Obédience : NC Loge : NC 05/2012

 

Le soleil et la lune

Dans notre inconscience, nous n’avions pas idée du piège dans lequel nous allions tomber !

G - Pas que le sujet nous puisse effrayer,
Car forts de notre jeunesse « certes avancée »
Nous nous sentions capables d’aborder n’importe quel sujet !

Mais, tant d’atours féminins, dans un temple de la masculinité, on ne pouvait qu’être un peu déstabilisé.

G - Ne riez pas ! Regardez déjà pour le titre :
- Le Soleil et la Lune ; quoi de plus normal de mettre les mots dans cet ordre ?

Mais, dans les manuels de savoir vivre, la Lune doit être annoncée en premier et suivie du Soleil qui écarte les nuages pour son entrée.

G- Bon, alors on change le titre ! Cà ce n’est pas difficile.

Et puis on a eu beaucoup de chance lors de l’entrée dans le Temple, car c’est bien Un couvreur qui ouvre la porte aux Sœurs, donc nulle goujaterie dans cette organisation.

G- Pour rester prudents après ces premières alertes, nous avons l’idée géniale d’appeler à l’aide les poètes :

« Bien sûr elle est
Petite, simple
Son Frère, lui est immense, épatant.
Le jour, elle vit dans l’ombre
Mais dès le dernier rayon de lumière disparu
Elle est resplendissante, magique
C’est un spectacle unique
On la connaît, on, la voit
Depuis trop longtemps
On ne sait pas d’où elle vient
Peur être de nulle part
Ou de partout
La lune est bien vivante
Et quand on croit tout savoir sur elle
Sachez que même après des siècles
Elle nous épatera toujours ».

G- Rassurés par ce bon choix, nous relisons notre trouvaille !
Horreur !

« Elle est petite, simple ; Son Frère lui est immense… »

Il n’est pas possible d’accepter ces vers où Elle est petite et LUI immense… N’est ce pas là signe d’inégalité des genres ? Ou relent de machiste ?

G- Appelant à notre secours de plus éminents que nous, nous invitions Théophile GAUTIER à ce débat :

« Le soleil dit à la lune :

- Que fais tu sur l’horizon ?

Il est bien tard, à la brune
Pour sortir de sa maison.

G- L’honnête femme, à cette heure,
Défile son chapelet,
Couche son enfant qui pleure
Et met la barre au volet.

Le follet court sur la dune ;
Gitanas, chauves-souris,
Rôdent en cherchant fortune ;
Noirs ou blancs, tous chats sont gris.

G- Des planètes équivoques
Et des astres libertins
Croyant que tu les provoques
Suivront tes pas clandestins.

La nuit, dehors on s’enrhume.
Vas-tu prendre encore ce soir
Le brouillard pour lit de plume
Et l’eau du lac pour miroir ?

G- Réponds-moi-J’ai cent retraites
Sur la terre et dans les cieux.
Monsieur mon frère, et vous êtes
Un astre bien curieux ! »

Et vlan ! Retour dans notre coin ; même nos grands classiques ne parviennent pas à éviter les pièges du libertinage astral.

G- Faisons donc plus léger et demandons son avis à Charles Trenet dans sa célèbre chanson :

« Le soleil a rendez vous avec la lune, Mais la lune n’est pas là et le soleil attend… »

G- Eh ! Oui, le soleil attend…

Nous revoilà plongés dans nos primes aventures où amoureux transis, quelques fleurs à la main et l’œil rivé sur la montre, nous attendions impatiemment notre chérie du moment qui n’avait pas de l’heure la même conception que nous…

Nous pouvons constater qu’aujourd’hui encore ces notions divergent souvent !

Sans issue du côté des poètes, nous empruntons la voie mythologique et symbolique qui nous semble mieux correspondre aux travaux dans ce Temple.

G- Evidemment attaché au symbole de la lumière, le soleil se trouve aussi et partout dans un couple d’opposés avec la lune et nombre de mythes racontent leurs amours contrariés où l’on voit l’astre du jour sans cesse courir en vain après celui de la nuit pour enfin s’unir à lui.

Nous constatons, déçu, que les cultes païens n’arrangent pas nos affaires, puisque la lune-féminine est poursuivie par les assiduités du soleil-masculin.

G- Cherchant plus près de nous, l’Ancien Testament semble combler nos vœux, puisque le soleil n’y est simplement considéré que comme un des deux luminaires que Dieu plaça dans le firmament lors de la Genèse.

Enfin une piste pour l’égalité des astres. Et c’est assurément du solide ! Ouf… !

G- Point de débat dans cette assemblée, ni d’esprits chagrin qui relèveraient l’inégalité du temps de parole pour le soleil ou la lune ; C’est cette fois bien 50/50 et féministes ou machistes sont à égalité.

Quoique ? ...Au fil de notre voyage vers la tradition primordiale, il apparaît que le soleil change de sexe !

Non pas qu’il soit apporté une atteinte définitive à la virilité des Frères ici présents, mais nous constatons que les traditions irlandaises, l’Arabie du sud antique et sa fameuse reine de Saba mystérieuse, Gengis Kan, l’Amérique pré colombienne, les lignées impériales japonaises et bien d’autres civilisations vouent un culte constant au Dieu-Lune !

Force est de constater qu’en traversant le RHIN Le soleil masculin devient « Die SONNE » féminin !

Nous nous abstiendrons bien sûr en ce lieu, de tout rapprochement anatomique scabreux entre ces astres et le corps humain, décence oblige… Sauf à être un fervent pratiquant du tantrisme qui apprend la gestion des énergies subtiles du corps humain au-delà de l’attirance purement physique.

G- Autant nous ne nous poserons pas la question de l’ethnie de Dieu, bien que le Soleil-Noir soit un thème connu de l’alchimie ; que dans le Kundalini-Yoga, Shiva peut devenir lunaire et Shakti solaire et il en va tout autant dans le yoga sexuel du tantrisme « de la main gauche » où la femme lunaire doit devenir une femme de feu et de soleil pour qu’on puisse arriver jusqu’à la libération par l’étreinte ; ...Aimable perspective… !

Même le grand Jung y a perdu son latin en concluant à une erreur de transcription alors qu’il ne s’agit que d’une transformation subtile du yogi.

G- Quand à aborder le problème du soleil de minuit, nous vous donnons rendez vous à la fermeture des travaux, il sera vraiment l’heure d’en parler.

Un indice toutefois qui pourrait rassembler les femmes et hommes de bonne volonté que nous sommes toutes et tous ici :

Il est attribué au soleil, bien sûr la couleur jaune orangé.

Celle-ci, en gemmologie correspond au diamant, à la topaze, au rubis, petites babioles habituellement fort appréciées par nos sœurs et que le soleil rend particulièrement éclatant, s’il en a les moyens financiers.

G- Nous resterons donc dans un concept d’alternance des principes masculin et féminin, lune soleil ou soleil lune, dans le principe de réunification des contraires et leurs métamorphoses que les noces révèlent avec force, conduisant à mieux percevoir l’importance du mystère primordial.

Comprenez bien, mes Sœurs et mes Frères, combien il est délicat de vouloir parler des genres dans ce monde où le débat d’opinion se raidit actuellement sur les pratiques.

G- Le soleil masculin ou autre, apparaît alors comme un élément complémentaire et la vie ne peut surgir que de cette complémentarité féminin-masculin. Toute notion de fausse hiérarchie se trouve alors évacuée.

L’Amour, cette incomparable énergie d’ordre principiel, apparaît comme le seul moyen d’unir véritablement ces deux parties fondamentales.

Le jeu, sans doute le plus subtil de tous les jeux, comporte une règle.

Une règle simple qui consiste à respecter l’autre, une règle qui conduit à s’abandonner un peu soi même au profit de cet autre qui procède de même.

G- Pour conclure maçonniquement notre propos, qui se voulait emprunt d’humour, nous avons choisi cette citation :

« Si je pouvais changer le monde
Je ferais en sorte que l’Amour et sa magie
Résiste à l’épreuve du temps
Que l’Homme et le Femme soient capables d’admettre un jour
Qu’ils ont besoin l’un de l’autre et se sentent plus fort
Grâce à leur présence mutuelle
Et, qu’ils réussissent à faire un monde
Qui correspond à leurs désirs et à leurs engagements
Pour aller plus loin encore sur le chemin de…
L’enchantement ! »

Nous avons dit.

G\ D\ et H\ P\


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