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Le sacré peut’il participer à la construction

Comment participer à la construction d’un homme nouveau, en tant que Franc-maçon ? Tel est le thème de l’année que notre loge à choisi de traiter.

Dans sa planche d’introduction notre frère Jean-Louis nous a précisé que cette interrogation n’était pas nouvelle, et qu’elle pouvait même être le fondement de notre démarche maçonnique. Il a encore précisé que s’il avait employé le terme homme nouveau c’était parce que ce mot vient du monde profane par opposition au sacré. De plus il nous affirmait que l’évolution de notre société, les problèmes rencontrés, de régulation économique ou de développement durable, nous incitaient à penser que nous manquons de direction, de sens, au regard des valeurs humanistes que nous essayons de vivre au quotidien.

Alors nous, francs-maçons qui, sommes des initiés et non plus des profanes, nous francs-maçons, qui œuvrons à chaque tenue dans le cadre d’un rite et d’un rituel qui est proche du sacré et directement lié à une spiritualité, comment pouvons nous participer la construction d’un homme nouveau ?

Vous l’avez compris, je vais essayer de démontrer comment en passant de la spiritualité au sacré, nous pouvons, nous franc-maçon nous transformer en un homme nouveau, qui pourra œuvrer dans le monde profane pour un monde meilleur.

En abordant les mots, sacré ou spiritualité, beaucoup d’entre nous penserons tout de suite à la religion, car ces mots y sont intimement liés et reliés. Or pour ma part je suis convaincu que ce sont les religions qui se les sont accaparés, et que la spiritualité et le sacré peuvent très bien, ne pas se rapporter uniquement au religieux.

C’est pourquoi il est nécessaire d’en donner une définition et un  autre sens.

Qui pourra, un jour nous expliquer comment, au début de l’humanité et en l’absence d’un langage parlé, la pensée de l’homme s’est manifestée ?

Vraisemblablement, l’homme primitif s’est d’abord exprimé par gestes, puis ces gestes sont devenus signes, ceux ci devenant ainsi le premier moyen de communication.

Ensuite, l’homme a voulu transmettre l’intransmissible c’est-à-dire la pensée.
Le jour où celui-ci parvint à communiquer, non plus seulement une expérience matérielle et actuelle, mais le contenu d’une expérience subjective est né, alors le règne des idées, et les premiers symboles sont apparus, ce sont les peintures rupestres qui nous laissent encore bien des interrogations quant à leurs significations premières.

D’après son étymologie la spiritualité désigne « ce qui de l’ordre de l’esprit ».
Nous pourrons donc simplifier en affirmant que la spiritualité est la spéculation mentale, l’exercice de la pensée, et c’est sans doute, la spiritualité qui nous distingue de l’animal.
Pourquoi ? Parce que l’homme et lui seul est conscient de sa mortalité, de plus la spiritualité nous permet de pouvoir nous poser les principales questions existentielles, sur le but de la vie, sur la mort et bien entendu sur la compréhension de l’univers auquel nous sommes liés très étroitement.

L’homme a d’abord été superstitieux, puisqu’il n’avait pas d’explications cohérentes à donner à toutes les questions qu’il se posait. Il a donc créé de toutes pièces les dieux, forces imprévisibles et indestructibles, il a commencé à adorer : le soleil, la lune, la foudre, le feu etc.…

Par la même, rapidement certains hommes se sont sentis investis d’un pouvoir de « relieurs » entre ces dieux et leurs semblables, la religion et les prêtres étaient nés. Pour imposer ces nouveaux pouvoirs, il fallait les rendre incompréhensibles au commun des mortels, ceux qui ne détenaient pas le savoir, c’est ainsi que ces chamans « prêtres relieurs » se sont transformés en initiés,  cela leur permettaient de dominer le surnaturel, les dogmes étaient alors créer, et il ne restait qu’à l’homme que la croyance envers un dieu pour trouver des réponses et se rassurer.

Ces hommes initiés ont certainement pensé à inventer des rites et des rituels pour codifier leurs pratiques, cela  leur permettait d’asseoir leur différence avec ceux qui n’étaient pas dans le secret des dieux.

Car quel est le but d’un rituel sinon de tous les rituels ? C’est de passer d’un monde profane à un monde différent que l’on nomme sacré, par l’intermédiaire de symboles dont le rôle est d’ouvrir vers le spirituel.

On peut donc définir alors ce qu’est le sacré : 
-         Qui a un rapport au religieux et au divin !
-         A qui ou à quoi ont doit le respect absolu par sa haute valeur !

En ce qui me concerne,  je pense que c’est la différentiation du profane, c’est à dire la banalité de la vie, par rapport au sacré, qui permet d’appréhender celle-ci avec une vision transcendée et transcendante.

Nous pouvons donc penser à l’instant, que la transition du profane au sacré doit passer par les voyages obligatoires de l’initiation, celle ci permet de découvrir le symbole qui se rapporte au rite ou au rituel et cela nous permet de passer d’un état à un autre.

L’homme doit mourir, il a peur. Par la notion de sacré l’homme donne la preuve de son humilité par rapport à la nature, nous ne sommes pas grand chose !
Devant cette peur de disparaître, il s’invente l’idée de renaître afin d’être rassurer. En créant le sacré, l’homme surmonte sa solitude par rapport à l’immensité de l’univers, ce sacré ainsi créé lui permet d’être dans un univers protégé, exigeant, orienté et prometteur. Cela implique comme je l’ai dit plus haut, la création de règles, de rites et des rituels.

La notion de sacré s’inscrit en franc-maçonnerie dés l’ouverture des travaux : Nous avons laissé nos métaux à la porte du temple, nous ne sommes plus dans le monde profane ! Lorsque le vénérable maître prononce les paroles du rituel d’ouverture, il indique que chaque membre s’est symboliquement dépouillé de toutes valeurs matérielles laissées à l’extérieur du temple et que l’assemblée a quitté un monde pour un autre, nous passons du monde profane au monde initiatique.

Qu’est ce qui différentie la religion de la franc-maçonnerie dans l’utilisation du sacré ?

Le sacré dans le rituel n’est que temporaire, le temple n’est consacré que pendant la durée des travaux, « midi à minuit » c’est le franc-maçon qui sacralise le lieu «  le temple », et les hommes qui participent aux travaux se transforment à nouveau en initiés, en fait les rites et rituels dont le franc-maçon se sert, donnent le sens à son environnement.

Pourtant sacraliser une loge ne signifie pas pour autant la transformer en espace clos d’adoration d’un dieu, encore moins en faire un lieur de culte.

Au profane la liberté, à nous francs-maçons, un modus vivendi empreint de règles rigides à observer et à suivre.

Or le paradoxe vient que dans ce domaine du temple bien réglé, bien délimité, apparaisse bien au contraire la vraie liberté, le franc-maçon est un homme libre, car il a choisi de devenir un initié, c’est comme si le temple apportait une espèce de transcendance nous menant  vers la vraie liberté éloignée du monde profane.

Nous pouvons dire que nous avons sacralisé cette recherche permanente, cette fuite vers un domaine fraternel et commun,  le temple est à reconstruire, nous cherchons sans arrêt l’idéal, la plus haute conception de l’homme aimerait s’adresser à lui-même.

Roger CAILLOIS défini ainsi le sacré «  le sacré désigne ce à quoi chacun voue le meilleur de lui-même ; ce que chacun tient pour valeur suprême, ce qu’il vénère ; ce à quoi il sacrifierait au besoin de sa vie »

Nous tous avons été profanes, à la recherche d’un sens dans une quête initiatique qui nous a fait connaître l’aphorisme socratique « connaît toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux »
Nous sommes donc nous francs-maçons sur un chemin initiatique, nous sommes à la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité.

Nous pratiquons une philosophie, non pas celle des grands philosophes qui ont créé des écoles de pensées, nous pratiquons la philosophie celle des grecs qui pensaient à une nouvelle manière de vivre en harmonie avec les autres, nos semblables, au sein de la cité.

La voie initiatique n’est pour nous qu’une expérience totale de la vie humaine, nous devons nous frotter à la pensée des autres pour nous permettre d’avancer sur le chemin, celui de la vie, car comme un frère nous disait dans une de ses planches ce n’est pas le but à atteindre qui est important, mais c’est le chemin que nous suivons qui le devient.

Ce chemin initiatique, que nous francs-maçons avons choisi de suivre, nous propose et a pour principe de base l’étonnement et le questionnement. La réalité humaine n’est jamais là où l’on penserait pouvoir la trouver, elle est toujours en quête d’interrogation. Je crois que l’homme est unique, il n’est pas mais il est en devenir « devient ce que tu es » affirmation qui nous permet de continuer pas « je m’interroge donc je suis » le questionnement, institue une nouvelle forme d’intelligence qui a pour capacité à être ouverte à la parole de l’autre..

Cette quête de vérité, qui passe par le sacré qui nous transcende et nous protège en loge, nous permet de nous transformer en homme nouveau.
Cet homme nouveau qui va être capable de faire éclater la notion de vérité et qui instaure par la même un pluralisme d’interprétations qui fait obstacle à la pensée unique, car il n’y a pas d’interprétation vraie, mais seulement des interprétations justes. On sort ainsi de la logique binaire du vrai et du faux pour entrer dans ce que l’on peut qualifier de la logique « de l’ouverture par la pensée ».

Nous devenons alors des hommes libres, nous pouvons garder alors une distance par rapport au monde, celle ci nous permet de trouver ainsi une forme de sagesse, et cette sagesse ne nous permet-elle pas de devenir un homme nouveau ?

J’ai dit

J\M\ D\

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