sont ornés de lys, emblème royal.
La tradition biblique donne à cette fleur, en plus de l'allusion courante à la virginité, l’innocence et la beauté, le symbole de l'être élu, du choix de l'être aimé, et de l'abandon à la volonté de Dieu, abandon mystique qui se concrétise au franchissement des colonnes. Son pistil démesuré peut l’assimiler à un symbole sexuel.
Le lys de Palestine qui était probablement une anémone de couleur rouge pouvait également symboliser une flamme transformant ainsi les deux colonnes en flambeaux.
Le lys de Palestine faisait allusion à la virginité perdue.
En fait le Lys symbolise la candeur d’âme avec laquelle on se présente en loge.
Vu l'influence égyptienne sur l'architecture de l'époque, il est possible que la fleur en question soit un lotus. Le lotus est le symbole du vagin

3.3         LE NOM DES DEUX COLONNES
3.3.1        COLONNE J
On retrouve là ce symbole clef de la stabilité, déjà lisible dans la nature même de toute colonne et sur lequel la Bible insiste par le nom donné à la colonne J. qui signifie :
" il établira" ou "il érigera" ou « il mettra debout ».
La connotation phallique est de nouveau proche.
3.3.2        COLONNE B
Boaz signifiant "en force" « avec force » ou « de façon puissante » comme l’hébreu se lit de droite à gauche nous lisons maintenant :
"Il érigera avec Force".
On ne peut qu’être d’accord avec le symbolisme sexuel des colonnes ;
Symbole sexuel du fait en particulier de leur dualité (opposition masculin-féminin), renforcée par la présence des grenades (fécondité) et des lys (virginité),
On l'a même expliqué par référence aux initiales B. et J. qui correspondent à des lettres respectivement féminines et masculines dans l'alphabet hébreu, beth et yod.

LES DEUX COLONNES supportent le cosmos, font la liaison entre la terre et le ciel.
Elles permettent de ranger les outils des Apprentis et des Compagnons.
C’est l’instruction initiatique que les apprentis et les compagnons viennent recevoir comme salaire auprès de ces deux colonnes. Elles renferment les archives de la maçonnerie, les rouleaux des constitutions et les inscriptions des règles des Arts.

3.4         DUALITE DES DEUX COLONNES
BOOZ – BOAZ JACHIN - JAKIN
B J
PASSIF ACTIF
GAUCHE DROITE
Coté gauche du corps humain Coté droit du corps humain
FEMININ MALE
RECEPTIF CREATIF
BLANCHE ou NOIRE ROUGE
Bleu couleur du manteau de la vierge couleur du sang,
LUNE SOLEIL
MERCURE SOUFRE
1° SURVEILLANT 2° SURVEILLANT
NIVEAU PERPENDICULAIRE
EN FORCE IL METTRA DEBOUT
AVEC FORCE IL ERIGERA (connotation phallique)
Puissant en lui Que Dieu affermisse  
GENTILS JUIFS
4           FABRICATION
Le livre des Rois (1 R 7.13-22) indique : “Il [Hiram] coula deux colonnes de bronze. La hauteur d'une colonne était de dix-huit coudée [une coudée = 0,48 mètre, ou 0,52 mètre selon les hypothèses], et un fil de douze coudées en mesurait le tour ; de même la seconde colonne. Il fit deux chapiteaux pour les placer au sommet des colonnes ; ils étaient coulés en bronze.
De cinq coudées était la hauteur du premier chapiteau, de cinq coudées était la hauteur du second chapiteau. Il fit deux réseaux pour les chapiteaux [...] Il fit des grenades ; il y en avait deux rangées tout autour de l'un des réseaux [...] Il fit de même pour le second chapiteau. Les chapiteaux [...] étaient un ouvrage en forme de lis, ils avaient quatre coudées [...] les grenades étaient au nombre de deux cents [...) (voir article “Temple”)
“Il dressa les colonnes pour le Oulam du Hékhal. Il dressa la colonne de droite et il l'appela du nom de Yakhin ; il dressa la colonne de gauche et il l'appela du nom de Boaz [...]”

Dans le livre des Chroniques (2 Ch 3.15-17), les colonnes sont données pour être de trente-cinq coudées (mesure probablement exagérée) avec des chapiteaux de cinq coudées décorés de “chaînettes en collier sur lesquelles étaient fixées cent grenades”.
Jérémie (Jr 52.21-23) ajoute que l'épaisseur des colonnes était de quatre doigts et qu'elles étaient creuses. “Il y avait quatre-vingt-seize grenades [sur le chapiteau] qui pendaient librement.” Le total des grenades était de cent, sur le réseau, tout autour.”

Le Livre des Rois (1 R 7.46) ajoute : “C'est dans le district du Jourdain qu'il les coula en plein sol, entre Succoth et Zarthan (Tsérédatha).”  Si Succoth est à peu près identifiée au dessus du Yabboq, à l'est du Jourdain, Zarthan ne l'est pas avec précision, mais on pense qu'elle devait être située approximativement à la même hauteur, mais sur la rive droite du fleuve.
Les traductions qui paraissent convenir le mieux aux noms de ces deux colonnes sont : pour Boaz : “En Lui la force”, pour Yakhin : “Il établira ou Il affermira, ou encore, Il dirigera”
Certains versets, peu clairs, pourraient donner à penser que ces colonnes étaient érigées dans le porche, d'autres, plus précis, les situent sans ambiguïté devant le porche, ce qui correspond tout à fait à la position que donnent les spécialistes de la recherche archéologique au Moyen-Orient.

5           LA POSITION DES DEUX COLONNES
La Bible est extrêmement claire sur la position des colonnes :
R 7.21 «il dressa les colonnes dans le portique du temple ; il dressa la colonne de droite, et la nomma Jakin ; puis il dressa la colonne de gauche, et la nomma Boaz. »
Reste à savoir la signification de droite et gauche qui dépend de la position du spectateur. Un autre passage de la Bible, au sujet de la mer d'airain, complète cette description :
R.7.39« , il plaça la mer du côté droit de la maison au sud-est. »
Il faut savoir d'autre part que, pour "s'orienter", les Israélites avaient coutume de se placer face au soleil levant, face à l'Orient. Dans cette position la droite indique le Sud et la gauche le Nord.

Il n'y a donc pas d'ambiguïté et la position des colonnes historiquement sont : B… au Nord à gauche et J.. au Sud à droite.
Les deux colonnes étaient à l’extérieur du temple.
En 1717, la position des colonnes était respectée mais à l’intérieur du temple derrière la porte d’entrée située à l’Est.

Une des théories de l'inversion des Colonnes est qu’en 1739 ou 1730, après les divulgations de Samuel Pritchard par la Grande Loge d’Angleterre. On inversa les colonnes et les mots d’apprentis et de compagnons pour filtrer et éloigner les maçons irréguliers et les profanes.
Certaines loges indépendantes comme la Grande Loge d’Ecosse et la grande loge d’Irlande ne suivirent pas cet exemple  il n’est pas certain que cette affirmation soit exacte.

C'est la première Grande Loge de Londres, devenue, après 1753, la Grande Loge des Modernes, qui essaimera tout d'abord sur le continent et donnera naissance au Rite Français (ou Moderne) : B… au Sud, J ... au Nord.

Le rétablissement des colonnes date de la réunification des deux obédiences en 1813 pour devenir la Grande Loge Unie d’Angleterre.
Certains rites sur le continent, comme le Rite Français (ou Moderne) ont conservé l’inversion ainsi que les mots de maçon correspondants.
Les deux colonnes de nos temples maçonniques furent les seules colonnes présentes jusqu’à la fin du XVIII siècle. Elles étaient regardées comme des attributs essentiels de la loge.

FORCE et BEAUTE .
La SAGESSE étant représentée par le V.M.

6            COMPAGNONNAGES
II semble difficile de clore ce chapitre sans évoquer Védréra et Macaboé, deux colonnes évoquées par certains compagnonnages (F. Icher, Sur le chemin des Compagnons).Ces deux colonnes auraient été édifiées par Maître Jacques lui même, sur le chantier du Temple de Salomon.
Chacune d'elles était composée de seize faces et représentait une partie de l'histoire sainte, depuis la création du monde jusqu'à la construction du Temple.Védréra signifie “colonne de vie”. Le catéchisme qui s'y rapporte précise :- Pourquoi appelle-t-on Védréra la Colonne de Vie ?
- A cause des sujets qui étaient gravés sur chaque face.
- Que représentaient les quatre faces du côté de la porte ?
- La création du monde.
- Que représentaient les quatre faces du côté de la gauche ?
- Le Paradis terrestre.
- Que représentaient les quatre faces vis-à-vis du Sanctuaire ?
- Le songe de David voyant son fils Salomon comme le plus grand roi de la terre et le prophète Samuel lui annonçant que ce rêve s'accomplirait.
- Que représentaient les quatre dernières faces ?
- Le rassemblement des matériaux et des ouvriers pour la construction du Temple.
Certains récits signalent également que le bas-relief de la colonne Védréra comprenait une équerre et un compas entrelacés, une étoile au milieu de laquelle était gravée la lettre “L” (louange), un livre avec un “V” (vérité) et un maillet sur lequel figurait un “P” (pouvoir).
L'autre colonne, Macaboé était décrite de la même façon :
- Pourquoi l'appelait-on Colonne de la Douleur ?
- A cause, des sujets graves sur chaque face.
- Que représentaient les quatre faces du côté de la porte ?
- Les mauvais anges chassés du ciel, le serpent faisant manger le fruit défendu à la femme, la femme en donnant à l'homme, et ensuite l'homme et la femme allant se cacher.
- Que représentaient les quatre faces du côté gauche ?
- Dieu ayant Adam et Eve devant lui et les chassant du paradis terrestre, la naissance de leur premier enfant et la mort d'Abel tué par son frère Caïn.
- Que représentaient les quatre faces vis-à-vis du Sanctuaire ?
- La construction de l'Arche de Noé, le Déluge, la sortie de l'Arche et la construction de la Tour de Babel.
- Que représentaient les quatre dernières faces ?
- Trois seulement étaient gravées. Elles représentaient Jacques quittant son Père, son arrivée à Messine, les adieux au philosophe Xantès et son arrivée à Jerusalem.
La quatrième face était restée en blanc, parce que Jacques attendait d'être reçu Maître pour y graver sa réception.
Sur le bas-relief, dit-on encore, étaient représentés une table sur laquelle il y avait du pain coupé en morceaux ainsi qu'un vase de vin et, près de cette table, un homme offrant du pain et du vin à un autre, nu et à genoux, qui refusait cette offrande...


7           CONCLUSION
On voit que, si l'histoire est précise pour la position des colonnes, leur utilisation en maçonnerie a parfois suivi des chemins différents. L'essentiel est de comprendre que le symbolisme originel qui leur est lié ne les séparait pas, les deux mots étant unis et formant un dialogue insécable.
L’important est que les apprentis viennent chercher leur salaire à la colonne J et les compagnons à la colonne B
Pour moi franchir ces colonnes en entrant c’est accepter d’abandonner mes pensées négatives et mes comportements négatifs, c’est m’ouvrir au sacré et travailler afin de tracer ma voie.
En quittant le temple, à la fin des travaux, je franchis de nouveau les colonnes, pierre brute rendue polie au cours des tenues, je franchis les colonnes pour rejoindre dans le monde profane tous les maçons du monde où chacune de ces pierres nouvellement polies contribue ainsi à la reconstruction symbolique du Temple de Salomon.
L’Apprenti maçon devra dépasser la dualité et se réaliser dans le nombre trois.
Entre les deux colonnes, nous pouvons unir les opposés en réalisant la triade sacrée :
TERRE – HOMME – CIEL
Nous vivrons alors l’harmonie universelle parfaite ou l’homme devient le lien entre le ciel et la terre créant ainsi l’unité de toute chose.

Cherchons la 3 éme colonne qui avec J et B défini un plan sur lequel l'on peut construire. Trois points forment un plan géométrique, une surface, le triangle, celui qui figure à tous les rituels au-dessus du VM.
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